Valérie Rouzeau, La Petite dame

Avec ses deux dédicaces, sa petite préface et les quelques notes qui suivent cette longue suite de poèmes, déjà on pénètre dans l’énergie qui propulse toute l’œuvre de Valéry Rouzeau : une générosité, une bonté, une gratitude qui vont dans tous les sens, et ceci malgré fatigue, perte, anxiété, doute.

Il s’agit d’une force résiduelle, résolue et déterminante qui excède tous les critères strictement esthétiques comme tous les jugements ou théories socio-politiques ou philosophiques. Si elle peut parler d’un ‘esprit d’enfance’ où puiser, se régénérer, si elle rêve d’un ‘roman en vers’ à la Queneau, mais, ajoute-t-elle, ‘façon puzzle’ (12) et si elle parle d’une dette au ‘nonsense’ de Lear et Carroll et d’autres encore (12), ce serait, me semble-t-il, et toujours, la force de ‘l’amour et [d’un] humour’ (12) portant la signature très particulière de Rouzeau qui dominerait, et ceci sans présomption, sans dérision, sans ce soubassement de haute mais prétentieuse ambition littéraire qui peut pervertir, miner l’essentiel d’une vie humaine. Partout, une espèce de minimum suffit pour parer les insuffisances de nos catégorisations, nos scisssions, nos mathématisations. Partout un refus de tout chronologiser, situer historiquement. Une petite trace anecdotique ou fantaisie remplace le grand événement, en assume la pertinence, fait basculer nos façons de mesurer, juger le poids des choses qui sont, des instants qui constituent une existence. La forme poétique ne choisit pas non plus le grandiose, la fioriture, l’effet visuel, se contentant d’inversions, de petits liens qui étonnent, de sautillements, de délicats jonglages, de compactages, de brefs rassemblements de quelques flashes, quelques éclats d’esprit qui exigent qu’on prenne garde au ‘vide / Entre le quai et le marchepied please mind the gap’ – celui qui surgit entre signe A et signe B.

 Valérie Rouzeau. La Petite dame, La Table Ronde, 2025. 101 pages. 15 euros.

Le poème rouzaldien s’inspire spontanément de presque n’importe quoi, des banalités du quotidien, banalités qui inexistent, bien sûr, des instants-phénomènes qui ne font qu’attendre un geste, une geste, puisant dans ce qui s’oublie si  facilement : le fonctionnement d’un esprit prêt à jongler, jouer, avec tout ce qui reste finalement tout à fait extraordinaire au sein des choses et des mots. Un poème : ‘La petite dame voit régulièrement / Une infirmière psychiatrique / La moindre panne de courant / Et elle pense mettre fin à ses nuits / La petite dame est sans appui’ (31). S’entretissent souplement une touchante vulnérabilité, une touche de dépréciation de soi ou serait-ce un besoin de dire vrai, d’avouer l’inavouable, le génie des compressions (électricité et nervosité, suicide et cécité sans canne) et d’un scénario qui se dédouble, tout comme Valérie devenue dans le miroir déformant-réformant des mots la ‘petite dame’.

Charme et naturel qui brillent et ce qui peut parfois les sous-tendre, un subtil récit plutôt grisâtre, refoulé mais perçant. Un autre poème, si splendidement jaillie de l’enchevêtrement de quelques syllabes spontanément recombinées : ‘Après l’hiver persévérance / La fleur perce et révérence’ (37). Inutile ici de souligner la grâce et l’enchantement de cette performance digne de l’avant-scène de la Comédie Française. Et un troisième : ‘Elle tremblait en plein cauchemar / Endettée jusqu’’aux oreilles / Coupable en tranches comme une brioche / Un jambon un ananas une vie / Tout au fond de son lit / Quelle chance d’avoir un lit / Rondelles et rondeaux ridelles et rideaux / Voleuse de pataquès de cheminots ? Quand elle se réveilla sur la bonne voie / Alors un jour nouveau démarra’ (38). Changement de ton ici et pourtant d’incessants jeux de mots jonchant partout la scène du poème qui flotte librement sur son erre, jonglant entre rêve et réalité, auto-accusation enjouée de vol-fraude-contrefaçon, tissant finement tous les glissements entre les éléments-termes spontanément surgissant du récit, le poème corrigeant d’un dernier rebondissement dans le réel tout malentendu concevable quant à ce qu’il aurait pu offrir de strictement non-poétique, non-inventif, non-souriant.

 Se déroulant ainsi ‘de distraction en distraction’ (40), comme écrit Rouzeau, son poème persistera toujours à rester joueur, quoique parfois ‘triste au point d’éclater de rire’ (77); et là on voit clairement cet instinct qui ne cesse de pousser le poème à déplacer son centre, de bouger, tournoyer, sans chercher à accumuler les éléments d’un argument, d’une intensité ou focus lyrique, affectif même. Plutôt le poème s’accomplit au moyen d’une petite ou grande multiplication ou foisonnement des plis de l’esprit et du cœur, de leur clignotement, leur scintillation. On a l’impression non pas d’une orchestration raisonnée mais d’un crépitement spontané, intuitif dégageant des étincelles de couleurs différentes, de petites beautés jetables, throw-away, mues par une certaine désinvolture, une simple légèreté, une aisance ou sans-façon. Que ne démentiraient nullement les quelques touches plus sobres, latentes, souvent presque effacées par l’insistance ludique, la magnanimité, l’affabilité qui restent essentielles à la vision distinctive de ce poïein : réenchantement, réimagination de son faire, repoétisation de ‘l’ordinaire’, ce partage qui s’avère un être-avec et -parmi, une amitié qui veut ‘prendre des choses [non pas de travers mais] de trouvère’ (51). À titre d’exemple, ‘l’accident de vélo à huit neuf ans avec son frère cadet / Ça c’est du pour jamais du pur toujours’ (54). Une poésie qui embrasse, donne des bises, sororale et fraternelle, ‘ram[ant / …] ne sa[chant] quand ni pélican / Ni comment ni cormoran / […] / Joyeuserie drôlerie’ (52) On ne demande pas mieux.

Présentation de l’auteur

Valérie Rouzeau

Valérie Rouzeau est une poétesse française. Elle est également traductrice, et la traductrice officielle de Sylvia Plath.

Après diverses publications dans des revues, ses deux premiers recueils édités ont été très remarqués (Pas revoir en 1999 et Neige rien en 2000).

Elle exerce parallèlement des petits boulots de vendeuse avant de reprendre ses études, abandonnées après le bac, en littérature anglaise.Elle n'exerce aucune activité salariée et tâche de "vivre en poésie" via la traduction, les lectures publiques, les ateliers dans les classes, etc.

Elle remporte en 2012 le Prix Apollinaire, considéré comme le "Goncourt de la poésie", pour son dernier recueil, "Vrouz" paru aux Editions de La Table Ronde.

Parolière pour le groupe Indochine en participation sur deux textes : Ladyboy et Talulla à la demande de Nicola Sirkis.

Bibliographie

Poésie

Revues littéraires

  • 1991 : « À cause de l'automne », revue Décharge, supplément Polder no 62.

Recueils

  • 1989 :
    • Je trouverai le titre après, Le Pont sous l'Eau.
    • À tire d'elle, La Bartavelle Éditeur.
  • 1991 : Petits poèmes sans gravité, La Crypte (rééd. 2024) - Prix de la Crypte 1991.
  • 1992 : Chantier d'enfance, La Bartavelle Éditeur et Le Noroît (éd. franco-québécoise), Charlieu / Montréal.
  • 1994 : Patiences, Albatroz et Le Manège du Cochon Seul, coll. « La palme et le groin ».
  • 1995 : Ce n'est pas le printemps, Traumfabrik, coll. « De bouche à oreille », 19 pages.
  • 1999 : Pas revoir, Le Dé bleu () rééd. 2000, 2002, 2003 et 2006 - Prix des Découvreurs 2000.
    • traduit en allemand par Rüdiger Fischer, Nicht Wiedersehen, Pop Lyrik, 2006.
    • traduit en anglais par Susan Wicks (en), avec une introduction de Stephen Romer (en), Cold Spring in Winter, Arc Publishers, 2009 – nommé au Griffin Poetry Prize (en), Toronto 2010, Prix Scott-Moncrieff 2010.
    • traduit en slovène par Mateja Bizjak-Petit, Ne naslednjic, Poetikonove Lire, 2014.
  • 2000 : Neige rien, Unes, Nice.
  • 2001 : Une foule en terre foulée / A crowd of beaten earth, édition bilingue, traduction des poèmes en anglais par Richard Cooper, illustré par Michel Nedjar, Travioles, 79 pages.
  • 2002 :
    • Va où, Le Temps qu'il fait, Mazères.
      • réédition La Table Ronde, coll. « La petite vermillon », 2015.
    • L'Arsimplaucoulis, douceur des Carpathes, en collaboration avec Éric Dussert, Fornax éditeur, coll. « La cuisine au Fourneau », n° 4, 20 pages.
  • 2003 : Valérie Rouzeau lit ses poètes, Le Temps qu'il fait, Mazères
  • 2004 :
    • Kékszakállú, Les Faunes.
    • Le Monde immodérément, en collaboration avec Lambert Schlechter, Éditions la nuit myrtide, Lille, 44 pages.
  • 2005 : Récipients d'air, avec Vincent Vergone, Le Temps qu'il fait, Mazères
  • 2007 :
    • Apothicaria, Wigwam éditions - Prix des Explorateurs 2009 décerné par des collégiens des Yvelines, ex-aequo avec Joséphine et Robert de Christiane Veschambre.
    • Gue digue don (petite suite télégraphique), illustré par Claude Stassart-Springer, éd. de la Goulotte, Vézelay, 16 pages.
  • 2009 : Quand je me deux, Le Temps qu'il fait, Mazères.
  • 2010 :
    • Je comme, ill. de Claude Stassart-Springer, éd. de la Goulotte.
    • Pas revoir suivi de Neige rien, coll. « La petite vermillon », La Table Ronde, Paris.
  • 2012 :
    • Vrouz, La Table Ronde, Paris.
      • (de) choix de poèmes, in Den gegenwärtigen Zustand der Dinge festhalten. Zeitgenössische Literatur aus Frankreich.Magazine Die Horen, 62, 267, automne 2017, Wallstein, Göttingen.
      • (en) Talking Vrouz, choix de poèmes de Quand je me deux et de Vrouz établi et traduit par Susan Wicks, Arc Publishers, 2013 - Prix Oxford-Weidenfeld 2014 pour la traduction.
    • Ma ténèbre - En vingt-deux éclats, éditions Contre-Allées, Montluçon, 30 pages.
  • 2014 : Télescopages, Éditions Invenit / Musée des Confluences, 2014, Lille / Lyon, 64 pages.
  • 2018 :
    • Sens averse, La Table Ronde, Paris.
    • Vincent, Faï fioc, coll. « Les Cahiers », Céret (édition épuisée).
  • 2019 : Colibri si, Le Petit Flou, Corrèze.
  • 2020 : Ephéméride, La Table Ronde, Paris.
  • 2022 :
    • Mon Œil, L'Atelier des Noyers, avec les œuvres plastiques de l'artiste Bobi+Bobi, coll. « Récits de vie », Perrigny-lès-Dijon.
    • Pas revoir ainsi que Va où et Quand je me deux sont réédités dans la coll. « La petite vermillon » de La Table Ronde, avec des oiseaux de Jochen Gerner en couverture.

Livre d'artistes

  • 2006 : Eden, deux, trois émoi, illustré par Daphné Corregan, Éditions Unes, édition limitée en 33 exemplaires sur vélin d'Arches (épuisée).

Poésie jeunesse

  • 2008 : Mange-Matin, illustré par Valérie Linder, L'Idée Bleue, coll. « Le farfadet bleu », 57 pages.

Poésie pour le théâtre

  • 2014 : Qu'on vive, Compagnie de théâtre Chiloé, Lyon, 2014.

Anthologies

  • 2010 : 60 femmes poètes d'aujourd'hui, Couleurs femmes, Le Castor astral, coll. « Le Nouvel Athanor », Bègles, 152 pages.
  • 2021 : 92 poètes d'aujourd'hui, Le désir en nous comme un défi au monde, Le Castor astral, Bègles, 424 pages.
  • 2022 : 108 poètes d'aujourd'hui, Là où dansent les éphémères, Le Castor astral, Bègles, 464 pages.

Essai

  • 2003 : Sylvia Plath : un galop infatigable, Éditions Jean-Michel Place, 122 pages.

Biographie

  • 2023 : Nina Simone (Eunice Waymon), illustré par le plasticien Florent Chopin, La Philharmonie de Paris, coll. « Supersoniques », Paris, 64 pages.

Traductions

Poésie

  • 1999 :
    • La Traversée, dans Arbres d'hiver, Sylvia Plath, Poésie/Gallimard, Paris.
    • Électre sur le chemin des azalées, Sylvia Plath, Unes, Nice.
  • 2000 :
    • Je voulais écrire un poème, William Carlos Williams, Unes, Nice.
    • Le Printemps et le Reste, William Carlos Williams, Unes, Nice.
  • 2003 : Sylvia Plath : un galop infatigable, Valérie Rouzeau, sélection de poèmes de Sylvia Plath, Éditions Jean-Michel Place, 122 pages.
  • 2008 : What I Wrote / Ce que j'ai écrit, Duane Michals, éd. Robert Delpire, coll. « Des images et des mots », 2008, 164 pages.
  • 2009 :
    • Ariel, Sylvia Plath, Gallimard, Paris.
    • Poèmes (1957-1994), Ted Hughes, traduit avec Jacques Darras, Gallimard, Paris.
  • 2023 :
    • Fauverie, Pascale Petit (en), Le Castor Astral, Cenon.
    • Je souhaite seulement que tu fasses quelque chose de toi, Hollie McNish, avec Frédéric Brument, Le Castor Astral, Cenon, 478 pages.

Biographie

  • 2006 : Son mari : Ted Hughes & Sylvia Plath, l'histoire d'un mariage, Diane Middlebrook, Phébus, 390 pages.

Livres illustrés et beaux-livres

  • 2011 : Georgie, R. O. Blechman (en), Robert Delpire, 2011, 116 pages.
  • 2016 : Dessins, Sylvia Plath, La Table Ronde, 2016.

Poésie jeunesse

  • 2010 : Animaux à mimer de Sergueï Trétiakov, illustré par Alexandre Rodtchenko, avec Odile Belkeddar, MeMo, 2010.
  • 2012 : Les Plus Belles Berceuses jazz, 15 berceuses sélectionnées par Misja Fitzgerald Michel, illustrations d’Ilya Green, Didier Jeunesse, 2012.
  • 2015 : Jazz sous la lune, berceuses et standards jazz sélectionnés par Misja Fitzgerald Michel, illustrations d'Ilya Green, Didier jeunesse.

