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Brigitte Maillard À la lumière du silence

Brigitte Maillard nous a quittés le 14 août à Quimper. Poète, écrivain, chanteuse, elle s'était installée à Loctudy où elle a continué à écrire, à chanter, à porter la parole poétique qu'elle n'a cessé de représenter et d'offrir à ses contemporains.

Brigitte Maillard écrivait depuis 2004, et, après avoir élu résidence à Loctudy, elle était à l'origine de plusieurs manifestations comme  le festival de poésie  "Eclats de Vers", le salon "Des livres sous les albizias" et son concours de poésie qu'elle présidait.

Elle donnait un grand nombre de lectures publiques, et s'était jointe à plusieurs artistes et poètes avec lesquels elle avait organisé des récitals, des lectures, des spectacles.

Elle avait fondé "Monde en poésie", un site créé en 2008 devenu une maison d'édition en 2015. Elle y a notamment publié René Le Corre et Christian Saint-Paul.

Brigitte Maillard, Je ne meurs plus, un film réalisé par Jeanne Orient en hommage à Brigitte Maillard.

Elle nous laisse de nombreux recueils : La simple évidence de la beauté (Ed. Atlantica, 2011, nouvelle édition augmentée Monde en poésie, 2019) - Soleil vivant soleil (préface de Michel Cazenave, Librairie Galerie Racine, 2014) - A l'éveil du jour (Monde en poésie, 2015) - L'au-delà du monde (Prix de poésie "Les Gourmets des Lettres", Librairie Galerie Racine, 2017) - Il y a un chemin (Prix Jeanne-Marvig,Librairie Galerie Racine, 2019).

Un dernier hommage lui sera rendu au crématorium de Quimper le vendredi 20 août à 15H30.

Un entretien avec Brigitte Maillard mené par Jeanne Orient, dans le cadre des Rendez-vous de Jeanne, le 26 mars 2021.

Brigitte Maillard sur Recours au poème :

Trois poèmes de Brigitte Maillard parus dans le numéro 68 de Recours au poème en septembre 2013 :

L'Expatrié

Plonger dans la nuit noire

C'est autre chose qui se réserve le droit d'exister

Articles

Brigitte Maillard, L'Au-delà du monde, de Véronique Elfakir.

Grenier du Bel Amour (7) de Michel Cazenave.

Revue "Reflets" numéro 28 - dossier spécial "Poésie", un article de Marilyne Bertoncini dans lequel est évoqué un entretien avec Brigitte Maillard.

Dominique Sorrente, Les Gens comme ça va, une recension de Brigitte Maillard.

 

Liens :

Le site de Brigitte Maillard.

La chaîne YouTube de Brigitte Maillard.

 

Brigitte Maillard, P'tit Louis.

Présentation de l’auteur




Un poète s’éteint : disparition d’Henri Deluy

Né le 25 avril 1931 à Marseille, France, Henri Deluy (dont les grands-parents maternels émigrèrent du Piémont en France pour des raisons économiques, avant la Première Guerre mondiale), passa son enfance dans une ville très cosmopolite, où différentes langues et cultures se mêlaient. Le goût de l’aventure l’amena très tôt à voyager à travers l’Europe, et notamment en Italie et aux Pays-Bas, de 1948 jusqu’à la fin de l’année 1951. Henri Deluy rencontra à cette occasion sa future épouse, Ans, d’origine néerlandaise (dont il apprit la langue).

© Le Temps des Cerises

Instituteur, journaliste au quotidien La Marseillaise, engagé alors au Parti Communiste, il  fit ses débuts littéraires, en publiant ses premiers poèmes dans la revue marseillaise Action Poétique en 1954, dont il devient le directeur en 1955, et qu'il a menée pendant plus de 50 ans. Dés ses débuts, Action Poétique se proposait de rester l’« organe de combat d’un groupe de jeunes poètes, le lieu d’expression et de rassemblement de la jeune poésie », tout en affichant l’ambition de pallier, grâce à une chronique régulière, l’ignorance du public français à l’égard des poésies étrangères.

