Gabor G Gyukics, un poète du monde

Par |2022-05-06T07:28:19+02:00 3 mai 2022|Catégories : Essais & Chroniques, Gabor G. Gyukics|

Gabor G Gyu­kics est un poète, jazzman et tra­duc­teur lit­téraire né à Budapest. Ses œuvres poé­tiques et ses tra­duc­tions ont été pub­liées dans plus de 200 mag­a­zines et antholo­gies en anglais, en hon­grois et dans d’autres langues dans le monde entier. En 2018, il a pub­lié son pre­mier CD de poésie jazz en anglais inti­t­ulé Vibra­tion of Words avec trois éton­nants musi­ciens de jazz hon­grois et a créé la pre­mière série de lec­tures Open Mike and Jazz Poet­ry en Hon­grie en 2000. La poésie de G. Gyu­kics nous touche car elle exprime la den­sité du monde en révélant les liens étroits qui exis­tent entre le proche et le loin­tain. On a pu la com­par­er à la poésie her­mé­tique, à celle des Indi­ens d’Amérique et de l’Extrême-Orient. 

 

Tra­duc­tion de Christophe Martin

en atten­dant l’ap­pari­tion des peaux de pastèques 

je regarde le fleuve
si lent
c’est à peine
si je vois
son courant

des heures durant je l’observe
avant
de tourn­er le dos à l’eau

pen­dant ce temps
ils ont con­stru­it un mur der­rière moi

je me retourne vers le fleuve
dedans

toutes ces peaux de pastèques
que mor­dent les poissons.

 

a fel­bukkanó din­nye­héjra várva

nézem a folyót
lassú
figyel­nem kell
hogy lássam
merre halad

órákig bámu­lom
mielőtt
hátat fordí­tok a víznek

amíg néztem
falat húz­tak mögém

vis­szafor­du­lok a folyóhoz
benne
rengeteg dinnyehéj
hara­pdálják a halak

 

jeu d’en­fant

de sa main il mar­que l’eau
entre ses doigts il serre les gouttes

sur sa paume il élève les mots
son oreille attrappe les sons

son pied dis­perse les cailloux
le vent plisse ses yeux

devant toute cette lumière il cherche l’ombre
lui seul par­le cette langue.

 

gyerekjáték

kezév­el markol­ja a vizet
ujjai közt préseli a cseppet

teny­erére emeli a szavakat
fülév­el hang­okat kap el

lábá­val kav­ic­sot perget
a szél­nek szemet huny

a fény elől árnyéká­ba lép
egyedül beszéli ezt a nyelvet

 

Poésie de Gyu­kics Gabor avec Dora Atti­la & Bori Vik­tor. Filmé à Budapest, le 16 jan­vi­er 2017 par Human Error Pub­lish­ing, au Godor­K­lub­ban à Jazzkolteszeti.

Porte bon­heur

près de l’armoire
sur le plancher
de la véran­da à la cui­sine sur le tapis
il a vidé ses poches

il a cher­ché une dernière fois
las
il sait
que c’est en vain
des années qu’il ne trou­ve rien

de tant de villes pour­tant il a inspecté
les recoins
il ne se rap­pelle plus
où il l’a perdu.

 

Hét kra­jcár                                                              

a szekrény mellett
a hajópadlón
a verandától-kony­háig szőnyegre
ürítette zsebeit

a keresés utol­só fázisa
elfáradt
tudja
hiába
évek óta nem találja

átnézte pedig sok város
zegzugát
nem emlékszik
hol hagy­ta el               

 

 

Longue prom­e­nade

Sur son télé­phone à force d’appeler,
Les numéros se sont usés.
Il a fait froid dehors,
Il a enfilé des chaus­settes, un pantalon,
Il a mis une chemise, un pullover, des chaus­sures, un manteau,
Une écharpe autour de son cou,
Un cha­peau sur sa tête.
Il s’en va voir tous les gens qu’il connaît.

 

Hosszú séta

Tele­fon­ján a sok tárcsázástól
Elkop­tak a számok.
Hideg volt odakint,
Zoknit húzott, nadrágot,
Inget vett fel, pulóvert, cipôt, kabátot,
Sálat nya­ka köré,
Kalapot fejére.
Meglá­to­gat­ja összes ismerősét.

 

A l’aéroport

Tu ne pleu­rais pas
Un demi-sourire col­lé sur ton visage
Tu t’occupais à ceci à cela
Tu as regardé ma valise
Quand tes doigts ne trou­vèrent plus rien
Autour de toi
Rien que moi

Ce man­teau jaune te va bien
Dis-je
Au lieu de: je reviendrai

Tu l’as enlevé
Puis tu l’as mis dans ton sac.