Prix littéraires

  • 1991 : Prix de La Crypte, Hagetmau.
  • 2000 : Prix des Découvreurs de Boulogne-sur-Mer pour Pas revoir.
  • 2002 : Prix Tristan-Tzara décerné par Juliette Darle et André Darle pour Va où.
  • 2012 : Prix Guillaume-Apollinaire 2012 pour Vrouz.
  • 2015 :
    • Prix Robert Ganzo 2015 pour l'ensemble de son œuvre et son ouvrage Va Où.
    • Prix Loin du marketing, pour l’ensemble de son œuvre, décerné par Gérard Lambert-Ullmann.
  • 2019 : Prix Méditerranée pour son recueil Sens averse.

Bibliographie

  • Entretien de Thierry Guichard avec Valérie Rouzeau, Le Matricule des Anges, no 131, mars 2012, p. 21.
  • Valentina Gosetti, Andrea Bedeschi, Adriano Marchetti (dir.). Donne. Poeti di Francia e Oltre. Dal Romanticismo a Oggi. 2017. Giuliano Ladolfi Editore. 

Poèmes choisis

Autres lectures

Valérie Rouzeau, La Petite dame

Avec ses deux dédicaces, sa petite préface et les quelques notes qui suivent cette longue suite de poèmes, déjà on pénètre dans l’énergie qui propulse toute l’œuvre de Valéry Rouzeau : une générosité, une [...]




Jean-Paul Gavard-Perret, Peau d’Anne

Un certain « nous » existe en ce « je-tu ». Il soulève du au féminin au masculin l'histoire du labyrinthe de deux êtres. S'y perdre est à la fois un plaisir et une angoisse et accepter le risque dans la proximité troublante de nos mots juste au-dessus d’une ligne de flottaison. Avançons à tâtons, surnageons. Je deviens le berger de ton cosmos et souffle dans la corne d'ivoire et ta clochette rose blanches pour titiller tes nuits. Et quand je prends mon bain avec toi tu brilles en pépite dans l'eau bleue, en feu blanc d'étoile.  Tu n »as plus peur de notre parcours labyrinthique. 

Nous y sommes engagés ?  Sois Ariane et moi Thésée. Il faut avancer car nous allons vers le mystère. D’abord j’ai imaginé avec ce que j’ose t’enlever. J’hiberne loin de ta robe et de ton chemisier.  Tu es comme dans un hôtel couchée dans toutes les chambres et tu possèdes le sens de la connivence jusqu’au moment où le jour se lève. Nos moiteurs remuent dans nos moussons du cœur. Que l'urgence nous dépêche afin que nous voulions la lenteur. 

Tu n'es pas là. Tu es toujours là. J'ai voyagé avec toi. Loin de toi. Sache que les heures opalines ne parlent qu'aux oiseaux de tes lagunes. Je rejoins ton royaume retranché dans quelques creux de sable et de rochers. Tu es Calypso nymphe et reine d'Ogygie. Tout 'amour tu le tiens dans tes rets. Et tu tires le présent le passé. Et lorsque les arbres cherchent leur ombre, tu ouvres l’espoir de nous rencontrer. Attends de mes mots ce qu’ils ignorent de ton énigme. Mais je m’y engouffre et ne garde plus le silence. Va désormais jusque-là où tu te retenais d'aller. Nos secrets font des jardins d’Eden. Sa houle porte jusqu’à ton écume ? 

Qu’est-ce qui a commencé ? Quand as-tu commencé ? L’un est prisonnier aveugle, l’autre, mains liées dans le dos. Mais tu es à nouveau plus libre que la mer.  Imagine la carte du ciel avec dans la tête des oies sauvages. Plus proche de toi ma pensée te touche. Elle est douce, émerge de la nuit. Le dedans est dehors. Le dehors est dedans.

Photo de Robert Mappelthorpe.

Présentation de l’auteur

Jean-Paul Gavard-Perret

Né en 1947 à Chambéry, Jean-Paul Gavard-Perret poursuit une recherche et une réflexion littéraires ponctuées d'une vingtaine de livres de textes brefs - dont « La mariée était en rouge » (éditions du Cygne), Cyclope (Editions de L'atlantique) - ou d'essais dont "Samuel Beckett, l'imaginaire paradoxal et la création absolue", (Minard).

© Crédit photo Bissey

Bibliographie

Fictions et textes brefs

  • Toile Peinte, Argo, Lausanne, 1976, (Sous le pseudonyme d'Annie Renaud).
  • Dans ses gestes, l'Attente, L'Incertain, Paris, 1991.
  • La Partition, Garenne, Lyon, 1991.
  • La Répétition, La Demeure, Courtaud, La Souterraine, 1992.
  • Ici en l'obscur, Ecbolade, Nœux, 1993.
  • Comme un voyage, Édition Philippe Morice, 1° édition 1993, 2e édition revue, 1994.
  • Le jour où j'ai tué Papa, Exquis-Cadavres, Virgin-Calman-Lévy. Paris, 1995.
  • L'Œil du Cyclope, en collaboration avec le graveur Marc Pessin, La Main Courante, La Souterraine, 1995.
  • Le jardin des délices, Le flâneur des deux rives, Juvinas, 1996.
  • Art, Légende, Réalité, Barré-Dayez, Paris, 1996.
  • Douce, techniquement. en collaboration avec le peintre Marcel Warmenhoven, Ecbolade, Nœux, 1996.
  • Le froid, Éditions La Dérive, Verviers, 1996.
  • Nécessaire sacrifice aux étoiles, Éditions le Givre de l'Éclair, Troyes, 1998.
  • Généalogie vénitienne, Rafael de Surtis, Chèvres, 1998.
  • L'Araignée de feu, Éditions du Non Verbal, Bordeaux, 1998.
  • Drawing by embers, La Main Courante, La Souterraine, 1998.
  • Trois faces du nom, L'Harmattan, Paris, 1999.
  • Venise, Éditions de L’Heure, Pry, Belgique, 1999.
  • Le cycle des vanités, Éditions Pierron, Sarreguemines, 1999.
  • Passager de sa pluie, Éditions de l’Heure, Pry-lez-Walcourt (Belgique), 2000.
  • Demain, hier, Éditions on @ faim, Saint Étienne de Rouvray, 2001.
  • Cielle, Éditions Clapas, Aguessac, 2001.
  • La maison de l’être, Éditions Clapas, Aguessac, 2001.
  • Soul-Eyes, Éditions à Demeure, Vals, 2001.
  • La descente ; absence et crue, Éditions à Demeure, Vals, 2001.
  • Une manière noire - fragments sur Jeanne, in «Cuisine et cuisines», Éditions La Dérive, Verviers, 2001. Premier Prix Georges Simenon 2001
  • K, Véronique Van Mol éditeur; Orgeo (Belgique), 2001.
  • Soir (de Paris), Atelier-Éditions Vincent Rougier, Port de Couze, 2002
  • Chants de déclin et de l’abandon, Éditions Pierron, Sarreguemines, 2003.
  • Neige suivi de l’immobile, coll. Ficelle, Atelier Vicent Rougier, Port de Couze Lalinde, 2005.
  • L'image est une chienne, l'Ane qui Butine, Belgique, 2005.
  • Fil rouge, éditions Regard; Petite revue d’Art, Le Grand Abergement, 2005.
  • Porc épique, éditions du Petit Véhicule, Nantes, 2006.
  • A perte de vue : Manhattan Transfert, coll. Pamphlet, Éditions L'Âne qui butine, Mouscron (Belgique), 2007.
  • Mon ex a épousé un Schtroumpf (sous pseudonyme de Garr Gammel), Éditions Chloé des Lys, Barry (Belgique) 2008.
  • E muet, éditions du Trident Neuf, photographie de Marie Bauthias, Toulouse, 2008
  • La jeune femme qui descend l'escalier, Éditions du Cygne, Paris, 2008.
  • La mariée était en rouge, Éditions du Cygne, Paris, 2008.
  • L'appel de la forêt, avec des peintures de Jacques Barry, Éditions Jean Villevieille, Saint Étienne, 2010.
  • Je veux, La dictée-poésie sans faute, 60e "ficelle", Atelier d'art Vicent Rougier, janvier 2011.
  • Dissemblance et figuration, avec une intervention plastique de Mariette, Éditions Le verbe et l'empreinte, Saint Laurent du Pont, 2011.
  • Portraits Singuliers avec et pour les peintures de Claudine Loquen, Éditions Lelivredart, Paris 2011.
  • Cyclope, Éditions de L'Atlantique, Saintes, 2011.
  • Eugène Leroy ou les apparitions, Almagra Éditions, Nantes, 2011.
  • Labyrinthes, éditions Marie Delarbre, Grignan, juillet 2012.
  • 25 courts textes dans le recueil de photographie de Nath-Sakura Fatales, Éditions Victoria.

Autres recueils de textes brefs :

    • Another – Hormoz photographies, Corridor Elephant Editions, Paris, 2016.
    • "Le Faubourg" avec encres de Danielle Berthet, Voix Editions, Richard Meier, 2019.
    • Fluidification des éc(r)oulements, Editions Furtives, Besançon, 2019.
    • Fornikatord, Editions Furtives, Besançon, 2019.
    • La lettre d'amour qui ne s'écrit pas, Editions Furtives, Besançon, 2019.
    • Le bal des mots dits, Editions Furtives, Besançon, 2019.
    • Le boxon de X, Z4 Editions, 2019.
    • Univercités, Editions Jacques Flament,  2020.
    • Patience dans la boîte noire - Jean- François Dalle-Rive, avec M-P Deloche, Folazil, Grenoble, 2020.
    • Joguet, Joguette, Z4 Editions, 2020.
    • Phare d'eau, éditions Constellations, octobre 2022
    • Toussa pour ça & Firmaman, éditions Constellations, décembre 2022
    • Pro Loques, éditions Constellations, février 2023
    • Région humaine suivi de Zébulon Comète et sa maîtresse, éditions Constellations, mai 2023

Poésie

  • Corps de Pierre, Le Pont de l'Épée, Paris, 1976.
  • Elle, Écrite, Hautécriture, Nouaillé, 1990.
  • La main le Désert, Vague Verte., Wagnarue, 1991.
  • Le délit d'Absolu, L'Arbre à Paroles, Amay-Bruxelles, 1991.
  • L'effacement, L'Arbre à Paroles, Amay-Bruxelles, 1992.
  • Suite intempestive, en collaboration avec René Quinon, Le Flâneur des deux rives, 1996.
  • Ibériques, Interéditions, Paris, 1996. (Grand Prix de poésie du Val de Seine).
  • Avalée, Avalanche, Le Chant de l'Aleph, Paris, 1997.
  • Fermeture en fondu sur la lumière du soir, "Conduite forcée", (Éditions à tirage limité, Eric Coisel Éditeur, Paris, 1998.
  • Arachnéenne, Éditions de L'Agly, Saint Paul de Fenouillet, 1998.
  • Pêcheur d'Islande, (Grand Prix de poésie de la Ville de Dunkerque)
  • Verbes suivi de Anglaises, Éditions Clapas, Aguessac, 1998.
  • Bonjour Monsieur le Facteur, sur des collages de Éric Coisel; Éric Coisel Éditeur, Paris, 1999.
  • Visages, en collaboration avec la plasticienne Charlette Morel-Sauphar, Éditions Passage d’Encres, Romainville, 1999.
  • Noire sœur, écrit et illustré en hommage à S. Beckett, Vincent Courtois éd., 1999.
  • Clé de l’abyme, Le scarabée d’or, en collaboration avec le plasticienne Charlette Morel-Sauphar, Passage d’encres, Romainville, 2000
  • Incisions de lumière, en collaboration avec la plasticienne Charlette Morel-Sauphar, Passage d’encres, Romainville, 2000.
  • Primitives du futur, Éditions de La Porte, Laon, 2000.
  • Final Cut & Survivance, en collaboration avec la plasticienne Ch. Morel-Sauphar, Gech Mosa éditions d’art, Mâcon, 2001.
  • L’Injonction, en collaboration avec Annie Frédéric, coll. Tête-à-tête, Éditions Alain Benoît, Rocheford du Gard, 2001.
  • Les carrés de Charlette, coll. Encres Blanches, Éditions Encres Vives, Colomiers, 2001.
  • Rouge Sang, Charlette Morel-Sauphar ed., Bussières-Macon, 2002.
  • Dons de Mélancolie – A l’épreuve du temps, avec des photographies de Georgette Glodek, Éditions Dumerchez, Creil, 2003.
  • Déchirures, avec des peintures de Bernard Quesniaux, Éric Coisel éditeur, coll. “ Mémoires ”, Paris, 2004.
  • Ethernitée, avec des dessins de Mylène Besson, coll. “à la Main”, édition l’Attentive, Paris, 2004.
  • Araba, Éditions du Contentieux, Toulouse, 2004.
  • Donner ainsi l’espace, Éditions La Sétérée, Crest, 2005.
  • Les blés d’or, Aquarelles de Nicole Pessin, coll. Le fil à retordre, Atelier Marc Pessin, Saint Laurent du Pont, 2006.
  • Voyages immobiles, avec des peintures de Chantal Brischoff et des photographies de René Auger, RC Création, Thorissey.
  • Les paroles de neige, Aquarelles de Nicole Pessin, coll. Le fil à retordre, Atelier Marc Pessin, Saint Laurent du Pont, 2007.
  • Gisante, Eden et après, avec des illustrations de Mylène Besson, Éditions Chloé des Lys, Barry (Belgique), 2007
  • Le voyage, avec une intervention originale de Alain Quercia, Jean Pierre Huguet Éditeur, Saint Julien Molin Molette, 2007.
  • Vertical Duo, avec Marie Bauthias, Éditions du Trident Neuf, Toulouse, 2008.
  • Sillage de Lumière, avec des dessins de Nicole Pessin, Le Fil à retordre, Saint Laurent du Pont, 2009.
  • Faire parler le jour, avec des dessins de Nicole Pessin, Le Fil à retordre, Saint Laurent du Pont, 2009.
  • Odyssée, Raymond Chabert entrée en matière, avec des peintures de Raymond Chabert, photographies de René Auger, RC Création, Thorissey, 2009.
  • Stations christiques, avec des encres de Nicole Pessin, Le Fil à retordre, Saint Laurent du Pont, 2009.
  • & - livret 19, avec les photos d'EOle, EOle éditions, La Batie Montgascon, 2009.
  • Miss Fitts et autres Histoires Ceintes, avec des dessins de Jean-Marc Scanreigh, Éditions Atelier Vincent Rougier, Soligny la Trappe, 2010.
  • L'alphabet des primitifs du retour, avec des aquarelles de Nicole Pessin, Le Fil à retordre, Saint Laurent du Pont, 2010.
  • Les boîtes à A, coll Matchboox, Éditions Voix, Elne, 2010.
  • Le Dictionnaire des Âmes, avec des aquarelles de Nicole Pessin, Le Fil à retordre, Saint Laurent du Pont, 2010.
  • Musikâa, éditions Marie Delarbre, Malissard, 2010.
  • Les enfants de la mer, avec des Aquarelles de Nicole Pessin, Le Fil à retordre, Saint Laurent du Pont, 2011.
  • Noël en alphabet, avec des Aquarelles de Nicole Pessin, Le Fil à retordre, Saint Laurent du Pont, 2012.
  • Les Seins d’Abeille , Editions Jean-Pierre Huguet, St Julien Molin Molette, 2014.
  • "Autre huche" Coll. Apostille Danielle Berthet, Aix Les Bains 2016
  • "Chéri( e)s ou le sexe se met en dernier", coll. Apostilles, Danielle Berthet, Aix Les Bains, 2017.
  • Chambéry en alphabet dessins de Nicole Pessin, Edition Varia Poetica, Saint Laurent duPont,2017
  • "Clavecin des brumes" avec des peintures originales de Andelu, Editions du Geste, 2016.
  • Tu me vois - Sylvie Aflalo-Haberberg", Paris, Sylvie Aflalo-Haberberg, 2019.
  • "Cui cuit" Coll. Apostilles Danielle Berthet, Aix Les Bains, 2018
  • "Lionne va", avec encres Danielle Berthet Le Livre Pauvre, Daniel Leuwers, 2019.
  • "Anna-Base", Editions Furtives, Besançon, 2019.
  • "Pâle haie des spores", coll. Apostilles, Danielle Berthet, Aix Les Bains, 2019.
  • "Le retour sans l'aller", Editions Furtives, Besançon, 2019.
  • "La maison de ma mère" livre d'artiste dessins Danielle BERTHET, 2022
  • "LICHENS sur la neige" livre d'artiste encres et gravures Danielle Berthet, 2022

