Murielle Compère-Demarcy, Trois chevreuils noirs…

2018-03-01T18:23:30+01:00
© Jacques Cauda

 © Jacques Cauda

 

 

 

Trois chevreuils noirs
 sor­tent du bois du sommeil
L’alou­ette rouge fuse
dans la plaine intérieure
L’e­spoir allume
sur ses miroirs de plume
les ailes de l’ailleurs

avant la brume
aux naseaux des aumailles
avant
l’endormissement
de la sève au bord du sevrage
hivernal

L’hiv­er amor­phe rêvera-t-il ?

Qui fera feu de tout bois
dans l’âtre veilleur
couché comme un chien prêt de s’ébattre
sur le seuil aux abois

Quand,
l’affût
mar­quera-t-il l’arrêt ?
Quand ,
s’activera
l’in­stinct prédateur ?

La mon­tée de sève débourre déjà
ses velours mauves éclos en écailles

Passée, l’hiber­na­tion automnale
Levé, le philtre des bois dormants
Réveil­lée, la res­pi­ra­tion endormie
Le som­meil tente ses pre­miers pas
à la descente du nid

De quelles forces d’être
de quel rougeoiement d’altitude
le print­emps explosera ?

Le chien bleu rieur, la chi­enne rouanne
mon épag­neul picard,
flairent avant l’heure
les odeurs
printanières

À Balkis

La buse miaule
le chevreuil aboie
mon petit chat crève
Je feule, je crache, je meurs

de mon petit chat mort
comme une Bête
Tan­dis que l’aube lève

s’impatiente
sort les griffes
de ne trou­ver parole
 l’affût rêve
par l’ombre féline
un peu de lumière

Petit chat
mon petit chat mort
je te ressus­cite, te hèle, et je te ronronne
te cheville
à cœur-caresse
Je te parle
Tu renais
dans ce qui respire
de ce qu’il me reste
de ce qui me traîne
Je hurle
der­rière mes yeux de Bête
ton cri fauve de chat sauvage 

La nuit se dilate
upilles désailées
Je plante mes canines
peine sourde, cri des larmes
rentré,
dans les plumes de ton sommeil 

 

La vipère du désir s’active
 ensor­celle la brous­saille du soir
 jusqu’à son nid d’étoiles 
où les oiseaux de l’aube
revien­dront boire

 bien­tôt le jour
 les langues de venin
noueront le sang
suf­fo­qué sous l’épiderme

 

 

La fatigue dégonde
une fenêtre dans le crâne

dor­mante sur l’épaule

Plein vent un pic-vert ricane
envol ondulé sous le velum
des idées qui s’écharpent
La volière des pen­sées est vide

La tenaille du soleil retire
une écharde
rire rouge flamboyant
entre les dents
de ta migraine qui cogne

Der­rière le rideau qui gondole
un oiseau est rentré
dans le ciel éven­té de ta tête
il tisonne l’alerte
dans le feu fané des décombres
où dor­ment fleurs de cendre
les arach­nides du temps 
que la mort tis­serande déchire
La cage est ouverte

Sous le man­teau des coups de lames
feux sanglants de la veille
s’activent
esquiv­ent dans le foy­er décomposé
les gestes courts
les paroles torves paradoxales

celles qui font mal

Reposée la fatigue
déposera
sa mue dans l’âtre
jusqu’à
la prochaine attaque

de quelle nou­velle créa­ture hybride
de quel nou­veau mon­stre du Langage ?

© Jacques Cauda

 © Jacques Cauda

Présentation de l’auteur

Murielle Compère-DEMarcy (MCDem.)

