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Carole Carcillo Mesrobian, L’ourlet des murs

Quand les murs s’ourlent, le font-ils d’eux-mêmes ou cela leur est-il imposé ? L’ourlet indique-t-il un raccourcissement ou un rallongement ? Est-il plat ou rond, fonctionnel ou décoratif, régulier ou irrégulier ? Cache-t-il l’endroit pour découvrir l’envers, ou vice-versa ? Et quel est son but ? Affaiblir les charpentes, révéler les secrets, affaiblir la solidité, ou bien donner un grand coup de balai et faire circuler l’espoir et le rêve ?

Faut-il le soupeser, a-t-il un parcours, une histoire, ressemble-t-il à une broderie de fils d’or ou à un ouvre-boite en fer-blanc ? Est-il tout simplement le signe de tâches quotidiennes et graduelles, s‘affairant sur les murs, les mots, les jours, les cœurs ? Est-il mono-tone ou se dé/coud-il peu à peu ? Avant même d’ouvrir le dernier recueil poétique de Carole Mesrobian, nous sommes déconcertés comme devant une montre molle de Salvador Dali, déjà À bout de souffle comme si nous avions juste fini de visionner Les Quatre Cents coups. Serions-nous devenus ourleurs ?

Bien. L’ourlet a assez parlé. Quels signes met-il donc dans cette longue suite de poèmes qui épouse la collection dans laquelle il est publié, et qui nous entraîne dans sa cavalcade verbale éperdue et indomptée ? Les signes reviennent en variations multiples. La bouche / suffocation / cri (12, 17, 33), la respiration / vie du poème (22, 23), la langue / sillon / trait (24, 28), la peau est une membrane fragile à laquelle il faut faire violence pour communiquer (29) : tout, même le silence, tourne autour de la parole. Le Verbe naît dans/de la souffrance corporelle, montrant “l’ours du ciel face au sang de la nuit,” tandis que “le nom du vent” est porté “dans la plaie du poème” par un enfant (“Dans l’esclandre de sable,” 26). Le nom est un important signe d’identité, une résonnance primale ; celui de la poète est “Presque un son de l’acier / mon nom / semé d'ardoise”, 35).

Carole Carcillo Mesrobian. L’ourlet des murs. Poésie. Editions Unicité, 2022. 43 p. Collection Le metteur en signe. ISBN 9782373556865.

Carole Mesrobian emploie trois techniques pour forcer le lecteur à régler sa vision. Une technique utilise l’infiniment concis, utilisant le mot “ça” pour résumer une situation, coupant le poème et le réorientant avec la violence d’un coup de poing. Une deuxième technique met en jeu un glissement infini qui enchaîne des images dissonantes. Ainsi, dans “J’ai tenté de traverser ta peau,” on voit la peau traversée par “une épée de silence” suivie de la “morsure d’un loup,” d’ “une traversée sur un étang de glace”, puis on “ramasse le feu comme le vent des lisières” en ignorant le visage de l’aimé “comme un guillotiné son corps” (29). Ceci donne à certains poèmes une facture surréaliste, notamment “Tu ne fais plus soudure” (31). Une troisième technique joue sur le mot “dans” pour approfondir et dépasser la réalité dans la sobriété. Il y a “le nom dans le nom,” (27) et “la vie dans la vie” (34), et encore (32) :

Certainement ou pas
Comme le bleu dans le bleu
L’arbre dans l’arbre
Dispersés dans le bruit séculaire des aubes
Peut-être d’ailleurs qu’il n’y en a qu’une
et que les jours feignent d’exister

Le temps parfois s’arrête (37) dans cet univers en/déraciné où la poète

verse[s] [t]a parole à l’endroit du silence
là où suinte la trace épaisse
des autrefois
naguère encore
jouxte les mots
qui se fissurent
où perce la lumière (38).

Productrice, revuiste, critique littéraire, performeuse, auteure de vingt-six recueils de poésie, publiée dans vingt-six revues, co-éditrice de revues et de maisons d’édition, Carole Marcillo Mesrobian décline infatigablement l’univers des maisons d’édition et des revues qui, loin des tambours publicitaires, chantent l’avenir de la poésie libre et du verbe imprimé.

Présentation de l’auteur

Carole Carcillo Mesrobian

Carole Carcillo Mesrobian est née à Boulogne en 1966. Elle réside en région parisienne. Professeure de Lettres Modernes et Classiques, elle poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’Université Denis Diderot. Elle publie en 2012 Foulées désultoires aux Editions du Cygne, puis, en 2013, A Contre murailles aux Editions du Littéraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sursis en conséquence, Qomme questions, à Jean-Jacques Tachdjian par Vanina Pinter, Carole Carcilo Mesrobian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Florence Laly, Christine Taranov,  Editions La chienne Edith, 2018.

Parallèlement paraissent des textes inédits sur les sites Recours au Poème, Le Capital des mots, Poesiemuzicetc., , ainsi que des publications dans les revues Libelle, et L’Atelier de l'agneau, Décharge, Passage d'encres, Test n°17, Créatures , Formules, Cahier de la rue Ventura, Libr-critique, Sitaudis, Créatures, Gare Maritime, Chroniques du ça et là, La vie manifeste.

Elle est l’auteure de la quatrième de couverture des Jusqu’au cœur d’Alain Brissiaud, et de nombreuses notes de lecture et d’articles, publiés sur le site Recours au Poème.

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Carole Carcillo Mesrobian & Alain Brissiaud, Octobre

Les poèmes de l’une et de l’autre pour un échange poétique et épistolaire qui  abolit le vide du temps et de la nuit. De questionnements en interrogations faire éclore l’essentiel, le poème.

Se donne à entendre la difficulté de se comprendre car l’essentiel est aussi dans ce qui ne peut se dire et qui se vit dans l’attente et l’absence :

Viendras-tu me chercher

il n’y a plus d’automne capable de tomber

les feuilles de ma peine

viendras-tu me chercher…

 

 

Carole Carcillo Mesrobian & Alain Brissiaud, Octobre, PhB éditions, 2021, 10 €.

Cette quête de l’autre se fond dans les paysages arides de l’automne et habite le silence :

 

Partout ailleurs

subsiste opaque

la densité sépulcrale

du silence

 

L’automne cette saison de transition entre l’été et l’hiver, entre le ravissement jubilatoire de la vie, du désir et la froideur hivernale recouverte du silence.

Au-delà de la quête amoureuse, une quête existentielle et ce constat, le monde est souvent inhabitable, si peu traversé d’amour car «  si fragile si pauvre est notre foi ». Le poète est bien «  funambule de papier » ; les mots pour tenter d’effacer le vide.

La nuit est très présente, la nuit de l’amour, la nuit du doute et de l’absence et les mots et la poésie toujours pour conjurer cette absence et s’y désaltérer.

Présentation de l’auteur

Alain Brissiaud

Né à Paris en 1949. Librairie et éditeur depuis 1973. Vit entre le Vaucluse et Paris. Le temps qui lui est aujourd’hui donné est partagé entre l’écriture et la vie.