Essais et Catalogues

  • La Pop-music, Édition Bibliothèque de Travail, Paris.1978.
  • Jean-Luc Favre ( Reymond) : la scène primitive et l'obstination compulsive, S.G.E. Genève. 1995.
  • Jean Jacques Rousseau et retour - Catalogue du sculpteur Marcel Warmenhoven, Den Haag, 1996.
  • 91 apparitions de Marie-Madeleine, (sur les Photographies de Véronique Sablery), Centre d'Art Contemporain, Hôtel Saint-Simon, Angoulême, 1996.
  • Burroughs, le fil(s) perdu, de l'autobiographie à la scriptographie, Éditions Derrière la salle de bains, Rouen, 1996.
  • René Quinon : l'écriture & le silence, Éditions le flâneur des deux rives, Juvinas, 1997
  • Postface à La disparition Fellini de Jacques Kober, Rafael de Surtis Éditeur, La Touche, 1998.
  • Eugène Leroy ou les apparitions, Patin et Coufin, Marseille, 1998
  • La didactique du français dans l'enseignement supérieur : Bricolage ou rénovation?, coll. Sémantiques, L'Harmattan, Paris, 1998.
  • Josef Ciesla : les portes du silence ou le chant des signes, coll. les Sept Collines, Jean Pierre Huguet Éditeur, St. Julien Molin Molette, 1999.
  • Hypothèse du tableau comme clandestinité - propositions pour Gérard Gasiorowski, Éditions Patin et Couffin, Marseille, 1999.
  • Jacques Simonomis, en collaboration avec Jean Rousselot, Éditions de La Lucarne Ovale, Paris, 1999.
  • Evelyn Gerbaud, Éditions Passage d’Encres, Romainville, 1999.
  • Visages - l’œuvre de Charlette Morel Sauphar, Éditions Passage d’Encres, Romainville, 1999.
  • Filigranes-Passages, Catalogue de la plasticienne Charlette Morel Sauphar, Macon, 2000.
  • Les oubliés magnifiques, Éditions Librairie Bleue, Troyes, 2000.
  • Samuel Beckett : l’Imaginaire paradoxal ou la création absolue, Paris, Minard, 2001.
  • Nécessaire défaut de la réalité ou la lettre d’amour qui ne s’écrit pas, in «De tous les jours, photographies de J-Claude Bélégou», Éditions Photographies & Co, Sausseuzemare, 2001.
  • Suites, séries, variations. Catalogue du peintre Joel Leick, in «Suites et Séries», Éditions L’Harmattan et Tour Carrée, Paris, 2001.
  • Beckett et la poésie : la disparition des images, Éditions le Manuscrit, 2001.
  • Drawing by Embers ou la poétique du silence & Du Paradis in «Du Vide au Silence : La Poésie», Éditions Vermillon, Ottawa (Canada), 2002.
  • Théo Crassas : Songs for Distingué Lovers, Éditions Encres Vives, Colomier, 2002.
  • Catalogue de Véronique Sablery pour l'installation "L'Apparition", Salle Royale, Église de la Madeleine, Paris (Avril, mai juin 2003).
  • Thierry Tillier : Lieux et dérives du corps, Éditions de l’Heure, Charleroi, 2003.
  • Un monde toujours nouveau, CD-Rom des œuvres de Charlette Morel-Sauphar, réalisé par Ch. Baudrion, CRDP de Bourgogne & CDDP de Saône et Loire, 2003, Dijon.
  • Catalogue de l’exposition Jean Gaudaire-Thor, Bridgette Mayer gallery, 209 Walnut street, Philadelphie, USA. (sous pseudonyme).
  • Hommage à Blanchot, collection Signes, Éditions Aleph, Malissart, 2003.
  • Marcel Rist, l’étreinte ou l’épreuve des traces, Éditions Anonyme, Auvers Saint Georges, 2004.
  • Le chant des mots et la forêt des signes Préface de «Livres à l’envi - livres d’artistes et affiches de J-M Scanreigh» de Jean Paul Laroche, Éditions Mémoire Active, 2004, Lyon.
  • Catalogue Michel Butor et les peintres, Musée Faure, Aix Les Bains, février-mars 2005.
  • François Bidault : le surface impossible ou le tableau qui pense in «Jeux de surface», coll. Écriture et Représentation, LLS, Éditions Université de Savoie, 2006.
  • Marie Morel, Éditions anonyme, Chambéry, 2006.
  • Ankh : sculptures et gravures, Chapelle de la Visitation, Thonon les Bains, 8 septembre - 21 octobre.
  • Franchir la frontière ou la poésie comme manuel de félixité et Théâtre de la poésie, poésie de la langue, in «Constantin Frosin, francophile roumain» sous la direction de Laurent Fels, coll. Essais/recherche, Éditions Poiêtês, Orthez, 2008.
  • Cool Memories", catalogue de l'Exposition de Véronique Sablery, «Tentation du visible», Abbaye Saint martin de Mondaye, juin-juillet 2008.
  • Une traversée du siècle : arts, littérature, philosophie : hommages à Jean Burgos, avec Barbara Meazzi et J-Pol Madou, Presse de l'Université de Savoie, Chambéry, 2008
  • Martine Quès : Petits bassins d'eau salée, Photographies, Ateliers des Arts Mêlés, Gargas, 2008
  • Martine Quès : Photographier les rochers, Ateliers des Arts Mêlés, Gargas, 2008
  • Il y a du froissé dans l'air, n° froissé, catalogue pour l'exposition de Vincent Rougier à L'Apostrophe - Théâtre des Louvrais Pontoise, Éditions Atelier Vivent Rougier, Soligny la Trappe, 2009.
  • La cécité n'a pas gelé mon corps il l'était avant, in «Au nom de la fragilité, des mots d'écrivains» sous la direction de Charles Gardou, Éditions Erès, Paris. 2009.
  • Jouve, la vision de la femme, in «Jouve poète européen», Cahiers P-J Jouve, no 1, Éditions Calliopée, 2009.
  • Loques et interloques : la vie dans les plis in «La surface : accidents et altérations», coll. Écriture et Représentation, LLS, Éditions Université de Savoie, 2010.
  • Mylène et Pierre in catalogue «Pierre Leloup - Mylène Besson, Face à Face», Musée Faure, Aix les Bains. Publication de la société d'art et d'histoire d'Aix les Bains, no 62, janvier 2011..
  • Voies de passage et Petit dialogue intempestif in catalogue « Courto, fragments tatouant », Éditions Musées de la ville de Chambéry, 2011.
  • Miroir du déserteur, littérature, psychanalyse, miroir de l'autre in «Polars En quête de… l'Autre», collectif sous la direction de P-L Savouret, coll. "Écriture et représentation", Éditions LLLS, Université de Savoie, 2011.
  • Eugène Leroy ou les Apparitions, nouvelle version, 2011, Almagra Éditions, Nantes, 2011.
  • Nicole Valentin et la chair-voyance, catalogue de l'exposition "Autour du feu" de Nicole Valentin, espace Autour du feu, 24 rue Durantin, Paris 18e, juin 2011.

Ouvrages

  • "Si j'étais moi", dans la revue d'art TROU no. XX, 2009
  • La Mariée était en rouge, Éditions du Cygne, Le Chant du cygne, 2009.
  • La Jeune Femme qui descend l'escalier, Éditions du Cygne, Le Chant du cygne, 2008.
  • À perte de vue : Manhattan Transfert, L'Âne qui butine (Belgique), 2007.
  • Les Impudiques : cratères littéraires, Éditions du Cygne, Le Chant du cygne, 2007.
  • Le Voyage, avec une intervention originale de Alain Quercia, Jean-Pierre Huguet éditeur, 2007.
  • L'Homme et l'espace, Atelier Andelu, 2007.
  • Porc épique, Éditions du Petit Véhicule, 2006.
  • Les Blés d'or, aquarelles de Nicole Pessin, Marc Pessin, 2006.
  • Donner ainsi l'espace, La Sétérée, 2005.
  • Thierry Tillier : lieux et dérives du corps, Éditions de l'Heure, 2003.
  • Dons de Mélancolie - à l'épreuve du temps, avec des photographies de Georgette Glodek, Dumerchez, 2003.
  • Chants de déclin et de l'abandon, Éditions Pierron, 2003.
  • Samuel Beckett : l'Imaginaire paradoxal ou la création absolue, Minard, 2001.
  • Le Silence de l'Ile, peint par Tony Soulier, Éric Coisel, 2001.
  • Beckett et la poésie : la disparition des images, Éditions Le Manuscrit, 2001.
  • Évelyn Gerbaud, Éditions Passage d'Encres, 1999.
  • Trois Faces du nom, L'Harmattan, 1999.
  • Le Cycle des vanités, Éditions Pierron, 1999.
  • Josef Ciesla : les portes du silence ou le chant des signes, Jean-Pierre Huguet éditeur, Les Sept Collines, 1999.
  • Hypothèse du tableau comme clandestinité - propositions pour Gérard Gasiorowski, Éditions Patin et Couffin, 1999.
  • L'Araignée de feu, Éditions du Noroît (Canada), 1998.
  • Généalogie vénitienne, Rafael de Surtis, 1998.
  • Eugène Leroy ou les apparitions, Éditions Patin et Couffin, 1998.
  • Drawing by embers, La Main courante, 1998.
  • Arachnéenne, Éditions de L'Agly, 1998.
  • Ibériques, Éditinter, 1996.
  • Burroughs : le fil(s) perdu, de l'autobiographie à la scriptographie, Éditions Derrière la salle de bains, 1996.
  • Le Jour où j'ai tué papa, Virgin-Calmann-Lévy, 1995.
  • L'œil du cyclope (en collaboration avec Marc Pessin), La Main courante, 1995.
  • Jean-Luc Favre : la scène primitive et l'obstination compulsive, SGE (Suisse), 1995.
  • Ici en l'obscur, Ecbolade, 1993.
  • L'Effacement, L'Arbre à paroles (Belgique), 1992.
  • La Main, le désert, Vague verte, 1991.
  • Elle, Écrite, Hautécriture, 1990.
  • La Pop music, Éditions Bibliothèque de Travail, 1978.
  • Corps de pierre, Le Pont de l'Épée, 1976.

Autres lectures

Jean-Paul Gavard-Perret, Joguet, Joguette

Jeux de maux d’amour   Nous parvient la nouvelle « Diagonale de l’écrivain », collection que dirige de main de maître Philippe Thireau, lui-même écrivain, et dans laquelle il convie ses auteurs à s’extriper du [...]




Louis Bertholom, Anatomie du cri et autres poèmes

Explosion de l’âme, souffle qui perce
une voie sonore dans l’espace

Pensée exaltée, prolongement du mot
qui s’épanche avec furie
se fracasse sur un mur impalpable
au spectre de l’écho

De sa source, le jet phonique
comme une lame projetée
scarifie le silence

Crier avec ou sans message
telle une déchirure invisible
dans l’air alors que le tonnerre d’acier
crayonne son parcours dans le ciel

Le cri peut être muet
au creux d’un regard
une souffrance pudique
qui suggère l’empathie

Joie, douleur,  communication
chant, folie, démence
le cri est langage originel
au confluant des espèces

Crions, à nous extirper de la torpeur
avant le grand effacement

Quimper, le 13 février 2025

 

Au feu

Beau désastre
dans la majesté des flammes
puissance de  l’irrémédiable
langues jaunes
qui lapent l’air
narguant le ciel

La plainte des combustions
s’éreinte au fil
de la digestion calorifère

Feu, entité conquérante
dont la fumée
est la victoire émanée

Il contient
peine, joie, survie
sournoiserie et maléfice

Apprivoisé, il miaule
s’en rit dans le triomphe
pleure sous la pluie
dans la braise il rumine

Le feu est la lumière
de nos ténèbres

Nous sommes tous
des feux potentiels
qui flambent, s’éteignent
au gré de nos humeurs

Quimper, le 13 février 2025

Écrire à Trois-Rivières

Écrire
dans la sérénité des tombes
avoisinantes
alors que l’ampoule
tutoie les œuvres sombres
soleil des boiseries
du plancher qui parle
au Christ solitaire
aperçu de la fenêtre quadrillée
par les escaliers de fer
qui grimpent comme les arbres
vers d’improbables destins

Qui suis-je ici
penché sur la table à tiroirs
à trifouiller mon esprit
près d’un animal figé dans un ultime cri ?

La prose trifluviale
me le dira peut-être…

Trois-Rivières (Québec), le 6 octobre 2024 à l’occasion d’un atelier d’écriture animé par Maryse Baribeau, dans le musée des Ursulines, au sein  du 40è Festival International de la Poésie de Trois-Rivières.

Les regrets

Pareils à des bijoux désuets
Qu’on ne peut  jeter
Qu’on n’ose plus porter
Ils gisent dans les tiroirs de l’âme

On ne s’en débarrasse jamais
Les remords nous font face
Comme reflet dans le miroir
Ainsi sont les regrets

Ils se sont assombris
Dans la langueur des jours
En nous poursuivant
Comme des ombres

On aura beau fuir le temps
Appuyer sur l’accélérateur
Aller au bout du monde
Ils s’obstinent,  les regrets

Les sentiments fanés
De la lente mélancolie
Rêvent de leurs éclats
En nous pinçant le cœur

Ils ne lâcheront rien
Qui ne soient les instants
Où la solitude nous ronge
Pour s’immiscer, les regrets

Quimper, le 2 novembre 2023

L’abomination contemporaine
À Sylvain Tesson

Trottinette turbo
tranche l’air sans effort
pour dépasser
l’ombre du temps.

