Florence Noël, Assise dans la chute immobile des heures

Par |2021-10-06T12:58:21+02:00 6 octobre 2021|Catégories : Florence Noël|

Ce nou­v­el opus de Flo­rence Noël, intro­duit par un poème de Rober­to Juar­roz, s’offre au lecteur avec la fraîcheur des jardins ou des prairies sec­oués par la pluie. 

En accord pro­fond avec les cycles de la nature, l’auteur déploie une palette de cor­re­spon­dances ful­gu­rantes qui courent sur qua­tre par­ties dont les titres – repris­es de vers des poèmes – com­posent déjà un poème : I- en ton jardin dormir / est un acte frémis­sant II- périt le vif / par ces jours endeuil­lés d’or III- sédi­menter / n’est pas se taire IV- ce sont là jours assis dans la puis­sance de l’éveil. Poème qui pour­rait con­denser la philoso­phie, la présence au monde de l’auteur : la mort fait par­tie de la vie, le silence, loin de l’agitation médi­ati­co-con­sumériste, est acte de nais­sance de la pen­sée. Un cer­tain nom­bre d’occurrences  – notam­ment mort, joie, enfance, silence - inscrivent le livre dans un temps « immo­bile » alors qu’il bruit du plus infime mou­ve­ment : petite­ment / j’arpente ses heures pentues et dans un éven­tail de couleurs où le vert le dis­pute à l’or, le blanc voire le blême à l’ombre, dans une révérence joyeuse des corps : je sais je suis / cette pel­licule sur l’eau / aux jours de grandes chaleurs et les corps haletant(s) de bruisse­ments inven­to­ri­ent le monde par-delà la sphère de leur parole.

Flo­rence Noël, Assise dans la chute immo­bile des heures, illus­tra­tions de Gwen Gué­gan, Bleu d’Encre Edi­tions, 2021- 117p, 12 euros.

Est-ce la con­science de l’humaine fini­tude qui exalte la joie chez Flo­rence Noël, une joie sen­suelle qui l’arrime aux saisons ? ce qui est fait est fait / et défait dis­paru // je serai le mou­ve­ment / d’une joie inté­grale / point d’orgue vif / brodé sur un mou­choir d’adieu. Joie d’où jail­lit l’écriture, sou­ple, expres­sive : je peux / être la pulpe du rire / sa cas­cade chao­tique / ses rugisse­ments / jouis­sifs / sa faim d’ogresse, cette joie déjà présente dans les précé­dents livres, véri­ta­ble fil con­duc­teur, qui prend sans doute source dans la patiente ouvrage /de ce qui nous aime / par dev­ers nous.  L’écriture ici coïn­cide avec la vie, laque­lle s’enfante dans le presque [me] taire. Livre pro­fond, qui inter­pelle la beauté, recèle d’espérance en révélant la capac­ité qui nous est don­née d’avancer.

Présentation de l’auteur

Florence Noël

Flo­rence Noël est une poète Belge, née en 1973. Elle  a une for­ma­tion en His­toire, en Ori­en­tal­isme, et en théolo­gie et en didac­tique. En marge de divers­es activ­ités pro­fes­sion­nelles, elle s’investit depuis plus de vingt ans à pro­mou­voir la poésie fran­coph­o­ne sur le web et en revue. Autrice de poésie et de nou­velles, son tra­vail d’écriture se nour­rit régulière­ment de col­lab­o­ra­tions avec d’autres artistes.

© Crédits pho­tos (sup­primer si inutile)

Bib­li­ogra­phie

  • Branche d’acacia brassée par le vent (huit mou­ve­ments), Le chat polaire, févri­er 2020 
  • Solom­bre, Tail­lis Pré, 2019
  • L’Étrangère, Bleu d’Encre, 2017
  • Vu des couloirs scéniques, illus­tré par Sylvie Durbec, Ce qui reste, 2016
  • Pavane pour une neb­bia, Encres Vives, col­lec­tion Encres blanch­es, 2015
  • Huit soleils sur la table de la nuit, avec Stéphane Méli­ade, édi­tions du Coq, 200
  • 14 poèmes sur 14 pho­togra­phies de chardons de l’artiste et pho­tographe Pierre Gaudu pour l’exposition Instants du Noir, au cen­tre cul­turel Le belvédère à Saint-Mar­tin d’Uriage, en jan­vi­er 2010

Poèmes choi­sis

Autres lec­tures

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Anne-Lise Blanchard

Auteur de l’article : Anne-Lise Blan­chard réside depuis peu au pied de la Char­treuse. Elle a ani­mé de 2003 à 2010 des soirées lit­téraires à Lyon, « Les Mardis d’Isabelle ». Elle aime à par­courir les Alpes, un espace qui tra­verse son écri­t­ure. Elle s’est famil­iarisée depuis 2014 avec la prob­lé­ma­tique des chré­tiens d’Orient en se ren­dant régulière­ment au Proche-Ori­ent et depuis ne cesse de porter leur voix, dans ses écrits ou en con­férences. Longtemps col­lab­o­ra­trice cri­tique de plusieurs revues de créa­tion lit­téraire et artis­tique (Ver­so, IHV, Lieux d’Etre, Diérèse, Mag’Ada), accueil­lie dans de nom­breuses revues, elle est l’auteur de quelques vingt livres – poèmes, haïkus, réc­its, entre­tiens, livres d’artistes — et présente dans plusieurs antholo­gies dont : 111 poètes d’aujourd’hui en Rhône-Alpes, Mai­son de la poésie Rhône-Alpes / Le temps des ceris­es, 2005 ; Antholo­gie poé­tique fran­coph­o­ne de voix féminines con­tem­po­raines « Pas d’ici, pas d’ailleurs, Voix d’Encre, 2012 ; Donne, Poeti di Fran­cia e oltre, dal Roman­ti­cis­mo a oggi, Giu­lano Ladolfi, 2017. Dernières pub­li­ca­tions : Le soleil s’est réfugié dans les cail­loux, pho­togra­phies de Katharine Coop­er, Ad Solem, 2017 ; Les jours suff­isent à son émer­veille­ment, Unic­ité, 2018 ; Epit­o­mé du mort et du vif, Jacques André édi­teur, 2019 ; Car­net de route de l’Oronte à l’Euphrate, réc­it, pré­face de Gre­go­rios III Laham, Via Romana, 2020 ; Le Ravisse­ment de la marche, haïkus, pré­face de Daniel Py, encres de Sabine Péglion, L’Atelier du Grand Tétras, 2021 ; Syrie, les femmes par­lent, entre­tiens, pré­face d’Éric Dénécé, post­face de Majed Nehmé, Investig’Action, 2021 ; L’Horizon patient, pré­face de Colette Nys-Mazure, Ad Solem, 2022. Plusieurs revues lui ont dédié un dossier : Diérèse n°45, été 2009 ; Dip­tyque #3, Entre-Deux, 2013 ; Poésie / pre­mière n°74, La poésie est danse, entre­tien avec Jacque­line Persi­ni, sep­tem­bre 2019 ; Tra­ver­sées n°101, été 2022. Elle crée en 2020 la pre­mière édi­tion du Print­emps des Poètes dans sa val­lée, le Print­emps poé­tique de Saint-Geoire-en-Val­daine. Mem­bre du jury du Prix lit­téraire fran­co-ivoirien Étio­phile qui récom­pense des œuvres lit­téraires d’Afrique, de la Caraïbe et de l’Océan Indi­en. https://anne-lise-blanchard.com/
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