Jacqueline Dusuzeau, J’ai soulevé les grandes images, Catherine Andrieu, Les griffes d’Obsidienne

Quand Jacqueline Dusuzeau musarde (ou presque)

Au cœur même de l’affect, mais aussi une technique légèrement surréaliste. Jacqueline Dusuzeau poursuit sa quête poétique commencée tardivement. Le temps  joue pour elle et pour elle, créer dans chaque poème c'est saisir une coïncidence aussi extatique que brève.n La jouissance de l’écriture possède  ici la même structure ou racine  que  les « grandes » images qui touchent directement à l’être en tant qu’elles sont en un maximal de coïncidence  par ce qu'elle produise moins par tableaux, qu'en écriture.*

Celle-ci est une intensification des jouissances du flux poétique qui soulève et libère la nature : par eemple « la poussière dorée / des boutons d’or / pour y voir le soleil » Surgit alors dans ces fragments une forme où l’impulsion magnétique singulière.
 
 Existe aussi une immense mimologie  qui produit sans cesse comme visée d’augmenter toujours plus l’intensité de nos plaisirs de lecture. Les émotions  sont physiques, immanentes, de l’éternité : on attend ici le déchirement d'un voile mais celui-là ne se soulève que dans des gestes plus simples : regarder une fleur . Les mots ne sont donc pas une argile fertile que l'on pourrait pétrir mais un territoire de rêve où les herbes et la caresse du vent disséminant les graines, entraînant nuages et pluie, à  l’heure du poème et ses ramifications.    Lui-même messager du temps, des pensées agitées, du temps qui s’envole,il revient, emporte et rapporte,
 
Alors et si poussière nous sommes, imaginez le reste, imaginez nos mots poussière de poussière, Le mouvement de l'écriture nous laisse croire qu'il existe un lieu hors lieu où le mal vu  est habité de présences proches et des apparitions.   Ici les mots ne sont pas des fausses graines, des placebos, ils permettent  retrouver l'image la plus naïve, la plus intenable. On croit voir, on croit sans y croire. Mais on se tient à ça, comme seul viatique. Rien donc qu'une brise sur la page qui ne fait que reculer jusqu'au silence.  La nuit éternelle finira de psalmodier mais ne telle femme caresse le monde et ses poèmes le rapproche de nous.

Jacqueline Dusuzeau, « J’ai soulevé les grandes images », coll. Jour & nuit, Les lieux Dits editions, Strasbourg, 2024, 80 p., 15 €.

∗∗∗

Cérémonie secrète de Catherine Andrieu

Catherine Andrieu peut employer dans sa construction textuelle tout une archéologie du mythe des profondeurs de la terre et de l’obscurité pour raconter une histoire. Son récit ici et comme souvent est une vision très personnelle.  Au paysage classique se superpose réel du passé et du présent. Si bien que tout s’imbrique entre faits, légendes, vérités possibles, mythologies lointaines afin de traduire et renforcer le sens de la cavité, entendue comme un espace générateur où peut se lire non seulement le mythe de la caverne de Platon mais l’antre du féminin.

La contrainte d’une telle créatrice  l’artiste est moins la recherche d’un « paysagisme »  mais  le besoin de revenir sur une île mémorielle de sa propre enfance et ses amours  ambivalente car elle peut à la fois se retrouver l’enfante (blonde)  qui sommeille en elle et se voit confronté, par le biais de la conscience adulte de la narratrice, à la mémoire de l’inéluctable cycle naturel entre ouverture et dénouement : la représentation poétique ici autorise à remonter les temps. Un n’est jamais seul.
 
Que voit-on naître de la nuit et la ruine de l’empire du mythe de la femme aux cheveux de neige accompagnée de sa panthèree ? C’est la mort qui scrutait en elle par les envahisseurs. Mais une enfante blonde (double de la narratrice et auteure)   claque les portes.
 
Pour elle  le soleil n’est jamais trompeur. Nous retrouvons ici une langue altière même en « phrases crevées ». D’autant qu’elles ne sont jamais grevées d’absence. Le tout est de nager dans une eau qui malmène. Mais non sans plaisir même lorsque certaines situations peuvent être parfois douloureuses.
 