Henri Deluy fut également le fondateur, en 1990, de la Biennale internationale des poètes en Val-de-Marne, qu’il dirigea pendant quinze ans. Ce festival permettait surtout l’échange entre différents poètes venus du monde entier.

Co-directeur, avec Jacques Roubaud, de la collection Versus chez Stock, il est également membre du comité de rédaction de la revue If, créée en 1992 par quatre poètes (Henri Deluy, Jean-Charles Depaule, Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton) et qui se distingue notamment par la place particulière accordée aux littératures étrangères. Henri Deluy traduisit et fit connaître des poètes allemands, russes  et néerlandais.

Au printemps 2005, Henri Deluy avait reçu la Légion d’honneur, distinction qu’il aurait refusée ((https://maitron.fr/spip.php?article22160))

C'est donc autant au passeur qu'au poète que nous rendons hommage - et à l'engagement d'un poète  qui ne considère pas que la poésie ait le devoir d’être engagée, et dont le message ne peut qu'être éloquent aux poètes confrontés à la situation actuelle de crise économique, sanitaire et sociale dans laquelle le monde se débat ; « Dire qu’un poète écrit ce qu’il veut, c’est faux. Il écrit ce qu’il peut. Mais il écrit avec ce qu’il est. », même si « Il y a des périodes où les poètes sont immergés dans une telle situation qu’ils ne peuvent pas ne pas écrire en tenant compte de leur environnement social ».

Henri Delui, extrait de Passages, éditions de La Tour de feu (1954) - réédition numérique

bibliograhie (tirée de wikipedia)

Poésie

  • Images, Éditions de La Revue Moderne, 1948
  • Nécessité vertu, 1957.
  • L'Infraction, Seghers, 1974
  • La psychanalyse mère et chienne (avec Élisabeth Roudinesco), 10/18, 1979.
  • L ou T'aimer, Orange Export Ltd, 1980.
  • Les Mille, Seghers, 1980.
  • Peinture pour Raquel, Orange Export Ltd, 1983.
  • Première version la bouche (gravures sur bois et eau-forte de Frédéric Deluy), ENSAD, 1984.
  • Vingt-quatre heures d'amour en juillet, puis en août, Ipomée, 1987.
  • Le temps longtemps, Messidor, 1990
  • Premières suites, Flammarion, 1991
  • La Répétition, autrement la différence, fourbis, 1992
  • L'Amour charnel, Flammarion, 1994
  • Da Capo, Flammarion, 1998
  • Pronom, Phi, 1998
  • Je ne suis pas une prostituée, j’espère le devenir, Flammarion, 2002
  • A l'étrangère, éditions Virgile, 2006
  • Les arbres noirs, Flammarion, 2006
  • Manger la mer, bouillabaisses et soupes de la mer autour du monde, Al Dante, 2011
  • L'heure dite, Flammarion, 2011
  • Imprévisible passé, Le Temps des Cerises, 20122

