Philippe Leuckx, Petites notes

Avec Petites notes, Philippe Leuckx nous livre ses sentiments de l’instant, entre maison et jardin, les rues de sa ville comme celles de Rome. Avec pudeur et sincérité, il ouvre les portes de l’intériorité, en toute intimité.

La sensibilité de l’auteur transperce les textes pour nous toucher en plein cœur. « on marche par défaut / sinon inadvertance / vers la vie / là au bord des grilles ».

De ces poèmes semés devant nos yeux émanent le silence et la solitude, la tristesse de l’absence et on devine, à connaître la vie de l’auteur, la disparition qui sous-tend chaque mot de ce beau recueil fait d’ombre et de lumière.

Une douce solitude plombe
le ciel
on regarde sans voir
comme si le jour
se défaisait déjà
dans l’ombre du silence (page 19)

Philippe Leuckx, Petites notes, Les Lieux-Dits, 2025, 32 pages, 7 euros.

L’enfance est là, salvatrice et porteuse d’espérance, « qui tient en main/un brin de ciel /  cette poudre de temps / qui efface chagrin et douleur ».

Car même si « Du bonheur / on ne sait presque rien », l’auteur nous confie « parfois un rien de regard / sauve du néant ».

On accompagne volontiers l’auteur dans sa quête de faire « cause commune/avec le silence ».

Présentation de l’auteur

Philippe Leuckx

Philippe Leuckx est écrivain et critique. Après des études de lettres et de philosophie, il consacre son mémoire de licence à Marcel Proust avant d'enseigner au Collège Saint-Vincent à Soignies.

Poète, critique, il collabore à de nombreuses revues littéraires francophones (Belgique, France, Suisse, Luxembourg) et italiennes.

Bibliographie

Poésie

a) livres, plaquettes

  • Une ombreuse solitude, 1994, L'arbre à paroles.
  • Poèmes d'entre-nuits, 1995, Le Milieu du jour (F).
  • Comme une épaule d'ombres, 1996, L'arbre à paroles.
  • Le fraudeur de poèmes, 1996, Tétras Lyre.
  • Et déjà mon regard remue la cendre, 1996, Clapàs. Préface de Philippe Mathy(F).
  • Une sangle froide au cœur, 1997, L'arbre à paroles.
  • Une espèce de tourment ?, 1998, L'arbre à paroles.
  • Nous aurons, 1998, Clapàs. Préface de Marcel Hennart (F).
  • Puisque Lisbonne s'écrit en mots de sang, 1998, Encres Vives (F).
  • Un obscur remuement, 1999, La Bartavelle (F).
  • Un bref séjour à Nad Privozem, 2000, Encres Vives (F).
  • La main compte ses larmes, 2000, Clapàs. Préface de Frédéric Kiesel (F).
  • Le fleuve et le chagrin, 2000, Tétras Lyre.
  • Poèmes de la quiétude et du désœuvrement, 2000, L'arbre à paroles.
  • La ville enfouie, 2001, Encres Vives (F).
  • Celui qui souffre, 2001, Clapàs. Préface de Georges Cathalo (F).
  • Poèmes pour, 2001, La Porte (F).
  • Touché cœur, 2002, L'arbre à paroles.
  • Sans l'armure des larmes, 2003, Tétras Lyre.
  • Faubourg d'herbes flottantes, 2003, La Porte (F).
  • Te voilà revenu, 2004, Les Pierres. Préface de Pierre Dailly.
  • Rome cœur continu, 2004, La Porte (F).
  • Errances dans un Bruxelles étrange, 2004, Encres Vives (F).
  • La rue pavée, 2006, Le Coudrier. Présentation de Jean-Michel Aubevert.
  • En écoutant Paolo Schettini, 2006, Encres Vives (F).
  • Résonances (en collaboration), 2006, Memor.
  • Photomancies (en collaboration), 2006, Le Coudrier.
  • L'aile du matin, 2007, La Porte (F).
  • Un dé de fatigue, 2007, Tétras Lyre.
  • Étymologie du cœur, 2008, Encres Vives (F).
  • Rome rumeurs nomades, 2008, Le Coudrier. Postface de Walter Geerts.
  • Résistances aux guerres (en collaboration), 2008, CGAL.
  • Périphéries, 2008, Encres Vives (F).
  • Terre commune (en collaboration), 2009, L'arbre à paroles.
  • Le cœur se hausse jusqu'au fruit, suivi de Intérieurs, 2010, Les Déjeuners sur l'herbe.
  • Le beau livre des visages, 2010, Bookleg no 67, Maelström.
  • Selon le fleuve et la lumière, 2010, Le Coudrier.
  • Passages,(en collaboration), 2010, L'arbre à paroles.
  • Piqués des vers, 2010, Espace Nord no 300.
  • Rome à la place de ton nom, 2011, Bleu d'encre.
  • De l'autre côté, (en collaboration), 2011, L'arbre à paroles.
  • Dans la maison wien, 2011, Encre Vives (F).
  • D'enfances, 2012, Le Coudrier.
  • Métissage, (en collaboration), 2012, L'arbre à paroles.
  • Un piéton à Barcelone, 2012, Encres Vives (F).
  • Au plus près, 2012, Ed. du Cygne (F).
  • Déambulations romaines,(en collaboration), 2012, Ed. Didier Devillez.
  • Quelques mains de poèmes, 2012, L'arbre à paroles.
  • Dix fragments de terre commune, 2013, La Porte (F).
  • Momento nudo, (en collaboration), 2013, L'arbre à paroles.
  • D'où le poème surgit, 2014, La Porte (F).
  • Lumière nomade, 2014, Ed. M.E.O.
  • Carnets de Ranggen , 2015, Le Coudrier.
  • L'imparfait nous mène, 2015, Bleu d'encre.
  • Etranger, ose contempler, 2015, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Les ruelles montent vers la nuit, 2016, Ed. Henry, coll. La main aux poètes (F).
  • D'obscures rumeurs, 2017, Ed. Petra, coll. Pierres écrites/ L'oiseau des runes (F).
  • Ce long sillage du coeur, 2018, Ed. la tête à l'envers (F).
  • Une chèvre ligure à Ischia, 2018, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Maisons habitées, 2018, Bleu d'encre.
  • Le mendiant sans tain, 2019, Le Coudrier.
  • Doigts tachés d'ombre, 2020, Editions du Cygne (F).
  • Poèmes du chagrin, 2020, Le Coudrier.
  • Solitude d'une sente, 2020, Les Chants de Jane n°24.
  • Nuit close , 2021, Bleu d'encre.
  • Prendre mot, 2021, Dancot-Pinchart
  • Rien n'est perdu Tout est perdu, 2021, Les Lieux Dits (F).
  • Le rouge-gorge, 2021, Ed. Henry, coll. La main aux poètes (F).
  • Frères de mots, 2022, Le Coudrier, en collaboration avec Philippe Colmant.

b) en revues

  • Paume tournée vers le temps, , Arpa n°56 (F).
  • Heure de fronde lente, 1997, Estuaires n°31 (L).
  • Heure de fronde lente, printemps 1998, Ecriture n°51 (S).
  • Heure de fronde lente, été 1998, Courant d'ombres n°5 (F).
  • Le ramasseur d'ombres, 1998, Multiples n°55 (F).
  • Quelques grelots de fête, , Sources n°22.
  • Une paix trop friable, 2001, Pollen d'azur n°13.
  • Dans l'ampleur heureuse, 2002, Pollen d'azur n°17.
  • Une ombreuse solitude, frammenti, nov-déc. 2002, Issimo n°34 (Palermo), traduction en italien par Bruno Rombi.
  • Nos demeures et nos mains, 2003, Pollen d'azur n°21.
  • Poèmes, été 2004, Le Fram n°11.
  • Les 16 élégies de ruine, 2004, Multiples n°64 (F).
  • La ville enfouie, frammenti, mars-, Issimo no 42, traduction en italien par Bruno Rombi.
  • Elégie du nomade, 2006, Bleu d'encre n°16.
  • Heure proche, 2007, Bleu d'encre n°17.
  • Rome nuit close, automne 2007, Traversées no 48.
  • Un cœur nomade, extraits, , Autre Sud no 46.
  • Piéton de Rome, frammenti, , Issimo no 67, traduction en italien par Bruno Rombi.

Critique

  • Jacques Vandenschrick,1998, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Mimy Kinet, 2000, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Michel Lambiotte, 2001, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Claude Donnay, 2002, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Sallenave : une mémorialiste des vies ordinaires, , Francophonie Vivante n°4.
  • André Romus, 2003, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Paul Roland, 2003, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Retour à Léautaud?, extraits de Journal de dilection, , Francophonie Vivante n°3.
  • Anne Bonhomme, 2004, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Frédéric Kiesel : La recherche du mot juste, , La Revue Générale n°6-7.
  • Ecrire est égal au sang qui manque in Dominique Grandmont, , Autre Sud n°30 (F).
  • Echelle I de Dominique Grandmont, , Francophonie Vivante n°1.
  • Relire Curvers : Tempo di Roma, , Francophonie Vivante n°2.
  • Philippe Besson chez nous, , Francophonie Vivante n°3.
  • Hubert Mingarelli ou le traité de tendresse, , Francophonie Vivante n°1.
  • Bertrand Visage et l'atmosphère du Sud, mars-, Reflets Wallonie-Bruxelles.
  • Rose-Marie François et ses Carnets de voyage, , Francophonie Vivante n°3.
  • Annie Ernaux. Les Années", , La Revue générale n°10.
  • Petit abécédaire. De Belamri à Zrika : huit auteurs entre langue et filiation. Assia Djebar, Tahar Ben Jelloun, Mohamed Choukri, Abdellah Taia, Wassyla Tamzali, Rabah Belamri, Rachid Mimouni, Abdallah Zrika, , Francophonie Vivante n°4.
  • Pavese ou le métier de lire le monde-poème, , Rumeurs n°4.
  • Le cœur même des victimes, étude sur Simenon, Cahiers Simenon n°31, , pp.50-56.
  • Les entrelus de Philippe Leuckx, Aux hautes marges, Le Coudrier, 2021.

Narration

  • Célina D, 1er trimestre 2004, Le Spantole no 335.
  • Proses romaines, 2005, Pollen d'azur n°25.
  • Variations oulipiennes sur les trois glorieuses, 2007, Français 2000.
  • Rendez-vous en Sardaigne, hiver 2007, Bleu d'encre n°18.
  • Difficile de quitter Rome, 2e trimestre 2008, Le Spantole n°352.

Prix et bourses

  •  Bourse d'écriture 1994 de la Communauté française
  • Prix Pyramide 2000 de la Province de Liège
  • Bourse de résidence d'écrivain à l'Academia Belgica de Rome en 2003, 2005, 2007
  • Prix Emma-Martin 2011 de poésie pour Selon le fleuve et la lumière, décerné par l'Association des écrivains belges de langue française.
  • Prix Gros Sel 2012 - Prix du jury pour Au plus près.
  • Prix Robert Goffin 2014 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Maurice et Gisèle Gauchez-Philippot 2015 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Charles Plisnier 2018 pour L'imparfait nous mène (Ed. Bleu d'encre).