Dans ce superbe conte poème en prose en un si long voyage dans le temps comme dans la vie de Catherine Andrieu à chacun d’en comprendre, dans bien de concordance des temps. La poétesse ne récrit jamais le double de ce qui a déjà été dit et ne tire jamais la laisse du chien de la mélancolie (ou de Goya lui-même). Chez elle une odeur de neuf relie la terre au ciel et vice-versa si bien que - paradoxe - son écriture est plus ruisseau que pluie.
 
Une telle affaire est entendue en touches « sur les toits d’un goût de chose lue dans l’aboiement de l’air » mais l’auteur ne joue ni l’ange ni la bête. Il lessive le connu pour extraire d’un tel essorage les « volupté des voluptés » et son contraire. Se capte l’insaisissable de l’intime mais sans la moindre ostentation du lyrisme - cette frangipane souvent indigeste dans la pâtisserie commune des poètes.

Catherine Andrieu, Les griffes d’Obsidienne, Préface de Patrick Cintas, Rafaeel de Surtis éditeur, Cordes sur  Ciel, 2024, 40 p., 18 E.

Le tout à la recherche de la transparence passe par l'opacité qui nourrit la complexité de l’auteur et de son aimée qui innerve ce livre (et pas seulement celui-ci). Après tout et au nom de ce que l’amour « fait » les deux corps de ce couple d’élection sont réels, fantasmés, vibrants (une telle expérience est connue à tout « amourant »).
 
Dans ces expériences d’écritures surréalistes tt existentielles le mot n’a pas seulement un emploi décoratif, de bel emballage, mais un rôle de création, il est directement impliqué dans des expériences risquées. A la différence du peintre ou du musicien une telle auteure préserve comme matière première des vocables.
 
Preuve qu’une poète via la légende  nous avoue ses chagrins d’amour ou d’autre sorte, ses sensations  esthétiques, ou, pourquoi pas, ses réflexions philosophiques; la parole n’étant plus considérée simplement comme un véhicule, l’essentiel pour l’auteur étant qu'elle soit magique et sensible qui a un effet sur nous.
 
 Plutôt que de parler de déconstruction de l’image il faut insister plutôt sur la présence d’une autre narrativité. Elle inscrit la distance plus que la dérision afin de porter un « message » social ou politique souvent fort car implicite : puisqu’il oblige le spectateur à construire sa propre lecture et analyse
 
L’intelligence préside à ce travail. Toutefois l’émotion n’est pas absente. D’où la féerie proposée en forme jamais violente. Néanmoins tout est fait sinon pour atténuer les effets de l’affect du moins pour ne pas les afficher afin qu’ils ne cannibalisent en rien le propos iconoclaste. Dès lors la féérie est volontairement glacée. Existe là une forme d’inter-lucidité impressionnante chez cette poétesse surréaliste par excellence.
 

Présentation de l’auteur

Catherine Andrieu

 Peintre plasticienne et poète, elle est l'auteure  d'une vingtaine de récits et recueils.

Bibliographie (supprimer si inutile)

Poèmes choisis

Autres lectures

Présentation de l’auteur




Catherine Andrieu, Des nouvelles de Léda ?, Louis Savary, les mots sans fin, Régine Nobécourt-Seidel en Camille Sei­no­bec, Du Fol Amour à la Grâce

Catherine Andrieu, Des nouvelles de Léda ?

Les lecteurs des textes de Catherine Andrieu deviennent ses voyeurs obligés. Ils projettent sur la femme, son corps, son âme ce qu'elle en dit. Les voici soumis à ce flux et démultiplié car l'œuvre est aussi profondément spirituelle et ailée que charnelle et érotique.

Parfois cela peut sembler cruel du moins pour un public effarouché. Surtout lorsqu'elle évoque l'amour même si, au fond, Catherine Andrieu demeure pudique et presque platonique. Bref nue de nuées.
 
Pourtant sa poésie dérange car il n'est pas jusqu'à la vulve parfois béante de s'ouvrir sur l’imaginaire. Le lecteur se plait alors à considérer l'auteur coupable de nous imposer son implicite injonction : "regarde !".  Mais dès lors il est obligé de s'infiltrer par où ça passe et ne finit jamais de s'enfoncer.
 
