Géographie de l’éphémère
L’éphémère de la carte sous mes doigts
se défait l’encre de nuit
la ville disparaissant
pâleur
gradation entre les zones éteintes et celles dont le temps n’a
pas porté la marque.
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Il me faudra reprendre
rendre au vif les contours effacés
encore
revenir
élucider les saisons anciennes
et les terres disparues
comme sable au couchant
où la logique du souvenir étincelle
où se restituent les courbes des ruelles
encre mémoire
en relais du tangible.
Géographie de l’immobilité
La marche
et soudain
devant
la bâtisse abandonnée.
Démesure de ses proportions, espace clos à l’équilibre de l’air
immobile
le lent affaissement des murs
colonnes infinies brisées par la lance affûtée des jours.
Chien errant
d’une fontaine figée dans son absence d’eau.
Résiste le corps au trouble du lieu
le noir frémi
en même temps que désir de silence.
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Un gardien
veillant rides de briques
se détachent des images froissées
toiles lointaines
diluées sous le toit flottement.
La roche érodée de mes poings.
Géographie souterraine
Cartographier les os sous la cité, résurgences de rues sous les places,
de places sous les bâtiments
ronger profondeur
l’accrétion de vies passées.
Les morts sans nom
les morts sans cris
perdus de la veille
pourrissement terre-roche
en strates enfouies
couches de temps humain
à supporter
nos pas
à ciseler
brut
les rivages aiguisés de nos pleurs.
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Perdure
la violence de l’oubli.