Autres lectures

Philippe Leuckx, Lumière nomade

« Rome, me disait un ami érudit, est un grand estomac qui peut tout digérer, parce que son suc profond est baroque. » Philippe Leuckx aussi, à sa manière, est un érudit. Lecteur prolifique, cinéphile, [...]

Philippe Leuckx, Prendre mot

Quelque chose se finit. Le soir est là. C’est le moment de Philippe Leuckx. Celui qui rythme musicalement nombre des poèmes de ce recueil. Un cœur endeuillé déplore « l’absence », [...]

Philippe Leuckx, Matière des soirs

 Lorsque j'eus refermé ce livre après ma première lecture, ma pensée fut tout entière condensée par cette impression : c'est le livre du chagrin. Elle fut certes influencée par le mot, employé maintes fois [...]

Philippe Leuckx, Petites notes

Avec Petites notes, Philippe Leuckx nous livre ses sentiments de l’instant, entre maison et jardin, les rues de sa ville comme celles de Rome. Avec pudeur et sincérité, il ouvre les portes de [...]




Pierre Bergounioux /Joël Leick, Déplier le monde, Marie-Françoise Ghesquier, Comme de royales abeilles

Le bal des ardents : Bergounioux et Leick

La peinture ne recouvre pas, elle dégrade, fragilise les peaux. Mais avec Joël Leick elle fait plus car elle devient moirée et transparente : on voit à travers. D’où le piège où tombent les écrivains.

. Ils croient trouver là le moyen de faire passer le texte au miroir grossissant. Mais leurs mots ne sont plus que des restes, des passés de et sous silence sans que leurs auteurs ne comprennent vraiment la mort sans sépulture que le peintre leur propose.

Cette transparence en effet laisse voir les mots comme jamais : ils deviennent des victimes dégagées de la terre et exposés dans une châsse qui ne pardonne rien. Ils doivent expier ainsi l’injure faite à chaque corps humain qui s’est mêlé d’en faire des étapes de leur vie - et parfois de leur souffrance. C’est donc une épreuve impossible sauf à ceux chez qui la littérature entre en résistance contre la mort que l'on se donne ou qui nous est donné : avec Bergounioux en premier.

Il mène avec Leick un bal des ardents. L’auteur y déploie un regard lucide sur notre civilisation, percutée par l’ère industrielle, son expansion urbaine et sa chute. Cette accélération de l’histoire a précipité le monde dans un déclin perpétuel. Capharnaüm visuel et sonore, notre société transforme les paysages et menace jusqu’à l’équilibre même de la planète : partout, les vestiges du passé – et déjà du présent :

Pierre Bergounioux/Joël Leick, Déplier le monde, Fata Morgana Fontfroide le Haut, 2025, 80 p., 18 €.

Tout a changé, les thèmes, les moyens mis en œuvre, la durée de l’effet. Une chose demeure, qui est l’aptitude intacte à saisir la beauté exilée, comme nos croyances et notre espoir, dans les décombres de la modernité,  écrit un tel poète.

Leick ouvre des interstices à Bergounioux pour lui permettre de développer une parole proche de ses désirs fondamentaux même lorsqu’ils ne peuvent en dire plus a priori sur ce point. Se retrouve une donnée sinon fondamentale du moins première de leur démarche foncière, naturelle. Leick “ sent ” d’ailleurs son “ interlocuteur ” et sait comment engager le dialogue avec lui tout en poussant un peu plus loin sa recherche active et actée

Le peintre casse la propre langue de l’auteur de manière de l’engager dans l’espace. Ainsi en offrant au poète cette manière de travailler il  tente de faire sauter les verrous de divers mystères. De la sorte, toute une masse subsiste, épaisse qui signale une présence.  On comprend qu'à ce point la peinture ne cherche pas à parfaire par d'adjonction de la langue quelque chose de léché, mais, qu'à l'inverse il tente de défaire ce qui est trop construit et maîtrisé autant dans le domaine du monde tout en mettant en branle le fonctionnement direct de cette charnière peinture/écritture.

Espace de l'imaginaire plus qu'espace de l'image le travail de l’artiste se veut donc totalisateur jusque dans sa fragmentation, ses éclats et ses coupes sombres.  Car ce qui compte ce n'est pas de trouver ces "impossibles invariants" dont parlait Foucauld mais de toucher à quelque chose qui, dans la poésie, ne bougerait pas sans l’intervention proposée par Leick. Sa manière d’  “ entrer en matière ” à travers les coulées de Bergounioux devient une façon d'entrer en dissidence ou si l’on préfère de créer des subversions. Mais leur double Le travail n’est donc pas une néantisation, pour reprendre un terme sartrien, mais de dénuement.

Une telle entreprise devient une opération (à tous les sens du terme) nécessaire. Se créent des transferts non par impression mais par l'ouverture dans la cagvité. Et par ce biais existe une liberté qu’initie l’artiste :  elle n'est pas un laisser-aller mais un laisser (se) faire.   Se créent des glissements aussi nécessaires qu'intempestifs capables de nous permettre de lire autrement, de voir autrement c'est-à-dire mieux.

Soudain, ce qui demeure dans la langue l’auteur ce ne sont plus les phrases trop bien faites mais leurs lacunes. Il ne s’agit pas pour autant de passer au silence mais de montrer ce qui passait ou était passé sous silence. Grâce à Joël Leick la parole (offerte, invitée) ne peut plus ignorer de doute.  La voix du poète n’est pas seulement crue elle est cuisante. Elle ne lustre plus dans le sens du poil. Elle démange, et l’artiste propose par ses interventions d’ajouter chaque fois un peu plus de poils à gratter. C’est ainsi que mots et clichés basculent : noués-dénoués ils provoquent des éboulements dans lesquels se tord le réel, pour donner autre chose qu’une apparence de réalité.   

∗∗∗

Marie-Françoise Ghesquier : ode et défense de l’existence

Pour Marie-françoise Ghesquier l’exploration de l’intimité si souvent sa complaisante chez les poètes ne joue ici ni  un rôle primordial, ni une dérive de fabrication de fantasmes. Sans que son moi – tant s’en faut – soit haïssable, l’auteure s’abandonne aux racines de la vie végétale, animale, géologique.

La poète transforme sa mutation : sortie de l’eau, la terre et le ciel s’en mêlent. Certes nous rêvons d’épouser son pouvoir comme celui de royales abeilles venant d’essaimer. Mais là où le titre devient à dessein un chausse-trappe, notre empire se délite même si des saumons lèvent l’onde « pour bleuir le ciel » pimenté de cris d’oiseau.

Toutefois une vision bienveillante capitule même si certains engagements seraient probants. De la légende première et de cette résurgence émerge une telle poésie de l’existence, image notre destin mais pas celui attendu. Certes une beauté du style puissant, lucide, coruscant côtoie le drame humain (et ses cendres).

Au pied de sa propre falaise notre éboulement nous appartient. Il devient notre cosmos jusqu’à sa « lumière matricielle qui allonge nos ombres » Pour preuve nous passons sous son ciel cou coupé  et sa terre de  décombres où se dissipe ce qui faisait jusque-là l’existence.

La vision de Marie-Françoise Ghesquier est vibrante mais tragique. Même si un espoir reste de manière interrogative. Bref rien n’est donné de probant là où le commencement de la ruine devient sa répétition entre lenteur et douleur des jours.

Marie-Françoise Ghesquier, Comme de royales abeilles, coll. Poésie, Cardère Editions, 68 p., 15 €

Le chaos nous jouxte et l’auteure n’est pas dupe : « Je suis comme lumière criblée de blanc lézardée d’inquiétude et cinglée d’un retour en rafale de mes fragments ». Si bien que, si l’amibie porte son lot de lumière, rien n’est gagnée.  Et si la créatrice rêve de reines des abeilles, les voici sapées par le vent. Ne reste que le squelette de la terre et son anéantissement, nos aveuglements et nos terreurs parfaites.

Pas question ici d’en faire un des ravissements masochistes. Mais le plus grand art de la poésie. Il nourrit la seule pensée : celui d’un testament cruel. Se crée aussi un autre rapport à l’environnement mais aussi une exploration du sens de l’existence. Une telle recherche passe ainsi la voie de la tige des plantes, des salamandres « en spirale infinie et leurs yeux clos de jade » et  « l’Amibe aux écailles de poisson et à bec d'oiseau pour sortir de l'oubli ».

Dans ces voies mais aussi celle des schiste Marie-françoise Ghesquier contourne la poudre de l’ombre  de nuits blanches et de marges de clairs obscurs. Les corps écoutent ce qui glissent entre leurs doigts : le sable d’une grève et parfois nos futures cendres alimentent notre repère là où la vie une lisière indécise.

Ici les évocations restent pudiques et prudentes entre notre future absence mais ce qui la précède : l’état d’éveil et de rêve. Une telle femme réchauffe l’âme en un tel bilan qui se veut bref et corrosif. Tout demeure pourtant impénétrable. Ici l’absence n’est pas expansive mais devient la délectable contraction du temps.

Tout reste sensuel mais subtilement décalée. Tout est troublant. L’auteure allie moins l’ascèse du tigre et l’exubérance de l’escargot à celles de l’amibie ou de l’abeille pour entamer des prises qui sculptent les corps là où la sensualité prend des formes paradoxales.

Après le temps très ancien du Japon classique et celui du Covid récent, ce livre rassemble ces feuillets de notre corps - même s’il devient au fil des ans délétère mais encore inspiré. Si bien qu’en une telle spéculation poétique, exilée de son propre exil, l’auteure voudrait oser de mieux en mieux, de plus en plus. Mais ici elle se fait gorgone et mélusine. Mais pour éviter le rôle des annonces apocalyptiques., elle avale le temps. Plus que Dieu, une telle poésie nous sauve.

Présentation de l’auteur

Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux est né en 1949 à Brive. Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé de lettres modernes, il a exercé comme professeur, critique littéraire, sculpteur et écrivain : son premier roman Catherine, paraît chez Gallimard en 1984. Une carrière prolifique s’ensuit jalonnée de récompenses : le Prix Alain-Fournier 1986 qui salue sa plume naissante, le Prix France Culture 1995 pour Miette (Gallimard), le Grand Prix de littérature de la SGDL, le Prix Virgile 2002 et le Prix Roger-Caillois 2009.

Ces trois derniers, tout comme le Prix de la langue française, saluent l’ensemble d’une oeuvre abondante, d’inspiration autobiographique, qui se lit comme un seul livre centré sur l’identité et le passage du temps, avec la Corrèze en toile de fond.