Traductions

  • Adriaan Roland Holst, Par-delà les chemins (traduit du néerlandais par Ans et Henri Deluy, Dolf Verspoor), Seghers, 1954.
  • Dix-sept poètes de la RDA (traduit de l'allemand avec Paul Wiens, Andrée Barret, Jean-Paul Barbe, Alain Lance, Lionel Richard), Pierre Jean Oswald, 1967.
  • Laco Novomesky, Villa Tereza et autres poèmes (traduit du slovaque avec François Kerel, présentation), Pierre Jean Oswald, 1969.
  • Prague poésie Front gauche, Change no 10 (traduit du tchèque et du slovaque, en collaboration), Seghers-Laffont, 1972.
  • Jaroslav Seifert, Sonnets de Prague (traduit du tchèque), in Action poétique/Change, 1979, réédition augmentée, Seghers, 1985.
  • Fernando Pessoa, 154 quatrains (traduit du portugais), Unes, 1986.
  • Fernando Pessoa, Quatrains complets (traduits du portugais, présentation), Unes, 1988.
  • Quatre poètes soviétiques (traduit du russe avec Charles Dobzynski, Hélène Henry, Léon Robel, présentation), Éditions Royaumont, 1989.
  • Alexandre Tvardovsky, De par les droits de la mémoire (texte français, présentation), Messidor, 1989
  • Vladimir Maïakovski, De ça (1923), ouverture, traduction et notes, Inventaire/Invention, 2008.
  • Vladimir Maïakovski, L'amour, la poésie, la révolution, choix, traductions et présentations, Illustrations d'Alexandre Rodtchenko, Le Temps des Cerises, 2011, traduction qui remporte une Mention Spéciale au Prix Russophonie 2012
  • Ossip Mandelstam, Voronej, Choix suivi de Sur Staline, éditions Al Dante, 2014.
  • Anna Akhmatova, Le Requiem & autres poèmes choisis, éditions Al Dante, 2015

Direction d'anthologies

  • L'Anthologie arbitraire d'une nouvelle poésie. 1960-1982. Trente poètes, Flammarion, 1983.
  • Troubadours galégo-portugais, une anthologie, POL, 1987.
  • Tango, une anthologie (traduit de l'espagnol avec Saül Yürkievich, présentation finale), POL, 1988.
  • Poésie en France, 1983-1988, une anthologie critique, Flammarion, 1989.
  • Une autre anthologie, Fourbis, 1992
  • Poésies en France depuis 1960, 29 femmes, une anthologie, Stock, 1994
  • Une anthologie de circonstance, Fourbis, 1994
  • Une anthologie immédiate, Fourbis, 1996
  • Noir sur blanc, une anthologie, Fourbis, 1998
  • L'Anthologie 2000, Farrago, 2000
  • Une anthologie de rencontres, Farrago, 2002
  • Autres territoires, une anthologie, Farrago, 2003
  • Potlatch[es], une anthologie, Farrago, 2004
  • Poètes du tango, Gallimard, 2006
  • En tous lieux nulle part ici, une anthologie, Le Bleu du Ciel, 2006
  • Poètes néerlandais de la modernité, Le Temps des Cerises, 2011

Présentations

  • Serge Trétiakov, Dans le front gauche de l'Art (présentation), Maspero, 1977.
  • A. Bogdanov, La science, l'art et la classe ouvrière (avec Dominique Lecourt et Blanche Grinbaum, présentation), Maspero, 1977.
  • Youri Tynianov, Le Vers lui-même (avec Léon Robel et Yvan Mignot, présentation), 10/18, 1977.




Edito et sommaire du numéro spécial Mémoire — n. 209

Ce numéro de Recours au Poème est un numéro spécial, consacré à la « mémoire » ; nous avons choisi d’accompagner votre été en vous permettant de retrouver en ligne une sélection de poèmes et d’articles publiés dans les débuts de la revue, en mettant à l’honneur nos collaborateurs les plus anciens (Recours au Poème a vu le jour en 2012…) dont certains ont depuis quitté ce monde matériel, mais pas celui de la poésie, pas plus que nos coeurs . (les articles sont par ailleurs toujours disponibles en cliquant sur les onglets de nos archives, et nous vous invitons à poursuivre vos lectures en les parcourant).

photo : Marilyne Bertoncini

Nos lecteurs fidèles se souviennent sans doute qu’en 2017, un piratage nous avait amenées à changer de logiciel et de maquette – l’aide de Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, nous avait permis de sauvegarder les archives, parfois dans des conditions d’étiquetage telles qu’il ne nous a pas été facile de remettre en ligne des textes dépourvus de leur auteur. Carole Mesrobian a systématiquement remonté des fonds les articles et poèmes identifiables, mais ils avaient été pour certains si longtemps enfouis, qu’il nous a semblé important de leur redonner une nouvelle jeunesse, sous le soleil retrouvé de l’été, et dans l’espérance suscitée par la pause de la pandémie, et la fin de la longue période de claustration que nous avons subie.

