le gazon est tra­ver­sé des mem­bres de la famille for­ment de petits îlots de chair – je dis « 

joie » je crois, que ça fait plusieurs heures que j’at­tends ou plusieurs décennies

 dans la rue un frère est un mil­i­taire c’est tou­jours le même,

ibi­dem

une pluie fine est tombée ce matin, dans la journée, une pluie fine

un appel (seul) un appel : le nom de votre cor­re­spon­dant : un échec

je relève presque quelques pho­togra­phies sur le fil,

les corps brûlés dans la pous­sière, les chiens s’affairent »

demain notes pour penser, relever le cour­ri­er – ici viens-tu ?

notes pour penser, ne pas oubli­er de fer­mer aus­si et sortir

les querelles des jour­naux dans l’ac­tu­al­ité des mois ont passés où est m.

∗∗∗

les balles réson­nantes per­cu­tent le som­meil – le paysage

tu et nous sont les deux seuls mots peut-être qui méri­tent un agrandissement

dans les couloirs des maisons d’ar­rêt on entend le même silence

ce silence est un absent est un frère ou seule­ment le souvenir

car j’ai vu que tu util­i­sais ce nous à la manière de

soleil ascen­dant. ça vous dit de pique-niquer ce midi s’en­tend comme

des essaims de nous par­fois c’est flip­pant je peux ? — ici viens-tu ?

les uni­formes des sol­dats sont des sex­es lev­és vers le drapeau

à l’hori­zon, trois sil­hou­ettes quand par­fois une nous salue

fusil mitrailleur en poche : des slo­gans dans la rue,

je ne sais pas avec quels mots tu parviens à exister

∗∗∗

dans les couloirs des grands hopi­taux de campagne

le ciné­ma a fer­mé ses portes, les ban­quettes, votre place assise

dans le liv­ing-room : les rich­es ont fini par crev­er d’un empoi­son­nement au mercure

 il fal­lait faire des essais – test 1 échec test 2 échec etc

les résul­tats qui nous sont com­mu­niqués sont des don­nées classifiées

et tout ce que le mot famille soulève

papa a suf­fit de                       rien ne résiste à l’absence

comme crises d’épilep­sie autant d’in­co­hérences et de confusions

dans le loin­tain le mur de craie : un mes­sage gravé dans le passé

puis finale­ment dis­pari­tion de l’escalier des par­ents, ce n’est pas des

 vacances : un arbre et ce four­mille­ment d’être dans la lune

∗∗∗

les strates suiv­antes con­ti­en­nent en pièces jointes le bal­is­age qui sera posé sur site :

les restes du déje­uner des cadavres, les jou­ets des sol­dats de l’ar­mée française

à l’in­fini­tif dans les rap­ports : pil­lages et butins et vio­ls sont des succès

le bal­lon est resté toute l’après-midi enfon­cé dans le canapé

il en manque une – dis­parue – étouf­fée – qui est-ce

toutes les sor­ties sco­laires sont annulées jusqu’à nou­v­el ordre

les car­reaux cassés ont été rem­placés une fois c’é­tait moi sinon

on pour­rait se repos­er ensem­ble, c’est une joie ici viens-tu ?

(les tables ont tourné) quelqu’un a parlé

les trot­toirs ruis­sel­lent de sang, nous remon­tons vers la place

les mil­i­taires en patrouille souri­ent au pas­sant c’est moi le frère

∗∗∗

dans un pays très étranger les jeeps les 4x4 sil­lon­nent les pistes tracées dans le v

des véhicules de l’ar­mée sta­tion­nent devant le par­lement 

cela est, tu dis cela est répète càd le vent ou son masque

ressem­ble exacte­ment à m. – ressem­ble à la son­ner­ie du téléphone

jour­naux télévisés le 20h les cadavres représen­tent plus de la moitié de l’humanité

  1. ou p. : reste une famille quant aux disparus

le métro est le lieu le plus chaleureux que je côtoie dans l’in­tim­ité des tous

les ondes radio passent en boucle le soupçon d’une très vaste rumeur à laquelle

espace-vide tout le vil­lage à les volets clos – pas un lieu où un frère est absent

tous les soirs l’ar­rêt du bus est un havre où les coléop­tères se reposent,

for­ment un cer­cle dans lequel tes bras lèvres poumons respirent ici viens-tu ?

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