Bibliographie

Récits

  • Catherine, Gallimard, , 176 p.
  • Ce pas et le suivant, Gallimard, , 191 p. 
  • La Bête faramineuse, Gallimard, , 240 p.
  • La Maison rose, Gallimard, , 165 p. 
  • L'Arbre sur la rivière, Gallimard, , 192 p.
  • C'était nous, Gallimard, , 149 p.
  • La Mue, Gallimard, , 131 p.
  • L'Orphelin, Gallimard, , 196 p. ; rééd. coll. « L'imaginaire », 2009
  • Le Matin des origines, Verdier, , 48 p.
  • Le Grand Sylvain, Verdier, , 66 p. 
  • La Toussaint, Gallimard, , 144 p. 
  • La Casse, Fata Morgana, , 54 p.
  • Points cardinaux, Fata Morgana,
  • Miette, Gallimard, , 160 p. ; rééd. Folio, 1996 — prix France Culture
  • La Mort de Brune, Gallimard, , 144 p. ; rééd. Folio, 1997
  • Le Bois du chapitre, éditions Théodore Balmoral, , 60 p.
  • Le Chevron, Verdier, , 56 p.
  • Kpélié, Flohic éditeur, , 89 p. 
  • La Ligne, Verdier, , 74 p.
  • L'Empreinte, éditions François Janaud, , 57 p. ; rééd. Fata Morgana, 2007 ; rééd., 2021.
  • La Demeure des ombres, éditions Art & arts, , 42 p. ; réimpression, 2017
  • Le Premier Mot, Gallimard, , 94 p.
  • Simples, magistraux et autres antidotes, Verdier, , 73 p. 
  • Un peu de bleu dans le paysage, Verdier, , 104 p.
  • Les Forges de Syam, éditions de l'Imprimeur,  ; rééd. Verdier poche, 2007
  • B-17 G, Flohic, , 83 p. ; rééd. éditions Argol, 2006 ; rééd. éditions Fata Morgana, 2023
  • Back in the sixties, Verdier, , 52 p.
  • Le Fleuve des âges (dessins de Philippe Ségéral), Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana,  
  • La Fin du monde en avançant, Fata Morgana, , 58 p. ; rééd., 2011
  • L'Invention du présent, Fata Morgana, , 113 p.
  • Couleurs, Fata Morgana, , 36 p. 
  • Le Baiser de sorcière, Argol,
  • Trois années, Fata Morgana,
  • Trente mots, Fata Morgana, , 152 p.
  • Univers préférables (dessins de Philippe Ségéral), Fata Morgana,  
  • Un abrégé du monde, Fata Morgana, , 41 p.
  • Signes extérieurs (dessins de Philippe Cognée), Fata Morgana, , 40 p.
  • Une chambre en Hollande, Verdier, , 56 p.
  • Chasseur à la manque (dessins de Philippe Ségéral), Gallimard, coll. « Le cabinet des lettrés », , 46 p
  • Hôtel du Brésil, Gallimard, coll. « Connaissance de l'inconscient », , 68 p. 
  • François, Fario, coll. « Théodore Balmoral »,
  • Métamorphoses (dessins de Philippe Comar), Fata Morgana, , 40 p. 
  • Russe, Fario, coll. « Théodore Balmoral », , 48 p.
  • La Gorge (ill. Vincent Bioulès), Fata Morgana, , 48 p.
  • Les Oiseaux, Paris, Belopolie, coll. « Penser, décider, agir », , 32 p. 
  • Steraspis speciosa/Voir l'abeille, le trèfle (avec la photographe Anaïs Tondeur), Épousées par l'écorce, , 42 p. 
  • Le Bois du Chapitre, Verdun, 14-18, Fario, coll. « Théodore Balmoral »,  
  • Ne se perd ni ne meurt (avec un herbier de Marinette Cueco), Saint-Benoît-du-Sault, Tarabuste,

Carnets de notes

  • Carnet de notes. 1980-1990, Verdier (2006)
  • Carnet de notes. 1991-2000, Verdier (2007)
  • Carnet de notes. 2001-2010, Verdier (2011)
  • Carnet de notes. 2011-2015, Verdier (2016)
  • Carnet de notes. 2016-2020, Verdier (2021)

Essais

  • La Cécité d'Homère : cinq leçons de poétique rédigées pour être lues à la Villa Gillet durant l'automne 1994, éditions Circé, , 115 p. 
  • Haute Tension, éditions William Blake & Co. (1996)
  • La Puissance du souvenir dans l'écriture : L'effet Zeigarnik, éditions Pleins Feux, , 39 p. 
  • Aimer la grammaire, Nathan, , 63 p.
  • Jusqu'à Faulkner, Gallimard, , 160 p. 
  • Agir, écrire, Fata Morgana, , 99 p.
  • Bréviaire de littérature à l'usage des vivants, Bréal, , 379 p. 
  • École : mission accomplie, éditions les Prairies ordinaires, , 202 p.
  • Années folles, Circa 1924 (2008)
  • Deux querelles (Une cadette épineuse suivi de L'Humanité divisée), éditions Cécile Défaut (2009)
  • Deux écrivains français, éditions Fario (2009)
  • Lettre de réclamation à la régie du temps, lavis de Jean-Baptiste Sécheret, Circa 1924, 2012
  • Géologies, Récit Galilée, , 46 p.
  • Le Style comme expérience, L’Olivier, , 80 p.
  • Une passion française, William Blake and Co (2014)
  • Exister par deux fois, Fayard, , 300 p.
  • Cousus ensemble, Galilée (2016)
  • Esthétique du machinisme agricole, avec un texte de Pierre Michon, Le Cadran ligné (2016)
  • La Notice, William Blake and Co (2016)
  • Raconter, William Blake and Co (2016)
  • Rendre la parole - Les larrons de William Faulkner, Le Bord de l'eau (2017)
  • En vitesse, avec les dessins de Philippe Hélénon, Fata Morgana (2018)
  • Lundi, Galilée (2019)
  • Faute d'égalité, Gallimard, coll. « Tracts », , 32 p.
  • Enfantillages, L'Herne (2019)
  • Globalisation, Gallimard, coll. « Tracts de crise », , 8 p. 
  • Une femme à l’œuvre, Le Rosier grimpant, coll. « Aiguillons », , 28 p.

Récompenses

Prix littéraires

  • 1986 : prix Alain-Fournier
  • 1995 : prix France Culture pour Miette
  • 2002 : grand prix de littérature de la SGDL pour l’ensemble de l’œuvre ; prix Virgile
  • 2009 : prix Roger-Caillois pour l'ensemble de son œuvre
  • 2021 : prix de la langue française

Distinction

  • 2010 : officier de l'ordre des Arts et des Lettres

Expositions (sélection)

  • Musée Labenche, Brive-la-Gaillarde, 2014
  • Église Saint-Pierre, Tulle, 2013
  • Librairie-galerie Les extraits, Rueil-Malmaison, 2011
  • Médiathèque municipale, Tulle

Poèmes choisis

Autres lectures

Présentation de l’auteur

Marie-Françoise Ghesquier

Née en 1966, Marie-Françoise Ghesquier a étudié les Langues étrangères appliquées à l’université Lumière Lyon II. Elle vit actuellement en Saône-et-Loire, près de Chalon-sur-Saône.

© Crédits photos Babelio

Bibliographie

Aux confins du printemps, Encres Vives
À hauteur d’ombre (Cardère, 2014)
La parole comme un cristal de sel (Cardère, 2016)
De tout bois si (Éditions Henry – Collection La main aux poètes, 2017)
Danse en résistance (Éditions Jacques Flament, 2021)
Le pont suspendu (Éditions Rafael de Surtis, 2022).

Poèmes choisis

Autres lectures

Marie-Françoise Ghesquier, De tout bois si

Traductrice de formation, Marie-Françoise Ghesquier (qui a aussi signé Di Fraja) vit près de Chalon-sur-Saône. Elle écrit dans des revues (Décharge, Comme en Poésie,Traction Brabant, Nouveaux délits), et a publié trois recueils : Aux [...]

Marie-Françoise Ghesquier, De tout bois si

Traductrice de formation, Marie-Françoise Ghesquier (qui a aussi signé Di Fraja) vit près de Chalon-sur-Saône. Elle écrit dans des revues (Décharge, Comme en Poésie, Traction Brabant, Nouveaux délits), et a publié trois recueils : Aux [...]




Yves Colley, Signature infinie précédé de Peuples

Les peuples dont il est question dans la première partie du livre tirent réalité d'une vision assez mythologique, relatée à l'imparfait, close définitivement, avec les secousses de l'histoire, et que le narrateur rameute en apostrophes guerrières.

Ces poèmes en prose, assez étranges, font appel à toute une errance dans des villages incertains, qui sonnent à coups de "seaux", de "cordes", de présences qui "coulent".

Effets de langue, les personnages ont "des caves éventrées sur la langue", dans "des villages qui s'effacent".

Assez proches de la mythologie d'un Henri Michaux, les poèmes déroulent des vérités, et chacun "mange ses clefs", dissocie ses mains, joue au "dé", les temps sont d'étranges morceaux de ciel couvert.

Le poète, dans ce troisième opus, emprunte les allées d'un certain hermétisme auquel il allie les sursauts fantasques d'une enfance pleine de "bêches", d'abreuvoirs.

La langue, souvent citée comme en méta-poésie, épèle parfois la réalité à renfort d'aphorismes : "Langage et animalité : de l'un à l'autre je cherche un visage".

Que le lecteur ne cherche pas trop de sens ni de voie à cette poésie quelquefois altière (on pense à du Bouchet ou à Bonnefoy), qu'il lui suffise de dénombrer les images somptueuses sur un fond impénétrable d'où surgissent des noms à la Tolkien.

Yves Colley, Signature infinie précédé de Peuples, Le taillis pré, 2025, 114 p.; 18 euros.

Présentation de l’auteur

Yves Colley

Yves Colley est né le 13 février 1968 à Bourgeois, en Belgique.

Il est licencié en philologie romane et en psychologie.

© Crédits photos https://spes.be/laureat?cat=2&id=142

Bibliographie 

Le nom dépossédé, Les Éperonniers (1999)

Poèmes choisis

Autres lectures

Yves Colley, Signature infinie précédé de Peuples

Les peuples dont il est question dans la première partie du livre tirent réalité d'une vision assez mythologique, relatée à l'imparfait, close définitivement, avec les secousses de l'histoire, et que le narrateur rameute [...]




Poétique d’un désastre annoncé par un collectif d’auteurs de la revue la page blanche, d’après les discours de Greta Thunberg

Les éditeurs annoncent que « l’objectif du recueil est double : d’abord, traduire et publier les discours de Greta Thunberg pour les rendre immédiatement accessibles au public français. Mais aussi, extraire et révéler leur contenu poétique en les mettant en parallèle avec des textes – poèmes en vers ou en prose – d’auteurs de la revue de poésie La Page blanche. Un discours / un poème. L’un délivre le message, l’autre l’intègre et le reformule à travers la sensibilité du poète » ; et de conclure : « La poésie est la mieux placée pour atteindre le nœud du problème écologique : la transmission sensible d'un vivant à un autre vivant, d'un cœur à un autre, du caractère poétique et tragique du désastre qui s’annonce. »

Cet objectif est-il atteint ? Pour ce qui est de la traduction des discours, c’est certain. L’accompagnement en écho des neuf poètes de Lpb vient ponctuer cette publication. Mais personnellement je n’ai pas saisi, ni goûté, l’intérêt poétique, politique et écologique de cette entreprise. Entendons-nous, ce n’est ni l’engagement de Greta ni les poèmes publiés qui sont en cause, mais le mariage des deux. 

