Le titre sonne comme un défi dans une société dite flu­ide.  Avec ce nou­veau livre, Jean-Pierre Boulic partage la lumière qui l’habite.

Quand « Ton pas s’est arrêté / Au bord de ce banc » c’est à cet instant que « La vie bal­bu­tie », que le signe devient sens. Enracin­e­ment plus dans le temps que dans le lieu, de l’ordre de la veille, titre éponyme de la pre­mière par­tie. La veille per­met d’entendre quand tout se tait, de voir dans la nuit. La veille per­met d’atteindre le cœur du vivant, soit « les pro­fondes entrailles du cœur intime », c’est-à-dire de s’ouvrir à la com­pas­sion, ainsi 
ces lignes aux accents baude­lairiens : « Tu le crois volon­tiers / Égaré / L’oiseau chu // La blessure saigne / A son côté // Transpercé. »

Enracin­e­ment dans le temps donc puisqu’à la « Veille » suc­cède le « Matin » puis la « Fête à venir ». Le matin est ce temps neuf qui laisse « voir les événe­ments / sous le voile de leur mys­tère », épiphanie par excel­lence. La ten­dresse en ses mul­ti­ples occur­rences révèle l’auteur en amoureux ébloui de la Créa­tion dans ses mul­ti­ples man­i­fes­ta­tions — nuages, pom­miers, mésanges, ruis­seaux, gram­inées — : « Le cœur se glisse tout bas / Entre deux lignes bleues », 
« Mer­veille d’être créé / Et sans cesse de le dire. »

Comme « L’oiseau entend le soir / Lesté de couleurs », Jean-Pierre Boulic nous donne à enten­dre une sym­phonie de couleurs, à voir une palette de sons et de soies en un fes­ti­val kinesthésique : « Les couleurs s’harmonisent / met­tant l’âme en musique ». Avec « Hymne », l’auteur invite à pren­dre la mesure de l’homme face à « la démesure de l’océan » quand « Le ciel ten­dresse et mis­éri­corde / Est au for intérieur ». 

Jean-Pierre Boulic, Enrac­iné, La Part com­mune, 14 euros.

Et si « Vivre c’est partager la lumière » abor­dons une « Nou­velle genèse » car « c’est bel et bon ». Oui, le partage est bel et bon, celui de la beauté, celui de la parole, celui du cœur.

Présentation de l’auteur

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Anne-Lise Blanchard

Auteur de l’article : Anne-Lise Blan­chard réside depuis peu au pied de la Char­treuse. Elle a ani­mé de 2003 à 2010 des soirées lit­téraires à Lyon, « Les Mardis d’Isabelle ». Elle aime à par­courir les Alpes, un espace qui tra­verse son écri­t­ure. Elle s’est famil­iarisée depuis 2014 avec la prob­lé­ma­tique des chré­tiens d’Orient en se ren­dant régulière­ment au Proche-Ori­ent et depuis ne cesse de porter leur voix, dans ses écrits ou en con­férences. Longtemps col­lab­o­ra­trice cri­tique de plusieurs revues de créa­tion lit­téraire et artis­tique (Ver­so, IHV, Lieux d’Etre, Diérèse, Mag’Ada), accueil­lie dans de nom­breuses revues, elle est l’auteur de quelques vingt livres – poèmes, haïkus, réc­its, entre­tiens, livres d’artistes — et présente dans plusieurs antholo­gies dont : 111 poètes d’aujourd’hui en Rhône-Alpes, Mai­son de la poésie Rhône-Alpes / Le temps des ceris­es, 2005 ; Antholo­gie poé­tique fran­coph­o­ne de voix féminines con­tem­po­raines « Pas d’ici, pas d’ailleurs, Voix d’Encre, 2012 ; Donne, Poeti di Fran­cia e oltre, dal Roman­ti­cis­mo a oggi, Giu­lano Ladolfi, 2017. Dernières pub­li­ca­tions : Le soleil s’est réfugié dans les cail­loux, pho­togra­phies de Katharine Coop­er, Ad Solem, 2017 ; Les jours suff­isent à son émer­veille­ment, Unic­ité, 2018 ; Epit­o­mé du mort et du vif, Jacques André édi­teur, 2019 ; Car­net de route de l’Oronte à l’Euphrate, réc­it, pré­face de Gre­go­rios III Laham, Via Romana, 2020 ; Le Ravisse­ment de la marche, haïkus, pré­face de Daniel Py, encres de Sabine Péglion, L’Atelier du Grand Tétras, 2021 ; Syrie, les femmes par­lent, entre­tiens, pré­face d’Éric Dénécé, post­face de Majed Nehmé, Investig’Action, 2021 ; L’Horizon patient, pré­face de Colette Nys-Mazure, Ad Solem, 2022. Plusieurs revues lui ont dédié un dossier : Diérèse n°45, été 2009 ; Dip­tyque #3, Entre-Deux, 2013 ; Poésie / pre­mière n°74, La poésie est danse, entre­tien avec Jacque­line Persi­ni, sep­tem­bre 2019 ; Tra­ver­sées n°101, été 2022. Elle crée en 2020 la pre­mière édi­tion du Print­emps des Poètes dans sa val­lée, le Print­emps poé­tique de Saint-Geoire-en-Val­daine. Mem­bre du jury du Prix lit­téraire fran­co-ivoirien Étio­phile qui récom­pense des œuvres lit­téraires d’Afrique, de la Caraïbe et de l’Océan Indi­en. https://anne-lise-blanchard.com/