 

 

 

Alain Brissiaud

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Présentation de l’auteur

Carole Carcillo Mesrobian

Carole Carcillo Mesrobian est née à Boulogne en 1966. Elle réside en région parisienne. Professeure de Lettres Modernes et Classiques, elle poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’Université Denis Diderot. Elle publie en 2012 Foulées désultoires aux Editions du Cygne, puis, en 2013, A Contre murailles aux Editions du Littéraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sursis en conséquence, Qomme questions, à Jean-Jacques Tachdjian par Vanina Pinter, Carole Carcilo Mesrobian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Florence Laly, Christine Taranov,  Editions La chienne Edith, 2018.

Parallèlement paraissent des textes inédits sur les sites Recours au Poème, Le Capital des mots, Poesiemuzicetc., , ainsi que des publications dans les revues Libelle, et L’Atelier de l'agneau, Décharge, Passage d'encres, Test n°17, Créatures , Formules, Cahier de la rue Ventura, Libr-critique, Sitaudis, Créatures, Gare Maritime, Chroniques du ça et là, La vie manifeste.

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Carole Carcillo Mesrobian, De nihilo nihil

Confinement Covid la vie à l'arrêt. Le rien envahit nos vies au risque de nous rendre fous. Mais quels sont cette "immatérialité théâtrale" et ce "vide scriptural" qui ouvrent ce nouvel ouvrage de Carole Carcillo Mesrobian, intitulé De Nihilo Nihil et publié aux Éditions Tarmac ?

Le vide. Le rien. Un théâtre sans spectateurs. Le confinement a provoqué ce désert dans les salles de spectacles. Carole Carcillo Mesrobian a peut-être arpenté cet espace désertique pendant ce délai d'arrêt forcé. L'imagination ne s'arrête pas sur décret d'état d'urgence, et l'autrice de creuser ce vide, cette immobilité, ce mutisme. Y chercher un motif de réflexion.

Rien ne peut être produit à partir de rien. Certes, mais avec l'esprit rien n'est impossible. Le poème se crée à partir de rien, juste quelques neurones et synapses en bouillonnement.

Quel est ce théâtre masqué qui voit évoluer des personnages faisant "l'expérience de leur vacuité formelle" avec des répliques devenues un simple "empilement de lettres" ? Des répliques imprononcées qui font mouche chez le lecteur, à défaut de spectateurs.

De nihilo nihil se décline dans un style direct fait d'une juxtaposition de phrases, formes de citations, sans ces adverbes et petites conjonctions qui font le lien entre elles. Sans doute justement pour marquer l'anéantissement des liens provoqué par cette pandémie. Ce rythme dans l'enchaînement des phrases me fait penser à Philippe Jaffeux, avec un langage comme asséché par le froid de l'époque. Si le climat se réchauffe, les rapports humains se refroidissent. 

Carole Carcillo Mesrobian, De nihilo nihil, Tarmac éditions, 2022, 51 pages, 12€.

Carole Carcillo Mesrobian évoquait dans son précédent ouvrage nihIL « L’architecture d’un langage hermétique (qui) délimite le périmètre de nos enfermements ». Plus que de l’hermétisme il y a comme une audace des méandres dans la poésie de cette autrice déjà publiée maintes fois. 

Cette notion de repli est encore très présente dans ce nouveau volet. "Nos personnages ressemblent à l'arrière de leur absence".

Mais ce théâtre immatériel d'un enfermement dans l'immobilité, ne peut se contenter d'un espace clos avec rideau et sièges rouges. C'est le monde dans son immensité qui a de plus en plus tendance à nous enfermer dans nos certitudes. Carole Carcillo Mesrobian en spectatrice avisée nous offre une écriture qui se refuse de caresser dans le sens du vent. Ici rien du poème ne doit être velours.

Présentation de l’auteur

Carole Carcillo Mesrobian

Carole Carcillo Mesrobian est née à Boulogne en 1966. Elle réside en région parisienne. Professeure de Lettres Modernes et Classiques, elle poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’Université Denis Diderot. Elle publie en 2012 Foulées désultoires aux Editions du Cygne, puis, en 2013, A Contre murailles aux Editions du Littéraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sursis en conséquence, Qomme questions, à Jean-Jacques Tachdjian par Vanina Pinter, Carole Carcilo Mesrobian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Florence Laly, Christine Taranov,  Editions La chienne Edith, 2018.

Parallèlement paraissent des textes inédits sur les sites Recours au Poème, Le Capital des mots, Poesiemuzicetc., , ainsi que des publications dans les revues Libelle, et L’Atelier de l'agneau, Décharge, Passage d'encres, Test n°17, Créatures , Formules, Cahier de la rue Ventura, Libr-critique, Sitaudis, Créatures, Gare Maritime, Chroniques du ça et là, La vie manifeste.

Elle est l’auteure de la quatrième de couverture des Jusqu’au cœur d’Alain Brissiaud, et de nombreuses notes de lecture et d’articles, publiés sur le site Recours au Poème.

Autres lectures

A contre-muraille, de Carole Carcillo Mesrobian

Avez-vous déjà éprouvé l'impression d'avoir plus ou moins bien lu un livre de poésie ? Pour ne pas dire l'avoir mal lu… Vous est-il déjà, arrivé que l'insatisfaction (ou le hasard) vous amène [...]

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Carole Marcillo Mesrobian, De Nihilo Nihil ou la simulation des origines….

Dans un précédent opuscule intitulé secrètement Nihil (éditions Unicité 2021), Carole Carcillo Mesrobian avait surpris par la direction nouvelle et singulièrement inédite que prenait son œuvre poétique.

Un tournant semble t-il nécessaire à la poétesse performeuse pour nourrir une interrogation plus profonde et disons –le, plus extensible à la croisée de nombreux chemins dont l’inclinaison « scripturaire » marque désormais un positionnement se voulant  clarifiant presque visionnaire au sein d’une expérience dépassant les limites de la matérialité. Avec la même verve, l’auteur qui vient de faire paraître De Nihilo Nihil, nous invite dans un même prolongement à nous profiler au sein d’un MONDE étrangement circulaire qui d’une certaine manière corrobore un ensemble de principes énoncés antérieurement. Ici le NOUS se substitue au IL avec une incroyable précision sémantique, cherchant « ici ou ailleurs », « ailleurs et maintenant », de nouvelles bases plus propices à l’immersion souterraine, celle qui plonge chaque personnage dans la nuit tardive et absolue dans un décor certes irréel mais dont les contours se dessinent progressivement.

Nos pas mesurent la profondeur d’une immatérialité théâtrale.  (P.9)

Nos personnages tournent autour d’un vide scriptural… (P.9)

Nous regardons l’absence des spectateurs parce que nous avons enfermé le visage de nos rôles dans le mutisme d’une lecture itérative. (P.9-10)

Carole Carcillo Mesrobian, De nihilo nihil, couverture Sergio Schmidt Iglesias, Tarmac éditions, 2022, 51 pages, 12 €.