La vie s'y rattache - même dans ses envolées là où l'auteur enjoint de regarder par le trou de sa serrure pour voir non seulement ce qu'on espère mais aussi des abysses de l'existence puisque de l'enfance à aujourd'hui, de la Méditerranée à l'Atlantique Catherine Andrieu nous offre sa vie. Pas toutefois comme un festin nu. Car il y a bien plus. La douleur demeure même si parfois l'auteur la cache sous une mantille.
 
Comme Artaud, elle est à sa manière une suicidée (encore en vie) de la société dont elle fait partager le sort des victimes. Elle est à ce titre la "différante" (pour emprunter le néologisme de Derrida). Elle tient debout dans ses textes comme si c'était un miracle de l'amour même lorsqu'il chute et ce pour dire l'absence et le manque. L'accomplissement toutefois n'est pas oublié. Il est plus même plus qu'une thématique : il devient la poésie et sa présence. Bref son essence.

Catherine Andrieu, Des nouvelles de Léda ?,  Éditions Rafael de Surtis, Cordes-sur-Ciel, 273 pages, 25 euros.

Ce qui est masqué dans les abîmes de l'être l'auteure le révèle en nous faisant participer à sa quête. Sur le blanc de chaque page nous retrouvons l'épreuve de l'épaisseur humaine nourrie de bien des mythes (et des chats) qui participent à une telle éclosion contre les occlusions de l'âme et les ratés du corps.
 
Tout un monde intérieur est là entre orgasme et douleur dans un effet de sublimation où le cri du cœur trouve des mots pour se dire. De la crudité facile il n'est jamais question mais de vérité. Et c'est un honneur de la présenter par celle qui lie la poésie à l'érotisme, l'art à la matérialité de l'âme de même que ses diverses postulations complexes à son envie d'être en vie malgré sa charge de supplices.
 
Si bien que c'est l'inconscient qui s'ose et parle. Catherine Andrieu devient Vénus, Sainte Thérèse et Madame Edwarda confondues.

∗∗∗

Louis Savary : les mots sans fin

Louis Savary poursuit son œuvre qui est autant esthétique qu'éthique. L’auteur affirme son objectif :  "m'impose de me montrer / intransigeant / avec celui qui écrit mes livres".

Ils font ce qui échappe à l’esprit ; c’est pourquoi ils sont noirs. En sort soudain voix de dedans que le mental ignore tant qu'ils ne l'usent pas suffisamment. C'est pourquoi il faut trouver ceux qui font "taches d'huile" pour dérouiller ce qui en nos cerveaux restent rouillés.
Dans ce but, Savary cherche les vocables les plus simples et sans fioritures. C'est là que pour le Belge se trouve la seule poésie jusqu'au moment "je n'aurais plus rien à dire" ou "plutôt la pudeur / de ne pas écrire".  Certes rien ne sera vraiment donné puisque tout restera encore à dire même si l'auteur à tenter de prouver le contraire.
Telle est donc l'aventure de l'écriture et sa vis ou son vice sans fin. La légende continue et continuera encore. C'est une sorte de constat en demi-teinte mais qui fait toute la valeur d’un tel livre.
Louis Savary, Je n'écris pas de main morte, Les Presses Littéraires, Paris, 2024, 102 p., 15 €

∗∗∗

Régine Nobécourt-Seidel en Camille Sei­no­becMari vaut parfois d’âge

Rien de plus futé que ce livre au marivaudage souvent appuyé d’une solide stratégie là où le temps n’est pas à l’affaire. Et c’est rassurant. De plus il n’y a là aucune mégère et tant s’en faut : les aimantes sont passionnées mais ne se font pas toujours d’illusions - quoique lucides - envers leurs amants. 

Mais la victoire des femmes est probante. Il leur arrive parfois de courber l’échine face à des grâces roturières. Le tout est de dresser le mulet bellâtre mais sa mise sous le joug nécessite une habile prestance poétique.
 
Dès lors et par exemple, sous les tamaris (ou ailleurs) la poétesse risque tout car elle se languit quasiment forcément. Mais elle sait rosser l’animal menteur voire lui faire changer ses comportements pour en finir par le béni « c’est toi et c’est moi »  puisque tout couple digne de ce nom vit d’émois.
 
