Laetitia Extrémet, Nouveaux aquapoèmes

Par |2020-03-06T08:27:58+01:00 6 mars 2020|Catégories : Laetitia Extrémet, Poèmes|

ÎLE

 

Ile, m’a sem­blé dans ta dérive
Mèch­es que le vent égare
Ta chevelure cuiv­re, tes rives
Et tes lunes éparses
Bru­in­er le givre à l’onde de tes yeux
Sur tes cils, tes ailes graciles
Qui papil­lon­nent la baie de ton regard ;
A l’ogive des jours, j’ai vu hyaline
La danse de la pluie
Un rideau d’amertume assombrir
L’étende de tes beaux rivages
La lame fluer et refluer en ruisseaux
D’agates, tes larmes ;
Et dans tes coquil­lages j’entends
J’entends encore,
L’inconsolable mélan­col­ie de tes vagues
L’orage
Ile que le vent égare,
J’entends
Dans ta chevelure cuiv­re, tes rives
L’évase et ton regard.

 

 

À MES CIEUX TES RIVIÈRES

 

Danse alors la pluie
Tes nuages à mes cieux
Gris, que la brise
N’a pas pu chasser,
Et aujourd’hui si j’ai mal
A ton onde versée
Main­tenant que là
Ton cri ne m’est plus
Qu’un silence froissé,
Pour que cesse l’orage
De tes mots indicibles
Qui de toi me laissent
Vaine, vide,
Je peine à taire l’inverse, et
Même si je ne sais vers quel désert
Ton absence me mène
J’aurai pour étanch­er ma soif
A mes yeux tes rivières
Que la brise
L’effleurement du vent sur mes cils
N’aura pas pu sécher.

 

 

TES YEUX INSULAIRES

 

Et je boirai tes rivières
Les lunes qui per­lent aux agates de tes yeux
Quand tu baiss­es les rideaux de tes cils
Sur tes bleus océans,

Je boirai tes rivières
Déver­sées sur les grèves de tes sables clairs
Je remon­terai le cours de tes aiguières
Pour puis­er à la source de tes aquarelles,

A l’épanchement de tes fenêtres
Là tout au bord, je resterai
Pour abrit­er les orages 
Et les petits mou­tons blancs
De tes flots firmaments,

En ton âme diluvienne
J’irai prier les sirènes
Et pleur­er les fontaines
De tes îles noyées.

 

 

AU LARGE DE MES ASSECS

 

Où courais-je
Que le vent m’éparpille
Désagrège les pages
Furieuse­ment scellées
De trop de résonnances
Cousues à mes oreilles
Et de beau­coup d’orages
Pour me réconcilier
Avec les mots échoués
Qui m’ont disséminée,

Où courais-je
Et m’avale cette eau
Que je voudrais voguer
Pour étanch­er la vague
Goûter au plus profond
De la page gravée
Que le vent éparpille
Au large de mes assecs
Et dont l’écho résonne
D’une rage muette,

Où courais-je
Et pourquoi ces gravas
Sur ma grève séchée.

 

 

ALLUVIONS

 

Je n’irai plus
Vêtue de goémons
Mon âme effilochée
Fray­er les chemins d’algues
M’enfoncer dans la boue
Dans la pous­sière d’argile
Et dans les illusions ;

Je n’irai plus ris­quer l’envasement
Suf­fo­quer dans la tourbe,
Som­br­er dans la ravine,
Gît dans son lit mon ombre
Le dépôt de mes armes
Mes liq­uides amarres
Et quelques alluvions ;

Je voulais juste éprou­ver l’infertile
Et voir la pluie tomber
Tant pis je n’irai plus.

 

 

 

Présentation de l’auteur

Laetitia Extrémet

Textes

Laeti­tia Extrémet est pro­fesseur d’histoire-géographie dans un lycée à Mar­seille après avoir été jour­nal­iste en presse écrite. Venue récem­ment à l’écriture de poèmes, ceux-ci ici présen­tés font par­tie d’un ensem­ble d’« Aquapoèmes » à paraître aux édi­tions « Le chat polaire »  en mai 2020. Cer­tains d’entre eux ont déjà été pub­liés dans des revues de poésie contemporaine.

Pub­li­ca­tions :

Poésie/première n° 73 / Avril 2019

Le Cap­i­tal des Mots /Avril 2019

Pos­si­bles n° 45 / Juin 2019

Lichen n°40 / Sep­tem­bre 2019 

Lichen  n°41 / Octo­bre 2019 

Ressacs n°3 / Novem­bre 2019

Le Coqueli­cot (revue fran­­co-améri­­caine) n°1 / Novem­bre 2019 

 

© Laeti­tia Extrémet ‑DR

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