Parmi les articles et poèmes exhumés, ceux de notre collaborateur, Michel Host, disparu le 6 juin dernier, de la Covid-19, à l’âge de 79 ans. Ecrivain discret, il avait été enseignant, traducteur de l’espagnol (notamment du poète Nuno Judice et des sonnets de Gongora)  chroniqueur à la Revue des Deux Mondes et à Révolution, il avait fondé la revue l’Art du Bref, était président d’honneur de la revue numérique La Cause Littéraire, et il accompagnait Recours au Poème depuis sa création, revues auxquelles il confiait ses « carnets d’un fou ».

Auteur de poèmes, de nouvelles et romans,  il avait obtenu le Grand Prix de la nouvelle de la SGDL en 2003 et le Prix du livre de Picardie en 1996.  L’Ombre, le Fleuve, l’Eté, chez Grasset, en 1983, fut couronné du prix Robert-Walzer en 1983 , et il obtint le Goncourt en 1986, pour son roman, chez Grasset encore, Valet de nuit.

De Michel Host, vous pourrez donc redécouvrir la suite poétique Les Jardins d’Atalante et le premier numéro Scalp en feu , chronique irrégulière et intermittente, dont le seul sujet, en raison du manque et de l’urgence, est la poésie, ainsi qu’un article sur la poésie de Marc Kober, L’ours des mers.

A l’honneur également, parmi les poètes, nos collaborateurs de longue date : nous vous reproposons les extraits de Pépins de pastèque, d’Eric Pistouley, qui de 2015 à 2017 codirigea la revue avec Marilyne Bertoncini  - dont sont republiés des extraits d’Aeonde, et le poème Les Noms d’Isis, - et Vincent Motard-Avargues, membre du comité de rédaction, ici présent avec Là ou ici.

Parmi les collaborateurs de toujours, Béatrice Machet, dont les chroniques sur la poésie amérindienne a fait découvrir en France un très grand nombre de voix native-american féminines, ici présente à travers la poésie de Diane Clancy, et  à retrouver également en tant que poète avec Best If  used by .

Parmi nos collaborateurs-poètes fondateurs de la revue à l’honneur en tant que poètes sont aussi Gérard Bocholier, dont la revue Arpa fait référence, ici présent avec Les Fleurs de l’amandier, Xavier Bordes, avec Poème de l’irréversible, Denis Heudré, et des extraits d’Une couverture noire,  Pierre Tanguy qui se posait la question Ai-je tout dit ? et Lucien Wasselin, membre du comité de rédaction, pour un Saint-Didier.

Miguel Angel Real, également traducteur de l’espagnol et collaborateur pour les chroniques, Ghislaine Lejard, artiste et critique, Marie-Hélène Prouteau, Marilyse Leroux, et bien sûr Carole Mesrobian qui codirige la revue, complètent notre sélection hommage à nos fidèles compagnons de route ! De Carole Mesrobian, on lira aussi l’originale réflexion La quatrième dimension du signe

L’un des focus permet de relire un article du fondateur de Recours au poème, Gwen Garnier-Duguy, que nous remercions de nous avoir permis de poursuivre après son départ : c’est L’honneur des Poètes.