Cette suite de poèmes est donc brillante car sa « leçon » est l’essentiel « Entreprendre l’impossible / Atteindre les sommets. Les vers distillent des acmés. De vespérales épousailles – ou non – Régine Nobécourt-Seidel en Camille Sei­no­bec, émanent ainsi densité ou déroute, violence ou douceur. Mais la poétesse retrouve à chaque aventure un petit soir chaud « comme le secret creux de paille sous la charpente de la grange de mon enfance. ».
 
Régine Nobécourt-Seidel en Camille Sei­no­bec, Du Fol Amour à la Grâce, Edi­tions Constel­la­tions, Brive, juin  2024, 98 p., 14,00 €.
Elle sait d’ailleurs s’ourler de dentelles au nom des émotions partagées et de nouvelles espérances. Pour les réaliser, dans de tels poèmes l’écriture reste mémoire, combat à fleuret moucheté, lâcher-prise et ivresses. L’auteure nomme les dernières parfois « sobres ». Mais ce ne sont pas les seules. A la lectrice ou au lecteur de lui faire confiance.

Présentation de l’auteur

Régine Nobécourt-Seidel

Régine Nobécourt-Seidel écrit par passion depuis toujours puisqu’elle en fit son métier mais ne publie hors des circuits professionnels qu’à partir de 2009. Poésies, nouvelles, livres d’artistes avec sa nièce peintre, un livre jeunesse et un livre à vocation humoristique. Mais n’a jamais couru après un éditeur (parce que l’écriture, pour elle, c’est urgence) jusqu’au jour où une éditrice parisienne repère un de ses bouquins dans un salon du livre de province. Grand bonheur d’être présente au salon du livre de Paris en 2016.

Elle anime depuis 2013 un café littéraire mensuel dans le quartier Malbosc de Montpellier où elle présente des talents littéraires de la région. A animé des ateliers d’écriture hebdomadaires à la MPT Rosa Lee Parks de Montpellier dès 2012 puis ponctuellement selon les événements en différents lieux. Pratique performances, lectures et mises en scène poétiques, récitals à la demande avec et autour de ses textes. Certains de ses poèmes sont au répertoire de chanteuses régionales.
Poète dans l’âme, pour elle, la poésie doit être dite. Tout texte, quel qu’il soit d’ailleurs, porté par la voix prend sens et touche chacun. Pendant la pandémie de 2020, elle a enregistré régulièrement des lectures-vidéos (en ligne sur sa page Facebook).

Bibliographie

  • La Petite Bleue, poésie, N7 éditions, 2013
  • Réverbérations Méditerranéennes, poésie, N7 éditions 2014
  • Vanille-Citron-Chocolat, poésie, N7 éditions, 2014
  • Rose Piment et Bleu Citron, nouvelles, N7 éditions, 2015
  • Belle-Mère, Garce ou Sainte ?, humour, éditions Morrigane poche, 2016
  • De lunes de rêves et d’embruns, poésie, Nouvelle Pléiade éditions, 2018 (prix de la Principauté d’Orange)
  • Éros en rit encore, poésie d’amour voire érotique, Délielang éditions, 2020
  • La Presqu’île aux Chats, récit, Délielang éditions, 2020 

Poèmes choisis

Autres lectures

Présentation de l’auteur

Catherine Andrieu

 Peintre plasticienne et poète, elle est l'auteure  d'une vingtaine de récits et recueils.

Bibliographie (supprimer si inutile)

Poèmes choisis

Autres lectures




Catherine Andrieu, Des nouvelles de Léda ?, Louis Savary, les mots sans fin, Régine Nobécourt-Seidel en Camille Sei­no­bec, Du Fol Amour à la Grâce

Catherine Andrieu, Des nouvelles de Léda ?

Les lecteurs des textes de Catherine Andrieu deviennent ses voyeurs obligés. Ils projettent sur la femme, son corps, son âme ce qu'elle en dit. Les voici soumis à ce flux et démultiplié car l'œuvre est aussi profondément spirituelle et ailée que charnelle et érotique.