Expliquons-nous et d’abord levons un scrupule moral : demander à « Recours au poème » la réception d’un livre pour le chroniquer sur la simple foi d’une couverture et d’un titre, est à la foi un pari et un engagement. Un pari (à moins de connaître déjà l’auteur on ignore tout du contenu), un engagement moral à chroniquer l’ouvrage reçu, et cela va de soi de manière plutôt bienveillante, le monde de la poésie est forcément pluriel.

Je dois confesser ici ma gêne, mon embarras, mon désarroi à la découverte de l’ouvrage. Sur la foi d’un titre percutant, à la fois poétique et politique, je m’attendais à tout autre chose : de quoi est fait l’ouvrage ?

Les 9 discours de Greta de mars à septembre 2019 sont intégralement reproduits, chacun accompagné d’un poème émanant de 9 poètes différents or les deux tiers du livre (56p) sont occupés par les discours, les poètes occupent seulement 19p et une postface de 12p.

Entendons-nous ici aussi : les discours de Greta non rien de poétique ni de littéraire ; La jeune fille (16 ans en 2019) est avant tout un phénome médiatique, sympathique certes (quand d’autres le sont beaucoup moins), comme notre société sait en créer tant et les renouveler régulièrement ou les faire tourner….

Parution de Poétique d’un désastre annoncé, Les éditions Lpb, 132 pages – 15 €.

Bref, ce n’est ni le lieu ni le propos de faire une énième polémique autour de Greta, mais j’avoue ne pas saisir, comprendre, ni être sensible au contenu « poétique » de discours d’une adolescente certes sincère mais pleine d’une naïveté désarmante : « le climat et la crise écologique sont au-delà des partis politiques. », « unissons-nous derrière la science p78 [science sans conscience… [politique] n’est…], sans éviter les habituels poncifs oxymores comme « créer une croissance économique durable (p47) » ou le mythe éculé sur JF Kennedy (p90).

Évoquons aussi toutes les redites : s’il est normal de se répéter dans des discours oraux prononcés pour des publics divers aux quatre coins de la planère, le lecteur d’une publication écrite, est ennuyé d’y trouver redites et répétitions (à l’identique un paragraphe entier p74 & p 88)

Bref, malgré mes bonnes intentions et la séduction opérée par un titre magnifique, je reste très critique… à moins que l’on arrive à me convaincre du contraire… où se trouve la poésie dans la prose de GT ? À titre d’exemple, la prose des zapatistes est, elle, à la fois réellement poétique (parsemée de contes et paraboles… bref de réalisme magique?) et politique.

Heureusement, il reste le deuxième objectif du recueil : faire ressentir que « La poésie est la mieux placée pour atteindre le nœud du problème écologique : la transmission sensible d'un vivant à un autre vivant, d'un cœur à un autre, du caractère poétique et tragique du désastre qui s’annonce. ». J’ignore si la poésie est la mieux placée, mais en tout cas c’est l’un des moyens -restons modeste- pour évoquer et transmettre le « caractère tragique du désastre qui s’annonce ».

Malheureusement ces paroles poétiques sont noyées quantitativement dans ce qui est mentionné plus haut, et il manque même une table pour aller repérer directement poètes et poèmes… Dommage, que les voix poétiques soient finalement si peu présentes, nous aurions aimé entendre plus cette musique-là, comme :

Pour aller au-delà « des chiffres à ouvrir, à étaler au grand jour comme on étale une peinture » (Matthieu Lorin)

Pour « Dire le sursis planétaire et la douleur/ la douleur planétaire […] comme si les capitalistes avaient des figuiers mûrs dans leur jardin » (Anne Barbusse)

« Faut-il des ailes à nos poèmes/pour échapper/à l’aveuglement/de nos brouillards urbains /à toute la pesanteur/lancinante/de ce monde […] Les océans débordent/d’indifférence » (Christophe Candello)

Pour nous faire ressentir le désastre en cours par « les oiseaux tentant de percer de leur vol/l’abcès de chaleur » (Jean-Michel Maubert) … ou encore entendre qu’un « soleil se meurt/une rumeur d’homme à la bouche/le chaos viendra balayer la scène » (Abdellatif Laâbi).

Une parole qui nous rappelle, en poésie, « il est temps/il est temps de dire/il est temps de se dire/la vérité en face » (Patrick Podolo)

Belle initiative, mais à quand un vrai recueil collectif, uniquement ou essentiellement  poétique, fait de nombreuses variations sur la « Poétique d’un désastre annoncé » ?




Marie Alloy, Noir au fond

Avec son recueil Noir au fond, Marie Alloy nous propose un bel ouvrage associant textes et œuvres picturales (gravures et peintures), signes gravés, mots et images, avec du noir et des couleurs pour relier l’imaginaire à la réalité, l’enfance à cette vie d’aujourd’hui, le ciel à la terre si malmenée.

Il y a le noir, et puis toutes les couleurs contenues en lui. Chaque couleur de la vie, de toutes les vies, qui masque ce « noir au fond ». Marie Alloy nous livre ici sa vision de la vie, de l’enfance, la sienne et celle des enfants d’aujourd’hui, les combats menés par les migrants ou à Gaza.

Un monde en proie à la violence, un monde déréglé, et qui peut prendre sens grâce aux couleurs. C’est famine en chacun /Solitude et effroi / L’oubli indomptable

L’autrice rend ici hommage aux couleurs, en écho aux univers des artistes, peintres et sculpteurs tels Maria Héléna Vieira da Silva, Vincent van Gogh, Camille Claudel, photographes, cinéastes et poètes. Couleur des peintures, couleur des poèmes (jaune, bleue, rouge…) qui rend compte d’un monde, de son regard sur le monde.

L’autrice aime à évoquer le subtil, les nuances d’une atmosphère, la délicatesse d’un paysage, le repos d’un silence propice à la création…

Dans le silence toujours luisent / quelques poèmes prêts à naître 

Evocation de la nature et de ses lumières, grâce auxquelles nous vivons parmi les couleurs. Ces couleurs posées sur la toile, recherche possible d’une enfance disparue à jamais.

Marie Alloy – Noir au fond, Voix d’encre, 2025, 114 pages, 19 euros.

Tu veilles avec tes mains posées sur la toile / Tu veilles à poursuivre l’enfance 

L’enfance traverse le recueil. Les parents, père et mère, la solitude, la noirceur couverte des couches de peinture qui illuminent la vie.

Enfant je cueillais des bleuets dans les prés
c’était plus que du bonheur   paix et peinture
c’était dieu lui-même à la pointe des fleurs
c’était le bouquet bleu des semences du ciel 

Sous la douceur des mots et des peintures émerge un univers plus sombre, de combat et d’espérance pour un monde meilleur et apaisé. La poète s’adressant pour finir aux enfants de toutes guerres.

Que la lumière soit ton audace / et la peinture / ton Magnificat 

Un recueil qui illumine une journée, par la lumière des mots et les couleurs de l’engagement.

Présentation de l’auteur

Marie Alloy

Marie Alloy, née à Hénin-Beaumont le 2 juillet 1951, est peintre, graveur et éditeur. Elle est également l'auteur de plusieurs ouvrages ainsi que de textes publiés dans des revues.

Iris Cushing




Maria Mailat, Brancusi ad aeternitas

Douze ans après une première biographie de Constantin Brancusi (1876-1957) publiée par les Editions Transignum1, Maria Mailat nous donne une seconde étude sur le sculpteur roumain. Ce second volume vaut son pesant d’éternité par la triple ascèse du sculpteur, de l’auteure, et de l’illustratrice. 

Depuis presque un quart de siècle, Wanda Mihuleac publie des livres de bibliophilie (plus de cent cinquante à ce jour) en assurant la collaboration entre auteurs, illustrateurs, et musiciens. Evoluant du livre d’art au « livre de performance, » elle encourage les poètes à offrir leurs mots dansants à des affinités multiples. Ici il s’agit d’un livre à douze mains, commençant avec une première « traduction » de l’œuvre et de la vie de Brancusi par Maria Mailat, suivi d’une traduction du texte de Maria Mailat en roumain ; à ceci il faut ajouter la « traduction » jumelle visuelle par Natia Zhvania du texte de Maria et des sculptures de Brancusi. Il en résulte un poème récitatif accompagné d’un enregistrement sur une musique d’Alexandre Gherban, lu par Lucienne Deschamps. https://soundcloud.com/user-281565888/brancusi-ad-aeternitas-francais . Cette interpretation riche et variée sert de test décisif pour décider de la qualité poétique du texte initial/initiateur. 

Sur ce point, il n’y a aucun doute : Maria Mailat reste le maitre d’œuvre. Contrepoint des mots, observations en fugue, alternant entre détails biographiques très précis et bouleversantes confessions : l’émerveillement vient des plus humbles gestes et la fougueuse création triomphe de tous les obstacles. Brancusi, homme invisible dont les traces sur terre furent des plus modestes, légua à la France une oeuvre qui venait des « portes de l’Orient » (Bucarest) et portait le souvenir de la pauvreté et de la politique qui tuent, mais aussi des amitiés qui font vivre, telle celle qui le lia (Platon) à Erik Satie (Socrate). Maria Mailat évoque ses muses, ses échecs, et son geste « qui libère le vol de la pierre. » Elle comprend son but -- « attendre le messie, c’est le travail de l’artiste. » Le jour où l’on cesse d’être un enfant, disent Brancusi et Maria Mailat à l’unisson, on meurt. Frustré par son apparence terrienne, Brancusi fut visité par l’ange avant de s’envoler pour retrouver « le Dieu qu’ils servent. »

Tout comme le premier recueil, Brancusi ad aeternitas est guidé par la démarche artistique du sculpteur. Ce second recueil dépeint toutefois davantage l’homme d’une seule passion qui vécut en marge de toutes les conventions, et nous rappelle que le sublime requiert des sacrifices majeurs. Maria Mailat donne la parole à un artiste qui dédia toute sa vie à interroger la “forme fermée” de la pierre afin de la transcender. Elle souligne l’absolu qu’il cherchait à atteindre, souffrant dans sa chair chaque fois qu’il travaillait la pierre. Sa façon organique d’approcher la matière rappelle les murs péruviens de Sacsayhuaman et les bâtisseurs préhistoriques ; il fut, un siècle avant la lettre, un trait d’union entre les techniques architecturales ancestrales et les traditions paysannes, d’une part, et, de l’autre, la revalorisation de la nature par les écologistes et la fascination actuelle pour les civilisations anciennes. Car Brancusi considérait qu’une une œuvre était incomplète sans le travail des forces naturelles de l’eau, du vent, et du soleil. Vivant pleinement l’immensité du temps, il laissait l’eau creuser une meule – son « autel » -- au fil des jours et disait, « une goutte d’eau contient Dieu et tout l’univers ». Entouré de ses nombreux intervenants, le texte de Maria Mailat achève de libérer la poésie de Brancusi et, réussite majeure, nous cache la poète afin de mieux entendre ses mots inoubliables.