Cœur au repos,
esprit désincarné,
stupidité
de la propulsion assistée.

Abêtissement du mouvement,
soumission de l’espace publique
à la vitesse au détriment
de la nonchalance.

Cheveux au vent, ahuri
sur mécanique nucléique
dont on ne saura
un jour que faire.

Assistance électrique
de l’individu connecté
aux musiques compressées,
sourd aux chants d’oiseaux.

Mouton assujetti
aux startupers
préempte pistes et chemins
dans sa bulle filante.

Kerler à Fouesnant, le 17 août 2023, entre 21h et 23h, après avoir entendu sur Facebook une réaction de Sylvain Tesson au sujet des trottinettes électriques.

Présentation de l’auteur

Louis Bertholom

Textes

© Crédits photos (supprimer si inutile)

Poèmes choisis

Autres lectures

Louis Bertholom, né en 1955 à Fouesnant, Bretagne (France). Ancien chanteur de rock. Auteur de 23 livres, 10 livres d’artiste, 2 CD, et DVD. Prix Xavier-Grall pour l’ensemble de son œuvre. Il donne des récitals avec musiciens de jazz. Critique, sociétaire Sacem, membre de la Société des Gens de Lettres et de l’Association des Écrivains bretons, il publie en revues. Figure dans plus de 80 anthologies à travers le monde. Il coorganise salons et soirées littéraires. Outre en France, il participe à de nombreux festivals et des scènes au Québec (4 fois), Ontario, Bénin, Maroc, République Tchèque, Roumanie, Serbie, Belgique, Russie… Des poèmes ont été traduits et publiés en 12 langues dans une vingtaine de pays, il a préfacé environ 20 livres. Il intervient  en ateliers d’écriture et d’oralité dans des écoles, collèges, lycées et a donné des récitals dans des amphithéâtres d’universités. Héritier des bardes celtiques, il est aussi influencé par la Beat Generation. Bibliographie visible sur Wikipédia. Sa biographie écrite par l’écrivain et universitaire Alain-Gabriel Monot : Louis Bertholom, le poème comme un cri, est parue en 2020 aux Éditions Yoran Embanner.

© J.M.Hérin.

Bibliographie 

Poussière d’Ombres. Éditions Blanc Silex, 1995. Illustré par Malo. Épuisé

Glenmor, terre insoumise aux yeux de mer. Avec Bruno Geneste, Éditions Blanc Silex, 1997. Collectif. Épuisé

Les Ronces bleues. Éditions Blanc Silex, 1998. Préface Gil Refloch. Épuisé (1ère édition)

Les Îles internes. Éditions Cahiers Blanc Silex, 2000. Illustré par Youenn Gwernig. Épuisé

Le rivage du cidre. (Récit), Éditions Blanc Silex, 2002. Illustré par Claude Huart. Épuisé (1ère édition)

Pèlerin de l’infini. Éditions Encres Vives, 2006

Infinisterres. Les Éditions Sauvages, 2007. Illustré par Marc Bernol

Amerika blues. Les Éditions Sauvages, 2009

Bréviaire de sel.  (Fragments), Atelier de Groutel, 2011. Livre objet Illustré par Jean François Hémery. Épuisé

Les Ronces bleues. Les Éditions Sauvages.  Nouvelle édition augmentée, 2012. Préface Gil Refloch

Mordre le monde. Les Éditions Sauvages, 2012

Bréviaire de sel. Les Éditions Sauvages, 2013. Préface Alain-Gabriel Monot. Illustrations Paul Quéré

Paroles pour les silences à venir. Les Éditions Sauvages, 2015. Préface Alain-Gabriel Monot

Avec les orties du temps. Les Éditions Sauvages, 2016

Nous te souvenons Glenmor. Avec Bruno Geneste, Éditions des Montagnes Noires, 2016. Collectif. Épuisé

Mémoire des sources vives. (Récits), Éditions des Montagnes Noires, 2017

Le rivage du cidre. Éditions des Montagnes Noires, réédition augmentée,  2018. Préface Mark Gléonec

L’enfant des brumes. Éditions Rafael de Surtis, 2018

Au milieu de tout. Les Éditions Sauvages, 2019

Blues-rock. Éditions Sémaphore, 2020

À mes amis envolés, oraisons funèbres. Éditions Vivre tout simplement,  2020. Préface Nicole Le Garrec

La lyre du silence. Les Éditions Sauvages, 2021

Passager du rivage.  Les Éditions Sauvages, Photos de Jean-Michel Hérin, 2023

Le Graal de Kerouac. Les Éditions Sauvages, préface Bruno Geneste, collages Marie-Josée Christien, 2024

Le rock transgressif vu de Bretagne,  Éditions des Montagnes Noires, préface Alain-Gabriel Monot, 2024

Calice de la pensée, sur des dessins de Marc Marchant. Les Éditions Sauvages, 2025

Autres lectures

Louis BERTHOLOM, Au milieu de tout

Strophes courtes, vers brefs le plus souvent, ces poèmes sont marqués par l’oralité, ils sont faits pour être dits, pour être chantés. Et ce n’est pas un hasard si Louis Bertholom est par [...]




Stéphane Mongellaz, Retour à l’atome et autres poèmes

AU FOND D’UN PUITS

Ainsi rétracté sur lui-même (nœud fixe, noir) le chaos nourricier exhume de sa mémoire le
souvenir d’une mécanique de vies. C’est le choc premier :

les murs se lézardent,
les mues s’égrènent en spirales, d’où

de vagues écritures s’échappent, dérivent selon
d’anciennes équations de marées qui, absorbées
une nuit
sous leur propre niveau, se jettent
un jour
sur nos espaces actuels.

La précision est telle que l’on peut voir,
dans la singularité

d’un saut, d’un vol, d’un trou,

le souffle continu d’existences et de morts 
que ne suivent rien d’autre
que de nouvelles naissances : 

un océan brûlé où plongent
des formes, des ombres
de matière que nous frappons tels
nos crânes contre les murs

pour recoudre les plaies
ballantes et l’ondulation bleue
du sang sur l’élastique des mers   

avant que l’oubli ne tarisse nos veines. 

 

SEUL CET ESPACE

Toi. Là    où depuis sa mort
éternelle une étoile habille
ton ombre de fantôme glisse
sa main dans la gesticulation
de ta peau
découpe le vide sous tes pas
de pantin seul avant d’essorer
son éclat entre les trous et les piles
sales de ton cerveau qui sauvagement
s’accroche au grillage
tors de la gravité   

n’oublie pas

les continents
les édifices
les histoires sont des prétentions d’hommes sur une Terre écumeuse et blanche. Elle vieillira
rouge au zénith d’un désert.

 

EXIL

I

Horizon de solstice.
Hiver recourbant.

Dehors le froid opère sa victime

démunie de sa peau de bête
meurtrie de l’os à la moelle

elle a un sursaut 

jet de pierres
ciel devenu disque.

À l’instant
le corps se souvient de ses métamorphoses.

 

EXIL

II

Tu poses ta brosse à cheveux.
Tu viens te coucher contre moi.
Tu éteins la lumière.
Je ne bougerai pas. Je ne me trahirai pas.
Ressens la vacuité qui nous sépare, qui seule emplit les extrémités de la chambre, qui change
l’espace. Regarde-moi,
j’ai de nouvelles étoffes, j’en ai fait ces larmes dans lesquelles tu sombres comme sous un
drap. Je le déchirerai
afin que tu caresses mes autres écailles dressées sur le tas de notre vie.

Tu as développé tes racines dans l’éther. Tu crois toujours en tes planètes.

Moi, être-mutant, en prise avec la précession des axes,
je m’efface de l’évolution,
je sors du lit,
je rallume.

Ma peau se distend.
Mes côtes s’allongent.

Voici les Créatures. Elles m’emmènent.

 

RETOUR À L’ATOME

Soleil    boule d’hélium, étoile en gros plan    va gonfler ailleurs, laisse-moi tout le
diamètre de la Terre.
Je ne veux pas savoir quel sera le prochain pays où j’irai.
Je ne pars pas.

Du fond de mon aven (où j’ai conservé les derniers fruits des champs)
je m’endors, loin des océans et de leurs fosses
mises à jour, prêt à m’effacer
dans le feu de l’orge.

Stéphane Mongellaz

Présentation de l’auteur

Stéphane Mongellaz

Né en 1980 en région parisienne. Mes études s’orientent rapidement dans les bistrots où apprendre, écouter et échanger avec des compagnons de tous bords politiques et artistiques, et de tous âges, m’éclairent sur les excès et la vanité de ma morale, de mes actes, et m’aident à accepter mon état de révolte.

Ainsi ma poésie tente d’exister parmi l’intrication des choses, de résister contre sa propre fin, de questionner la cosmologie, d’ériger face à tout ordre une parcelle d’humanité.

Bibliographie (supprimer si inutile)

Autres lectures




Lucie Grall, C’est toi qui mènes la danse

Elle est une mère « brisée » comme le sont toutes les mères qui perdent un enfant. Lucie Grall raconte dans un livre émouvant la disparition de son fils aîné, décédé à l’âge de 25 ans. Poèmes de l’absence et de la douleur d’une « âme navrée » et au « cœur déchiré ».

Il s’appelait Tanguy et mordait la vie à pleines dents. Rebelle, « anar », il voulait connaître le monde sous toutes ses coutures. « Ton appétit de vivre toutes les fraternités/dans l’ivresse des fêtes et des joies de l’été ». Voilà un  jeune homme qui était « parti chercher la promesse de la vie (…) vers « les rimes du soleil et de l’olivier ». Mais la camarde rôde. C’en est très vite fini pour ce « guerrier forcené ». S’engagent alors trois années de combat contre la maladie.

Pour parler de la perte, Lucie Grall rameute les souvenirs. D’abord celui de l’enfant que fut Tanguy (« tes petits pieds chauds de bébé sur ma peau »). Car c’est bien cet enfant-là qui s’en va et qui fait d’elle cette maman en détresse tentant de barrer la route à l’inéluctable. « Mon grand, mon tout petit/ne t’en va pas/agrippe-toi aux grelots de ma voix ». Mais le fils s’en va. A l’hôpital, à son chevet, la mère compte « ces heures perdues dans les couloirs glacés ».

 Très peu d’années après, elle affronte avec ses mots l’heure fatidique du départ. Et même cette stupeur muette au sein de la chambre mortuaire. « Pas un cri, pas un sanglot/pas même un chuchotement/dans le silence nu et glacé ». Des obsèques, elle dit qu’il fut « une jour si lourd de douleur/tissé au point de croix/à l’écheveau des peines ».

La mort de Tanguy frappe de stupeur les amis, la parentèle. Quand au père, Youn, il masque son chagrin dans le labeur/ « Remuer la terre/semer pailler moissonner/il a tant à faire/pour tenter de tarir cette douleur ».

  

Lucie Grall, C’est toi qui mènes la danse, La Part Commune, 65 pages, 13,90 euros.

Ecrivant ce livre, Lucie Grall retrouve parfois les accents des poèmes de son père Xavier. Car bon sang ne saurait mentir. On trouve ainsi dans ses textes fiévreux cette forme d’exaltation qui exprime la présence éternelle d’un disparu. « Tu vis au bord de mes rêves » (…) « Ta voix console et murmure » (…) « Mais d’où vient-elle cette voix ? ». Lucie Grall  formule au passage  le vœu que son fils ait retrouvé son grand père. « Je veux croire que vous êtes aujourd’hui l’un près de l’autre. Le cœur à l’unisson, le cœur en paix ».

Dans l’instant, il y a aussi ces signes mystérieux d’un contact avec l’au-delà. Ainsi cette complicité étonnante avec le chant d’un oiseau, « solitaire passereau/à gorge coquelicot/qui ravigote et console ». Comme si le fils interpellait sa mère par un chant.

Présentation de l’auteur

Lucie Grall

Lucie Grall est auteure et poète.

© Crédits photos KÉVIN GUYOT, OUEST-FRANCE

Poèmes choisis

Autres lectures

Lucie Grall, C’est toi qui mènes la danse

Elle est une mère « brisée » comme le sont toutes les mères qui perdent un enfant. Lucie Grall raconte dans un livre émouvant la disparition de son fils aîné, décédé à l’âge de 25 [...]




Martin Payette, Soif de divertissement et autres poèmes

Suspendus au plafond parmi les célébrités nous sommes, collés les uns aux autres par une soif de divertissement. Laisser cette soif emplir la gorge, couler l’organe interne qui te veut lucide.

Assécher sans arrêt l’intérieur, l’organe lucide dans une soif constante de divertissement, désert sans liquide, liquide désert.

Morbide mais familière, la soif de divertissement piège le regard dans ses miroirs. L’esclave intime quête l’approbation des pupilles, des célébrités et le moi flambant nu délaisse son projet d’être libre et vrai.

 

LA VOIX ET LES DETTES 

Une voix rauque de créancier émerge, profitant de ma terreur du pire pour reprendre du service. Je ne sais par quelle stupéfiante connexion peur et honte se coordonnent pour fracasser ma conscience, alimentant un dialogue souterrain qui me dépasse complètement. Et c’est ainsi que la voix s’exprime : « Regarde tout ce que tu as manqué, raté, perdu, déformé et ce, depuis la genèse de tes actes. »

Voyez ! Elle sait quoi dire pour jouer à la ventouse dans mon dos et siphonner le tube de lumière qui longe mes vertèbres : « C’est entendu, dit-elle, tu dois payer, et le montant de ta dette est énorme. À mesure que tu paies, tu te crées de nouvelles dettes par de nouvelles maladresses et je ne vois pas comment tu pourrais t’en sortir. » Et la voix éclate d’un rire énorme, car elle sait que, dans ce cumul de dettes, je m’enterre définitivement. La voix écrase, révèle d’autres paiements pour briser ce qu’il reste de volonté en moi.

 Rien ne sert de discuter avec elle, ses termes sont bien trop précis et sa logique financière, sans faille. Réparation des trous personnels et historiques, des cibles manquées, des aveuglements petits et grands qui germent en nous, à notre insu, alors que nous nous relevons à peine de notre cécité passée. La voix est toujours en avance d’un temps sur la somme de nos meilleures actions, le reste traîne loin derrière. Mais une faille se dessine sous la tonalité rauque…

Demande à la voix : « Qui es-tu ? »  Demande au créancier son origine, son identité, demande qui t’interrompt sans arrêt à chaque fois que tu ouvres la bouche. Tu verras qu’il s’agit de toi, créancier, toi-même à qui tu as emprunté et qui a gonflé pour son propre compte les intérêts. Le créancier, c’est toi. La dette, c’est toi. La souffrance à livrer, le taux d’intérêt, c’est toi qui les a fixés. Tu es toutes ces personnes en même temps, le prêteur et le prêté, le créancier et le mauvais payeur, l’huissier véreux et la malheureuse victime. À toi de demander à la voix quelle est la suite, quoi faire de la dette dans une telle situation. Tu auras une réponse nouvelle, d’une fraîcheur inattendue, lorsque tu verras une seule personne, une seule réalité derrière ce dialogue.

