Sandrine Cerruti, méduses, la défaite des cages

Par |2023-05-06T08:09:20+02:00 4 mai 2023|Catégories : Poèmes, Sandrine Cerruti|

méduses

 

lors                             il appa­rait                              
le lieu des sus­pen­sions                                              toutes            

le pon­ton                                          
celui de l’entrer en marche vers l’ignoré

au sur­gisse­ment                     se laiss­er pouss­er en attraction
quit­ter le sable à mesur­er le temps ordinaire
et depuis les pieds devenus les seuls guides            enten­dre                     écouter eux seulement
et hap­pée                               oui être hap­pée en direc­tion de l’interstice            
celui de l’appel au pon­ton apparu
sa struc­ture polie                  
suiv­re à l’aveugle les vein­ures du bois
elles sont le bal­is­age éphémère                                le chemin                               chemin d’aller-voir
celui de la révélation
révéla­tion là
       
oui à l’entrebâillement                                 
là où la lumière ne s’annonce pas                                                                         inter­valle à la vision
 

                                                           vision en voute inversée
celle des con­stel­la­tions aqua­tiques gélatineuses du par-delà-du-dit des méduses

elles vien­nent

alt­esses mutiques sans squelette ni poumon pas de cerveau
leurs  déplace­ments en agré­gats toxiques 
le silence flu­o­res­cent des globes visqueux
man­i­fes­ta­tion de leur per­sis­tance fos­sile                
leur obsti­na­tion d’organisme résis­tant à l’incommensurable
celui de tout avant                 de tout après              des par-delà à évider tous les possibles
là est leur révélé                    le sans com­mence­ment                     ni fin                          
sans extrémité

plus de centre

infinités                                 
le dévoilé à l’espèce obser­va­trice entre deux planches

 

la défaite des cages

 

fixe bien
bien riv­et­er ses yeux à son cerveau ça va aller très vite
ne pas rater le mur­mur­er du petit secret inspiré-expiré au tra­vers du coton gris              celui des inter­mit­tences noc­turnes (oui le secret reste secret à cause de sa petite taille)
regarde bien depuis ta cervelle
pour com­mencer surtout ne force pas         ne rien forcer en impru­dente (il y a plus impor­tant pour dor­er cette grande règle)
apprête-toi à entrevoir le secret
celui des cages
de la porte des cages (oui rien que ça)
la porte des cages s’ouvre depuis l’intérieur            le mou­ve­ment s’effectue tou­jours vers l’en-dedans
surtout ne pas chercher à la pouss­er            pas pouss­er la porte en direc­tion de l’en-dehors des choses                                                                                             jamais
ce serait par­tir en dis­so­lu­tion                       perte mal­heureuse
                                                                       éven­tée                      oui                  atten­tion
c’est sans forcer que s’opère l’ouvre-monde           sou­ple­ment
via l’en-dedans
lors la béance facile celle de la cir­cu­la­tion-dedans-hors-monde est à tout jamais obtenue
garde-le bien ce secret dans ton cerveau qui a tout vu (oui c’est fur­tif c’est le secret des cages il passe vite comme seuls savent fil­er les vrais secrets)
c’est vrai pour toutes les cages
il n’y a pas plus sim­ple à forcer
c’est ça le secret
                                                                                             celui de la défaite des cages

Présentation de l’auteur

Sandrine Cerruti

San­drine Cer­ru­ti est née en 1968, en France, sous le signe de la dou­ble cul­ture fran­­co-ital­i­enne. Elle vit à Toulouse avec son com­pagnon Philippe, et ensem­ble, ils sont les veinards par­ents d’Olivier. Elle tra­vaille dans l’enseignement sec­ondaire. Elle a été éveil­lée à la lib­erté de l’écriture poé­tique par un pré­cieux groupe d’anges gar­di­ens dés­ap­pre­neurs qui lui a don­né à enten­dre, avec une paire d’oreilles neuves, la puis­sance de la parole poé­tique de Serge Pey. Puis, c’est Chris­t­ian Glace, poète et sculp­teur, auteur de Taille Directe pub­lié aux édi­tions Noir et Blanc, qui l’a encour­agée au partage de son écri­t­ure. Elle a eu la chance d’être repérée par Philippe Tancelin, Doc­teur d’Etat en Philoso­­phie-Esthé­­tique, pro­fesseur Emérite des Uni­ver­sités de Paris, Cheva­lier des Arts et Let­tres, directeur de la col­lec­tion Poètes des cinq con­ti­nents aux édi­tions l’Harmattan. Le poète-philosophe, lui donne sa chance en lui ouvrant la porte à la pub­li­ca­tion d’out­re­feu dans la col­lec­tion Poètes des cinq con­ti­nents, espace expéri­men­tal. Après avoir été égale­ment repérée par Pierre Lamar­que, fon­da­teur de la revue poé­tique La Page Blanche, elle par­ticipe main­tenant à l’équipe des rédac­teurs de la revue. Cer­tains de ses poèmes ont été retenus par plusieurs revues telles que Lichen, ARPO, La Revue des Citoyens des let­tres, la Revue Cabaret, la Revue Dis­so­nances. Elle s’approprie bien volon­tiers les deux propo­si­tions suiv­antes : celle avancée par Gas­ton Bachelard dans la poé­tique de l’espace afin d’évoquer le pourquoi de ce qui amine son rap­port à la poésie : « La poésie appa­raît comme un phénomène de la lib­erté.” et celle de Jacques Prévert pour défendre ce qui lui tient à cœur, mon­tr­er et vivre la richesse de l’apport de la créa­tion poé­tique au monde : « La poésie, c’est un des plus vrais, un des plus utiles surnoms de la vie. »

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