Le ton est ainsi donné dans l’exploration soucieuse d’un nouveau monde qui coïncide adroitement avec une mise en scène théâtrale, mais comme dématérialisée de sa propre substance organique (éternellement vivante)  et dans laquelle l’essence originelle s’est littéralement volatilisée comme par magie ou enchantement. Une plongée abyssale dans l’abstraction soudaine mais calculée, où le langage ne ressemble plus qu’à un artifice tronqué - réduit à l’état de poussière cosmique. Dans un contexte si singulier autant que surprenant (car il faut tenir la distance), c’est bel et bien le personnage qui désormais fait la Loi – façonne sa propre Loi, sans tenir compte des contingences funestes d’une telle entreprise. A partir de  RIEN, et c’est un paradoxe,  d’engendrer un autre  RIEN  (de valeur opposée),  qui vient soudainement suppléer à l’inconnaissance de ses intentions initiales ; car il y a bien dans cette folle tentative  – une radicalité expiatoire – à peine dissimulée, mais qui se veut aussi une barrière protectrice sur la mainmise des croyances et des origines. D’ailleurs :

 

Une résonnance manichéenne soutient la durée de notre représentation. (P.10)

 

Mais de quelle résonnance alors,  qui ne soit pas l’envers d’un décor muet,  où précisément l’aveuglement et la surdité restent de mise ?  On peut alors gager que la re-présentation qui la sus tend, est également un leurre qu’il convient de circonscrire afin de se protéger (Ô tumulte des éléments ! ), où « Nos gestes s’identifient sur la résistance de l’air. » (P.10). Résonnance, résistance assimilables à toute forme d’incarnation qui jamais ne prend racine.

Là où  « Une mythologie événementielle détourne l’évidence de l’absurde vers une théogonie arbitraire. » (P. 11) oserais-je dire en ce qui me concerne, pour le moins «  suicidaire ». Théogonie, cosmogonie qui s’affrontent  comme dans un mauvais jeu de rôle, où la victoire n’est jamais complètement assurée. Et si la référence à Hésiode, n’est pas immédiatement perceptible, on peut cependant considérer, sous réserve cependant d’une réponse viable, que la poétesse, habituée des parcours sinueux, n’ignore nullement le « Caprice des Dieux et des Hommes ».

 

Les Dieux logés au ciel firent premièrement
L’humaine race d’or, lors du gouvernement
Qu’avait Saturne au ciel ; or ses hommes sans peine,
Sans travail, sans souci, vivaient une âge pleine
A l’aise comme Dieux… 

                                        (Les travaux et les jours, vers 139 à 164)

 

Ainsi

 

Notre scène mesure la distance de notre effacement.  (P.13)

L’effigie de nos figures dessine un portrait de nos masques.  (P.13)

 

Et à condition toutefois que le masque vienne bien se greffer « après », dans « l’après » d’un quelque chose qui reste plus à définir qu’à démontrer, comme si alors, le jeu inexplicable par nature n’en valait plus la peine.

 

Un nombre métaphorique situe l’emplacement de nos rôles dans un espace perpendiculaire au vide.  (P.17)

 

Et si l’on sent bien que la poétesse est la maitresse d’œuvre de sa propre histoire inventée (revisitée pour la scène finale), il n’en demeure pas moins que les traces, elles, demeurent enfouies ; comme « un chant apocryphe » (P.20). Tout le danger se situant alors dans la confusion des termes (du terme) où chaque pas fait preuve d’éloignement, comme, « Nous traçons un territoire tribal autour d’un décor théâtral. » (P.20) en guise de prosodie. Il n’est donc pas étonnant que, « Nos personnages existent dans la dimension de leur impossibilité. » (P.22) ou plutôt de leur négation, volontaire ou involontaire. À ce stade, cela  importe peu finalement, pourvu qu’ « Une épopée édifie notre scène contre notre spectacle. » (.P.23) . Et c’est donc bien « contre » que le MONDE,  s’intensifie  dans sa propre vacuité, lequel soyons en certain n’a plus rien de céleste.

 

Une fois de plus notre scène édifie un lieu improbable. (P.25)

 

Et cette fois-ci, mais il fallait s’y attendre, sans réplique authentique. Le masque a fini par tomber.

 

Le nom de nos personnages deviendra légendaire, dès que nous cesserons de ne pas exister. (P.27)

 

Le spectacle reste donc bien omniprésent dans lequel chaque tentative de représentation reste rivée à une fiction ancienne, illusoire qui « façonne la légende constitutive de notre histoire. » (P.29). On peut alors se demander à juste titre, si cette histoire en pointillés n’est pas le contraire de ce qu’elle affirme. Un personnage reste un personnage. Une scène s’apparente à une autre scène. Tous deux sont toujours éphémères dans leur simulation inaudible, dès lors que le chapitre de la représentation spectaculaire s’avère moins ordonnée. Et de cela une fois de plus, la poétesse est bien consciente, elle connaît ses limites, et ne se risque pas à se fourvoyer dans un feu trop intense qui lui brulerait les ailes. Elle a appris au détour de la « densité du néant » à reconnaître « le possible de l’impossible »,  « de l’infiniment petit contre l’infiniment grand ». A l’inverse « d’une hypothétique révélation », mais dont « un courant bestial révèle l’impossibilité charnelle de nos personnages ». (P.32). On pourrait alors et dans ce cas précis faire référence au psychanalyste Sigmund Freud, afin de décrypter ce qu’il en est de la charge (surcharge) des rêves (l’imaginaire) à contrario d’une réalité plus acceptable et supportant la traduction de son propre entendement, qui vaut aussi pour une sédentarisation de l’inconscient dans « une démesure du chaos ». (P.29). Or là encore rien de plus incertain de croire à ce qui n’existe pas ou du moins, « contre notre impuissance ». (P.29)

 

Un personnage onirique se détache de notre mémoire dès que nos personnages se déplacent parce qu’ils se taisent avec des gestes incontestables.  (P.37-38)

 

Une fois de plus la puissance des mots fait Loi au cœur du MONDE irremplaçable et incompressible avec l’ultime prétention de déjouer les pièges tendus à l’Homme – pièges qui valent pour « finitude de nos rôles » qui finissent par devenir pesants, exaspérants même. Et si Carole Carcillo Mesrobian refait (retisse) l’Histoire à l’envers ;  elle-même semble persuadée que son propre personnage peut également disparaître derrière un rideau noir, derrière lequel les spectateurs n’ont plus audience, privés de métaphores et d’alphabet. Et pour quelle « invention utopique » (P.39). A ce niveau d’écriture diurne, « le théâtre de notre liberté s’écroule sous la disparition d’une chronologie coercitive. » (P.41)

 

Du reste pas plus alors qu’aujourd’hui les hommes n’abandonneraient au milieu des gémissements la douce lumière de la vie 

                                                                      Lucrèce,  De natura rerum

                                                                      V,v, 988 – 1010)

 

Nec nimio tum plus quam nunc mortalia saccla dulcia linquebant lamentis lumina vitae.

 

Fin de partie….