UN JEU D’ENFANT

Enfant, j’ai inventé un jeu : était-ce seulement le mien ou le vôtre aussi ?

Ce rituel m’habitait comme une obsession et je le répétais plusieurs fois par jour, voire par heure. Je fermais les yeux et, après un certain décompte, je les rouvrais avec l’idée que tout était effacé. Je reprenais alors mon existence à zéro avec un esprit de pureté et de nouveauté, j’étais pour ainsi dire nettoyé de mon passé. Une vie nouvelle commençait.

Mais ce petit rituel ne fonctionnait jamais longtemps ; quelques minutes après, je me rendais compte que je n’étais pas celui que je voulais être, quelque chose faisait cruellement défaut. Non pas que j’étais entravé dans mes actions, mais l’ancien moi était toujours là, pauvre, incomplet, misérable. Les yeux fermés, je recréais une image de ce que je voulais être, mais sitôt les yeux rouverts, cette nouvelle vie se fissurait, je retombais dans l’existence précédant le « grand saut ». Je ne pouvais que recommencer encore et encore, en fermant et rouvrant les yeux avec toujours plus de violence, jusqu’à comprendre que je ne serais jamais l’image nouvelle de moi-même, qu’aucune coupure n’était possible avec l’ancienne vie.

Depuis longtemps, je ne m’attends plus à l’émergence d’un nouvel être par ce rituel enfantin. Maintenant, les choses vont et viennent, de petites prises de conscience se font sans battements de paupière. Je considère la personnalité de départ comme une sorte de base de travail incontournable, et ce, dans une continuité perpétuelle. Jusqu’à ce que je sois en mesure, sur mon lit de mort, de fermer les yeux définitivement sur l’ancienne vie et de les rouvrir sur une nouvelle, enfin lessivé de ma manie de toujours retomber en moi-même.

 

RÉCONCILIATION

Je désire réconcilier sexe sauvage et cœur tendre des ébats. Je dis cela gentiment, mais vous saurez le traduire en des termes plus bruts, plus rudes, car vous connaissez bien la nature de ce trouble. Il y a quelque chose d’agressant dans le fait d’être possédé par la pulsion sexuelle. Il y a quelque chose de lancinant dans le fait de ne pas la satisfaire.

PSYCHO-POP INTERNE

Très psycho-pop à l’interne, je m’observe, inspire, expire, proclame présence à moi-même, mais quelle nébuleuse intime aura le dernier mot ?

Étrange lorsque les exhalations d’un temps perdu infiltrent des lieux publics et qu’il devient possible de renifler ses vidanges astrales à travers un design branché. Étrange dis-je, car, à ce moment précis, je me rappelle des amours passées. La nostalgie s’accouple-t-elle seulement avec le sursis, la tentation de durer ?

Tout un charabia s’organise pour justifier ces résurgences : l’Unique n’est pas de cette vie, ou bien je ne l’ai pas encore connue dans ce monde ni retrouvée, ou bien je ne la vois pas ou ne l’ai jamais vue, ou bien elle est déjà là, tout près, tout loin, avec moi dans d’autres mondes incréés ou ailleurs, disséminée dans chaque parcelle de femme.

Ce n’est rien, seulement le délire d’un organisme vieillissant qui veut justifier sa quête devant les miroirs.

Ce purgatoire m’est familier. Maintenant qu’il est révélé, le désir m’éclabousse de sa véritable nature, insatiable, insaisissable et d’une souveraineté infinie. Il gambade d’un objet à l’autre, et je le soupçonne d’être un despote hostile bien installé à l’interne, avec cette autonomie menaçante qui le caractérise. Telle une série de poupées russes, cette multitude désirante cache son jeu et se dissimule en elle-même sans jamais dévoiler ses fondements.

LA DETTE CORIACE

Très coriace en moi cette idée : comment payer à tout jamais la dette intime, contractée depuis des siècles ?  Ô Seigneur des esclaves débiteurs, avec quel sang, quelle sueur ?  Nerfs et veines fractionnées, prélèvements à même la carcasse. Sinon brûle tes avoirs, marche dans la rue enrobée de culottes.

Offre aux passants une orgie de culpabilité.

PRENDRE SOIN

Une vie parsemée de faux pas, de déséquilibres et de sursauts névrotiques, une imagination qui ne s’est jamais souciée des règles d’atterrissage. Après une période de déni, de pain quotidien et de bonnes intentions, un nouvel horizon émerge à la mi-temps de la vie adulte.

Mon être troué, cet ennui qui m’a complètement surplombé, je ne les évite plus. Je les prends comme ils sont et les enrobe d’une dimension esthétique lorsque je les sens sur le point de m’achever, comme dans les beaux jours de la dépression. Je peux seulement donner à cet abattement mélancolique le droit d’exister, sans pour autant me laisser posséder par son climat.

Aux autres qui mènent leur existence comme un récit solide et bien structuré, je ne souhaite que du bien, mais, au final, rien ne dit que ce style vaut mieux qu’un ennui chronique qui ne saurait se déraciner.

Le mélancolique, lorsqu’il parvient à ne pas se laisser absorber par sa masse obscure, est comme le bon chien qui allège la solitude de son maître, le cosmos. La bête ne comprend rien à la situation du créateur calé dans son fauteuil, mais elle est sensible à l’infinie tristesse d’en haut, aux trous noirs de son unicité perdue, et sa présence console. Elle le sait, elle est là sa raison d’être, et le mélancolique comme le chien ne peuvent s’empêcher d’être fidèles à cette mission.

ADOLESCENCE LITTÉRAIRE

J’ai vécu de sacrés moments de déprime littéraire. Lorsque le fiel s’agglutine, le gouffre d’ennui et le cœur mal pompé récitent : défais le jour, tu perdras également tes cartes dans la création. Ce sentiment d’être très étroit, compressé dans la poitrine, le gilet inconfortable d’auteur avorté qui m’enserre et me refroidit bien comme il faut.

L’adolescent exalté au long manteau noir qui voulait toucher beaucoup de gens, marquer les esprits. L’aventure, le spectacle, le sens du combat qui s’est étiolé au fil des rendez-vous manqués pour laisser place à une existence confortable. La déception de n’avoir pas vécu d’appel, de passion, d’exil ou de création subventionnée. Du calme compressé, un confort à quatre murs qui se referme tout doucement sur les années.

Tout est devenu une question d’endurance et de discernement par la suite. Un rayon de conscience, si faible soit-il, peut mettre à jour et enrayer l’engrenage des névroses. Contre toute attente, l’esclave intime s’insère dans le système économique, mais ne cesse jamais de contrecarrer les plans de Pharaon. La guérison psychique, l’éveil de la conscience, l’utopie réalisée à petite échelle, l’art sacré : tous ces papyrus ont été précieusement conservés pour la sortie hors d’Égypte.

Mais des vautours invisibles rôdent près des portes de sortie, ceux-là même qui ont fait tant de mal à l’adolescent idéaliste. La banalité, l’abandon, l’indifférence sont des adversaires qui sévissent avec efficacité et discrétion. Même avec l’appareil à coudre les plaies béates, il est difficile de repousser ces mercenaires de l’absence.

 

NARCISSISME ASTRAL

Sur le plan astral, je me prends parfois pour un autre.

J’y diffuse une publicité grossière et racoleuse. Je suis souvent critiqué, à juste titre, pour le succès commercial ainsi obtenu.

C’est que j’ai beaucoup de moyens financiers dans l’antimatière, et je me suis bâti une clientèle parmi la population pauvre et peu éduquée des spectres. Gloire caduque, nombre effarant de cadavres adulescents visionneurs de mes publications : tout est vanité et poursuite du vent, dit l’Ecclésiaste, même dans des dimensions plus vastes et plus épurées que la nôtre.

DERNIÈRE LETTRE AUX AMIS

Il y a toujours des amis, mais rien n’est facile : ou bien ils répètent comme moi les mêmes erreurs de l’incarnation précédente, ou bien ils sont d’outre-tombe et veulent me transmettre de sages conseils qui n’arrivent pas à perforer l’épaisseur des sociétés.

Je suinte de partout, mais reste malgré tout l’ami fidèle. Je suis disponible pour décrire la trame de ta renaissance, cher ami, si cet éclairage t’est nécessaire. Nous restons fluides en partages malgré nos limitations : toujours nous persistons, le museau collé contre la vitrine d’une muse apparente, incapables de cerner l’ensemble du tableau par-delà les cadres.

Nous nous reverrons souvent, mais le temps presse. L’amorce des extinctions révèle que cette vie ne pourra être déversée pour se répéter indéfiniment dans une autre. Le paradis, l’enfer, le purgatoire, tous réclament le dénouement des amitiés. Alors, il faudra se rassembler et s’attaquer, un par un, aux nœuds de tous et chacun. Certains pourront franchir la porte étroite, les autres seront pasteurisés par l’archange.

Commençons le travail maintenant, pour avoir au moins une chance.

 

Présentation de l’auteur

Martin Payette

Martin Payette est enseignant en francisation à Montréal. Il a publié un recueil de poèmes, Don Juan et le mode Turbo, aux éditions À l’index. Il est compositeur de musique électronique et collabore régulièrement avec un centre de yoga et de méditation pour créer des ambiances immersives.

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Regard sur la poésie Native American : Paula Gunn Allen ou l’esprit vivant des traditions.

Texte et traductions de Béatrice Machet

Paula Gunn Allen, née Paula Marie Francis le 24 octobre 1939 (Albuquerque, Nouveau Mexique), décédée le 29 mai 1988, est désormais reconnue pour avoir laissé  une marque indélébile sur la littérature américaine grâce à sa description de la vision du monde amérindienne dans sa poésie. Son père était d’origine libanaise et sa mère Pueblo-Laguna et Sioux.

Sa poésie montre combien est nécessaire la diversité des perspectives au sein du paysage littéraire américain ainsi qu’elle fait la preuve de la valeur intrinsèque de l’intégration des voix autochtones dans le narratif de l’histoire des États-Unis. Son héritage familial, paternel d’un côté, et maternel de l’autre, enraciné à la fois dans les traditions du peuple Pueblo-Laguna et des Sioux, fournit une riche mosaïque d’éléments culturels, d’expressions linguistiques et de croyances spirituelles qui enrichissent sa poésie. C’est dans ce contexte de sagesse ancestrale, de liens sacrés avec la terre et de respect pour le monde naturel qu’elle écrit afin de transmettre la vision du monde des Amérindiens.

Notre histoire : Paula Gunn Allen, auteure.

Paula Gunn Allen a passé son enfance à Cubero (état du Nouveau Mexique), au contact du peuple Pueblo-Laguna, elle fait donc sienne cette culture. Elle se marie en 1962, et en 1966, elle obtient une licence  en littérature anglaise. Deux ans plus tard, elle obtient une maîtrise en création littéraire à l'université de l'Oregon. Ralph Salisbury, d'ascendance Cherokee, y est son professeur de poésie. En 1974, avant même qu’elle ne soutienne sa thèse, son premier recueil de poésie, The Blind Lion (le lion aveugle) est publié. C’est à cette époque que,  mariée et divorcée deux fois, elle commence à prendre conscience de son homosexualité. En 1975, elle soutient une thèse, dans le département des études amérindiennes, à l'Université du Nouveau-Mexique, à Albuquerque. Elle y rencontre le poète Robert Creeley, qui y est professeur, et qui l'introduit aux œuvres d’auteurs tels que Charles Olson, Allen Ginsberg et Denise Levertov. Avec son titre de docteur en poche, Paula Gunn Allen enseignera à l'Université du Nouveau-Mexique, où elle va poursuivre ses recherches, et notamment la place des femmes dans les cultures amérindiennes. Elle enseignera ensuite au Fort Lewis College dans le Colorado, au College de San Mateo, à l'Université de l'État de San Diego, à l'Université d'État de San Francisco, à l'Université de Californie de Berkeley, puis à UCLA.

Pour l’anecdote, l’oncle paternel de Paula Gunn Allen, Lee Francis, était un conteur et poète Pueblo Laguna, Carol Lee Sanchez, sœur de Paula Gunn Allen, est une autrice Pueblo Laguna, et Leslie Marmon Silko, autrice Pueblo Laguna du célèbre roman Cérémonie, est aussi une parente.

Pour donner le ton et faire comprendre ce qui motivait Paula Gunn Allen, voici ce qu’elle déclarait dans l’anthologie qu’elle avait rassemblée sous le titre de La femme tombée du ciel, Récits et nouvelles de femmes indiennes" (Spider Woman's Granddaughters : Traditional Tales & Contemporary Writing by Native American Women, 1989, Beacon Press) : « Tant qu'un peuple ne peut exercer aucun contrôle sur la façon dont il est décrit, que son sentiment d'identité est bafoué à chaque instant dans les livres, les films, les programmes de radio et de télévision, il ne peut que se décourager. Mais quand il se met à définir lui-même les images données de lui, alors le simple espoir de survivre peut faire place à une espérance plus ample : celle de s'affirmer, de vivre, de désirer vivre. » Elle a aussi déclaré : « « Les Indiens d’Amérique, même les citadins, vivent dans le contexte d’un territoire. Leur littérature doit donc être comprise dans le contexte à la fois de la terre et des rituels par lesquels ils affirment leur relation à celle-ci ». Cette remarque pourrait avoir été prononcée par n’importe quel autre auteur-ice amérindien-ne. Le rapport d’appartenance entretenu avec la terre, le relation forte à un territoire (qui souvent les a vu naître, ou bien est la terre ancestrale de leurs parents), est fondamental si l’on veut faire l’expérience de la pensée et du vécu amérindien. De ce lien découle un regard positif, une posture positive vis-à-vis du monde et de la vie. La poésie de Paula Gunn Allen nous rappelle que la vision du monde amérindienne n’est pas une relique du passé mais une philosophie vivante, inspirante, qui continue de façonner les expériences, les identités et les histoires des peuples autochtones d’Amérique aujourd’hui. En nous plongeant dans la poésie de Paula Gunn Allen, nous sommes conviés, nous sommes initiés à apprécier la profondeur, la sagesse et la résilience des cultures autochtones. Il serait temps de reconnaître que leurs voix et leurs visions du monde restent aussi pertinentes et vitales, plus que jamais dans le contexte géopolitique globalisé actuel, et dans le contexte plus étroit de la société américaine contemporaine. La perspective amérindienne véhiculée dans les œuvres de P.G.Allen est une perspective holistique qui met l’accent sur l’interdépendance de tous les êtres vivants et du monde naturel. Cette interdépendance est au cœur des cultures autochtones et a une profonde signification spirituelle comme culturelle. Elle favorise une compréhension qui transcende les frontières de l’individualisme et de l’ego, en reconnaissant que les humains ne sont qu’une partie d’un vaste réseau de vie sur Terre, et au-delà, partie du cosmos. Cette vision remet l’humain à une place non de dominant, non d’exploitant ou d’exploiteur, mais de responsable et de participant au grand tout cosmique. Dans cette vision du monde, chaque élément du monde naturel, des animaux et des plantes aux rochers et aux rivières, est censé posséder un esprit ou une force vitale. La poésie de Paula Gunn Allen exprime magnifiquement cette expérience, (c’est beaucoup plus qu’une croyance), en décrivant le monde comme un réseau d’esprits interconnectés, chacun avec son rôle et sa signification.

