Béatrice Machet, BEST IF USED BY, et autres poèmes

Par |2021-07-06T18:22:40+02:00 4 juillet 2021|Catégories : Béatrice Machet, Poèmes|

Une série de poèmes pub­liés en août 2013.

∗∗∗

Mind you

here you are

ker­nel-heart­ed

 

bran germ and endosperm

 

by all means by whole means health benefits

 

 

antioxy­dants and vit­a­mins sound great against breakdowns

 

 

bro­ken pea and tree nuts unequal halves

 

unequalled sor­rows heart­root­ed uproot­ed minerals

brown rice syrup in the eyes molasses turn­ing evap­o­rat­ed cane juice

 

down the cheeks ner­vous driz­zle chilly weather

to keep fresh

fold inner bag over and push down to lev­el of

cere­al

orig­i­nal

organ­i­caly grown

 

sat­ur­day sounds like saturated

fat­ty acids and radicals

rec­om­mend that you up-date 

bonds at room temperature 

sin­gle or dou­ble it makes a big difference

sol­id melt­ing to liquid 

point-less sug­ar

 

con­tin­ue beating

mix­ture must be slight­ly lump-ish .… liebe Dich

 

I loved you kernel-hearted

 

best if used

before break­fast.

 

 

 

A con­som­mer avant .…

 

 

Imag­ine

tu es là

le coeur au complet

le son le germe et l’endosperme

 

tous les moyens tout sig­ni­fie des béné­fices pour la santé

 

antioxy­dants et vit­a­mines seront par­faits con­tre la déprime

 

cassées noisettes et branch­es  noix   moitiés inégales

 

cha­grins iné­galés dans le coeur enrac­inés minéraux déracinés

sirop brun dans les yeux molasse dev­enue jus de canne évaporé

 

traces le long des joues bru­ine nerveuse temps maussade

pour la conservation

repli­er le rabat supérieur par dessus le sac et pousser

jusqu’au niveau des

céréales

authen­tique­ment

biologiques

 

 

same­di jour de Sat­urne ça sonne saturé

acides gras et radicaux

con­seil­laient une mise à jour

des liaisons à tem­péra­ture ambiante

sim­ples ou dou­bles c’est une dif­férence énorme

solide fon­du au liquide

con­clue à une diminu­tion des glucides 

 

con­tin­ue de battre

le mélange doit être légère­ment épais-si je crois

je t’aimais coeurcomplet

 

 

meilleur si con­som­mé avant

le petit déjeuner 

on a shelf
a lone­ly vase
in it
a lone­ly flower

a solo sor­ry love
wobbling
a slow evening

a loss
what else could it be

a self less loved

woe­be­gone
a Penelope
musk-scent­ed white rose
send­ing vow­els to ask

who sells vows
who solves owes

I just don’t know                     I just wove

14 févri­er, Saint-Valentin, bou­quet de mots

sur une étagère
un vase esseulé

dedans
une fleur solitaire

solo bran­lant
d’amour désemparé
dans la lenteur du soir
une perte sinon
quoi d’autre
un soi moins aimé

vieil­lis­sante
une Pénélope
blanche rose musquée
lance ses senteurs
pour demander

qui vend les voeux
qui sol­de les dettes

je n’en sais rien                  je ne fais que tisser

He says black and white are death
so the sun nev­er shines when he shots

he says the col­ored ones are always tak­en with/
under over­cast skies
in order the colours are silenced are
mut­ed by all kind of greys
he says
Ger­many is this land where pho­tographs speak for him
he says black peo­ple against blue and red and yel­low walls appear
as burnt
he says
a cap on his head is the only arte­fact he needs
to work successfuly

the more he speaks the more grow­ing is
her thumbprint on his camera
the only thing she would give
a round of life
a web sym­bol of a plain reser­va­tion’s spider-woman

a last flash
a last shot
of memories

once upon a time there was a shield
it was a spidershield
her great grand­fa­ther’s per­son­nal flag
her great grand­moth­er’s vision
beyond its appear­ance you find the deep­est being the
war­rior’s meditation
— the wom­an’s love so close to the sun at dawn
when its beams are spread abroad from the horizon
look at it
the sun is draw­ing a web
and the shield is the sun and the web as well as long as his lungs draw breath

years later
she saw him on a TV program
an inter­na­tion­al cul­tur­al channel
he was the well-known photographer
and fore­bod­ing fore­shad­ow­ing was the shield on the screen
her spi­der’s work her wom­an’s love spread abroad from the horizon