 

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l’auteur

Carole Carcillo Mesrobian

Carole Carcillo Mesrobian est née à Boulogne en 1966. Elle réside en région parisienne. Professeure de Lettres Modernes et Classiques, elle poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’Université Denis Diderot. Elle publie en 2012 Foulées désultoires aux Editions du Cygne, puis, en 2013, A Contre murailles aux Editions du Littéraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sursis en conséquence, Qomme questions, à Jean-Jacques Tachdjian par Vanina Pinter, Carole Carcilo Mesrobian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Florence Laly, Christine Taranov,  Editions La chienne Edith, 2018.

Parallèlement paraissent des textes inédits sur les sites Recours au Poème, Le Capital des mots, Poesiemuzicetc., , ainsi que des publications dans les revues Libelle, et L’Atelier de l'agneau, Décharge, Passage d'encres, Test n°17, Créatures , Formules, Cahier de la rue Ventura, Libr-critique, Sitaudis, Créatures, Gare Maritime, Chroniques du ça et là, La vie manifeste.

Elle est l’auteure de la quatrième de couverture des Jusqu’au cœur d’Alain Brissiaud, et de nombreuses notes de lecture et d’articles, publiés sur le site Recours au Poème.

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Carole Carcillo Mesrobian, nihIL

Outre d’animer le très sérieux site en ligne, Recours au poème, aux côtés de Marilyne Bertoncini, Carole Carcillo Mesrobian est également une poétesse confirmée  - auteure à ce jour d’une bonne dizaine d’ouvrages dont le ton souvent singulier, et dont le dernier en date intitulé nihIL, témoigne à plus d’un titre de la vitalité de la poésie féminine d’aujourd’hui. 

Un recueil bref, mais audacieux au carrefour de divers genres (poésie, philosophie, science etc..) qui interprète les symboles à l’aide d’une sémantique rigoureuse, où le langage s’immisce abruptement dans les méandres d’un questionnement sensible et qui semble sans fin, où chaque mot, chaque phrase interprète une vision de nature cosmogonique (cosmique), mais pas seulement - car l’interrogation porte au-delà de l’utilisation académique du langage et de la langue en recouvrant des sphères inédites au sein desquelles la pensée se fond dans une horizontalité périlleuse qui heurte à bien des endroits, la manière d’appréhender le Monde.

Mais quel Monde au juste ? Carole Mesrobian l’écrit elle-même dans sa courte introduction. « Comment rendre compte de cette aberration tautologique que sont le réel et les mots qui servent à le nommer, le rendre audible, lui conférer une existence. Parler, écrire, autant de tentatives qui demeurent toujours fractionnaires, redondantes, illusoires, dans et par le langage ». La ligne de conduite est ainsi définie comme autant de tentatives qui demeurent «, fractionnaires, redondantes, illusoires », dans et par, mais aussi avec le langage, contre lui. Faut-il alors comprendre que ce que l’on qualifie comme Réel, s’avère seulement être une simple illusion, en trompe l’œil ? Dont la langue usitée pourrait constituer un ultime piège ? Ainsi parler, écrire, sont-ils suffisants pour rendre compte d’une attente plus grande, mais qui renvoie toujours aux sources de l’impuissance évocatrice et qui finissent presque logiquement à oblitérer les sources symboliques de la représentation ?

Carole Carcillo Mesrobian, nihIL, 2021, 44 pages, 12 euros, éditions unicité.

IL séjourne dans un espace impossible parce que nous cohabitons avec le hasard. (P.11)

Une première réponse est donnée par l’auteure. En cela que l’espace impossible est aussi et par extension logique là-encore,  rivé (sournoisement ?) à l’immensité même de l’espace qui nous englobe… Par hasard ?

Pas sûr cependant, car le hasard, autrement nommé, « imprévisibilité », imprédictibilité », est aussi un fait scientifique, (un fait est un fait) ; ou bien encore selon certaines définitions, « mystère de la Providence ». Je pencherais quant à moi, vers cette dernière formulation qui n’a rien d’anodin, encore moins de gratuit, parce que le hasard n’est lié à aucune cause commune, cependant que :

Notre situation entretien un quiproquo archaïque. Nous agissons avec des mots dont l’immobilité absorbe les contours.  (P.11)

Ainsi le « mode d’action » est-il à son tour convoqué, comme un « quiproquo archaïque » qui finalement peu s’avérer dangereux car IL n’affirme rien de plus qu’un risque possible d’erreur et de détournement du sujet-objet, qui n’appelle pas une réponse clairement signifiée et signifiante.

IL est de l’ordre du tâtonnement et de la quête ajournée …

IL révèle précisément son impuissance dans les contours, dans lesquels paradoxalement il s’affirme, en « tous points ».

La courbe stérile des lettres détruit notre imaginaire.  (Page 11)

Avec une possible destruction à la clé qui n’intervient pas forcément de manière sauvage, autant que brutale dans sa réalisation, alors que l’enjeu d’une re-naissance reste toujours probant :

IL remplace sa figure démiurgique par une imitation de sa transparence. Des nombres entretiennent l’illusion d’une fiction écrite entre les traces de sa disparition.  (P.11)

Et c’est bien alors et pour tenter une vaine explication (fictive et illusoire), au moins pour tenter de sortir de l’aveuglement.

Une force cosmique enterre nos déplacements sous le trajet de notre liberté. (P.13)

A condition toutefois que cette dernière soit encore possible, puisqu’au final,

Nos fantasmagories perpétuent la traversée inaboutie d’une chronologie occulte. (P.14)

Comme sortie, extirpée, de la prescience divinatoire sans risquer de provoquer un drame encore plus grand dont le vide serait le seul miroir acceptable - là encore la prudence semble de mise.

Un chaos imperceptible recouvre l’étendue d’une durée incoercible.  (P.15)

Si bien que l’espace-temps est littéralement congédié :

IL avale la durée de nos paroles parce qu’IL écrit avec des lettres réversibles. (P.15)

Et plus encore pour nous perdre encore plus intensément, en inversant les portes d’entrée.

Il raconte l’expérience légendaire de notre ignorance en falsifiant le corps de nos attentes. (P.17)

A tel point que l’on peut se demander si l’ignorance au fond ne serait pas le meilleur atout (rempart) pour conjurer le mauvais sort qui pèse sur nos consciences imparfaites, inachevées,  afin de démembrer (dénombrer) :

L’architecturé d’un langage hermétique (qui) délimite le périmètre de nos enfermements. (P.26)

Et c’est à mon sens, comme à juste titre, que l’on peut parler, sans risque cette fois-ci de « probabilité du CHAOS », comme « d’une dynamique inversée », échappatoire possible entre, « l’Ere du vide », et la construction d’un système plus solide qui ne renverrait plus à la précarité « organique » et « cosmique », en clair :

 Un écart entre l’interstice des intervalles de nos paroles et la distance d’une superficie discursive laisse apparaitre le frôlement de la durée. (P.28)

IL encore et toujours comme réceptacle de sa propre légende qui :

 attend dissimulé sous une absence contradictoire. (P.29)

Sauf que :

Une énergie despotique transporte notre histoire vers un univers métaphorique. (P.29)

Nous le regardons avec des mots pour tenter d’énoncer sa disparition. (P.32)

Comme un point de bifurcation que rend le lendemain (tout lendemain) aléatoire et imprévisible si bien que :

IL enchaine nos trajectoires à l’épicentre d’un discours immuable.  (P.28)

Une harmonie primitive relie nos rôles au tronc des arbres. (P.36)

Ainsi autant de probabilités, que de contradictions qui construisent un Univers abrupt qui ne repose dès lors sur aucune réponse connue en ce Monde, et qui nous place constamment en position de déséquilibre.