Interview radiophonique diffusée sept mois avant la mort  de Paula Gunn Allen, en 2008. Green radio.

Les cultures autochtones accordent une grande valeur aux traditions orales, aux histoires et aux rituels transmis à travers les âges. Dans sa poésie, Paula Gunn Allen s’intéresse fréquemment à ces histoires traditionnelles et à ces éléments culturels, dont l’importance de les préserver est vécue non seulement comme un acte de résistance mais aussi de survie. Les communautés autochtones accordent une place prépondérante au bien-être collectif et à la coopération. La poésie de P.G. Allen dépeint un sentiment d’unité et d’interdépendance, soulignant l’idée que le bien-être de l’individu est intimement lié, ne peut pas être séparé du bien-être de la communauté. 

Dans son recueil Selected Poems,  le poème intitulé  Skunk Aesthetics  (esthétique de la moufette), Paula Gunn Allen évoque l’esprit de la mouffette, une créature souvent considérée comme dégoûtante dans la culture occidentale. Ses mots élèvent la mouffette à une place d’honneur, en célébrant ses qualités uniques. Le poème souligne la perspective amérindienne d’une complémentarité de la création, soulignant l’importance de chaque être vivant dans le monde naturel.

Le poème intitulé  Kochinnenako in Academia  (Kochinnenako dans le monde universtaire) évoque « Kochinnenako », un terme Hopi qui désigne un concept de vie et d’équilibre féminin. Ce poème illustre combien la sagesse ancestrale continue de guider et d’informer la vie des peuples autochtones contemporains.

Dans Grandmother I . Fishing,  (Grand-Mère I. Pêche) P.G.Allen exprime sa révérence pour le monde naturel. L’acte de pêcher devient une expérience spirituelle, établit une connexion avec l’eau, avec les poissons et l’écosystème au sens large. Elle décrit la pêche comme un acte profond de communion avec l’environnement.

 Song for Earth Wisdom (Chant pour la sagesse de la Terre) célèbre la terre en tant qu’entité sacrée et souligne le rôle de l’humanité en tant que gardienne de cette terre. Le poème met en évidence la croyance selon laquelle les humains sont responsables du bien-être de la planète et de son réseau interconnecté de vie, croyance et surtout engagement pris par le bébé amérindien en naissant.

Dans Wing Woman  (Femme Aile), Paula Gunn Allen évoque une « wing woman » qui serait guide et protectrice, et qui d’autre part souligne l’importance des relations humaines dans l’épanouissement aussi bien individuel que collectif : le soutien et la coopération mutuels sont essentiels au bien-être de la communauté et du monde en général.

Le poème, intitulé à juste titre  Langage, élucubre les fonctions  multiformes du langage en le présentant comme un outil qui englobe un large éventail d’expériences humaines. Le langage ne se limite pas à un but particulier, mais reflète globalement les aspects de l’existence humaine. 

Language

Language is the word
and the Word.
Language is for praise.
Language is for study.
Language is for thought.
Language is the most powerful instrument of war.
Language is the most powerful instrument of peace.
Language is for telling the truth.
Language is for lying.
Language is for honour.
Language is for shame.
Language is for vengeance.
Language is for forgiveness.
Language is for blasphemy.
Language is for respect.
Language is for loving.

Le langage est la parole
et la Parole.
Le langage est fait pour louer.
Le langage est fait pour étudier.
Le langage est fait pour réfléchir.
Le langage est l'instrument de guerre le plus puissant.
Le langage est l'instrument de paix le plus puissant.
Le langage est fait pour dire la vérité.
Le langage est fait pour mentir.
Le langage est fait pour honorer.
Le langage est fait pour la honte.
Le langage est fait pour la vengeance.
Le langage est fait pour pardonner.
Le langage est fait pour blasphémer.
Le langage est fait pour respecter.
Le langage est fait pour aimer.

Dans un autre poème intitulé Grand-mère, Paula Gunn Allen évoque la force du langage : une grand-mère communique avec sa petite fille sans qu’aucun mot ne soit prononcé, mais cependant elle transmet sa culture et ses valeurs car une profonde connexion entre les deux s’est établie qui n’est pas du simple silence. La communication non verbale se fait par la qualité des présences et de l’attention portée chacune sur l’autre.

Grandmother

Languageless one,
always I listened
watched,
not speaking to me
in the tongue of the Pimas.
But each day
we heard each other
whispering secrets
in the silence
of darkness.

Grand-mère

Sans langue,
j'écoutais
j'observais toujours,
je ne me parlais pas
dans la langue des Pimas.
Mais chaque jour
nous nous entendions
chuchoter des secrets
dans le silence
de l'obscurité.

Un autre poème de Paula Gunn Allen, portant le même titre, Grand-mère,  évoque  Spider Grandmother , Grand-mère-Araignée, une figure importante pour la culture des Indiens Navajo, Pueblo de Keres, Zuni et Hopi. Dans la plupart des cas, elle est associée à l'émergence de la vie sur terre. Elle aide les humains en leur apprenant des techniques de survie. Spider Woman enseigne également aux Navajos l'art du tissage.

 

Avant que les tisserands ne s'assoient au métier à tisser, ils se frottent souvent les mains dans des toiles d'araignée pour absorber la sagesse et l'habileté de Spider Woman. Mais la figure de l’araignée apparait aussi chez les Sioux (Lakota, Dakota et Nakota) sous le nom d’Iktomi, l’homme-araignée, et il est alors le « Trickster » (tour à tour bénéfique ou faillible, clown ou héros). Quant aux Indiens Choctaw, ils racontent l'histoire de Grand-mère Araignée qui ayant volé le feu, après que les animaux l'eurent refusé, l’apporta aux humains. Chez les Cherokee, elle a rapporté la lumière du soleil sur terre (grâce à un pot en argile qu’elle a attaché sur son dos). Et chez les Indiens Anishinaabeg, c’est l’araignée qui a enseigné aux humains comment fabriquer des capteurs de rêves (les cauchemars sont retenus dans la toile) et les rêves bénéfiques parviennent au dormeur).

 

 

Grandmother

Out of her own body she pushed
silver thread, light, air
and carried it carefully on the dark, flying
where nothing moved.
Out of her body she extruded
shining wire, life, and wove the light
on the void.
From beyond time,
beyond oak trees and bright clear water flow,
she was given the work of weaving the strands
of her body, her pain, her vision
into creation, and the gift of having created,
to disappear.
After her
the women and the men weave blankets into tales of life,
memories of light and ladders,
infinity-eyes, and rain.
After her I sit on my laddered rain-bearing rug
and mend the tear with string.

From: Allen, Paula Gunn, ‘Grandmother’ in The Explicator, Volume 50, 1992 – Issue 4, p. 247.
(
https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00144940.1992.9935337?journalCode=vexp20)

Grand-mère

De son propre corps, elle poussa
un fil d'argent, de la lumière, de l'air
et sur l’obscurité le porta avec précaution, volant
là où rien ne bougeait.
De son corps, elle expulsa
un fil brillant, la vie, et tissa la lumière
sur le vide.
Par-delà le temps,
au-delà des chênes, de l'écoulement clair et lumineux de l'eau,
elle reçut la tâche de tisser les brins
de son corps, de tisser sa douleur, sa vision
en une création, et que cette création
soit destinée à disparaître.
D’après son exemple
les femmes et les hommes tissent des couvertures-contes de vie,
des souvenirs de lumière et d'échelles,
des yeux d’infini et la pluie.
Comme elle, je m'assois sur mon tapis à échelles porteur de pluie
et je répare l’accroc avec de la ficelle.

 

Le dernier livre de Paula Gunn Allen est un livre posthume, intitulé America the Beautiful  (Amérique la magnifique). Toute personne un peu sensible ayant un peu vécu aux États-Unis comprend combien ce pays est contrasté. Tout et son contraire y cohabitent. Dans l’expérience de la poétesse,  ce qui fait la beauté de l'Amérique peut surprendre : les horreurs constatées rencontrent aussi un immense espoir, et les absurdités remettent en cause les promesses. Ce livre fut entrepris en pleine catastrophe politique et personnelle, Paula Gunn Allen a en effet perdu deux fils. Elle s’autorise des traits d’humour comme « Je veux demander aux arbres s’ils souhaitent pouvoir bouger ». Il est comme un feu de joie composé des ruines de la civilisation, avec un appel lancé à faire un effort pour rétablir les choses « en ordre », c’est-à-dire, et selon les valeurs amérindiennes, assurer les conditions de l’harmonie sur Terre et dans le cosmos. Faisant cela, le livre met en avant et nous exhorte à ne pas oublier ce qui est vraiment important dans le monde pour la vie.

 Revisiter l’histoire et la raconter du point de vue amérindien, remettre en question les stéréotypes et les mythes répandus par les occidentaux, là réside aussi une motivation d’écrire pour bien des auteurs, et Paula Gunn Allen s’est penchée sur deux héroïnes célèbres Pocahontas et Sacajewea, deux figures de femmes dont la vraie vie est loin de la légende et des films qui les montrent. Le très long poème dédié à l’histoire de Sacajewea, intitulé “The One Who Skins Cats” (Celle qui écorche les chats) reprend une citation de Tom Rivington, qui présente l’héroïne comme une femme profondément en contact avec la nature, « elle adorait les fleurs blanches qui poussaient à la limite des neiges sur les flancs des hautes montagnes ». Pour rappel, elle appartenait à la nation Shoshone, et encore adolescente (17 ans et enceinte de son mari canadien Français Toussaint Charbonneau (commerçant), elle a accompagné en tant qu’interprète l’expédition Lewis & Clark depuis St-Louis dans le Missouri jusqu’à la côte nord-est du pacifique en suivant le Mississipi. (Elle était la seule femme au milieu de 32 hommes).L’auteure se glisse dans la peau de l’héroïne et présente le point de vue de Sacagawea elle-même, femme réelle et non légende, non visage représenté sur une pièce de monnaie, ou encore statue à la gloire de la conquête et de l’American Dream. Dans la première partie de son poème, P.G. Allen montre les diverses façon de la représenter mais surtout dévoile sa condition de captive : « Je suis celle qui / tient mon fils dans mes bras, / celle qui se marie, celle / qui est asservie, celle qui est battue, / celle qui pleure, celle qui connaît / le chemin, qui fait signe, qui connaît / la nature sauvage ». Elle est « femme esclave, femme perdue, femme herbe / femme col de montagne / femme rivière », et elle est également « libre ». Rappeler que derrière l’image stéréotypée des femmes amérindiennes se cachent de véritables personnalités façonnées par des cultures, elles incarnent l’identité amérindienne, et les convoquer est une façon d’empêcher que celle-ci soit supprimée du réel et enfermée dans les musée ou les livres d’histoire, histoire racontée par l’envahisseur qui doit « légitimer » l’invasion, la colonisation et sa violence génocidaire. La seconde partie du poème a des accents féministes. Paula Gunn Allen dénonce les femmes blanches qui simplifient l’histoire des femmes amérindiennes : « Ces femmes blanches qui ont décidé que moi seule / j’ai guidé l’expédition de l’homme blanc à travers / le monde, que savaient-elles ? Une servante indienne, / ont-elles dit. Une servante. C’est moi ». Elle poursuit en dénonçant le féminisme « blanc » qui utilise les clichés sur les femmes amérindiennes afin de faire avancer leur propre libération, mais sans créer de place pour les femmes indigènes dans le mouvement de libération des femmes. La romantisation féministe blanche de Sacagawea nie son expérience et son identité de femme amérindienne. Les femmes autochtones portent un lourd fardeau en tant que femmes de couleur car confrontées à un double mouvement d’injustice : de la part des femmes féministes blanches qui cherchent à les exploiter, et de la part des hommes de leurs propres communautés qui les accusent d’être des traîtres car accusées de suivre les manières des femmes blanches. Paula Gunn Allen termine en racontant l’histoire moins connue mais tout aussi importante de la façon dont Sacagawea a fui son mari violent. Puis dans sa dernière strophe elle rappelle la diversité des façons de représenter Sacajewea : « l’histoire de Sacagawea, servante indienne, / peut être racontée de bien des manières différentes. / Je peux être le guide, le chef. / Je peux être le traître, le serpent. / Je peux être les plumes au vent ».

Maintenant voici le poème qui donne voix à Pocahontas. Elle n’était pas une « princesse Indienne » puisque cette hiérarchie sociale n’existait pas en Amérique du nord parmi les nations Indiennes. Des auteurs, historiens, conservateurs et représentants de la tribu Pamunkey de Virginie, descendante de Pocahontas, dressent le portrait d'une jeune fille courageuse qui a grandi avec le but de devenir une jeune femme intelligente, éduquée afin de comprendre les enjeux de la colonisation. Quand John Smith fut fait captif dans son village, elle entreprit d’apprendre sa langue afin d’un jour pouvoir servir de traductrice, d'ambassadrice et de leader à part entière afin de savoir faire face à la colonisation européenne. Des preuves écrites par Smith lui-même indiquent que des échanges linguistiques ont eu lieu entre eux ; on parle nulle part d’une histoire d’amour, ni d’admiration naïve d’une toute jeune-fille pour le soldat blanc chrétien ; et la réalité pourrait bien être que Pocahontas s’était mis à la disposition de sa communauté pour essayer d’assurer son bien-être et sa survie en des temps très troublés où l’univers amérindien s’effondrait.  Et c’est donc animée de cette mission qu’elle a accepté de quitter sa tribu en espérant apprendre et comprendre les britanniques jusqu’à aller en Angleterre. Elle y mourra, sans avoir revu les siens.