                                                              

Repülőtéren

Nem sírtál
Fél­mosolyt ragasz­tot­tál arcodra
Elfoglal­tad mag­ad evvel avval
Bőröndömet bámultad
Amikor már sem­mi érin­teni valót
Nem találtál mag­ad körül
Csak engem

Jól áll raj­tad ez a sár­ga raglán
Mondtam
Vis­sza­jövök helyett

Lev­etet­ted
És a táskád­ba raktad

 

 

Gabor G. Gyu­kics lit sa pro­pre poésie et celle d’At­ti­la József en anglais.

         Christophe Mar­tin (biogra­phie)

Né en 1969 dans l’Ouest de la France, passe son enfance en Bour­gogne. Etudes d’allemand à Dijon, Mayence, Vienne et Paris. Nom­breux séjours en Europe cen­trale, notam­ment en Hon­grie, dont il apprend la langue. Il séjourne aus­si deux ans au Mali. Pro­fesseur agrégé d’allemand, enseigne aujourd’hui dans l’académie de Lille. A pub­lié des tra­duc­tions philosophiques, des nou­velles et des poèmes, ain­si qu’un essai con­sacré à l’écrivain suisse Paul Nizon (voir ci-dessous pour plus de détails).

                                      __________________

Pub­li­ca­tions

 Hors jeu, roman, Edi­tions Saint Mar­tin (Roubaix, 2006).
Le nez de Rocheteau, nou­velles, Edi­tions Saint Mar­tin (Roubaix, 2011).
Le long de la voie fer­rée, nou­velles, Edi­tions Saint Mar­tin (Roubaix, 2013).
Pein­tures, nou­velles, Edi­tions Saint-Mar­tin (Roubaix, 2015).
Parisiana, arti­cle de cri­tique lit­téraire (Revue Ger­man­i­ca n°57, décem­bre 2015).
L’aven­ture du je – essai sur Paul Nizon, Edi­tions Saint Mar­tin (Roubaix – 2016).
Scènes, poèmes, Edi­tions Saint Mar­tin (Roubaix – 2020). 

Tra­duc­tions :

La notion de sig­ni­fica­tiv­ité et la trans­for­ma­tion de l’herméneutique, tra­duc­tion de la con­tri­bu­tion de Gunter Scholtz au col­loque ‘Les instru­ments de la com­préhen­sion – Enquête sur les con­cepts d’herméneutique’, organ­isé par Chris­t­ian Bern­er et Denis Thouard, pub­liée dans Sens et inter­pré­ta­tion — pour une intro­duc­tion à l’herméneutique (Press­es Uni­ver­si­taires du Septen­tri­on, octo­bre 2008). Tra­duc­tion reprise dans L’In­ter­pré­ta­tion, dic­tio­n­naire philosophique (Vrin, 2015).

La struc­ture phénoménologique de la poésie de Rilke, Käte Ham­burg­er (Po&sie n°127 juin 2009).

De la mai­son de l’Être à la colonie péni­ten­ti­aire – Inge­borg Bach­mann et Mar­tin Hei­deg­ger, Bar­bara Agnese (Po&sie n°130, avril 2010).

Présentation de l’auteur

Gabor G. Gyukics

Gabor G. Gyu­kics Poète améri­cain d’o­rig­ine hon­groise né à Budapest, tra­duc­teur vivant en Hon­grie, auteur de 11 livres de poésie en cinq langues (1 arabe, 1 bul­gare, 1 tchèque, 2 anglais, 6 hon­grois), d’un livre de prose et de 16 livres de tra­duc­tions dont A Trans­par­ent Lion, poèmes choi­sis d’At­ti­la József et Swim­ming in the Ground : Con­tem­po­rary Hun­gar­i­an Poet­ry en anglais avec le tra­duc­teur Michael Cas­tro et une antholo­gie de poètes indigènes nord-améri­­cains en hon­grois.  Il écrit des poèmes en anglais et en hon­grois. En sep­tem­bre 2020, il a reçu le prix Hun­gary Beat Poet Lau­re­ate Life­time de la Nation­al Beat Poet­ry Foun­da­tion USA. Il a pub­lié son troisième CD de poésie jazz en anglais avec trois éton­nants musi­ciens de jazz hon­grois en 2018.

Bib­li­ogra­phie (sup­primer si inutile)

Poèmes choi­sis

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