Illusion encore qui nous fait croire que le Monde repose sur un socle solidement ancré dans la Terre. Mais d’ailleurs où donc est-elle passée ? Je ne l’ai point trouvée. Ne l’aurais-je point vue, en vertu de ma propre cécité ?

La profondeur hallucinatoire de notre cécité s’articule à une impossibilité anecdotique de nous taire. (P.34) et :

(opère) un effacement de notre dédoublement quand nous achevons de parler. (P.34)

Tout semble dit en effet, et nous n’en voudrons pas à Carole Mesrobian, d’avoir si intelligemment brouiller les pistes en nous malmenant ainsi au sein d’une articulation quasi-mythologique qui « transcende son achèvement » et en amont notre destinée ; car il fallait bien qu’à un moment donné, IL  « s’exprime dans la légende d’une transcendance inversée », sachant également que le pari était fort risqué d’intervertir les schèmes du langage, en opérant une « déconstruction positive » de ses conductions dans une forme volontairement circulaire (mais non routinière) avec au bout du compte un grand point d’interrogation….

 

 

Présentation de l’auteur

Carole Carcillo Mesrobian

Carole Carcillo Mesrobian est née à Boulogne en 1966. Elle réside en région parisienne. Professeure de Lettres Modernes et Classiques, elle poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’Université Denis Diderot. Elle publie en 2012 Foulées désultoires aux Editions du Cygne, puis, en 2013, A Contre murailles aux Editions du Littéraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sursis en conséquence, Qomme questions, à Jean-Jacques Tachdjian par Vanina Pinter, Carole Carcilo Mesrobian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Florence Laly, Christine Taranov,  Editions La chienne Edith, 2018.

Parallèlement paraissent des textes inédits sur les sites Recours au Poème, Le Capital des mots, Poesiemuzicetc., , ainsi que des publications dans les revues Libelle, et L’Atelier de l'agneau, Décharge, Passage d'encres, Test n°17, Créatures , Formules, Cahier de la rue Ventura, Libr-critique, Sitaudis, Créatures, Gare Maritime, Chroniques du ça et là, La vie manifeste.

Elle est l’auteure de la quatrième de couverture des Jusqu’au cœur d’Alain Brissiaud, et de nombreuses notes de lecture et d’articles, publiés sur le site Recours au Poème.

Autres lectures

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Intimité expulsée pour retrouver la paix en soi. Lorsque l’autre, malfaiteur hurlant dans les chairs tuméfiées, est trop bien installé au cœur de la femme-offrande, celle-ci vacille, tombe, mais continue de parler pour [...]

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Carole Carcillo Mesrobian, Derelinquens mundi

sur la dérobade barbare
des formes
flambent
à la fenêtre
un rideau flotte qui vacille
avec le paradis

et toujours cette ombrelle
curviligne  la vie
lisse et claire et frugale
rassemble ses essaims
de blond distinct de blé dans le feu des étables

notre monde est l’oiseau pris dans les plis du vent

∗∗∗

 

Nous étions là où je suis seule

Habillés de ton rire

dans ce que le temps n’atteindra

que s’il disparait

et je t’ai regardé

comme on essaie enfant

d’attraper le savon des bulles

mes mains ont grandi

mais pas mes rêves

 

∗∗∗

 

Il faisait chaud

l’air était le clos d’entre nous

et tu n’osais rien regretter

encore

ni la suffocation

ni l’encre oubliée

des ridicules amas de traits apeurés

par la substance immaculée

de cette plaie de lumière

qui emportait nos visages

lorsque nos bouches se taisaient

∗∗∗

 

tu verses dans cette vie des rêves
sur les cheveux du vent
et dans tes paroles
tu appelles la trace
où ta langue ouvrira les abysses des mondes
enfouis dans la texture  
des routes dans tes mains
nues comme la ligne d’elle
qui viendra reconnaitre
chaque sillon comme un trait de chemin
où sera sa demeure

 

∗∗∗

 

Je vais partir
Tourner sur le chemin
Et disparaitre
Jusqu’ailleurs
une autre fois
nous ne savons
ni toi ni moi
si se ressembleront encore
ton épaule et ma nuit
on ne sait jamais rien
de ce que l’impossible épargne

 

J’ai tenté de traverser ta peau
avec une épée de silence 
pour t’entendre exister
j’ai suivi le passage
d’insidieuses patiences
morsure d’un loup sans fin
comme une traversée
sur un étang de glace
même si l’immensité 
inouïe
de ta nuit
demeure mon désert
j’ai ramassé le feu 
comme le vent des lisières 
efface les épicentres
dans l’allure 
d’ignorer ton visage
comme un guillotiné son corps

 

Présentation de l’auteur

Carole Carcillo Mesrobian

Carole Carcillo Mesrobian est née à Boulogne en 1966. Elle réside en région parisienne. Professeure de Lettres Modernes et Classiques, elle poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’Université Denis Diderot. Elle publie en 2012 Foulées désultoires aux Editions du Cygne, puis, en 2013, A Contre murailles aux Editions du Littéraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sursis en conséquence, Qomme questions, à Jean-Jacques Tachdjian par Vanina Pinter, Carole Carcilo Mesrobian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Florence Laly, Christine Taranov,  Editions La chienne Edith, 2018.

Parallèlement paraissent des textes inédits sur les sites Recours au Poème, Le Capital des mots, Poesiemuzicetc., , ainsi que des publications dans les revues Libelle, et L’Atelier de l'agneau, Décharge, Passage d'encres, Test n°17, Créatures , Formules, Cahier de la rue Ventura, Libr-critique, Sitaudis, Créatures, Gare Maritime, Chroniques du ça et là, La vie manifeste.

Elle est l’auteure de la quatrième de couverture des Jusqu’au cœur d’Alain Brissiaud, et de nombreuses notes de lecture et d’articles, publiés sur le site Recours au Poème.

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Carole Carcillo Mesrobian, Alain Brissiaud, Octobre

« L’impossible distance irréductible de l’existence »

Un échange épistolaire poétique pour dire « l’impossible distance irréductible de l’existence ». Là où des lettres de feu pourraient suffire, et les exemples sont légion en littérature, nos deux auteurs, Carole Carcillo Mesrobian et Alain Brissiau, ont choisi l’espace poétique de la page journalière pour exprimer l’amour total, impossible donc sacré, l’amour en l’absence des corps retenus entre les mots : leurs mots propres, les mots de l’autre  enchâssés dans ses propres mots, jour après jour. Poésie donc pour aimer à corps perdu.