 

POCAHONTAS TO HER ENGLISH HUSBAND, JOHN ROLFE

Had I not cradled you in my arms,
oh beloved perfidious one,
you would have died.
And how many times did I pluck you
from certain death in the wilderness—
my world through which you stumbled
as though blind? Had I not set you tasks
your masters far across the sea
would have abandoned you—
did abandon you, as many times they
left you to reap the harvest of their lies;
 still you survived oh my fair husband
and brought them gold
wrung from a harvest I taught you
to plant: Tobacco.
It is not without irony that by his crop
your descendants die, for other powers
than those you know take part in this.
And indeed I did rescue you
not once but a thousand times
and in my arms you slept, a foolish child,
and beside me you played
chattering nonsense about a God
you had not wit to name;
and wondered you at my silence—
simple foolish wanton maid you saw,
dusky daughter of heathen sires
who knew not the ways of grace—
no doubt, no doubt.
I spoke little, you said.
And you listened less.
But played with your gaudy dreams
and sent ponderous missives to the throne
striving thereby to curry favor
with your king. I saw you well. I
understood the ploy and still protected you,
going so far as to die in your keeping—
a wasting, putrefying death, and you,
deceiver, my husband, father of my son,
survived, your spirit bearing crop
slowly from my teaching, taking
certain life from the wasting of my bones.

 https://waltonhigh.typepad.com/files/pocahontas_to_her_english_husband-.pdf

 

POCAHONTAS À SON MARI ANGLAIS, JOHN ROLFE

Si je ne t'avais pas bercé dans mes bras,
oh perfide bien-aimé,
tu serais mort.
Et combien de fois t'ai-je arraché
à une mort certaine dans la nature sauvage-
précisément mon monde dans lequel tu trébuchais
comme si tu étais aveugle ? Si je ne t'avais pas assigné de tâches
tes maîtres de l'autre côté de la mer
t'auraient abandonné -
t'ont abandonné, autant de fois qu’ils
t'ont laissé récolter la moisson de leurs mensonges ;
tu as survécu, oh mon beau mari
et tu leur as apporté de l'or
extrait d'une récolte que je t'ai appris
à planter : le tabac.
Ce n'est pas sans ironie que par sa récolte
tes descendants meurent, car d'autres pouvoirs
que ceux que tu connais participent à cela.
Et en effet, je t'ai secouru
non pas une fois, mais mille fois
et dans mes bras tu as dormi, enfant insensé,
et à côté de moi tu as joué
à bavarder au sujet absurde d’un Dieu
que tu n'avais pas suffisamment d’esprit pour nommer ;
et tu t'es étonné de mon silence -
tu as vu une simple jeune fille insensée et dévergondée,
fille brune de pères païens
qui ne connaissait pas les voies de la grâce -
sans doute, sans doute.
J'ai peu parlé, as-tu dit.
Et tu as encore moins écouté.
Mais tu as joué avec tes rêves criards
a envoyé de longues missives au trône
essayant ainsi de t'attirer les faveurs
de ton roi. Je t'ai bien vu. J'ai
compris le stratagème et je t'ai quand même protégé,
allant jusqu'à mourir sous ta garde -
mort gaspillée, mort putréfiante, et toi,
trompeur, mon mari, père de mon fils,
tu as survécu, ton esprit lentement a porté les fruits
de mon enseignement, tu as certainement hérité
d’une vie dans le dépérissement de mes os.

 

Quand elle était petite, la famille de Paula Gunn Allen parlait cinq langues. Elle a dit qu’elle devait sa qualité de poète à ce mélange, à ce multilinguisme. Elle croyait que la poésie devait être utile et que l’utile était beau. Elle disait : « La langue, comme une femme, peut faire naître ce qui n’existait pas ; elle peut, comme la nourriture, transformer un ensemble de matériaux en un autre ensemble de matériaux. » Une des  conclusions qu’il est possible de tirer c’est que dans un monde en évolution rapide, la poésie de Paula Gunn Allen témoigne de la valeur durable de la sagesse ancestrale dans les cultures amérindiennes. Son œuvre encourage les lecteurs à reconnaître, à saisir et faire sien l’esprit vivant de ces traditions, comme les leçons qu’elles continuent de nous offrir.

Présentation de l’auteur

Paula Gunn Allen

Paula Gunn Allen (24 octobre 1939 - 29 mai 2008) était une poétesse, critique littéraire, activiste, professeure et romancière américaine. D'origine métisse européenne-américaine, arabe-américaine et amérindienne, elle s'identifie au peuple de sa mère, les Laguna Pueblo. Paula Gunn Allen a écrit de nombreux essais, récits et poèmes sur des thèmes amérindiens et féministes, ainsi que deux biographies de femmes amérindiennes. Elle a édité quatre recueils d'histoires traditionnelles amérindiennes et d'écrits contemporains.

En plus de sa poésie et de ses fictions, elle a publié en 1986 le livre The Sacred Hoop : Recovering the Feminine in American Indian Traditions, dans lequel elle affirme que les Européens ont minimisé le rôle des femmes dans leurs récits des cultures amérindiennes en raison de leurs propres préjugés, puisqu'ils étaient issus de sociétés patriarcales.

 

Bibliographie 

  • The Woman Who Owned The Shadows (1983), novel

Poésie

  • America the Beautiful: The Final Poems of Paula Gunn Allen (2010)
  • Life is a Fatal Disease: Collected Poems 1962-1995 (1997)
  • Skins and Bones: Poems 1979-1987 (1988)
  • Shadow Country (1982)
  • A Cannon Between My Knees (1981)
  • Star Child: Poems (1981)
  • Coyote's Daylight Trip (1978)
  • Blind Lion Poems (The Blind Lion) (1974)

Essais

  • Off the Reservation: Reflections on Boundary-Busting Border-Crossing Loose Canons (1998)
  • Womanwork: Bridges: Literature across Cultures McGraw–Hill (1994)
  • Grandmothers of the Light: A Medicine Women's Sourcebook (1991)
  • The Sacred Hoop: Recovering the Feminine in American Indian Traditions (1986)
  • Studies in American Indian Literature: Critical Essays and Course Designs (1983)

Biographies

  • Pocahontas: Medicine Woman, Spy, Entrepreneur, Diplomat (2004)
  • As Long As the Rivers Flow: The Stories of Nine Native Americans (1996)

Anthologies

  • Hozho: Walking in Beauty: Short Stories by American Indian Writers (2001)
  • Song of the Turtle: American Indian Literature, 1974-1994 (1996)
  • Voice of the Turtle: American Indian Literature, 1900-1970 (1994)
  • Spider Woman's Granddaughters: Traditional Tales and Contemporary Writing by Native American Women (1989)
  • The Serpent's Tongue: Prose, Poetry, and Art of the New Mexican Pueblos, ed. Nancy Wood. (1997)
  • Living the Spirit: A Gay American Indian Anthology, ed. Will Roscoe. (1988)

Poèmes choisis

Autres lectures




Xavier Makowski, Chasse-Ténèbres

Voici un livre à apprivoiser ! Plein de mots à découvrir, mots du terroir, mots érudits, surprenants, déroutants, intimidants. Insolites. Tout un décodage du Verbe, que Xavier Makowski appelle « des mots à épingler comme des espèces rares et à libérer dans cette polyphonie, cette cacophonie de chasses-ténèbres. » Les mots pour le dire, les mots pour chasser les ténèbres, d’où le titre du livre, qui fait référence à une ancienne pratique paysanne musicale pour chasser les mauvais esprits de l’hiver avec des instruments qui peut-être furent tout d’abord des flûtes, sifflets, et râcleurs puis sans doute plus tard des mandores, galoubets, ou busines, sans oublier la toutouro dont une note à la fin du livre dit qu’elle était la trompette d’Aubagne ou de la Saint Jean. Trompettes en terre cuite trouvées sur le Mont Ventoux et ténèbres terriennes : nous voici au cœur du livre.

 

Pour comprendre ce long poème publié dans un format carnet d’écolier ou journal de bord, il faut tout d’abord pénétrer dans l’intimité des ténèbres qui ont entouré Xavier Makowski à l’été 2022. Une intimité dont il n’est pas coutumier, car il n’aime ni se vanter ni se plaindre, ainsi que le montrent ses œuvres plastiques https://www.xaviermakowski.com/ tout imprégnées de philosophie et d’anthropologie. Mais, telles les Parques, trois fatalités se sont abattues sur lui. En parallèle, la maladie d’Alzheimer qui fait perdre l’usage de la parole rationnelle et laleucémie lymphoïde chronique. La mort a pris la mère et menace le fils, cette menace se doublant d’un désastre écologique, soit les incendies de l’été 2022 ou « tout a brûlé » en Provence.  

Trois destins divisés en sept histoires dont la narration est un tissage entrecroisé dès le début et dont les acteurs se retrouvent ci-dessous, ci-dessus la trame, depuis la première partie intitulée « Annonce » jusqu’à la dernière partie intitulée « Terrienne. » Il y a aussi une mise en déséquilibre entre la caillasse de Sisyphe qu’il faut conquérir comme le fit Tom Simpson, le cycliste britannique mort en 1967 au sommet du Mont Ventoux et la sensation de tomber dans un « creux » qui suit un cauchemar souvent hypnopompique.

Xavier Makowski. Chasse-Ténèbres. Saint Pierre : Le corridor Bleu, 2025. 142 p. ISBN 9782493214065.

Ces drames en forme de miroir nous emmènent dans la danse des mots. Certains ont surgi de l’enfance normande de la mère, juste avant que la maladie ne la prive de l’usage de la parole, rappelant de delicieuses evocations culinaires ou visuelles (clopoing, berne, mucre, tue-vaque, teurgoule). D'autres sont liés aux thérapies du cancer (Gümprecht, Vénétoclax, Gazyvaro) ou viennent d’erreurs syntaxiques, orthographiques ou typographiques (bien malgré que, languécrasénoire, lanima, Voisincollabo). D’autres encore procèdent par onomatopées ou allitérations. Les langues ainsi inventées se brouillent tout autant que les lieux confondent le réel (Provence, Normandie, hôpital) avec les lieux imaginaires d’un personnage fantoche, l’apprenti-plaquiste.

Écrit en une nuit de canicule et d’insomnie, dans un état hypnagogique jumeau de l’intuition créatrice, ce long poème forme un récit « bricolé » qui se décompose au gré des pages, tel une bande dessinée, en pellicules individuelles. Il s’y mêle les souvenirs personnels de l’auteur, les souvenirs racontés par sa mère, des rêves, et des réalités intérieures et extérieures. Le rythme de ces narrations est aéré mais, passant d’une réflexion à une autre, constitue un continu narratif où s’entrechoquent personnages, endroits, et événements qui jouent à cache-cache au fil des pages. Ce continu force le lecteur à concevoir la vastitude du récit, tout en notant les pensées individuelles, réflexions sur l’art, vignettes prises sur le vif, ou observations du quotidien qui découpent l’action et forcent le lecteur à changer de vitesse. Le tout est de ne pas perdre le fil directeur.

L’ironie est une technique importante pour Xavier Makowski. Le trickster (tricheur, filou, coquin, bouffon) des tribus natives d’Amérique du Nord, le Brer Rabbit des griots africains et des récits afro-américains n’ont pas de secret pour lui. L’ironie ainsi comprise n’est pas l’ironie occidentale directe, parfois cinglante, toujours amusante, toujours rapide. Elle n’est ni la raillerie ni le sous-entendu. L’ironie chez Xavier Makowski est indirecte, distante, elle est une forme de résistance à l’adversité, comme l’ont si bien dit les écrivains de l’Europe de l’Est pendant la guerre froide. Et si elle fait contrepoint à la gravité du sujet, c’est pour amener le lecteur à une vision philosophique et apaisée. Ainsi l’énigmatique apprenti plaquiste qui intervient de temps en temps dans les histoires vécues, fournit-il des digressions amusantes tout en définissant le contrepoint entre continu et séparation et en renforçant l’effet de miroir des sept histoires. Même la danse des mots est un clin d’œil au langage, une forme d’ironie subtile vis-à-vis de la réalité, un signal que le lecteur ignorerait à son détriment et qu’il doit commencer par apprivoiser afin de comprendre comment le « chasse-ténèbres » exorcise tout ce qui fait mal et qui grince.

∗∗∗

Chasse-Ténèbres - Xavier Makowski extrait 1/2 - (p.93)

 

ce serait ici
au point le plus haut
qu’on déciderait de construire
un observatoire météorologique
ce serait en fouillant ici
pour faire les fondations qu’on découvrirait
les fragments de trompettes en terre cuite
le poète y verrait un nid de rapaces enfoui
et ce serait sur ce lieu rituel qu’on érigerait
une station d’outils complexes
pour prendre toutes sortes de mesures
des mesures climatiques pour mesurer
mesurer par exemple la force du vent

 

Chasse-Ténèbres - Xavier Makowski extrait 2/2 - (p.106)

ça fait des groupes de mots
coiffés de sombreros
des chasse-ténèbres
au carnaval de jour
comme pour renverser la nuit
ce petit orchestre mariachi
à l’ombre des platanes malades
et l’apprenti plaquiste
qui ricane de sa trouvaille
entonne son petit vacarme
griffu

                               Ay, ay, ay, ay
                               Canta y no llores

Présentation de l’auteur

Xavier Makowski

Né en 1976, Xavier Makowski grandit dans le Vaucluse dans un environnement dit “rurbain”, agricole et touristique. Environnement qui s'impose rapidement comme territoire d'observation, mêlant nature et consumérisme. Avec cet arrière-plan, il développe un travail plastique prenant sens dans des installations recourant à divers médiums (objets, photographies, aquarelles, textes, …).

Bibliographie

Expositions personnelles

Otium Collecte, Musée Gallo-Romain Villa Loupian, Loupian (34), JUIN > SEPTEMBRE  2020

Indulgere Genio, Espace o25rjj, Loupian (34), JUIN > SEPTEMBRE  2020

Petit outillage de printemps, Librairie Lettres Vives, Tarascon (13), AVRIL 2018

Cabanon Grands Plantiers, Intervention dans un cabanon de vignes , Sainte Cécile les vignes (84), JUIN 2018

Furtivement My art goes boom - Latelier, Sète (34), FÉVRIER 2018

Omnia hec pulcra exuntia , Maison des Jeunes et de la Culture, Carpentras (84), 2007

Petit bonjour de Sainte Cécile, Musée Louis Gauthier - Sainte Cécile les vignes (84), 2006

Intervention au sein de la collection entomologique Louis Gauthier, 2006

Expositions collectives

My art goes boom, Villa Dutoit - Genève (Suisse), 2017

Chantier Interdit au public, avec Renaud Bargues, Thibault Franc, Xavier Makowski, Antoine Picard, Espace E3 galerie collective - Arles (13), 2016  

Kitsch Art, Musée Louis Gauthier, Sainte Cécile les vignes (84), 2014

Les Nouveaux ruralistes, avec Aurélie Peyron, Ateliers de la faculté d’Arts Plastiques, Aix-en-Provence (13), 2001

Publications revues

• Les Carnets du Ventoux (poésie)

• Doc(k)s numéro « Nature - de l’imitation au clonage » (Aquarelles de la série paysage)

• D’ici là (poésie)

• Diérèse (poésie)

• Catastrophes (poésie)

Poèmes choisis

Autres lectures

Xavier Makowski, Chasse-Ténèbres

Voici un livre à apprivoiser ! Plein de mots à découvrir, mots du terroir, mots érudits, surprenants, déroutants, intimidants. Insolites. Tout un décodage du Verbe, que Xavier Makowski appelle « des mots à épingler comme [...]




