Davide Cortese, DARKANA

Par |2018-04-08T14:07:20+02:00 6 avril 2018|Catégories : David Cortese, Poèmes|

 

Je suis la seule gar­gouille que tu peux voir
De toute mon invis­i­ble cathé­drale. p. 17

 

Après tout j’ai encore les mains.
Celles qui autre­fois ser­raient un ourson,
sim­ple­ment vieil­lies, désenchantées.
La droite court encore sur le papier
sans même que je la commande
tan­dis que l’autre, la plus mystérieuse,
reste immo­bile tan­dis que sa soeur écrit.
Patiente elle attend, dans un silence de main.
Mais quand je m’abandonne au sommeil
elle bouge les doigts imi­tant la droite
et dans l’obscurité de la nuit, en absence de moi,
elle écrit des his­toires de jadis
et d’autres qui jamais n’arriveront.
Elle écrit des vers que jamais je ne pour­rai lire
sur le blanc linceul de mes nuits.
Il n’y a rien que je sache
De ce qu’écrit ma gauche:
elle est la seule à dire la vérité.        p.73

Tu as regardé dans le hublot de mes yeux
Et tu as vu la mer dont je suis fait. p.43

Il existe ailleurs un vis­age de moi
qui émerge des eaux
et se fait île.
C’est la pointe d’un iceberg
enseveli dans l’abîme.
Il existe ailleurs une île secrète
qui n’est autre que mon visage
émergé
en un autre temps. p.25

Je suis un homme antique.
J’appartiens à une race
qui a besoin d’amour.
J’ai des peurs qui, comme des marionettes,
dor­ment les yeux écarquillés.
Je sais m’attarder entre des bras.

 

Je sais que le pre­mier souf­fle est celui d’un ange
et le dernier celui d’un démon.
Je sais que la terre
est le ciel des morts. p.69

 

 

                 Regard inconnu

 

L’instant de tes yeux dans les miens:
le coup de fou­et de l’éclair
sur la peau azurée du ciel. p.53

Voici ma cicatrice.
Sens-la avec la langue,
avec la pointe des doigts.
C’est une entaille de vent.
Une flèche de soleil. p.50

Viens, ombre,
baign­er mon visage.
Écume d’ombre,
oubli de crépuscule,
viens encore
bercer mon enfer. p.46

Chante-moi une berceuse.
Je veux l’entendre les yeux clos.
Chante.
Sois sim­ple­ment la voix qui chante. 
Je serai le rameau qui cède au vent. p.45

Je fouille dans le miroir.
Là est resté
au fil du temps
tout ce qui s’y reflétait,
mon vis­age d’enfant,
mon chat orange désor­mais pous­sière orange,
des gens que je n’ai plus vu,
la lumière d’un jour oublié.
C’est un cof­fre ce miroir
dont je ne cesse de remuer
le fond sans fin.
Mais je n’y trou­ve pas un lambeau
De ce que je ne sais même pas
et dont je n’ai plus mémoire.
Bien que n’y trou­vant rien,
je sais que dans ce miroir
rien, rien n’est vrai­ment per­du. p.48

Porter les jours d’une rive à l’autre du temps.
Les porter enfants, vis­ages de lumière,
Les débar­quer vieil­lards, dévorés de ténébres. p.39  

 

Je vais, hiéra­tique et fier,
per­le noire de silence minéral.
La mante verte dans les cheveux.
La bouche comme une coupure sur le visage.
Le feu de l’enfer m’illumine.
La géhenne de mes yeux exulte.
Frétil­lante comme un ser­pent noir,
la route est le destri­er de ma nudité.
Elle me porte sur son dos,
elle est le ser­pent noir que je chevauche.
J’entre,solennel, dans la nudité du mystère
le vent trem­blant dans les cheveux.
Et la mante verte a mes yeux. p.22

 

Tra­duc­tion de Jacques Michaut Paterno.

Présentation de l’auteur

Davide Cortese

Davide Cortese è nato nell’ iso­la di Lipari nel 1974  e vive a Roma. Si è lau­re­ato in Let­tere mod­erne all’U­ni­ver­sità degli Stu­di di Messi­na con una tesi sulle “Fig­ure mer­av­igliose nelle cre­den­ze popo­lari eoliane”. Nel 1998 ha pub­bli­ca­to la sua pri­ma sil­loge poet­i­ca, tito­la­ta “ES” (Edi­zioni EDAS), alla quale sono segui­te le sil­lo­gi:  “Baby­lon Guest House” (Libroital­iano) “Sto­rie del bim­bo ciliegia”(Autoproduzione), “ANUDA” (Edi­zioni LaRecherche.it), “OSSARIO”(Arduino Sac­co Edi­tore), “MADREPERLA”(LietoColle), “Let­tere da Eldorado”(Progetto Cul­tura) e “DARKANA” (Lieto­Colle). I suoi ver­si sono inclusi in numerose  antolo­gie e riv­iste car­tacee e on-line, tra cui “Poeti e Poe­sia” e “I fiori del male”. Le poe­sie di Davide Cortese  nel 2004 sono state pro­tag­o­niste del “Poet­ry Arcade” di Post Alley, a Seat­tle. Il poeta eoliano, che nel 2015 ha rice­vu­to in Campi­doglio il Pre­mio Inter­nazionale “Don Lui­gi Di Liegro” per la Poe­sia, è anche autore  di due  rac­colte  di rac­con­ti: “Ike­bana degli atti­mi”, “NUOVA OZ”, del roman­zo “Tat­too Motel” e di un cor­tome­trag­gio, “Mahara”, che è sta­to pre­mi­a­to dal Mae­stro Ettore Sco­la alla pri­ma edi­zione di EOLIE IN VIDEO nel 2004 e all’EscaMontage Film Fes­ti­val nel 2013. 

David Cortese

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