Les mots habillent et déshabillent ; ils révèlent ainsi les corps absents, les brûlent dans l’incandescence d’Octobre, le mois des vendanges tardives :

Viendras-tu me chercher
Il n’y a plus d’automne capable de tomber
les feuilles de ma peine
Viendras-tu me chercher

dit la femme au terme d’un poème lettre ; et lui répond en italique :

La nuit je cherche
L’eau de tes yeux
Juste cela

 

Carole Carcillo Mesrobian, Alain Brissiaud, Octobre, PhB éditions, Paris, 2020, 64 pages, 10 euros.

Carole Mesrobian fait de l’énigme de l’agencement des mots la matière de son écriture ; sa poésie cérébrale, bien connue aujourd’hui, s’ordonne dans le choc des formules impossibles à résoudre (jamais dans l’aporie, leur résolution est seconde) ; les mots de Mesrobian chantent, grincent hors des règles conventionnelles… L’agencement mystérieux des sens ouvre des perspectives vastes, comme le ferait une sculpture de Moore renvoyant le vide fonder la forme. Voyez, lisez ce « Il n’y a plus d’automne capable de tomber les feuilles de ma peine. » Le vide de l’automne donne forme à la peine. Le sens est littéralement hors du champ syntaxique. Pourtant quelle force ! il y a dans cette poétique le souffle vital, natif, une forme de transcendance.

Alain Brissiaud, lui, argumente en poésie, mais jamais lourdement ; on sent une douleur sourdre dans l’acte d’aimer qui s’exprime frontalement dans sa poésie, avec une belle élégance :

 

cette nuit derrière la maison
le grand pré
s’est mis à briller plus fort

 cela au moins j’en suis sûr

 

L’allusion est directe ; dirait-on « à la fin de l’envoi, je touche », pour paraphraser Rostand/Cyrano. Elle, est bien ce grand pré dès lors que le regard amoureux de l’homme en a décidé ainsi ; il voit briller l’amour là seulement où il peut être, dans le ressenti, loin de l’aimée, la perdue :

 

notre amour n’est pas perdu
qui a écrit cela

 qui

 

Quel cri ! Vient octobre épistolaire, mois des gelées revenues, deuxième peau des poètes : deux lettres/poèmes se répondent pages 26 et 27 du recueil : celle de l’homme d’abord, de la femme ensuite ; les deux poèmes hurlent octobre ! Lui parle :

 

Langage d’octobre[…] et soudain tu es là
dans le silence
venue de loin si fatiguée
la robe déchirée
la voix éteinte
dans la bénédiction de la mémoire
où respire nos blessures
ce vieux pays

 

Il sent la fatigue d’elle qui a  fait un si long voyage dans sa mémoire à lui ; sa robe est déchirée par toutes les tempêtes bleuies sous le crâne et sa voix est éteinte ; seuls l’écriture scandée, les enroulements de la mémoire – ce vieux pays – dans la chair des mots disent l’histoire. Histoire vécue rêve le lecteur ? Histoire volée à l’imagination plaident les claviers ?

La femme répond ce même jour avec les phrases sculptées, j’insiste, de Carole Mesrobian : c’est une bataille, un combat de mots pour défaire les chemins  trop sûrs, pour agencer les couleurs, les bruits :

Octobre

[…]

Descendre jusqu’au fleuve
peut-être où oublier
le tablier d’absences qui empèse ma robe
et regarder aller sa splendeur rugueuse

 

Amour rêvé, amour des lettres. L’échange poétique épistolaire, qui conte l’amour distant dans l’espace et le temps, mais toujours présent dans les entrailles et le cœur, dit que tout amour est magie, qu’ainsi il échappe…

 

 

 

 

 

 

Présentation de l’auteur

Carole Carcillo Mesrobian

Carole Carcillo Mesrobian est née à Boulogne en 1966. Elle réside en région parisienne. Professeure de Lettres Modernes et Classiques, elle poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’Université Denis Diderot. Elle publie en 2012 Foulées désultoires aux Editions du Cygne, puis, en 2013, A Contre murailles aux Editions du Littéraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sursis en conséquence, Qomme questions, à Jean-Jacques Tachdjian par Vanina Pinter, Carole Carcilo Mesrobian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Florence Laly, Christine Taranov,  Editions La chienne Edith, 2018.

Parallèlement paraissent des textes inédits sur les sites Recours au Poème, Le Capital des mots, Poesiemuzicetc., , ainsi que des publications dans les revues Libelle, et L’Atelier de l'agneau, Décharge, Passage d'encres, Test n°17, Créatures , Formules, Cahier de la rue Ventura, Libr-critique, Sitaudis, Créatures, Gare Maritime, Chroniques du ça et là, La vie manifeste.

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Présentation de l’auteur

Alain Brissiaud

Né à Paris en 1949. Librairie et éditeur depuis 1973. Vit entre le Vaucluse et Paris. Le temps qui lui est aujourd’hui donné est partagé entre l’écriture et la vie.

 

 

 

Alain Brissiaud

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Carole Carcillo Mesrobian et Alain Brissiaud, Octobre

Octobre a pour titre un mois, celui qui « a épousé le déclin des vendanges » (page 35). Il ouvre et ponctue plusieurs pages, comme un signe temporel et symbolique. Il marque le rythme et le sens du livre.

Entre la première phrase d’Octobre :

 

Tu dis que le rouge
Attrape les rêves
Et délie les lèvres sombres du doute  (page 9)

 

et la dernière :

 

Sinon plus rien n’existe ainsi que ne fut rien  (page 63)

Carole Carcillo Mesrobian et Alain Brissiaud, Octobre, PhB éditions, 2020, 63 pages, 10€.

se jouent et se livrent le corps-à-corps, le bouche-à-bouche, le mot-à-mot de deux poètes dont le cheminement amoureux est empreint de lyrisme et de liberté, de souffrance aussi. Il engage la vie, comme tout amour qui voudrait n’être que passion mais se nourrit autant de lumière que de ténèbres.

Carole Carcillo Mesrobian et Alain Brissiaud gardent mémoire – par et avec les mots – d’une errance sur des chemins qui se croisent, se confondent, se superposent, s’écartent, se coupent. Ils pénètrent les esprits et les corps, traversent les paysages, voilent la « nudité du jour » (page 59) et découvrent « l’obscurité sous l’étole de nuit » (page 63).

Écrire à l’autre, c’est écrire à soi-même.

Publier Octobre, c’est quitter les sentiers de l’intime pour emprunter la grande route qui conduit à la ville où habite un lecteur inconnu trouvant dans ce livre jouissance de la poésie et méditation sur l’amour.

Carole Carcillo Mesrobian et Alain Brissiaud inventent une relation épistolaire tout en s’inscrivant dans l’héritage d’une tradition de la littérature. Je songe à la correspondance de Simone de Beauvoir et Violette Leduc, à la complicité de Gustave Flaubert et Louise Colet, à la relation déséquilibrée de Guillaume Apollinaire et Louise de Coligny-Châtillon (Lou), à la sublime langue d’Héloïse et Abélard aussi, que je cite avec émotion : « Vous savez, mon bien-aimé, et nul n’ignore tout ce que j’ai perdu en vous » (lettre deuxième d’Héloïse à Abélard, 1133).