Chronique du veilleur (59) : Marie Alloy

Marie Alloy est peintre et graveur, elle est venue directement et naturellement à la poésie, qu'elle aime au point d'éditer les manuscrits qu'elle préfère. Sa maison d'édition est d'une qualité tout à fait remarquable.

Marie Alloy peintre rédige un journal d'atelier, ressent la nécessité, non pas d'expliquer les œuvres qu'elle peint, mais de les accompagner de méditations, de chants poétiques.  Noir au fond, magnifiquement illustré par elle-même, nous fait entrer dans son univers intérieur, d'une grande richesse d'âme et de vision. Jour et nuit, lumières et couleurs, animent puissamment ce livre. On ressent une profonde sollicitude envers ce monde souffrant, le poème évoquant les « enfants de toutes guerres » en est la preuve.

Le livre s'adresse aux lecteurs inconnus, à ces vies «  passagères », auxquelles elle confie le meilleur de son art :

                  nous vous offrons ces fruits
                  ces oranges ces carmins
                  ces ombres bleuissantes
                  et leurs douleurs secrètes
                                   pour les dissoudre dans la toile

 Marie Alloy, Noir au fond, Voix d'encre, 19 euros.

Un tableau montré dans l'atelier, c'est « une fenêtre sur le printemps », ouverte comme un cœur pour le partage des joies et des peines. Peut-être, suggère-t-elle aussi, est-ce « un pacte (…) signé des yeux / avec la candeur de notre enfance. »  La lumière « s'éprend » des couleurs sur la toile  et « le sens s'attrape au vol sur la page ». N'est-ce pas le même élan, la même quête, qui pousse l'esprit et le regard, la main qui laisse des traces de couleurs ou d'encre ?

Le silence, comme une aube de neige, entoure Marie Alloy  dans les plus belles pages, à l'orée de l'indicible :

 

                                       L'unique lumière
                                       c'était ce silence qu'en hiver
                                       la peinture reçoit  d'un regard clair
                                       d'un geste pur

                   La couleur
                   cet onguent contre le chaos
                  levait les frontières

                   Il n'y avait rien à prendre rien à retenir
                   sinon ce vertige  cette vapeur du monde

                  dans le renversement des mots et des choses

 

Comme l'inexplicable est beau alors, à l'image de « la douce enfance » qui « garde en elle / sa neige en feu » !

 

Présentation de l’auteur

Marie Alloy

Marie Alloy, née à Hénin-Beaumont le 2 juillet 1951, est peintre, graveur et éditeur. Elle est également l'auteur de plusieurs ouvrages ainsi que de textes publiés dans des revues.

Iris Cushing




Sophie Loizeau, Les Moines de la pluie, Tom Buron, Les cinquantièmes hurlants

Faces, pièges voire attrape-nigauds par Sophie Loizeau

D’un oiseau l’autre, d’une poésie à la narration, le « Je » de Sophie Loizeau - la si bien nommée - se métamorphose – par exemple – en effraie : « J’enfile une tunique alourdie de mousses, de lierre, de fleurs, et un loup en plumes blanches et or. Le costume en soi ressemble à un amoncellement de déchets verts – pas comme le loup qui est luxueux. Le masque du printemps dans toute son ambiguïté ».

Et c’est ainsi qu’entre récits, contes, poèmes toute une volière humaine mélange ce qui s’agite en érotisme, fantasmagorie, un peu d’horreur et beaucoup de magie (verbale – mais pas seulement). Entre une « Vieille femme dans le berceau » et « Vulves » tout vagabonde d’un château l’autre comme écrivait Céline. Mais de tels édifices vont bien ici. Tout se répond dans ce monde forestier : mouettes, biches, renardes, moines de la pluie permettent (même si ce ne sont pas les seuls permettent des rencontres même si elles n’ont pas lieu face-à-face merveilleux mais des miracles renaissent.

Sophie Loizeau puise dans l’ici comme dans les mythes une manière ludique e(t humoristique pour entrer en  esprit d’animaux plus ou moins grâce à la densité d’une langue qui va sa liberté dans ce livre présenté habilement en chapitres.

Out va au lecteur qui voyage entre diverses tensions et tentations là où la poésie donne au besoin des frictions à la fiction. Mais le tout reste homogène sans oublier les plaisirs de la mise en abime du réel que celui de la langue. Et qu’importe les mares où elles s’ébroue pour invoquer au besoin disparu(e ) ou fantômes allongés (parfois sur la narratrice-auteure) ou debout. Parfois le jeu des corps fonctionne, parfois – évrit l’auteure – « la synchronisation déconne ».

Certes ici la vie est un ensemble de gains et de pertes sans que le lecteur s’en plaigne. Il souffre au besoin d’un pil, mais le plaisir imbibe son cerveau par les massages mentaux et stylistiques d’une telle fée des songes.

Sophie Loizeau, Les Moines de la pluie, Éditions Le Pommier, 2024, 213 p., 18 €.

Chacun d’un texte à l’autre espère sa venue même si parfois (telle une séditieuse) abuse de l’ellipse. Mais comment lui pardonner et qu’importe les dénouements d’une telle créatrice manipulatrice parfois jusqu’à l’hurluberlu. Nous rêvons de roder autour d’elle maitresse femme accomplie nous en sommes aussi d’un autre genre qu’elle : l’hurluberlué.

∗∗∗

Aux sandales du voyant

Tom Buron creuse une place pour le silence intérieur puisqu’en chacun de nous veille l’enfant à la langue tue. L’enfant à qui - afin qu’il ne voit pas la souffrance - on a toujours si mal bandé les yeux. L’auteurs à l’inverse reste le voyant.

Dès lors pas besoin de prendre la pause en un  tel livre. Laissons-nous aller. Le monde éclate il n’a pas de frontière : mais se barattent les ténèbres. Toutefois pour Buron  ce qui ne pouvait s’accepter mais qui demeure et ne finit pas. Le monde avait donc perdu sa mesure même si l’enfant rêvait de s’arracher au temps.

Chaque lecteur veut toutefois les mots, on espère jusqu’à la prochaine émotion – joie ou douleur, jusqu’au prochain silence même si l’écriture qui n’accomplit jamais mais elle a besoin d’espérance sauf retourner jamais

Demeure l’inconnu. Il permet de révéler l'obscur noyau d'un secret  Nous n’en saurons ne saura rien sinon quelques indices, quelques traces. Comprendre simplement que les corps ne font plus corps Mais Buron les remet en cause parce qu'il demeure la chair de l’être en exhiber les stigmates, les énigmes -  matière inavouée dans ses points de fuite.

Il faut donc la laisser parler sa langue obscure. Elle joue toujours à l'extrémité d'une représentation qui avance à tâtons dans l'inconnu loin du poids immense des livres, des Talmud et des Bible et même de Blake.

Cette aube-crépuscule appelle sans cesse  ce que les mots repousse en croyant la parler. Impossible de penser la poésie autrement là où elle est arrosée par le sang du mystère  qui en nous privant parfoi  de repères nous offre un nécessaire saut dans le vide. 

Tom Buron, Les cinquantièmes hurlants, Collection Blanche, Gallimard, 2025, 17 €.

Nous pouvons le comprendre au mieux on peut entendre ses échos.  La carapace de l’être éclate. Quelque chose peut surgir : de l'ordre de la joie, une dernière attente : “ qu’en sera-t-il de nous ? ”  reste une question ouverte.

Et la poésie  demeure la sentinelle égarée qui tente chaque fois le saut dans l’impossible. Ombre et lumière se mangent là où ne subsiste que la folie du croire, du croire voir. Folie de la couleur parcimonieuse aux échancrures de noir.

 

Présentation de l’auteur

Sophie Loizeau

Née en 1970, Sophie Loizeau est poète, elle écrit également des récits. Elle vit à Versailles.

Ses trois premiers livres, écrits entre 1998 et 2004 (Le Corps saisonnier, La Nue-bête, Environs du bouc) sont marqués par la présence de la nature. Une nature qui fraye avec le fantastique et le mythologique, avec le désir et la sexualité. Les livres suivants (La femme lit, Le roman de Diane, Caudal), écrits entre 2004 et 2013, forment une trilogie autour du mythe de Diane et tentent une féminisation systématique et radicale de la langue.

© Crédits photos Adrienne Arth

Bibliographie

  • Le Corps saisonnier, Chaillé-sous-les-Ormeaux, Le Dé bleu, 2001 (BNF 37711847), édition bibliophilique numérotée enrichie de lithographies de Jacques Vimard, Éditions Barbova, 2009.
  • La Nue-bête, Chambéry, Comp'Act, 2004.
    Prix Georges Perros 2006.
  • Environs du bouc, Chambéry, Comp'Act, 2005.
    Avec une quatrième de couverture de Bernard Noël. Réédition en 2011 aux Éditions de L'Amandier, Paris, augmenté d'un entretien avec Pascal Quignard paru en octobre 2008 dans le n°5-6 de la revue Passages à l'Act (BNF 42606899). Prix Yvan Goll en 2005.
  • George Sand, Daniel Arsand (suite), Céline Minard (suite) et Sophie Loizeau (suite), Albine Fiori : roman inachevé de George Sand ; avec trois suites de Daniel Arsand, Céline Minard, Sophie Loizeau, Chambéry, Éditions Comp’Act, 2005.
    Roman inachevé de George Sand avec 3 « suites ».
  • Sophie Loizeau et Claude Panier (frontispice), Anima mundi, Clamart, Les Cahiers de la Seine, 2005.
  • Bergamonstres, Chambéry, L’Act Mem, 2008.
    Nouvelle édition réunissant La Nue-bête et Environs du bouc.
  • La Femme lit, Paris, Flammarion, 2009.
    Ce livre a bénéficié d’une bourse du CNL en 2005.
  • Son appendice, caudal, Montluçon, Contre-allées, 2010.
    Réalisé dans le cadre du 6e festival de poésie contemporaine Poètes au potager.
  • Caudal, Paris, Flammarion, 2013. Ce livre a été publié avec une aide de 900 € du Centre national du livre.
  • Lys, Fissile 2014 avec des dessins de Bernard Noël.
  • Ma maîtresse forme : Naturewriting, Champ Vallon, 2017.
  • La chambre sous le saule, PU Rouen, 2017.
  • Les Loups, José Corti, 2019.
  • Les Épines rouges, Le Castor Astral, 2022.

En anthologies

Des œuvres de Sophie Loizeau figurent également dans plusieurs anthologies, dont :

  • Passeur de mémoire, collection Poésie / Gallimard, 2005,
  • Couleur femme, Castor Astral, Le Printemps des poètes, 2010,
  • La poésie à plusieurs voix, Armand Colin, 2010,
  • Éros émerveillé, collection Poésie / Gallimard, 2012.

Participations

  • « Originaire », Regards croisés sur la carrière Chéret, Conservatoire d'espaces naturels, 2011. 

Théâtre et performances

  • Un spectacle poétique : Le plus clair du temps je suis nue, mis en scène par Claude Guerre, créé à La Comédie de Reims en 2005 et repris à la Maison de la Poésie de Paris en 2008.
  • Écriture et chorégraphie : Pleine peau, textes écrits à partir d’un travail chorégraphique de Maria Donata d’Urso, créée au Cent Quatre à Paris en 2010.
  • Des lectures-performances à la Maison de la poésie de Paris, Arkhéon, mai 2011. Conception : Wilfried Wendling / mise en scène : Sophie Loizeau.

Poèmes choisis

Autres lectures

Présentation de l’auteur

Tom Buron

Tom Buron est né en 1992 en banlieue parisienne. 
Auteur de poèmes et de nouvelles, il se taille tout d’abord une réputation dans l'underground littéraire parisien par les lectures publiques de son poème-fleuve souterrain et convulsif Le Blues du 21e Siècle dont une première version est publiée en 2015 dans la revue Le Cafard Hérétique. Le webzine Bookalicious salue alors « la musicalité et le rythme » du texte : « un voleur de feu qui préserve la flamme de la poésie ».

Dans le même temps, il commet quelques traductions de textes courts d’auteurs anglophones pour des revues et publie quelques uns de ses poèmes traduits dans de nombreux fanzines en Angleterre et en Irlande, tout en réalisant quelques piges sous son nom et sous pseudonymes. En 2016, il préface l’édition britannique du roman initiatique Blossoms and Blood de l’écrivain américain Mark SaFranko dont il est la voix française lors de sa tournée dans l’hexagone un an plus tard.
En 2017 paraît son deuxième ouvrage, Nostaljukebox, imprégné de jazz et dont les poèmes s’articulent autour d’un chant central, oscillant entre la bourlingue des bas-fonds urbains et la quête spirituelle. Dans sa préface, le poète beat Jack Hirschman ne tarit pas d’éloges : « Buron représente la contemporanéité de demain, ce par quoi nous serons tous saisis dans les jours à venir de la poésie ». Il est à cette occasion sélectionné parmi les jeunes poètes prometteurs lors de la Nuit des Nouvelles Ecritures de la Biennale Internationale de Poésie du Val de Marne. L’ouvrage est salué par la revue culte Les Lettres Françaises, par le quotidien belge Le Soir, et le comédien Jacques Bonnaffé en lit un extrait sur France Culture.

Début 2018, lors de sa résidence d’auteur à Metz proposée par L’Atteinte et dont France 3 tire un reportage, il réalise un spectacle musical autour de Nostaljukebox avec le musicien Jean Sébastien Grunfelder.

Bibliographie 

NOSTALJUKEBOX (préface de Jack Hirschman), bookleg #135, Editions MaelstrÖm, 2017
LE BLUES DU 21e SIECLE, bookleg #124, Editions MaelstrÖm, 2016

Participations aux revues & magazines : Souffles, Le Cafard Hérétique (original), Traversées, Les Nouveaux Délits, Comme en Poésie, Microbe, Festival Permanent des Mots, On Peut Se Permettre, Schnaps, Le Zaporogue, Paper & Ink, Mange Monde, Spered Gouez, etc.

Participations aux anthologies : Dehors (Editions Janus – Prix Ribot 2016), Revolutionary Poets Brigade (#3 & #4), 50 Poètes Sémaphoristes (Maison de la Poésie de Quimperlé, 2017), L’Arcane de la Force (MaelstrÖm, 2017), zOOdiac Cosmosophies (MaelstrÖm, 2018), etc.

Trois de ses poèmes ont également été publiés sous forme de petits livres conceptuels par la micro-édition californienne PoemsForAll : Sinkin Ship (#1368) en 2015, 100mph (#1451) en 2016 puis Rehabilitation of the Sun (#1823) en 2018, ainsi que sa traduction en anglais d’un extrait du « Hie » d’Arthur Cravan (#1450).

Poèmes choisis

Autres lectures