Note

  1.  Maria Maïlat, Constantin Brancusi, vu par Eva Largo. Traduit en espagnol par Natalie La Valle. Paris, Editions Transignum, 2013. 75 p. ISBN 978-2-915862-18-8.

Présentation de l’auteur

Maria Mailat

Maria Mailat, née le à Târgu Mureș en Roumanie, est une écrivaine française d'origine roumaine. Elle écrit et publie de la prose, de la poésie, des essais et des traductions de poésie du hongrois vers le français.

Bibliographie 

Romans

  • Sainte Perpétuité, ed. Julliard, 1998
  • La grâce de l'ennemi, ed. Fayard, 1999
  • Quitte-moi, ed. Fayard,
  • La cuisse de Kafka, ed. Fayard.
  • S'il est défendu de pleurer, 198 p., Éditeur Robert Laffont, 1988, (ISBN 222105430X) ; (ISBN 978-2221054307)
    • Wenn es verboten ist zu weinen (Version traduite en allemand) Verlag: Volk und Welt, 1991
    • Le roman est traduit et publié en Suède.

Poèmes

  • KLOTHO (premiul Voronca), Ed. Jacques Bremond
  • Cailles en sarcophage (Prix du Val de Seine), Ed. Editinter
  • Graines d'Antigone, ed. Editinter
  • Trans-sylvania, Ed. Signum
  • Abri/Redos, poèmes traduits en catalan par Anna-Maria Coredor, Ed. Tripod (Barcelona)
  • Constatin Brâncuși - une autobiographie, poème en prose traduit en espagnol par Natalia La Valle, édition bilingue, Ed. Transignum
  • Brâncusi ad aeternitas, poème en prose traduit en roumain par Carmen Vlad, édition bilingue, Ed. Transignum
  • Paroles de Volcan (Volcano Talk), poèmes traduits en anglais par Patrick Williams, édition bilingue, Ed. Transignum

Essais et théâtre

  • Silences de Bourgogne, ed. de l'Armançon (Bourse de littérature chez Jules Roy à Vézelay (Bourgogne))
  • Walter Benjamin et Bertold Brecht, rencontre à Port Bou, pièce de théâtre bilingue, traduite en catalan par Anna-Maria Coredor, Ed. Reremús.
  • Paul Celan rencontre Walter Benjamin, essai, postface à l'édition espagnole des poèmes de Paul Celan traduits par le poète Antonio Pous, Ed. Reremús (Spania)

Nouvelles

  • Intrare liberă, București: Cartea Românească, 1985.
  • Avant de mourir en paix, ed. Fayard, 2000.

Traductions

  • Agota Kristof, Clous: Poèmes hongrois et français, Carouge, Switzerland. Editions Zoé. 2016. 200 pages. (poèmes d'Agota Kristof traduits du hongrois au français par Maria Mailat)

Autres lectures

Maria Mailat, Brancusi ad aeternitas

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Marie Roumégas, Premiers espaces, Liliane Giraudon, Pot pourri

Marie Roumégas et le silence de l'île

Marie Romégas dépeint une île sans nom, évoquant la Crète ou la Corse. Le soleil, la terre rouge et les maisons chaulées incarnent la dureté insulaire des paysages méditerranéens à travers des scènes simples et puissantes. Bien plus que derrière un objectif photographique une telle poète interroge l’imprévisible, l’improbable activés par le double désir : voir et ne pas voir. Voir enfin ce qui ne se voit pas d’emblée, pas à pas, saisir ce qui s’organise contre ce qu’il y a d’inique sous la loi qui préside à l’absence de vie. Ici l'île devient première : y voir par où ça passe où nous croyons que le monde s’engendre.

D’où ici le commencement, le recommencement, la déliaison, le dé-lire au sein de reliefs peu à peu étrangers dans leur familiarité pour lecteurs et lectrices au prix d’une incessante variation ou fuite. Pas d’événement dans les photographies (Marie R omégas ne fait pas le coup du thème ou du motif : juste des fragments de langue, fragments compacts luttant contre la décomposition ; fragments refaits de clichés retournés, d’images reprises, de mots retenus sous occlusion intestine.

Alors, peut-on parler de déroulement, de dépliement, de levée, de sortie pour reprendre ce qu’écrivait Kafka « le lieu de ma naissance », bref à ce qui fixe, qui fait référence. Écrire revient donc à instruire son propre procès dans une suite de visions, de figures de destin et de mémoire forcée de la langue que ton l'œuvre réactive sans fin.

Écrire l'île c'et donc tenter de se déplacer, faire un pas, exister comme effet du déjà initié dès de lieu. où l'auteure reconstruit des fresques afin de savoir comment c'était avant dans une telle archéologie du savoir. Des traces vibrent d'un bourdonnement d'insectes mais d'insectes qui ne disparaîtraient pas lorsque la lampe s'éteint.

Marie Roumégas, Premiers espaces, Unes Editions, Nice, 96 p., 17 €.

L’artiste du haut de la montagne - où elle s’est sans doute retirée - cherche savoir comment c’était le passé. Elle en suit les traces, reprendre à partir de là. Voici après tout un drôle d’endroit pour une rencontre mais qu’importe. Transferts, rattachements. Mais isolations idem. Dégustation en silence de mouvements qui reviennent, liés à un essieu du temps.

Réunies en scansion les poèmes forment un tour de l'île. Ils inscrivent des légendes en nous de toute sorte de toute confluence où nous ne devenons des insectes fous emportés dans ses tourbillons farouches. Nul peut dire si nous sommes alors avant après la ruine :  nous regardons c'est tout. Mais chaque image reste imprimée sur la rétine par les mots. En conséquence les poèmes sont turbulents, flotte sur l'île. Tout semble stable mais rien ne sera stable et fixe en nous. Puisque, à l'inverse de l'île, rien ne l’a jamais été et l’être ne possède pas de fond.  Mais ici les textes multiplient les images quasi premières  et dans le genre c'est bien.

 

∗∗∗

Liliane Giraudon et son road-mots-vie

Le titre Pot-pourri  malgré son acception s’’apparente, de lie, s’agrippe au genre de la poésie et sans le moindre doute possible. Toutes les sections du livre touchent directement au poème. Er l’auteure de nous aider : « C’est quoi la poésie ? On la fait avec quoi en dehors des mots ? Ça vient d’où ? Ça traverse quel corps ? Avec des retouches, des morceaux de poèmes morts, des laissés pour compte. »

Liliane Giraudon construit une conversation avec sa poésie, son temps et en toute liberté de manœuvre. Elle revient en arrière, retrouve les traces du travail de ses poèmes – exécutions, réussites, échecs. De plus un falbala   d’archives (pages de cahiers, dessins, collages, scénarios de films non tournés, morceaux de théâtre injouables, projets abandonnés) oriente avec émotion et humour vers ses derniers travaux aboutis.

Le livre construit de fait pour Liliane Giraudon le cursus de son autobiographie et de sa poésie. Les deux sont inséparables à la question « comment habiter le monde ? ». Et ses corpus livresques deviennent le réceptacle de traces qui, écrit-elle, s’agencent, « poursuivant la traque fantôme d’une forme-mouvement appelée poème. »

Sa poétique est à l’inverse du surréalisme. Tout est, au contraire, chez elle existentialiste. Qu’importe si parfois les escaliers d’un poème  montent vers un « No Exit ». Mais ses poèmes sont plus des pièces que  des cellules d’un perpétuel huis clos . Et chez elle il n’existe personne à blâmer ( sinon elle-même avec un poil voire une coupe  de  lucidité). Son travail est donc une ascèse et son œuvre rappelle parfois la sourde menace et la vulnérabilité. Dans ce but elle a multiplié les cellules souches plus que mères pour rêver d’harmonie et de paix contre  chaos et  zizanie.

Liliane Giraudon, Pot pourri, P.O.L  éditeur, 2025,  152 p., 20 €.

Saluons aussi une de ses qualités parfois superfétatoires :  Liliane Giraudon ne joue pas les “malines”, ne reste jamais en postures figées. Elle cherche - par différents agencements, dont le dessin lui-même - libérer son esprit. Indulgente pour les Don Juan elle refuse le faux-semblant et le bellâtre. Certes pour elle le geste d’écrire ne suffit pas. Ce qui compte demeure le résultat.

Son livre rappelle enfin que créer reste un acte pas une théorie. C’est une dérive voire une « pathologie sublime » quand ses mots tatouent la béance et le plein. Le tout à la suite de son et de ses temps en ses textes pliés, dépliés, parfois troués, torturés, déchirés, tournés sur eux-mêmes en nœuds de résistance, reprise, répétition, rupture. L’objectif est de sortir parfois de tout effet de réel pour creuser l’énigme, le mystérieux.  Sa poésie est donc Road-mot-vie avec parfois une  belle complicité du mensonge mais pour refuser d’exhiber son leurre.

Reste chez elle la pulsion, la force d’affect, la fragilité des femmes spiralées. Pour Liliane Giraudon la vie est une grotte. Une telle ex-petite fille devient derviche en avers, revers, évocation plus qu’exposition là où dans ce texte, la documentation est accessible sous laquelle se cache une robe rose mais sans faire tapisserie. Une araignée dans sa tête tisse sa toile. Ici l’eau bout et l’au bout aussi chez celle qui dans son agressive douceur devient la sainte diablesse dont le bât blesse. Vampire au besoin elle ne suce pas mais crache son venin, sa puissance

Sans pathos, juste avec le symbolisme de l’élan vital jamais  faire pleurer margot elle dit adieu à la petite fille en elle et veut toujours savoir comment les choses fonctionnent. Aussi bien les étoiles que le corps. D’où son intérêt pour les particules élémentaires et leurs articulations. Afin aussi que sa curiosité vis à vis de ce qui est érotique et sexuel ce qui n’enlève rien à son intellectualisme et mécanisme d’attraction. L’œuvre est avant tout un travail de découvrement, d’investigation contre l’ignorance et la superstition.

Chez elle la poésie est donc connaissance sans parler de sublimation, qui ne reste souvent qu’une habileté. Liliane Giraudon   ne manque ni d’arrogance, ni d’ambition. Elle s’affirme indépendante et affranchie. D’un côté la sans peur, de l’autre (la coupable) qui tremble. Sans doute elle se sens très bien comme ça. D’autant qu’elle sait ce qu’elle vaut :  raisonnable   intelligente et “dérangée” (qui la rend plus riche). N’est-ce pas tout compte fait la meilleure définition de la poésie ?