Dans Octobre, la fluidité du texte respecte l’équilibre entre deux poètes en miroir qui écrivent avec subtiles variations de vocabulaire et de registres, glissements incertains de la forme et du fond, projections d’images, face au risque – exaltant et dangereux – de plonger dans l’abîme/abyme qui figure et défigure.

La poésie épistolaire de Carole Carcillo Mesrobian et Alain Brissiaud est une composition discontinue de fragments, comme autant d’éclats d’un discours argumentatif avec ses élans de démonstration, de persuasion, son substrat de doute intérieur aussi, qui mine et démine toute tentative d’un sur-jeu narratif.

D’aucuns verraient en l’amour un sujet asséché. A tort, car il est inépuisable. L’amour a cette fonction puissante de mettre toute existence en perspective et en question. Il faut en avoir connu les joies, les transes, les dérives et les blessures pour porter avec justesse la voix de celui-ci. Si Octobre est le fruit d’un dispositif littéraire – les auteurs ne dévoilent rien sur sa genèse, et ils ont raison –, il est aussi, je n’en doute pas, un entremêlement d’expériences vécues, observées ou rêvées. C’est pourquoi lire ce livre, dont la langue est belle, provoque en moi un authentique plaisir.

A la manière de Roland Barthes dans ses Fragments d’un discours amoureux (Éditions du Seuil, 1977), j’esquisserais une liste arbitraire de quelques figures que je décèle dans Octobre : disparition (page 9), divagation (page 16), silence (page 17), oubli (page 27, page 45), passage (page 31), rêve (page 40), incendie (page 61), et bien d’autres encore.

Écrire pour aller.
Écrire pour revenir.
Écrire pour s’en aller enfin.
Il ne reste que la poésie. Car tout poème est un acte d’amour.

Présentation de l’auteur

Carole Carcillo Mesrobian

Carole Carcillo Mesrobian est née à Boulogne en 1966. Elle réside en région parisienne. Professeure de Lettres Modernes et Classiques, elle poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’Université Denis Diderot. Elle publie en 2012 Foulées désultoires aux Editions du Cygne, puis, en 2013, A Contre murailles aux Editions du Littéraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sursis en conséquence, Qomme questions, à Jean-Jacques Tachdjian par Vanina Pinter, Carole Carcilo Mesrobian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Florence Laly, Christine Taranov,  Editions La chienne Edith, 2018.

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Présentation de l’auteur

Alain Brissiaud

Né à Paris en 1949. Librairie et éditeur depuis 1973. Vit entre le Vaucluse et Paris. Le temps qui lui est aujourd’hui donné est partagé entre l’écriture et la vie.

 

 

 

Alain Brissiaud

Autres lectures

Alain Brissiaud, Jusqu’au cœur

Au-delà des obédiences, des écoles et des mouvements, des mesures et des règles édictées, des discours et des gloses, existe la poésie. Elle échappe à toute tentative d’exégèse, car miraculeusement elle distend le [...]

Carole Carcillo Mesrobian, Alain Brissiaud, Octobre

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Agencement du Désert – Quand le feu irascible se dompte dans la forme

La poétesse Carole Mesrobian appartient à cette catégorie des « Voleurs de Feu » chez qui tout devenir poétique se fait traversée de l'âme et du réel. Agencement du Désert, publié chez Z4 éditions, est de ces pépites dans lesquelles le récit, apparemment purement biographique, devient ce que Victor Hugo nommait « mémoires d'une âme ».

Une âme qui advient, de par son long cheminement dans le « Désert » du rapport au monde, par la transfiguration de l'imagination. Son éveil à la couleur, par exemple, a été inspiré par la chevelure de la femme qui s'occupait d'elle, et dont Carole Mesrobian fait l'hypothèse suivante : « Peut-être qu'aimer les couleurs vient de cette chevelure avortée là. Ces toiles de Moreau, je lui dois assurément de les regarder ». Nous retrouvons de même, éparses dans le livre, de fascinantes analyses sur l'Art perçu comme « un corps qui respire et qui vit. Il inspire et expire, et chaque mouvement est la suite d'une autre (…) surdéterminée ». Il en est de même de l'acte d'écrire, expression de l'incommunicable, dans lequel « le faire le feu tout jouxte la forêt mais ne la raconte pas. » En tant que poétesse, elle a conscience que ce « que nous faisons c'est juste offrir un lieu, une terre à jamais inexplorée toujours ouverte dans un accueil polysémique et transcendant. » Dès lors, l'acte poétique, pure énergie créatrice, se dévoile dans « cette certitude que rien n'est rien où tout se confond avec l'absolue immanence des anéantissements. »

Divisée en quatre chapitres, Agencement du désertest une épopée de l'intériorité qui nous propose d'en suivre le magistral corps à corps avec la vie, le corps et les œuvres qui l'ont nourrie.

Carole Mesrobian, Agencement du désert, Z4 éditions, collection La diagonale de l'écrivain, préface de Tristan Félix, encre de Davide Napoli, 2020, 130 pages, 11 euros.

Carole Mesrobian y révèle sa passion pour les créateurs du XIXesiècle chez qui l'imaginaire et la mythologie nous disent tant sur les profondeurs de l'esprit. Au siècle suivant, l'immense Henri Michaux y est celui qui invoque « la puissance incantatoire du cri, dans tous les mots de tous ses poèmes, dans toutes les pages de tous ses livres. »

Le va-et-vient entre les œuvres et la vie exprime puissamment le lien entre le choc reçu du réel et celui de la création. Dans le chapitre II est ainsi – entre autres, bien sûr, cette évocation ne se veut jamais exhaustive – mise en mots l'expérience atroce de sa mère, porteuse d'un bébé mort-né dont l'odeur de cadavre traverse son ventre. Le contraste avec le chapitre III est de ce point de vue saisissant ! Il s'y exprime l'exaltation ressentie au contact de la littérature, notamment dans ce qu'elle révèle de nécessité et de possibilité de libération. Carole Mesrobian le dit, c'est avec « l'Anti-Œdipe que l'acte d'écrire » lui est « apparu dans son entière évidence » même si elle a conscience qu'écrire, c'est « poursuivre la Littérature en sachant que je ne pourrais jamais la rattraper ». L'étonnement du lecteur – donc, son incessant bonheur de lecture – est bientôt poursuivi par la longue et vivante analyse des épigraphes de Stendhal.

Le chapitre IV clôt poétiquement, en vers, cet Agencement pour vaincre, en le vivant, le « sud asséché par la soif et vicié par le bruit », et pour exorciser le « venin calcifié par le sel ». Rythmiques, images, sonorités s'entrechoquent pour faire surgir le ressenti des profondeurs, ce face à face vécu avec le réel et la vie.

Le lecteur de l'Agencement du désert poursuit intérieurement, une fois le livre refermé, ce qui en a fait une expérience intime et unique de lecture.