Nous redonnons aussi le premier numéro du Grenier du bel amour, du regretté Michel Cazenave, inoubliable mythologue et homme de radio, lui aussi compagnon des débuts de la revue, et le deuxième volet des Livres en vie de Thomas Demoulin, consacré à Pierre Dhainaut. A redécouvrir également un article de Christophe Dauphin sur Jacques Simonomis, de Mathieu Hilfiger à propos d’Yves Bonnefoy, et une lecture d’ Isabelle Lévesque qui tint cette rubrique  Rouge contre nuit  de novembre 2014 à novembre 2016. Parmi les traducteurs, nous avons le plaisir de vous redonner l’article de Joelle Gardes, dans sa chronique « Nos aînés », sur Roger Caillois, et l’une des denses contributions de Jean-Charles Vegliante, dans le domaine de la poésie italienne avec Amont-dévers. Nous retrouvons le premier épisode du feuilleton inachevé de Jean Migrenne, Un Américain à Séville, et l’une des premières apparitions de la rubrique « ping-pong » consacrée aux échanges très forts et souvent occultés entre auteurs et traducteurs, avec les trois poèmes de Finlande de Shizue Ogawa, par Rome Deguergue, rubrique à laquelle appartient également la traduction des poèmes de Shuhrid Shahidullah, auteur du Bangladesh, qui confia également à sa traductrice, Marilyne Bertoncini, un entretien ici reproposé à la suite, sur la situation de la poésie dans son pays.




La Noyée d’Onagawa de Marilyne Bertoncini premier prix Quai en poésie de Nantua

Le salon du livre de Nantua pour sa seizième édition a accueilli, pour la première fois, Quai en poésie, salon de la poésie dans le salon du livre... L'association, présidée par  Nathalie Henry a décerné le prix Quai en poésie à La Noyée d'Onagawa de Marilyne Bertoncini. 

Ce prix est attribué par des lecteurs de l'association. Ces derniers sous l'égide de Nathalie Henry, ont également offert des promenades poétiques dans les rues de Nantua. Ces manifestations qui comptent des lecteurs de tous les âges ont drainé un large public, qui peu à peu a rejoint le cortège et écouté de la poésie. Ce dispositif a permis de partager des textes des auteurs dont les livres ont été proposés pour l'attribution du prix. 

Marilyne Bertoncini a également lu des extraits de La Noyée d'Onagawa, après avoir reçu son prix, avant le départ du premier cortège, et c'est Carole Carcillo Mesrobian qui a offert quelques passages de ses livres pour entériner le second après-midi poétique.

Philippe Thireau, à l'origine de cette initiative, sa compagne Florence Daudé, photographe et chargée de la communication du Festival, Nathalie Henry, présidente de l'Association Quai en poésie et organisatrice des déambulations poétiques, ainsi que les lectrices et lecteurs de l'association, ont contribué à faire que cette première édition ait été une très belle réussite. Nous espérons qu'il y aura encore beaucoup de Quais en poésie ! 

Marilyne Bertoncini reçoit le tout premier prix Quai en poésie 2021, pour La Noyée d'Onagawa.




Hommage à Yves Thomas

Homme discret, homme de l'ombre, Yves Thomas œuvrait aux côtés d'Angèle Paoli à la barre du site de cette dernière,  Terre de femmes, dont il gérait notamment tout l'aspect technique - après une carrière talentueuse dans l'édition.
Une cérémonie religieuse s'est déroulée en l’église Saint-François à Canari, le vendredi 19 juin à 15 h.

Recours au Poème s'associe à l'ensemble des témoignages d'amitié et de reconnaissance qui ont afflué à Canari, ce village de Haute-Corse où il habitait. Toutes nos condoléances et notre soutien à Angèle Paoli et sa famille.




Deux auteures Native American récompensées par le prix Pulitzer

The Night Watchman (Gardien de nuit) de Louise Erdrich a remporté le Prix Pulitzer 2021 dans la catégorie fiction. Natalie Diaz quant à elle, a reçu le prix Pulitzer de poésie 2021 pour son dernier recueil, Postcolonial Love Poems.

