L’un à l’autre
où que tu sois
apostrophé
sur des chemins
de terre
où les ombres
se couchent
à force d’inventions

L’un à l’autre
en ces lieux
d’une fois
qui nous tissent
et nous lient
par des anneaux
imaginés

L’un à l’autre
par le toucher
des multiples
regards
qui patientent
au seuil
de nos paupières

L’un à l’autre
par nos paroles
offertes
comme des secours
établis
qui jalonneront
nos solitudes

L’un à l’autre
sans rien
qui nous délivre
des aubes
de nos rencontres

L’un à l’autre
enlaçant
l’heure dernière

L’un à l’autre
menant
jusqu’à nos noms

L’un à l’autre
survivant

∗∗

Ici s’in­vite
en mon absence
la vie introuvée

dans le partage d’une ombre et d’une lumière
où la vie et la mort s’en­trou­vrent avec la même évidence

Présences qu’au­cun crible ne conserve

Vibra­to de cordes et de haut­bois jamais entendu

Imag­ine un arbre qui se délesterait
d’une branche morte

ou un mur qui s’effrite
dans les longues journées de son abandon

C’est une lutte des feuilles et du vent
pour recueil­lir tout le silence
présent dans les heures quelconques

Je com­prends cet hum­ble secret qu’une ronce murmure

Je le tairai 
C’est loyal 

On ne trahit pas la parole des eaux vives et des mousses 

Sait-on si elles cessaient 
ce que nous con­serve­ri­ons de notre pro­pre mystère

Forêt con­forme à mon amour 
réal­ité où j’ap­puie le front de mes vouloirs 

 

∗∗

Quoi qu’il arrive
la vision de l’ex­is­tence tient dans un mot
de la taille d’une offrande

par tes yeux bleus ou noirs

Comme une mai­son pour attendre
que toute vie devienne

Je main­tiendrai cet éveil en moi
par des insom­nies répétées

Espoir qui restera à la fenêtre
guette un com­bat­tant qui revient de la bataille

Car il n’a pas de tombeau il faut qu’il vive

O volon­taire
O météore

Sous tes pas ce sont nos bouch­es qui te nomment
à seule fin de dis­siper un malentendu

∗∗

 

Notre pro­pre chemin est une parole 
suiv­ie d’un acte 

Bien sûr c’est l’as­sur­ance de n’ar­riv­er nulle part 
qu’au som­met de notre force invisible 

Voici donc un monde qui n’ex­iste que dans le con­tour de notre regard 

J’écris pour en racon­ter les pos­si­bles au-delà 
sans jamais m’éloign­er de mon intu­ition qui me sert de boussole 

La seule incer­ti­tude est le lieu où enter­rer le retour 

 

∗∗

Entre ciel et terre est l’horizon 

Entre toi et moi aussi 

C’est la rai­son pour laquelle 
nous n’emportons jamais rien
quand nous partons 

Tout est dans le regard que tu main­tiens posé 
sur les ter­ri­toires que j’invente 

Et où je vais est ton visage 

 

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