Écrire, écrire, écrire
Un grand signe apparaît dans le ciel, une femme enveloppée de soleil. La lune sous ses pieds (la nuit est aussi un soleil chez Zarathoustra) et sur sa tête une couronne d’étoiles. Elle l’a dans le ventre, elle crie de douleur en tourment… tourment d’enfanter ? non pas, mais d’écrire son tourment sans repos admissible.
Il en est ainsi dès l’instant où l’expérience révèle, à tel point que la lumière est rayon de ténèbres. C’est confirmé par Denys l’Aréopagite et Georges Bataille. J’oubliais Dante : « Que je ravive, tu veux, cette douleur, qui même si j’en pense me serre le cœur, et de la langue fait nœud. » Enfer, chant XXXIII, traduction Kolja Micévic. Et c’est là l’essentiel chez Catherine Andrieu, la langue funambule fait corde à nœuds tendue entre son corps et sa main crevassée. Cette main qui fait saigner les mots et les murs de l’enfermement. Oui Catherine est entrée en écriture comme en entre en religion. Elle s’est enfermée dans une cage d’os (les siens) et d’histoire (la sienne) tout en attendant à la lisière, À la marge, de retenir les mots par les griffes de ses mains devenues serres.
« Quand j’écris, j’écris en général une note d’un trait mais cela ne suffit pas et je cherche à prolonger l’action de ce que j’ai écrit dans l’atmosphère. » Artaud. Catherine elle aussi cherche à prolonger l’écrit dans l’espace en fracassant l’horizon afin de dévorer l’instant jusqu’à l’os, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à aimer, plus rien à perdre. Et tout à écrire. Écrire comme nue sous le manque des évanouis, glissements et vols ainsi qu’en nuits infinies le vent court dans l’exil long et la main atmosphérique pleine de désespoir muet brûle l’air enfin saturé de lettres/hurlements.

Catherine Andrieu, À la marge, 50 pages, 12 euros, éditions Unicité, 2025.
Pour conclure, en apportant à ce que j’ai écrit plus haut une noire lueur comme un éclairage, voici les premiers mots d’un courrier que Catherine a adressé à quelques-uns de ses lecteurs : « Vous avez, chacun d’entre vous, déjà pris soin de mon œuvre plusieurs fois, toujours avec talent et souvent avec une grande bienveillance, et j’ai conscience de vous avoir un peu « usés » au cours de cette année 2025 où écrire quinze heures par jour a été pour moi la seule solution pour ne pas crever. » Tout est dit !
Présentation de l’auteur

- Catherine Andrieu, À la marge - 21 octobre 2025