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Jean-Pierre Boulic, IMPRESSIONS et autres textes

IMPRESSIONS

Le jour passe l’épaule
Le moineau gris
Sur le talus s’immisce

Le parfum des fougères
Ne gêne en rien
Le songe d’un vieux trèfle

Sur la dune et les champs
L’air est léger
Et son souffle invisible

Le présent est si beau
À la Saint-Jean
Dans l’élan du solstice

Je vis ces lieux aimés
De la lumière
Qui perle goutte à goutte.

                       *

 

CHEMIN

Sagesse des passereaux
Et louange des ombellifères
Humus aux parfums boisés
D’une allée où l’on trouve son âme

Lueurs des pierres
Et souffle de la création
Sous le regard du soleil

Mes lèvres s’ouvrent
S’accordent d’un cœur émerveillé
Au chemin de l’invisible.

                       *

 

ENVOL

Son plumage s’ébouriffe
Et de son pas étoilé
À l’instant de son envol
Il trace l’ordre des choses.

Non ce n’est pas la blessure
De la neige du jardin
Sous le dur soleil d’hiver
Mais le saut d’un rouge-gorge.

Retiens sa magnificence
Au point de faire silence.

                       *

 

DÉCRYPTAGE

Tombée du jour sur le port
Oiseaux à même les quais
Nos pas chuchotent, écoute
Les feux s’allument en mer.

À la barre d’horizon
D’un ciel sans convulsion
La lampe rouge du phare
Arrimé aux pierres noires.

Le temps semble s’échapper
Un signe nous est donné
Regarde et vois, seul demeure
Le beau silence incréé.

                       *

 

OISEAU

Oiseau gardant les yeux ouverts
Tu vas si difficilement
Sur le satin des jours des nuits
Par la forêt ses châtaigniers
Et les chuchotements de l’ombre
Parmi les landes et bruyères
La vaine terre les clairières
Des parcelles de vie.

 

 

 

EN PENSANT AU 26 JUILLET 2016

                                                    in Père Jacques Hamel

 

Offrant à jamais le sacrifice
D’un Christ relevé,
Avec une poignée de fidèles
Le vieil homme au regard émacié
A vu ses bourreaux
L’exécuter sans raison sinon
Celle cruelle sortant alors
D’un cœur de misère
Ignorant ce qu’il fait d’être ainsi.

Le sang du vieil homme
Vivante parole
Allant aux jointures et moelles
A coulé sur la légèreté
De cet été au pied de l’autel
Et sur les parvis de l’Éternel.

Depuis Abel jusqu’à Zacharie*((*Luc 11,51))
Et celui du mort au Golgotha,
Un lieu-dit sinistre,
Tous martyrs d’aimer sans renoncer
Le sang a coulé
De la plus petite pauvreté.

Le sang a coulé
De ceux qui ont vécu l’indicible
De la liberté
Dont certains veulent briser la clé.

De son sang versé
Le geste d’abandon du vieil homme
En toutes villes et les bourgades
Allume la lampe
Qui peut éclairer l’amour du monde.