Ce qui est important pour une telle auteure n’est pas l’origine de la motivation de son travail mais la façon dont elle est parvenue à vivre avec. Les deux sont inséparables. Sa tache reste de se concentrer son travail par tissage d’une toile afin d’accéder à son œuvre. Elle sait jusqu’où, à travers elle, elle on peut aller. Son travail reste guidé par une seule limite : ne pas se déposséder. Passer – au besoin – à côté de la vie mais pas à côté à côté du sujet. C’est prétentieux sans doute mais elle le sait parce qu’elle est modelée par ce qui lui résiste et aussi par ce à quoi elle résiste.

A noter :  Le Centre international de poésie Marseille (Cipm) consacre une grande exposition à Liliane Giraudon à partir du 20 septembre 2025.

Présentation de l’auteur

Marie Roumegas

Marie Roumégas est née en 2003 à Nicosie (Chypre), et a grandi entre Chypre, la Corse et la Crète. Elle poursuit des études en Arts et Littérature à l'Ecole normale supérieure, et en musicologie au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Elle s'intéresse aux relations entre littérature et musique et travaille sur la résurgence de textes médiévaux dans l'opéra contemporain.

Bibliographie 

Premiers espaces est son premier livre.

Poèmes choisis

Autres lectures

Présentation de l’auteur

Liliane Giraudon

Liliane Giraudon est une femme de lettres française, née le . Depuis plusieurs années, elle habite à Marseille. Ses œuvres sont essentiellement composées à partir d'une écriture poétique et prosodique. Parmi elles, on trouve des lectures publiques[1], des adaptations de textes pour le théâtre, une écriture collective et de la traduction. Plus tard, elle devient co-créatrice et co-directrice de nombreuses revues poétiques. Elle développe également un attrait pour le dessin numérique.

© Crédits photos (supprimer si inutile)

Bibliographie

  • Têtes ravagées : une fresque, Nîmes, La Répétition,
  • Je marche ou je m’endors, Paris, Hachette/P.O.L, , 151 p. (ISBN 978-2-01-008089-0)
  • La Réserve, Paris, P.O.L, , 154 p. (ISBN 978-2-86744-029-8)
  • Quel jour sommes-nous ?, Nœux-les-Mines, Éditions Ecbolade, , avec un polaroïd de l’auteur
  • La Nuit, Paris, P.O.L, , 80 p. (ISBN 978-2-86744-073-1)
  • V, La Souterraine, Éditions la Main courante, , 6 vignettes de N. Balestrini
  • Divagation des chiens, Paris, P.O.L, , 179 p. (ISBN 978-2-86744-123-3)
  • Pallaksch, Pallaksch, Paris, P.O.L, 1990, 123 p. (ISBN 978-2-86744-181-3), prix Maupassant 1990
  • Fur : nouvelles, Paris, P.O.L, , 106 p. (ISBN 978-2-86744-295-7)
  • Les animaux font toujours l’amour de la même manière, Paris, P.O.L, , 119 p. (ISBN 978-2-86744-469-2)
  • Parking des filles, Paris, P.O.L, , 154 p. (ISBN 978-2-86744-621-4)
  • Anne n’est pas Suzanne, La Souterraine, Éditions la Main courante, , 25 p. (ISBN 978-2-905280-83-1)
  • Homobiographie, Paris, Éditions Farrago, , 63 p. (ISBN 978-2-84490-024-1)
  • Sker : homobiographie, Paris, P.O.L, , 138 p. (ISBN 978-2-86744-888-1)
  • La Fiancée de Mahkno, Paris, P.O.L, , 160 p. (ISBN 978-2-86744-997-0)
  • L’Onanisme d’Hamlet, Clamart, France, Les Cahiers de la Seine, , 20 p.
  • Carnet de nuit à Reykjavik, Marseille, France, Éditions Fidel Anthelme X,
  • Greffe de spectres, Paris, P.O.L, , 128 p. (ISBN 978-2-84682-079-0)
  • Les talibans n'aiment pas la fiction : carnet afghan, Paris, Éditions Inventaire-Invention, , 40 p. (ISBN 978-2-914412-42-1)
  • Mes bien-aimé(e)s, Paris, dessins de Christophe Chemin, Éditions Inventaire-Invention, , 104 p. (ISBN 978-2-914412-61-2)
  • La Poétesse : homobiographie, Paris, P.O.L, , 128 p. (ISBN 978-2-84682-302-9)
  • Biogres. Montaigne, Montesquieu, Mauriac, Coutras/ Bordeaux, coéd. Permanences de la littérature/Centre François Mauriac de Malagar, , 58 p. (ISBN 978-2-9535520-0-3)
  • La Vraie Vie d'Angeline Chabert, Barjols, éditions Plaine Page, , 8 p. (ISBN 978-2-910775-23-0 et 2-910775-23-2)
  • L'Omelette rouge : mélodrame, Paris, P.O.L, , 112 p. (ISBN 978-2-8180-1361-8)
  • Les Pénétrables, Paris, P.O.L, 2012, 620 p. (ISBN 978-2-8180-1646-6)
  • Madame Himself, Paris, P.O.L, 2013, 96 p. (ISBN 978-2-8180-1906-1)
  • La sphinge mange cru, images de Fabienne Létang, Marseille, Éditions Al Dante, 2013, 43 p. (ISBN 978-2-84761-781-8)
  • Le Garçon cousu, Paris, P.O.L, 2014, 120 p. (ISBN 978-2-8180-2159-0), Prix Maïse Ploquin-Caunan 2015 de l’Académie française
  • L’amour est plus froid que le lac, Paris, P.O.L, 2016, 112 p. (ISBN 978-28180-4123-9)
  • Le Travail de la viande, Paris, P.O.L, 2019
  • Polyphonie Penthésilée, Paris, P.O.L, 2021, 114 p. (ISBN 978-2-8180-5339-3)
  • Une femme morte n'écrit pas, Les presses du réel/Al Dante, 2023

Écriture collective

  • Some postcards about C.R.J. and other cards, Marseille, avec Jean-Jacques Viton, Éditions Spectres familiers, , livret boîte à rythmes
  • Malmousque, Ivry-sur-Seine, avec Fred Deluy, Action poétique/Parcelle,
  • Benjamin/Baudelaire/Marseille, avec Jean-Jacques Ceccarelli et P. Box, Cornaway,
  • Poème pour la main gauche, La Souterraine, avec Jean-Jacques Viton, Éditions la Main courante, , 15 p.(ISBN 978-2-913919-00-6)
  • Marquise vos beaux yeux, Lyon, avec Michelle Grangaud, Josée Lapeyrère, Anne Portugal, Éditions le Bleu du ciel, , 122 p. (ISBN 978-2-915232-25-7)
  • Pour Walter Benjamin, avec Jean-Jacques Ceccarelli, in Les Yeux Fertiles, Suite Paul Eluard depuis 1989, collection du MAC/VAL Musée d'art contemporain du Val de Marne, Philippe Moncel, éditions cercle d'art, Paris, 2005
  • Vous mettrez ça sur la note, Marseille, avec Bernard Plasse et Jean-Jacques Viton, Éditions Diem Perdidi, , 85 p.(ISBN 978-2-9534544-0-6)
  • A3, Ivry-sur-Seine, avec Fred Deluy et Jean-Jacques Viton, Action poétique, , 64 p. (ISBN 978-2-85463-194-4)
  • Histoire d'ail[6], avec Xavier Girard, Paris, éditions Argol, 2013 (ISBN 978-2-915978-86-5)

Théâtre

  • ACTE Vegas, transposition de La Mouette de Tchekhov, 2010

Collectif

  • Collectif, Écrire mai 68, 2008 (ISBN 978-2-915978-36-0)

Poèmes choisis

Autres lectures




Cypris Kophidès, Ce monde en train de naître

Cypris Kophidès saisit le drame contemporain des réfugiés pour nous proposer un récit poétique sur les désastres de l’exode et les douloureuses reconstructions après les traumatismes subis. Le personnage d’Anna est ici la poignante figure de toutes ces femmes et de tous ces hommes ballottés par l’histoire. La poétesse, pour nous parler de ce drame, alterne habilement dans son récit des passages en vers et en prose.

Anna a fui son pays comme d’autres, sous d’autres cieux ou à d’autres époques, ont fui la Grèce des colonels, le Chili de Pinochet, la Syrie d’Assad, ou fuient aujourd’hui l’Afghanistan des talibans ou la Russie de Poutine. Anna fuit la guerre. La voici engagée, nous dit Cypris Kophidès, dans une « interminable marche/sous le gris cendre des nuages », dans « le fracas des bombes ». Avec, à l’horizon, « les fumées rouge et noir des incendies » et, tout près, « les aboiements des ordres criés ». Anna est une artiste. Dans son pays, elle peignait. Elle cuisinait aussi. Anna fuit. Elle se sauve. La voici enfin à l’abri. « La guerre est là-bas au loin/ mais cogne toujours dans les entrailles ». Dans sa folle traversée, un vers du poète grec Yannis Ritsos l’apaisait : « La paix est un verre de lait chaud et un livre posés devant l’enfant qui s’éveille ».

Dans ce pays où elle arrive et qui n’est pas en guerre, il y a Lucia et François qui tiennent une brasserie et qui l’accueillent. Deux bons samaritains qui « cherchent avec elle des locations ». De fil en aiguille, des liens se tissent avec des femmes qui « viennent d’ailleurs » et qui « elles aussi ont franchi des frontières ». Anna respire. Elle pourra même, bientôt, exposer des peintures. Mais peut-on vraiment se guérir du malheur ? La voici happée métaphoriquement par une forêt, « un monde aux lois obscures/ un monde surgi des profondeurs noires/de la terre ». Mais Anna surmontera l’épreuve, se libérera progressivement de ce fardeau. Le récit de Cypris Kophidès laisse entrevoir, au bout de la nuit, une forme de résilience après son « périple intérieur ». Anna se réconcilie avec le monde. Elle découvrira même l’amour.

Cypris Kophidès, Ce monde en train de naître, Diabase, 128 pages, 16 euros.

A travers ce portrait de femme, Cypris Kophidès nous parle, certes, d’une grande tragédie contemporaine et de ses impasses, mais elle laisse poindre de bout en bout, à travers son personnage, la force du désir. Tout est sans doute possible, en dépit du malheur, « tant que la poésie n’aura pas dit son dernier mot » (comme le dit Marc Baron dans son dernier livre). Et d’ailleurs la voix des poètes n’en finit pas de résonner dans son récit poétique. Elle cite Khalil Gibran : « La terre est ma patrie, l’humanité ma famille ». Ou encore le grec Odysséas Elytis : « Voilà pourquoi j’écris. Parce que la poésie commence là où la mort n’a pas le dernier mot ». Née d’un père grec et d’une mère française, Cypris Kophidès a de solides références.