Natalie Diaz quant à elle a reçu le prix Pulitzer de poésie 2021 pour son dernier recueil Postcolonial Love Poems. Natalie Diaz est membre de la nation Indienne Mojave (Akimel O’odham), c’est à dire originaire du désert (elle a grandi à Fort Mojave, Californie), dans le sud-ouest des Etats-Unis. Ancienne basketteuse professionnelle, elle vit maintenant dans la communauté Indienne de Gila River, où elle milite, et agit afin que sa langue tribale soit une langue vivante utilisée au quotidien. Elle parle aussi couramment l’espagnol. Natalie défend la cause féministe, elle enseigne depuis 2018 à l’université d’état d’Arizona. Elle a fait un début fracassant avec son premier recueil, When My Brother Was An Aztec (2012, Copper Canyon Press), qui lui ont valu des nominations à des prix littéraires prestigieux. Sa poésie est enracinée dans son expérience quotidienne de la réserve. Son ton est mordant, ironique, puissant. Dans ces textes, proses et vers, les images foisonnent, le réalisme magique y est à la fois moqué et à la fois utilisé. L’un des personnages évoqués est celui de son frère aîné, jeune-homme qui sombre dans la drogue.

Nathalie Diaz, Postcolonial Love Poem, Faber & Faber, 128 pages, 13 € 12.

Dans Postcolonial Love Poems (Graywolf Press), on retrouve incidemment le frère, mais une réflexion plus profonde émerge sur le rapport des langues entre elles (Anglais, espagnol, Mojave), sur combien la culture irrigue et nourrit notre rapport à la terre, au territoire et au monde. Ce livre offre des images fortes et des comparaisons charnelles, des points de vue sur le fleuve Colorado qui est ressenti comme le propre corps de la poète. Une traduction en Français de Natalie Diaz est en préparation et sortira aux éditions des Lisières.




Pierre Dhainaut reçoit le Prix de Poésie Philippe Jones

Le Prix de Poésie Philippe Jones est décerné à un(e) auteur(e) francophone, toutes nationalités confondues, pour un recueil publié durant les années 2019 et 2020.

Le bénéficiaire de ce prix international est choisi par un jury de quatre membres dont trois sont désignés par l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique et un par la Classe des lettres de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique.

Le Prix de Poésie Philippe Jones 2020, d’une valeur de 2000 euros, est décerné à Pierre Dhainaut, pour l’ensemble de son œuvre et en particulier pour son livre Transferts de souffles (L’Herbe qui tremble, 2019).

Pierre Dhainaut, né en 1935, vit à Dunkerque. Il est l’auteur d’un nombre impressionnant d’ouvrages publiés chez Arfuyen, chez Seghers, au Mercure de France, à L’Herbe qui tremble, etc.

    

© Michel DURIGNEUX – mars 2019 – Angers.

Pierre Dhainaut l’a souvent affirmé : le poème doit être un viatique. Dans une lecture qui accompagne le volume primé, Isabelle Lévesque dit en substance que sa poésie « privilégie le souffle, les sons, le silence aussi », elle est écrite pour l’écoute. Si Transferts de souffles est un recueil anthologique, comportant les poèmes de 1960 à 1979, il se clôture avec Perpétuelle, la bienvenue, une suite inédite nous permettant d’accompagner, jusqu’à ce jour, un poète au sommet de son art et l’une des grandes voix de la francophonie.




Attribution des 8eme PRIX CoPo et CoPo des lycéens 2021

Les jurys CoPo et CoPo des lycéens se sont réunis les 11 et 13 mai 2021, après plusieurs reports imposés par les règles sanitaires.

Le jury CoPo, quant à lui, a porté son choix sur :

L’eau du bain de Rim Battal

paru en novembre 2019 aux éditions Supernova

Quelques fragments des propos tenus par le jury :

« On ressent tout de suite la puissance du texte. L’auteure pose les bons mots sur des choses difficiles à exprimer. C’est un livre qui nous percute totalement. Il y a un côté brillant et torturé à la fois qui nous touche immédiatement. Un texte magnifique qui aborde à la fois la question du viol, de l’accouchement et de l’acte érotique. Elle est une des rares à mettre par écrit la maternité. Le propos n’est pas linéaire. Elle s’exprime à la fois en fille, en mère et en femme. Un texte qui dérange… »

Rim Battal, L'Eau du bain, Supernova, 2019.

