Catherine Andrieu, À la marge

Par |2025-10-21T07:46:12+02:00 21 octobre 2025|Catégories : Catherine Andrieu, Critiques|

Écrire, écrire, écrire

Un grand signe appa­raît dans le ciel, une femme envelop­pée de soleil. La lune sous ses pieds (la nuit est aus­si un soleil chez Zarathous­tra) et sur sa tête une couronne d’étoiles. Elle l’a dans le ven­tre, elle crie de douleur en tour­ment… tour­ment d’enfanter ? non pas, mais d’écrire son tour­ment sans repos admissible. 

Il en est ain­si dès l’instant où l’expérience révèle, à tel point que la lumière est ray­on de ténèbres. C’est con­fir­mé par Denys l’Aréopagite et Georges Bataille. J’oubliais Dante : « Que je ravive, tu veux, cette douleur, qui même si j’en pense me serre le cœur, et de la langue fait nœud. » Enfer, chant XXXIII, tra­duc­tion Kol­ja Micévic. Et c’est là l’essentiel chez Cather­ine Andrieu, la langue funam­bule fait corde à nœuds ten­due entre son corps et sa main crevassée. Cette main qui fait saign­er les mots et les murs de l’enfermement. Oui Cather­ine est entrée en écri­t­ure comme en entre en reli­gion. Elle s’est enfer­mée dans une cage d’os (les siens) et d’histoire (la sienne) tout en atten­dant à la lisière, À la marge, de retenir les mots par les griffes de ses mains dev­enues serres.

« Quand j’écris, j’écris en général une note d’un trait mais cela ne suf­fit pas et je cherche à pro­longer l’action de ce que j’ai écrit dans l’atmosphère. » Artaud. Cather­ine elle aus­si cherche à pro­longer l’écrit dans l’espace en fra­cas­sant l’horizon afin de dévor­er l’instant jusqu’à l’os, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à aimer, plus rien à per­dre. Et tout à écrire. Écrire comme nue sous le manque des évanouis, glisse­ments et vols ain­si qu’en nuits infinies le vent court dans l’exil long et la main atmo­sphérique pleine de dés­espoir muet brûle l’air enfin sat­uré de lettres/hurlements.

Cather­ine Andrieu, À la marge, 50 pages, 12 euros, édi­tions Unic­ité, 2025.

Pour con­clure, en appor­tant à ce que j’ai écrit plus haut une noire lueur comme un éclairage, voici les pre­miers mots d’un cour­ri­er que Cather­ine a adressé à quelques-uns de ses lecteurs : « Vous avez, cha­cun d’en­tre vous, déjà pris soin de mon œuvre plusieurs fois, tou­jours avec tal­ent et sou­vent avec une grande bien­veil­lance, et j’ai con­science de vous avoir un peu « usés » au cours de cette année 2025 où écrire quinze heures par jour a été pour moi la seule solu­tion pour ne pas crev­er. » Tout est dit !

Présentation de l’auteur

Catherine Andrieu

 Pein­tre plas­ti­ci­enne et poète, elle est l’au­teure  d’une ving­taine de réc­its et recueils.

Bib­li­ogra­phie (sup­primer si inutile)

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Jacques Cauda

Philoso­phie à la Sor­bonne et ciné­ma au C.L.C.F., Cau­da tra­vaille pen­dant dix ans pour la télévi­sion, il y réalise des doc­u­men­taires aux titres évo­ca­teurs comme de Bœuf en bif, un film sur les abat­toirs digne des meilleurs tableaux de Fran­cis Bacon ; ou bien Se sou­venir dix sec­on­des ou toute sa vie, dont il a tout oublié… Il arrête le fil­mage pour pein­drécrire tout son soûl. Près de cinquante bouquins : poésie, prix Joseph Del­teil et de l’Institut Académique de Paris ; nou­velle, prix de la ville du Pecq ; roman, essai, cor­re­spon­dance, livre d’artiste… Et autant, sinon davan­tage, de livres qu’il illus­tre, dont le Pur­ga­toire de Dante aux édi­tions Ardav­e­na. Il est Toile d’or en 2010. Il obtient plusieurs Awards d’hon­neur à la Park Art Fair Inter­na­tion­al (Genève) en 2011, 2012, 2015, 2016, et, en 2012, le Grand Prix de la Bien­nale d’Art Con­tem­po­rain à Orléans. Ses œuvres sont con­servées au Kat­tenk­abi­net (Ams­ter­dam), au Musée d’Art Spon­tané (Brux­elles) à la Mai­son de Balzac (Paris) et à la Mai­son de Ver­laine (Metz). Ses por­traits sont entrés dans les col­lec­tions du col­lec­tif Nuage Vert. Plusieurs biogra­phies et essais lui sont con­sacrés dont le dernier en date, Dante, Sade, Rim­baud, Cau­da (jan­vi­er 2025 aux Édi­tions Uni­ver­si­taires Européennes) est signé Paul Bas­so, pro­fesseur de let­tres à la fac­ulté de Lille. L’ouvrage paraît simul­tané­ment en plusieurs langues, français, anglais, espag­nol, alle­mand, por­tu­gais, polon­ais, ital­ien. Il est égale­ment prési­dent du prix lit­téraire Jacques Abeille/Léo Barthe, et dirige la col­lec­tion de lit­téra­ture (roman, nou­velle) La Bleu-Turquin, la col­lec­tion Cour & Jardin (théâtre), et la col­lec­tion Résonances(essai) chez Douro/Hachette.

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