Présentation de l’auteur

Cypris Kophidès

Née d’un père grec et d’une mère française à Tours, Cypris Kophidès vit son enfance dans la campagne tourangelle.

La passion de la lecture s’affirme à ses quatorze ans avec la découverte de la bibliothèque familiale – sa mère est une lectrice – et surtout de la bibliothèque du lycée, et ne la lâchera plus..

De formation psychanalytique et littéraire, elle développe très vite un vif intérêt pour le monde intérieur, sensible, « l’âme humaine ».

Elle découvre l’œuvre de Dostoïevski, Novalis et le romantisme allemand, le surréalisme et sa façon à la fois radicale, ludique et provocante de questionner le monde.

Des voyages en Scandinavie et en Islande lui font découvrir une relation plus intime à la nature.

Etudes de Lettres modernes et une thèse de doctorat sur l’image féminine, André Breton et le surréalisme.

Elle se tourne conjointement vers l’ésotérisme, étudie les processus de divination, des astres aux arcanes, et la dynamique des rêves.

Cette interrogation sur le « destin » l’entraîne vers l’étude de l’œuvre de Jung, et plus largement de la psychanalyse qu’elle exercera quelques temps.

La peinture devient un support d’expression qui demeure, plus ou moins investi, selon les périodes, tandis que l’écriture s’inscrit dans une continuité, comme une nécessité, avec ou sans publication.

Bibliographie

Elle est l’auteure de deux recueils de poèmes en prose publiés aux Editions Guy Chambelland, A Échos multiples (1979) et La Nuit traversière (1983).

Aux éditions la Tempérance, elle a écrit et édité une monographie sur l’artiste peintre Philippe Gouret, L’éternité Végétale (1993), avec Yannick Pelletier et Serge Hutin.

Éditrice chez Diabase depuis 1995 aux côtés d’Yves Bescond, elle a rédigé diverses introductions, réalisé plusieurs entretiens, avec Jocelyne Ollivier-Henry, Charles Juliet, Georges Bahgory et Yvon Le Men.

Entre 1998 et 2003, elle anime des séminaires sur l’eau, la terre, le feu et l’air, dans une perspective symbolique et analytique, et illustre chaque séance par la vie de héros de la mythologie grecque. Chiron le centaure, protagoniste de son dernier livre « Vingt-deux petits soleils » est l’un d’eux».

Dans L’Enfant de Trébizonde (2015, Diabase), elle questionne l’origine. Entre vérité et fiction, ce récit emprunte à la poésie comme au théâtre. En février 2019, L’Enfant de Trébizonde parait en langue grecque, traduit par Dimitris Daskas, aux Editions Tsoukatos. (Το παιδί από την Τραπεζούντα). Une adaptation théâtrale est en cours.

Dans Vingt-deux petits soleils (2019, Diabase), Cypris Kophidès met en scène Chiron, le docte Centaure. Proche de la mort, il raconte à un jeune enfant fuyant la guerre les moments de bascule de sa vie : La fascination de la force, la rencontre amoureuse, l’échange silencieux avec le paysage.

Auteure d’articles dans différentes revues, elle a écrit récemment « Ni plus ni moins : les Haïkus de Katina Vlachou » pour la revue belge « Traversées » et la revue grecque « Péri Ou », (octobre 2018), « Migrant » dans l’ouvrage collectif « Les Algorithmes de l’étrangéité », Collection Psychanalyse et Anthropologie du CIPA (L’Harmattan, automne 2018), et « La chose » dans l’ouvrage collectif « Fraternellement Charles Juliet » (avril 2019, Jacques André Editeur) en hommage à l’écrivain.

L’interrogation sur le destin, l’acceptation de soi, la métamorphose, la réconciliation avec les forces de la nature, la violence et la place possible de la beauté, autant de thèmes qu’elle n’a de cesse de questionner, aussi bien dans ses entretiens, que dans ses romans et ses récents articles. A chaque nouveau sujet, l’écriture propose un nouveau voyage.

Poèmes choisis

Autres lectures

Cypris Kophidès, La nuit traversière

On connaît la flûte traversière. Voici que l’on découvre la « nuit traversière ». C’est celle qu’évoque Cypris Kophidès dans un court recueil de 20 poèmes en édition bilingue (français-grec). Comment, la lisant, ne pas [...]

Cypris Kophidès, Ce monde en train de naître

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Jérémie Tholomé, Le Grand Nord

Les rats propagent la bonne parole en publipostant des alexandrins

Jérémie Tholomé est un poète-performeur belge. Son enregistrement du poème « Charleroi » mis en musique et en images est facilement accessible sur internet, de même que le poème « Blablabla » lu par Laurence Vielle. Le Grand Nord est son troisième recueil après Rouge Charbon (2019) suivi de La Fabrique à cercueils (2020) et avant Memory Babe (2022), le tout chez l’éditeur MaelstrÖm reEvolution (Bruxelles).

Le Grand Nord, lauréat en 2021 du prix Hubert Krains décerné par L’Association des Écrivains belges de langue française, se situe dans un environnement nordique, certes, avec des yourtes et des ours perdus dans la pourga (tempête de neige) mais surtout dans un futur dystopique peuplé de poules mécaniques, de corbeaux électroniques, de baleines et de morses synthétiques. Dans cet environnement naufragé où « l’oxygène s’achète en comprimés pelliculés », les champs de canne sont contaminés au chlordécone tandis que « le glyphosate préside aux destinées de l’industrie alimentaire ». Quant à la banquise, elle « connaît sa destinée » ! Et ce n’est pas « en cultivant des pensées toujours plus hallucinogènes sur la décroissance » ou en réfutant « les thèses des politiciens steampunks sur le refroidissement climatique » qu’on surmontera la crise écologique. Pas de pitié pour les petites bêtes : « les déchets d’épice industrielle détruisent l’habitat des écureuils bleus », même si « les taureaux morts donnent naissance à de nouveaux insectes ». Dans ce bestiaire cauchemardesque les chiens sont balafrés, les mouettes en carton, les poules répliquantes, les oiseaux d’acier, les coccinelles électrogènes, les moutons électriques, les sirènes narcotrafiquées, les singes se transhumanisent et « les ours polaires ont le cœur tétraplégique ».

Sous une stratosphère vacillante, les humains se débrouillent comme ils peuvent, l’amour est devenu un  sujet de récits – « on en regrette les détails dermatologiques » –, ce qui n’empêche pas de ne penser « qu’à l’argent, au sexe et à la mort parfois même dans cet ordre là ». « Les souliers s’usent à force de parcourir les mêmes névroses ». Seule l’enfance dont les rêves sont peuplés « d’images de cimetières de locomotives », pourrait garder un semblant d’innocence : « on devine un dieu rédempteur quand un enfant approche une loupe d’une fourmi ».

Jérémie Tholomé, Le Grand Nord, Bruxelles, MaelstrÖm reEvolution, coll. « Rootleg », 2022, 78 p., 8 €.

Le Grand Nord, poème apocalyptique, n’induit pas pour autant la sinistrose chez le lecteur. Car si les thèmes abordés ne prêtent pas à rire, le ton est léger, souvent absurde et les éclairs noirs de lucidité se perdent dans un ciel plutôt rose. On peut en juger par le verset suivant :

« Les canards épluchés savent pertinemment que leur problème vient des hordes de passereaux timocrates / On commandite des études sur les bienfaits indéniables du saccharose / En nettoyant nos artères avec du gaz moutarde reconditionné / Et les journées de travail se diluent dans le temps de cuisson des œufs durs »

Le texte se présente ainsi, à raison de deux versets-paragraphes par page, à peu près de cette longueur, les vers étant écrits à la suite et séparés par des /. On appréciera sur l’exemple ci-dessus le mélange d’absurdités (vers 1 et 3) et de notations pertinentes : le vers 2 dénonçant (par antiphrase) l’abus de sucre tandis que le vers 4 annonce un futur où les emplois seront de plus en plus rares.

Tout cela fait de Grand Nord un texte qui séduit par une inventivité langagière au service de certains rappels utiles à propos des menaces pesant sur l’humanité.

Présentation de l’auteur

Jérémie Tholomé

Né en 1986, Jérémie Tholomé est un poète belgo-français, vivant en Belgique, à Charleroi. Il écrit des textes adaptés à l’oralité en claquant les mots comme Charles Bronson jouait du flingue et de l’harmonica dans un western-spaghetti.

Lauréat du prix Hubert Krains 2021, il est l’auteur de plusieurs recueils et d’un roman, publiés aux éditions maelstrÖm reEvolution, maison pour laquelle il réalise également des missions de mise en page et de suivi éditorial (il a notamment collaboré aux publications de Lisa Debauche, Marine Riguet et Baptiste Pizzinat).

Depuis quelques années, il coordonne différents événements du fiEstival maelstrÖm, un festival international de poésie et de musique, ayant lieu en mai, à Bruxelles.

Friand de collaborations, on l’a vu sur scène avec les poétesses Laurence Vielle, Gioia Kayaga, Ada Mondès, Sofía Karámpali Farhat et Katerina Apostolopoulou. Il travaille également régulièrement avec la violoncelliste Amandine Flandre.

Il travaille actuellement sur deux recueils de poésie. (source : https://jeremietholome.com/blog/).

© Samir Sam’Touch pour le FiEstival maelstrÖm*14 – 2020

Bibliographie 

Rouge charbon (2019)
La Fabrique à cercueils (2020)
Le Grand Nord (2022)
Memory Babe, sur les traces de la Beat Generation (avec Ada Mondès – 2022)
L’amour n’est pas un champ de bataille (2024)
Sans kérosène fusible (bookleg hors commerce, 2024)
Clark Nova (2025)

Anthologies et publications collectives

Lieux Liens Langues // sept 2021 // éd. L’Arbre à paroles // 20€
56 descentes dans le maelstrÖm // juin 2023 // éd. maelstrÖm reEvolution // 18€
Voix Vives Anthologie Sète 2023 // août 2023 // éd. Bruno Doucey // 20€
La Plaine // février 2024 // éd. maelstrÖm reEvolution (bookleg #192) // 3€
15 – Service d’Aide aux Mots Universels // février 2025 // Anthologie du Printemps des poètes et des 15 ans des éditions Bruno Doucey // 22€

Poèmes choisis

Autres lectures

Jérémie Tholomé, Le Grand Nord

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Runes& ruines, Anthologie dirigée par Marilyne Bertoncini

Marilyne Bertoncini a choisi un très beau sujet qui a suscité de multiples poèmes et illustrations. Les mots « Runes » et « Ruines » ne sont séparés que d’une seule lettre et comme le dit la poétesse dans sa préface : « Les ruines portent en elles le mot « runes » - et avec elles la possibilité de les sauvegarder, par la poésie… ».  Se lit un grand espoir dans la « force des mots » qui pourraient « mettre en lumière » toutes les traces précieuses susceptibles de résister à la barbarie.

