Stéphane Mongellaz, Retour à l’atome et autres poèmes

Par |2025-05-06T08:06:03+02:00 6 mai 2025|Catégories : Poèmes, Stéphane Mongellaz|

AU FOND D’UN PUITS

Ain­si rétrac­té sur lui-même (nœud fixe, noir) le chaos nourrici­er exhume de sa mémoire le 
sou­venir d’une mécanique de vies. C’est le choc premier :

les murs se lézardent,
les mues s’égrènent en spi­rales, d’où

de vagues écri­t­ures s’échappent, dérivent selon
d’anciennes équa­tions de marées qui, absorbées
une nuit
sous leur pro­pre niveau, se jettent
un jour
sur nos espaces actuels.

La pré­ci­sion est telle que l’on peut voir,
dans la singularité

d’un saut, d’un vol, d’un trou,

le souf­fle con­tinu d’existences et de morts 
que ne suiv­ent rien d’autre
que de nou­velles naissances : 

un océan brûlé où plongent
des formes, des ombres
de matière que nous frap­pons tels
nos crânes con­tre les murs

pour recoudre les plaies
bal­lantes et l’ondulation bleue
du sang sur l’élastique des mers   

avant que l’oubli ne tarisse nos veines. 

 

SEUL CET ESPACE

Toi. Là    où depuis sa mort
éter­nelle une étoile habille
ton ombre de fan­tôme glisse
sa main dans la gesticulation
de ta peau
découpe le vide sous tes pas
de pan­tin seul avant d’essorer
son éclat entre les trous et les piles
sales de ton cerveau qui sauvagement
s’accroche au grillage
tors de la grav­ité   

n’oublie pas

les con­ti­nents
les édifices
les his­toires sont des pré­ten­tions d’hommes sur une Terre écumeuse et blanche. Elle vieillira 
rouge au zénith d’un désert.

 

EXIL

I

Hori­zon de solstice.
Hiv­er recourbant.

Dehors le froid opère sa victime

dému­nie de sa peau de bête
meur­trie de l’os à la moelle

elle a un sur­saut 

jet de pierres
ciel devenu disque.

À l’instant
le corps se sou­vient de ses métamorphoses.

 

EXIL

II

Tu pos­es ta brosse à cheveux.
Tu viens te couch­er con­tre moi.
Tu éteins la lumière.
Je ne bougerai pas. Je ne me trahi­rai pas.
Ressens la vacuité qui nous sépare, qui seule emplit les extrémités de la cham­bre, qui change 
l’espace. Regarde-moi,
j’ai de nou­velles étoffes, j’en ai fait ces larmes dans lesquelles tu som­bres comme sous un 
drap. Je le déchirerai
afin que tu caress­es mes autres écailles dressées sur le tas de notre vie.

Tu as dévelop­pé tes racines dans l’éther. Tu crois tou­jours en tes planètes.

Moi, être-mutant, en prise avec la pré­ces­sion des axes,
je m’efface de l’évolution,
je sors du lit,
je rallume.

Ma peau se distend.
Mes côtes s’allongent.

Voici les Créa­tures. Elles m’emmènent.

 

RETOUR À L’ATOME

Soleil    boule d’hélium, étoile en gros plan    va gon­fler ailleurs, laisse-moi tout le 
diamètre de la Terre.
Je ne veux pas savoir quel sera le prochain pays où j’irai.
Je ne pars pas.

Du fond de mon aven (où j’ai con­servé les derniers fruits des champs)
je m’endors, loin des océans et de leurs fosses
mis­es à jour, prêt à m’effacer
dans le feu de l’orge.

Stéphane Mon­gel­laz

Présentation de l’auteur

Stéphane Mongellaz

Né en 1980 en région parisi­enne. Mes études s’orientent rapi­de­ment dans les bistrots où appren­dre, écouter et échang­er avec des com­pagnons de tous bor­ds poli­tiques et artis­tiques, et de tous âges, m’éclairent sur les excès et la van­ité de ma morale, de mes actes, et m’aident à accepter mon état de révolte.

Ain­si ma poésie tente d’exister par­mi l’intrication des choses, de résis­ter con­tre sa pro­pre fin, de ques­tion­ner la cos­molo­gie, d’ériger face à tout ordre une par­celle d’humanité.

Bib­li­ogra­phie (sup­primer si inutile)

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