Bibliographie

  • Je marche—, poème marché/compté à lire à voix haute et dédié à Jacques DARRAS, éd. Encres Vives, 2014
  • L’Eau-Vive des falais­es, éd. Encres Vives, 2014
  • Coupure d’élec­tric­ité, éd. du Port d’At­tache, 2015
  • La Falaise effritée du Dire, éd. du Petit Véhicule, Cahi­er d’art et de lit­téra­tures n°78 Chien­dents, 2015
  • Trash fragilité (faux soleils & drones d’ex­is­tence), éd. du Cit­ron Gare, 2015
  • Un cri dans le ciel, éd. La Porte, 2015
  • Je Tu mon AlterÉ­goïste, éd. de l’Ecole Poly­tech­nique, Paris, 5e, 2016
  • Sig­naux d’ex­is­tence suivi de La Petite Fille et la Pluie, éd. du Petit Véhicule, coll. de La Galerie de l’Or du Temps ; 2016
  • Co-écri­t­ure du Chien­dents n°109 :  Il n’y a pas d’écri­t­ure heureuse, avec le poète-essay­iste Alain MARC, éd. du Petit Véhicule ; 2016
  • Le Poème en marche suivi par Le Poème en résis­tance, éd. du Port d’Attache ; 2016
  • Dans la course, hors cir­cuit, éd. Tar­mac, coll. Car­nets de Route ; 2017 ; réédi­tion aug­men­tée en 2018
  • Poème-Passe­­port pour l’Exil, avec le poète et pho­tographe (“Poé­togra­phie”) Khaled YOUSSEF éd. Corps Puce, coll. Lib­erté sur Parole ; mai 2017
  • Nantes-Napoli, français-ital­iano tra­duc­tions de Nun­zia Amoroso, éd. du Petit Véhicule, Cahi­er d’art et de lit­téra­tures n°121, vol.2, Chien­dents, 2017
  • …dans la danse de Hurle-Lyre & de Hurlevent…, éd. Encres Vives, coll. Encres Blanch­es n°718, 2018
Murielle Compère Demarcy

Pub­li­ca­tions en revues : Phoenix, La Passe, FPM-Fes­­ti­­val Per­ma­nent des Mots, Trac­­tion-Bra­bant, Les Cahiers de Tin­bad, Poésie/première, Ver­so, Décharge, Tra­ver­sées, Mille et Un poètes (avec “Lignes d’écriture” des édi­tions Corps Puce), Nou­veaux Dél­its, Microbes, Comme en poésie, Poésie/Seine, Cabaret, Con­cer­to pour marées et silence, … ; sur espaces numériques Terre à ciel, Le Cap­i­tal des Mots, Recours au Poème

Pub­li­ca­tions en 2018 dans Nunc, la Revue Europe et Galerie Pre­mière Ligne

Antholo­gies : “Sans abri”, éd. Janus, 2016 ; “Au Fes­ti­val de Con­cèze”, éd. Comme en Poésie, 2017 ; Poésie en lib­erté (antholo­gie numérique pro­gres­sive) en 2017 et 2018 ; citée dans Poésie et chan­son, stop aux a pri­ori ! de Matthias Vin­cenot, aux édi­tions For­tu­na (2017), …

Rédac­trice à La Cause Lit­téraire, écrit des notes de lec­ture pour La Revue Lit­téraire (éd. Léo Scheer), Les Cahiers de Tin­bad, Poez­ibao, Tra­ver­sées, Sitaudis.fr, Tex­ture, Zone Cri­tique, Lev­ure Lit­téraire, Recours au Poème en tant que con­tributrice régulière.

Lec­tures publiques : Mai­son de la Poésie à Amiens ; Marché de la Poésie, Paris,6e ; Salon de la Revue (Hall des Blancs-Man­teaux dans le Marais, Paris 4e) ; dans le cadre des Mardis lit­téraires de Lou Guérin, Place Saint-Sulpice (Paris, 6e) ; Fes­ti­val 0 + 0 de la Butte-aux-Cailles ; Melt­ing Poètes à la Galerie de l’Entrepôt (Paris, 14e) ; auteure invitée aux Fes­ti­val de Mont­meyan (Haut-Var) [août 2016 + août 2018] ; au Fes­ti­val Le Mitan du Chemin à Camp-la-Source en avril 2017 /[Région PACA] ; au Fes­ti­val DécOU­VRIR-Con­cèze (Cor­rèze) en août 2018

Invitée du “Mer­cre­di du poète” ani­mé par Bernard Fournier, le 28 févri­er 2018, au François Cop­pée — 1, Bd de Mont­par­nasse, Paris 6e- présen­tée par Jacques Darras.

Lue par le comé­di­en Jacques Bon­naf­fé le 24 jan­vi­er 2017 sur France Cul­ture.

Son blog : Poésie en relectures

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