Runes et ruines accompagnent l'humanité aussi bien dans sa folie destructrice que dans ses merveilles. Certains poètes ont mis plutôt l'accent sur « l’enfer », l’effacement, la dévastation. « Même le soleil s’use » (Anne Soy). D'autres tentent de déchiffrer plus positivement la langue des runes et des ruines qui habitent aussi bien notre monde intime que le monde extérieur. S’exprime un grand besoin de dire, de crier, de créer pour résister aux saccages, à la guerre. Comme un pari de préserver ce qui reste à préserver. Ne pas capituler, tenter de saisir les nouvelles structures, les nouveaux mots, les nouveaux rêves. S'inscrire dans une vaste Histoire sans nier les horreurs mais faire encore confiance en l'humain que la poésie ne cesse de révéler. Ainsi, d'un temps immémorial à l’avenir, en passant par le présent, nous naviguons dans de nombreux espaces, conviés à une grande variété de sens. Cohabitent des visions terribles du réel et des ouvertures qui font du bien. La parole se déchire ou construit des liens : « Tu essaies de rendre habitable cet aujourd'hui » (Patrick Joquel). Alors faisons « taire les oiseaux de mauvais augure ». Retrouvons une respiration au lieu même de notre fragilité et de nos déchirures. « Qu’ici humanité et rêves jamais ne capitulent ! » (Béatrice Pailler)

Runes & Ruines : Anthologie Collectif dirigée par Marilyne Bertoncini pour Embarquement Poétique, 2025, 116 pages, 14 €.

Cette riche anthologie nous fait signe aussi bien dans nos failles, nos monstruosités qu’en tout ce qui nous grandit, nous dépasse dans la création. En particulier dans la poésie qui ne sauve pas mais donne des lueurs à nos ombres. Les mots : « L’embarquement poétique » sont très justes. Nous sommes absolument embarqués et partie prenante de cette grande aventure d’éveil et de lumière.

Présentation de l’auteur

Marilyne Bertoncini

Marilyne Bertoncini : poète, traductrice (anglais-italien), revuiste et critique littéraire, membre du comité de rédaction de la revue Phoenix, elle s'occupe de la rubrique Musarder sur la revue italienne Le Ortique, consacrée aux femmes invisibilisées de la littérature, et mène, avec Carole Mesrobian, la revue numérique Recours au Poème, à laquelle elle collabore depuis 2013 et qu'elle dirige depuis 2016. 

Autrice d'une thèse, La Ruse d'Isis, de la Femme dans l'oeuvre de Jean Giono, et titulaire d'un doctorat, elle a été vice-présidente de l’association I Fioretti, pour la promotion des manifestations culturelles au Monastère de Saorge (06) et membre du comité de rédaction de la Revue des Sciences Humaines, RSH (Lille III). Ses articles, essais et poèmes sont publiés dans diverses revues littéraires ou universitaires, françaises et étrangères. Parallèlement à l'écriture, elle anime des rencontres littéraires, Les Jeudis des Mots, à Nice, ou les Rencontres au Patio, avec les éditions PVST?, dans la périphérie du festival Voix Vives de Sète. Elle pratique la photographie et collabore avec des artistes, musiciens et plasticiens.

Ses poèmes sont traduits en anglais, italien, espagnol, allemand, hébreu, bengali, et chinois.

 

bibliographie

Recueils de poèmes

La Noyée d'Onagawa, éd. Jacques André, février 2020

Sable, photos et gravures de Wanda Mihuleac, éd. Bilingue français-allemand par Eva-Maria Berg, éd. Transignum, mars 2019

Memoria viva delle pieghe, ed. bilingue, trad. de l'autrice, ed. PVST. Mars 2019

Mémoire vive des replis, texte et photos de l’auteure, éd. Pourquoi viens-tu si tard – à paraître, novembre 2018

L’Anneau de Chillida, Atelier du Grand Tétras, mars 2018 (manuscrit lauréat du Prix Littéraire Naji Naaman 2017)

Le Silence tinte comme l’angélus d’un village englouti, éd. Imprévues, mars 2017

La Dernière Oeuvre de Phidias, suivi de L'Invention de l'absence, Jacques André éditeur, mars 2017.

Aeonde, éd. La Porte, mars 2017

La dernière œuvre de Phidias – 453ème Encres vives, avril 2016

Labyrinthe des Nuits, suite poétique – Recours au Poème éditeurs, mars 2015

 

Ouvrages collectifs

- Le Courage des vivants, anthologie, Jacques André éditeur, mars 2020

- Sidérer le silence, anthologie sur l’exil – éditions Henry, 5 novembre 2018

- L’Esprit des arbres, éditions « Pourquoi viens-tu si tard » - à paraître, novembre 2018

- L’eau entre nos doigts, Anthologie sur l’eau, éditions Henry, mai 2018

- Trans-Tzara-Dada – L’Homme Approximatif , 2016

- Anthologie du haiku en France, sous la direction de Jean Antonini, éditions Aleas, Lyon, 2003

Traductions de recueils de poésie

-Soleil hésitant, de Gili Haimovich, éd. Jacques André (à paraître 2021)

-Un Instant d'éternité, bilingue (traduit en italien) d'Anne-Marie Zucchelli, éd. PVST, 2020

- Labirinto delle Notti (inedito) nominé au Concorso Nazionale Luciano Serra, Italie, septembre 2019

- Tony's blues, de Barry Wallenstein, avec des gravures d'Hélène Bauttista, éd. Pourquoi viens-tu si tard ? , mars 2020

- Instantanés, d‘Eva-Maria Berg, traduit avec l’auteure, éditions Imprévues, 2018

- Ennuage-moi, a bilingual collection , de Carol Jenkins, traduction Marilyne Bertoncini, River road Poetry Series, 2016

- Early in the Morning, Tôt le matin, de Peter Boyle, Marilyne Bertoncini & alii. Recours au Poème éditions, 2015

- Livre des sept vies , Ming Di, Recours au Poème éditions, 2015

- Histoire de Famille, Ming Di, éditions Transignum, avec des illustrations de Wanda Mihuleac, juin 2015

- Rainbow Snake, Serpent Arc-en-ciel, de Martin Harrison Recours au Poème éditions, 2015

- Secanje Svile, Mémoire de Soie, de Tanja Kragujevic, édition trilingue, Beograd 2015

- Tony’s Blues de Barry Wallenstein, Recours au Poème éditions, 2014

Livres d'artistes (extraits)

Aeonde, livre unique de Marino Rossetti, 2018

Æncre de Chine, in collection Livres Ardoises de Wanda Mihuleac, 2016

Pensées d'Eurydice, avec  les dessins de Pierre Rosin :  http://www.cequireste.fr/marilyne-bertoncini-pierre-rosin/

Île, livre pauvre avec un collage de Ghislaine Lejard (2016)

Paesine, poème , sur un collage de Ghislaine Lejard (2016)

Villes en chantier, Livre unique par Anne Poupard (2015)

A Fleur d'étang, livre-objet avec Brigitte Marcerou (2015)

Genèse du langage, livre unique, avec Brigitte Marcerou (2015)

Daemon Failure delivery, Livre d’artiste, avec les burins de Dominique Crognier, artiste graveuse d’Amiens – 2013.

Collaborations artistiques visuelles ou sonores (extraits)

- Damnation Memoriae, la Damnation de l'oubli, lecture-performance mise en musique par Damien Charron, présentée le 6 mars 2020 avec le saxophoniste David di Betta, à l'ambassade de Roumanie, à Paris.

- Sable, performance, avec Wanda Mihuleac, 2019 Galerie

- L'Envers de la Riviera  mis en musique par le compositeur  Mansoor Mani Hosseini, pour FESTRAD, festival Franco-anglais de poésie juin 2016 : « The Far Side of the River »

- Performance chantée et dansée « Sodade » au printemps des poètes  Villa 111 à Ivry : sur un poème de Marilyne Bertoncini, « L’homme approximatif » , décor voile peint et dessiné,  6 x3 m par Emily Walcker  :

l’Envers de la Riviera  mis en image par la vidéaste Clémence Pogu – Festrad juin 2016 sous le titre « Proche Banlieue»

Là où tremblent encore des ombres d’un vert tendre » – Toile sonore de Sophie Brassard : http://www.toilesonore.com/#!marilyne-bertoncini/uknyf

La Rouille du temps, poèmes et tableaux textiles de Bérénice Mollet(2015) – en partie publiés sur la revue Ce qui reste : http://www.cequireste.fr/marilyne-bertoncini-berenice-mollet/

Préfaces

Appel du large par Rome Deguergue, chez Alcyone – 2016

Erratiques, d’ Angèle Casanova, éd. Pourquoi viens-tu si tard, septembre 2018

L’esprit des arbres, anthologie, éd. Pourquoi viens-tu si tard, novembre 2018

Chant de plein ciel, anthologie de poésie québécoise, PVST et Recours au Poème, 2019

Une brèche dans l'eau, d'Eva-Maria Berg, éd. PVST, 2020

 

(Site : Minotaur/A, http://minotaura.unblog.fr),

(fiche biographique complète sur le site de la MEL : http://www.m-e-l.fr/marilyne-bertoncini,ec,1301 )

Autres lectures

Marilyne Bertoncini, Aeonde

Petit livret, grand livre. Encore une fois, après La dernière œuvre de Phidias, Marilyne Bertoncini fait appel à la dimension mythique pour dire la condition humaine.

Les 101 Livres-ardoises de Wanda Mihuleac

Une épopée des rencontres heureuses des arts Artiste inventive, Wanda Mihuleac s’est proposé de produire des livres-objets, livres d’artiste, livres-surprise, de manières diverses et inédites où la poésie, le visuel, le dessin [...]

Marilyne Bertoncini, Mémoire vive des replis

Un joli format qui tient dans la poche pour ce livre précieux dans lequel Marilyne Bertoncini fait dialoguer poèmes et photographies (les siennes) pour accueillir les fragments du passé qui affleurent dans les [...]

Marilyne Bertoncini, Sable

Marilyne Bertoncini nous emmène vers la plage au sable fin, vers la mer et ses vagues qui dansent dans le vent pour un voyage tout intérieur… Elle marche dans [...]

Marilyne BERTONCINI, Mémoire vive des replis, Sable

Marilyne BERTONCINI – Mémoire vive des replis La poésie de Marilyne Bertoncini est singulière, en ce qu’elle s’appuie fréquemment sur des choses matérielles, pour prendre essor, à la façon [...]

Marilyne Bertoncini, La Noyée d’Onagawa

Chant du silence du fond de l’eau, celui où divague le corps de la femme de Yasuo Takamatsu. Flux et reflux du langage devenu poème, long discours sur le vide laissé par la [...]

Marilyne Bertoncini, La noyée d’Onagawa

Cette suite poétique, à la construction musicale, points et contrepoints, bouleverse et interroge. Inspirée d’une dépêche d’AFP, elle fait osciller le lecteur entre plusieurs réalités, temporalités et espaces. Continuité et rupture, matérialité et [...]