Parfois cela peut sembler cruel du moins pour un public effarouché. Surtout lorsqu'elle évoque l'amour même si, au fond, Catherine Andrieu demeure pudique et presque platonique. Bref nue de nuées.
 
Pourtant sa poésie dérange car il n'est pas jusqu'à la vulve parfois béante de s'ouvrir sur l’imaginaire. Le lecteur se plait alors à considérer l'auteur coupable de nous imposer son implicite injonction : "regarde !".  Mais dès lors il est obligé de s'infiltrer par où ça passe et ne finit jamais de s'enfoncer.
 
La vie s'y rattache - même dans ses envolées là où l'auteur enjoint de regarder par le trou de sa serrure pour voir non seulement ce qu'on espère mais aussi des abysses de l'existence puisque de l'enfance à aujourd'hui, de la Méditerranée à l'Atlantique Catherine Andrieu nous offre sa vie. Pas toutefois comme un festin nu. Car il y a bien plus. La douleur demeure même si parfois l'auteur la cache sous une mantille.
 
Comme Artaud, elle est à sa manière une suicidée (encore en vie) de la société dont elle fait partager le sort des victimes. Elle est à ce titre la "différante" (pour emprunter le néologisme de Derrida). Elle tient debout dans ses textes comme si c'était un miracle de l'amour même lorsqu'il chute et ce pour dire l'absence et le manque. L'accomplissement toutefois n'est pas oublié. Il est plus même plus qu'une thématique : il devient la poésie et sa présence. Bref son essence.

Catherine Andrieu, Des nouvelles de Léda ?,  Éditions Rafael de Surtis, Cordes-sur-Ciel, 273 pages, 25 euros.

Ce qui est masqué dans les abîmes de l'être l'auteure le révèle en nous faisant participer à sa quête. Sur le blanc de chaque page nous retrouvons l'épreuve de l'épaisseur humaine nourrie de bien des mythes (et des chats) qui participent à une telle éclosion contre les occlusions de l'âme et les ratés du corps.
 
Tout un monde intérieur est là entre orgasme et douleur dans un effet de sublimation où le cri du cœur trouve des mots pour se dire. De la crudité facile il n'est jamais question mais de vérité. Et c'est un honneur de la présenter par celle qui lie la poésie à l'érotisme, l'art à la matérialité de l'âme de même que ses diverses postulations complexes à son envie d'être en vie malgré sa charge de supplices.
 
Si bien que c'est l'inconscient qui s'ose et parle. Catherine Andrieu devient Vénus, Sainte Thérèse et Madame Edwarda confondues.

∗∗∗

Louis Savary : les mots sans fin

Louis Savary poursuit son œuvre qui est autant esthétique qu'éthique. L’auteur affirme son objectif :  "m'impose de me montrer / intransigeant / avec celui qui écrit mes livres".

Ils font ce qui échappe à l’esprit ; c’est pourquoi ils sont noirs. En sort soudain voix de dedans que le mental ignore tant qu'ils ne l'usent pas suffisamment. C'est pourquoi il faut trouver ceux qui font "taches d'huile" pour dérouiller ce qui en nos cerveaux restent rouillés.
Dans ce but, Savary cherche les vocables les plus simples et sans fioritures. C'est là que pour le Belge se trouve la seule poésie jusqu'au moment "je n'aurais plus rien à dire" ou "plutôt la pudeur / de ne pas écrire".  Certes rien ne sera vraiment donné puisque tout restera encore à dire même si l'auteur à tenter de prouver le contraire.
Telle est donc l'aventure de l'écriture et sa vis ou son vice sans fin. La légende continue et continuera encore. C'est une sorte de constat en demi-teinte mais qui fait toute la valeur d’un tel livre.
Louis Savary, Je n'écris pas de main morte, Les Presses Littéraires, Paris, 2024, 102 p., 15 €

∗∗∗

Régine Nobécourt-Seidel en Camille Sei­no­becMari vaut parfois d’âge

Rien de plus futé que ce livre au marivaudage souvent appuyé d’une solide stratégie là où le temps n’est pas à l’affaire. Et c’est rassurant. De plus il n’y a là aucune mégère et tant s’en faut : les aimantes sont passionnées mais ne se font pas toujours d’illusions - quoique lucides - envers leurs amants. 