Le Lauréat du prix CoPo des lycéens sera invité à rencontrer les élèves des différents lycées normands qui l’ont plébiscité entre le 25 et le 28 mai prochain.

Malgré le report du marché de la Poésie de Paris, nous avons décidé de maintenir la remise officielle des prix (une bourse de 1000 euros pour chacun) à l’occasion du prochain marché qui se tiendra entre le 13 et le 17 octobre prochain sur la place Saint Sulpice.

Les jurys tiennent encore une fois à féliciter les auteurs lauréats et leurs éditeurs, ainsi que toutes celles et ceux qui furent sélectionnés pour ces 8eme prix CoPo.




Dossier spécial, n. 206 : Musique, chant et poésie pour un siècle troublé

. Car une fois pour toutes,
c'est Orphée quand "ça" chante. Lui qui vient et repart.

Rainer Maria Rilke , Les Sonnets à Orphée, (I, 6)

pour toutes, c'est Orphée quand "ça" chante. Lui qui vient et repart.

Il est des temps où plus que jamais la poésie est un recours contre le désespoir, un remède contre l'enlisement dans une réalité que tout présente sous son aspect le plus sombre. Le XXIème siècle naît sans doute vraiment en cette année 2021, marquée par une pandémie qui bouleverse nos repères, nous isole, morcelle la société, suscite la peur... Dans ces temps qui semblent avoir cessé de chanter, de toutes nos forces, nous en appelons à la puissance de la poésie – celle qui de toujours comme une source coule de la lyre d'Orphée, mais qui assume aussi tous les visages de la modernité.

Du « cantus obscurior » que Patrick Quillier nous invite à découvrir dans les textes, devenant de lecteurs des "auditeurs capables de désensevelir la dimension acousmatique des textes " au rapport subtil entre silence et  chanson, cette « façon de parler à l'intime des gens » tel que l'évoque Jean-Louis Bergère dans son entretien avec Carole Mesrobian, c'est à un voyage entre des pratiques, des époques et des mondes musicaux et poétiques divers que nous vous invitons.

Ainsi les expériences de la cymbaliste Yi Ping Yang qui s'entretient avec Christine Durif-Bruckert de son rapport à la poésie, et nous fait découvrir Hélène de Montgeroult, compositrice et interprète du XVIIIème siècle injustement oubliée. Ainsi les chansons d'un lyrisme éthéré et sensible écrites et interprétées par Alexia Aubert qui s'accompagne à la guitare, les textes tragico-burlesques et engagés de Plume Linda Ruiz, comédienne et pianiste de jazz, ou de Violette Guyot, qui au piano a préféré le yukulélé, "plus facile à transporter" : trois visages de femmes qui répondent à leur façon aux magnifiques portraits en N&B de Jeanne Davi présentés par Carole Mesrobian dans "Miroir des femmes du jazz".

Au monde du jazz appartient aussi le poète et performeur new-yorkais Barry Wallenstein, présent avec une sélection de poèmes tirés de son CD Pandemonium, inédits en Français, dans la traduction de Marilyne Bertoncini, et pour son livre Tony's blues, présenté par Jane Hervé dans les critiques, où l'on trouvera un article de Didier Gambert sur le livre de Mathias Lair, Ecrire avec Thelonius Monk.

Ecrire avec, ou écrire « sur » des textes : c'est le propos du compositeur Damien Charron qui donne des exemples très précis de son travail de création musicale sur des texte poétiques à partir d'exemples concrets - extraits sonores et partitions.

Ce numéro de janvier est aussi l'occasion, avec ce dossier spécial, de lancer la nouvelle chronique musicale récurrente de Rémy Soual, dont le premier épisode est consacré à l'univers de Christian Olivier, des Têtes raides et des Chats pelés.

Nous vous souhaitons bonne lecture de l'ensemble du numéro, de belles découvertes, et une année sous le signe de la poésie, car

Il y a
encore des chants à chanter au-delà
des hommes. (Paul Celan)