look at it

BOUCLIER sacré

Il dit noir et blanc sont la mort
donc le soleil ne brille jamais quand il photographie
il dit les gens de couleur sont tou­jours pris avec/ sous
des ciels couverts
de telle sorte que les teintes soient réduites au silence
par toutes sortes de gris
il dit
l’Allemagne est le pays où les clichés par­lent pour lui
il dit les per­son­nes à la peau noire con­tre un mur bleu ou rouge ou jaune paraissent
brûlés
il dit
une cas­quette sur la tête c’est tout ce dont j’ai besoin
pour bien travailler

le plus il par­le le plus
ses empreintes dig­i­tales sur l’appareil
s’in­crus­tent la seule chose qu’elle puisse lui donner
un anneau de vie
un sym­bole rétic­ulé de la femme-araignée sur une réserve indienne

un dernier flash
une dernière prise

il était une fois un bouclier
représen­tant une toile d’araignée
c’é­tait la ban­nière per­son­nelle de son grand-père
la vision de sa grand-mère
au delà de son apparence vous y trou­viez la médi­ta­tion la plus profonde
l’être pro­fond du guerrier
à savoir l’amour d’une femme com­plice du soleil de l’aube
quand ses rayons s’e­tal­ent généreuse­ment sur l’horizon
regardez
le soleil des­sine une toile
et le boucli­er est le soleil et la toile aus­si bien
aus­si longtemps que les poumons du guer­ri­er respireront

Des années plus tard
elle le vit à la télévision
un pro­gramme international
il était devenu un célèbre photographe
et son pressen­ti­ment au pre­mier plan envahis­sait l’écran
le boucli­er son œuvre de femme son amour dis­tribué généreusement
au delà de l’horizon

regardez

Here she is

had she always been there

occu­py­ing the same room .…

The only way to see her

is eyes wide open going to water

when things are about to blur

run your arm through her body

feel her

so hot

not sol­id

tor­rents of days tor­rents of nights

that nev­er want­ed to be flesh

phys­i­cal world in her spirit

is just puls­ing-col­ors-beat­ing-sounds con­stant­ly running

a noume­nal voice in a near phenomenon

sub­stan­tial is not the word but slight touch

ten­der fog lean­ing on white sheets

she’s not inert

she’s strong

her will won’t flinch

a vol­cano’s inside her

tor­rents

del­ug­ing you in her glance

rains drum­ming against your skin to make you understand

she will be in

a steam

of thoughts and feelings

you won’t forget

ANOREXIA

Et la voici …

a‑t-elle tou­jours été là

dans cette même pièce .…

La seule façon de la voir : yeux grands ouverts

au bord des larmes

dans le flou débutant

des choses

                       enfon­cez votre bras dans son corps

ressen­tez sa chaleur

brûlante

déjà flu­ide

des tor­rents de jours et de nuits

qui n’ont jamais désiré être chair

le monde physique dans son esprit pulse des couleurs

des sons bat­tants sans cesse traversent

une voix noumé­nale pour un presque phénomène

sub­stantiel n’est pas le mot mais touche légère

ten­dre brouil­lard penché sur des draps blancs

elle n’est pas inerte

elle est forte

sa volon­té ne flanchera pas

un vol­can en elle

dans son regard des torrents

vous inon­dent

des pluies tam­bouri­nant con­tre votre peau

vous font comprendre

qu’elle sera jet de vapeur

un courant de pensées

de sen­ti­ments

que vous n’ou­blierez pas

Présentation de l’auteur

Béatrice Machet

Vit entre le sud de la France et les Etats Unis. Auteure de dix recueils de poésie en français et deux en Anglais, tra­duc­trice des auteurs Indi­ens d’Amérique du nord. Per­forme, donne des réc­i­tals poé­tiques en col­lab­o­ra­tion avec des danseurs, com­pos­i­teurs et musi­ciens. Pub­liée entre autres chez l’Amourier (Muer), VOIX (DER de DRE), pour les ouvrages bilingues ASM Press (For Uni­ty, 2015) Pour les tra­duc­tions : L’Attente (car­togra­phie Chero­kee), ASM Press (Trick­ster Clan, antholo­gie, 24 poètes Indi­ens)… Elle est mem­bre du col­lec­tif de poètes sonores et per­for­mat­ifs Ecrits — Stu­dio. Par ailleurs elle réalise et ani­me chaque deux­ième ven­dre­di du mois une émis­sion de 40 min­utes sur les ondes de radio Ago­ra à Grasse.

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