Mais la victoire des femmes est probante. Il leur arrive parfois de courber l’échine face à des grâces roturières. Le tout est de dresser le mulet bellâtre mais sa mise sous le joug nécessite une habile prestance poétique.
 
Dès lors et par exemple, sous les tamaris (ou ailleurs) la poétesse risque tout car elle se languit quasiment forcément. Mais elle sait rosser l’animal menteur voire lui faire changer ses comportements pour en finir par le béni « c’est toi et c’est moi »  puisque tout couple digne de ce nom vit d’émois.
 
Cette suite de poèmes est donc brillante car sa « leçon » est l’essentiel « Entreprendre l’impossible / Atteindre les sommets. Les vers distillent des acmés. De vespérales épousailles – ou non – Régine Nobécourt-Seidel en Camille Sei­no­bec, émanent ainsi densité ou déroute, violence ou douceur. Mais la poétesse retrouve à chaque aventure un petit soir chaud « comme le secret creux de paille sous la charpente de la grange de mon enfance. ».
 
Régine Nobécourt-Seidel en Camille Sei­no­bec, Du Fol Amour à la Grâce, Edi­tions Constel­la­tions, Brive, juin  2024, 98 p., 14,00 €.
Elle sait d’ailleurs s’ourler de dentelles au nom des émotions partagées et de nouvelles espérances. Pour les réaliser, dans de tels poèmes l’écriture reste mémoire, combat à fleuret moucheté, lâcher-prise et ivresses. L’auteure nomme les dernières parfois « sobres ». Mais ce ne sont pas les seules. A la lectrice ou au lecteur de lui faire confiance.

Présentation de l’auteur

Régine Nobécourt-Seidel

Régine Nobécourt-Seidel écrit par passion depuis toujours puisqu’elle en fit son métier mais ne publie hors des circuits professionnels qu’à partir de 2009. Poésies, nouvelles, livres d’artistes avec sa nièce peintre, un livre jeunesse et un livre à vocation humoristique. Mais n’a jamais couru après un éditeur (parce que l’écriture, pour elle, c’est urgence) jusqu’au jour où une éditrice parisienne repère un de ses bouquins dans un salon du livre de province. Grand bonheur d’être présente au salon du livre de Paris en 2016.

Elle anime depuis 2013 un café littéraire mensuel dans le quartier Malbosc de Montpellier où elle présente des talents littéraires de la région. A animé des ateliers d’écriture hebdomadaires à la MPT Rosa Lee Parks de Montpellier dès 2012 puis ponctuellement selon les événements en différents lieux. Pratique performances, lectures et mises en scène poétiques, récitals à la demande avec et autour de ses textes. Certains de ses poèmes sont au répertoire de chanteuses régionales.
Poète dans l’âme, pour elle, la poésie doit être dite. Tout texte, quel qu’il soit d’ailleurs, porté par la voix prend sens et touche chacun. Pendant la pandémie de 2020, elle a enregistré régulièrement des lectures-vidéos (en ligne sur sa page Facebook).

Bibliographie

  • La Petite Bleue, poésie, N7 éditions, 2013
  • Réverbérations Méditerranéennes, poésie, N7 éditions 2014
  • Vanille-Citron-Chocolat, poésie, N7 éditions, 2014
  • Rose Piment et Bleu Citron, nouvelles, N7 éditions, 2015
  • Belle-Mère, Garce ou Sainte ?, humour, éditions Morrigane poche, 2016
  • De lunes de rêves et d’embruns, poésie, Nouvelle Pléiade éditions, 2018 (prix de la Principauté d’Orange)
  • Éros en rit encore, poésie d’amour voire érotique, Délielang éditions, 2020
  • La Presqu’île aux Chats, récit, Délielang éditions, 2020 

Poèmes choisis

Autres lectures

Présentation de l’auteur

Catherine Andrieu

 Peintre plasticienne et poète, elle est l'auteure  d'une vingtaine de récits et recueils.

Bibliographie (supprimer si inutile)

Poèmes choisis

Autres lectures