Présentation de l’auteur

Carole Carcillo Mesrobian

Carole Carcillo Mesrobian est née à Boulogne en 1966. Elle réside en région parisienne. Professeure de Lettres Modernes et Classiques, elle poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’Université Denis Diderot. Elle publie en 2012 Foulées désultoires aux Editions du Cygne, puis, en 2013, A Contre murailles aux Editions du Littéraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sursis en conséquence, Qomme questions, à Jean-Jacques Tachdjian par Vanina Pinter, Carole Carcilo Mesrobian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Florence Laly, Christine Taranov,  Editions La chienne Edith, 2018.

Parallèlement paraissent des textes inédits sur les sites Recours au Poème, Le Capital des mots, Poesiemuzicetc., , ainsi que des publications dans les revues Libelle, et L’Atelier de l'agneau, Décharge, Passage d'encres, Test n°17, Créatures , Formules, Cahier de la rue Ventura, Libr-critique, Sitaudis, Créatures, Gare Maritime, Chroniques du ça et là, La vie manifeste.

Elle est l’auteure de la quatrième de couverture des Jusqu’au cœur d’Alain Brissiaud, et de nombreuses notes de lecture et d’articles, publiés sur le site Recours au Poème.

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Carole Carcillo Mesrobian, Ontogenèse des bris

Dès son titre (oxymorique), Ontogenèse des bris - qui fait l'économie de l’article et ainsi se relie d’entrée aux textes initiatiques soulevant depuis les lames de fond les « vagues vipérines » du Vivre en sa [...]




Carole Carcillo Mesrobian, Ontogenèse des bris

Dès son titre (oxymorique), Ontogenèse des bris - qui fait l'économie de l’article et ainsi se relie d’entrée aux textes initiatiques soulevant depuis les lames de fond les « vagues vipérines » du Vivre en sa complexité, du Langage en ses sondes de sourcier -fait entendre une voix singulière.

Syntaxe innovante en son alliage de classicisme et de modernité, vocable à la « texture escarpée », secousses sismiques au profond tellurique des strates du langage, rythme tournant autour du nœud névralgique du Verbe acharné à se dire et se retourner en tous sens piétés « vers le comble d’errance », déchirures avivées au sein du monde intime extériorisé : livré à la parole poétique —une voix remarquable s’énonce dans le laps de rupture entre ce qui s’engendre de l’être et se développe par effractions dans le naufrage du temps. Le "vif-ardent" mouvement du Verbe « arpente dedans la pensée(du) corps » de l’auteure, Carole Carcillo Mesrobian rappelant les vociférations de ferventes dévorations/dévotions d’Antonin Artaud, sa quête incessante vers le feu qui dévore et anime notre gésir d’exister pour tenter de « résou(dre) la chute » en proférant l’espace indicible tout en le taisant sous ses cendres couvées dans le ventre des maux/mots. 

Carole Carcillo Mesrobian, Ontogenèse
des bris
, PhB éditions, 2019.

Artaud écrivit L’Ombilic des limbes (avec l’article défini et un « O » majuscule initial parangon de l’Origine(l)) pour désigner «l’ entraille » universelle d’où le Dire et le Vivre se déchirent et surgissent ; Carcillo Mesrobian écrit l’Ontogenèse des bris d’où le Ci-gît se redresse, s’auto-régénère de ses débris : sous une surface des contingences analogue, glace la brûlure du volcan, brûlent les glaciers de sidération

 

Il est le temps comme un hiver
Partir vivre comme on va mourir
Dans le battement superfluité expiatoire
De la vitesse au rouge dans les phares
L’asphalte l’amertume
 

 

L’« ontogenèse » s’incarne : « un substrat dans l’humus enracine ton corps / à la peau des bambous », écrit la poétesse. La pensée retrouve sève dans les radicelles fertiles de « l’aura sauvage » portée par la « meute de (s)es rêves », et c’est « l’osmose » éprouvée de la douleur et du gueuloir « expiatoire », grattant par « le crayon (des) os » l’écorce des mots, les imperceptibles transformations à l’œuvre dans l’œuf de l’ « ombre nue » créatrice de l’expulsion ontogénique de la pensée, de son ravissement

 

Le crayon de tes os griffe
Ton sang gris
Par l’osmose striée des abysses et de l’or
D’une douleur crue
Carnage d’ombre nue et totem retors
Tu crèves le terreau pour creuser sous la mort
 

 

« Plaies de totems », cataplasmes de la langue hurlée sur le bout torve des lèvres ou « au clos des paupières » brûlantes sur leurs torches brûlantes, l’Ontogenèse des bris expulse « l’acidulé » dans « l’absorption (et) la rupture de tout » (Antonin Artaud, Le Pèse-Nerfs) ; extirpe la pulpe, la chair, « le filet du couteau (de la langue) vissé entre (les) mains », « scalpe les grains du sablier » et reformule à l’encre psalmodiée le tracé des « oiseaux pétris de glaise (lorsqu’ils) sui(vent) la trajectoire épurée ». Déracinée, Ontogenèse des bris nous plonge dans l’abîme torturé d’une femme particulière (saisie au vif violent laps de perdition « où la chute anamnèse »), de l’Être en tous ses renversements d’éclaircie où l’augure noir appelle un piaculum, mais, l’élan triomphant de l’inertie, « les ravages d’hier (nous) enchaînent aux points-virgule ».

 

Cet opus atteste la portée incompressible, même à l’acmé des envers, du désir qui peut « efface(r) la terre là (s’)apitoyer » ; du désir où la femme emprisonnée « dans la maison de limbes » d’un amour néfaste et nuisible « tisse des guirlandes », désormais, « de son nom d’évadée » ; du désir qui « achève le fardeau », libère « l’enclos », « résout la chute » : « l’apothéose est pour demain »…

 

Présentation de l’auteur

Carole Carcillo Mesrobian

Carole Carcillo Mesrobian est née à Boulogne en 1966. Elle réside en région parisienne. Professeure de Lettres Modernes et Classiques, elle poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’Université Denis Diderot. Elle publie en 2012 Foulées désultoires aux Editions du Cygne, puis, en 2013, A Contre murailles aux Editions du Littéraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sursis en conséquence, Qomme questions, à Jean-Jacques Tachdjian par Vanina Pinter, Carole Carcilo Mesrobian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Florence Laly, Christine Taranov,  Editions La chienne Edith, 2018.

Parallèlement paraissent des textes inédits sur les sites Recours au Poème, Le Capital des mots, Poesiemuzicetc., , ainsi que des publications dans les revues Libelle, et L’Atelier de l'agneau, Décharge, Passage d'encres, Test n°17, Créatures , Formules, Cahier de la rue Ventura, Libr-critique, Sitaudis, Créatures, Gare Maritime, Chroniques du ça et là, La vie manifeste.

Elle est l’auteure de la quatrième de couverture des Jusqu’au cœur d’Alain Brissiaud, et de nombreuses notes de lecture et d’articles, publiés sur le site Recours au Poème.

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