Pablo Andrès Rial, Poemas
I
Estás muerta
mirando a la ventana
yo estoy sentado
detrás tuyo.
Afuera
se puede ver el mismo árbol de siempre
—un sauce—
un amigo se enamora de vos.
Tu silla ahora está vacía
pero vos seguís ahí muerta
mirando a la ventana
donde ahora solo hay
un patio de cemento.
Tu es morte
regardant la fenêtre
je suis assis
derrière toi.
Dehors
on voit le même arbre qu’avant
—un saule—
un ami tombe amoureux de toi.
Ta chaise est vide maintenant
mais tu es toujours là, morte
regardant la fenêtre
où il n’y a plus
qu’une cour en ciment.
II
Detesto mi cuerpo
pero amo mi sombra.
Nunca envejece
nunca enferma
nunca duele.
Je déteste mon corps
mais j’aime mon ombre.
Elle ne vieillit jamais
ne tombe jamais malade
ne souffre jamais.
III
Las plazas
me hacen recordar
al manicomio.
Las personas van
de un lado a otro
sin ningún tipo de apuro
algunos como yo
se sientan en un banco
somos todos amigos
sin siquiera vernos
sin siquiera conocernos
sin perder ese individualismo
que nos hace caminar
desde temprano.
Porque nosotros
podemos superar al olvido
vivir
sin ser nadie para los otros
es lo que nos hace
especiales.
Les places
me rappellent
l’asile.
Les gens vont
et viennent
sans la moindre hâte
certains comme moi
s’assoient sur un banc
nous sommes tous amis
sans même nous voir
sans nous connaître
sans perdre cette individualité
qui nous pousse à marcher
dès le matin.
Car nous
pouvons dépasser l’oubli
vivre
sans être rien pour les autres,
c’est ce qui nous rend
spéciaux.
IV
Ando angustiado Augusto
por esas cosas ¿sabés?
la gente te hunde la piel
mientras preparan algo rico
y le ponés la mesa.
Decime Augusto
¿qué estás cocinando?
Je suis angoissé, Augusto
par ces choses, tu sais ?
les gens te creusent la peau
pendant qu’ils préparent quelque chose de bon
et toi, tu mets la table.
Dis-moi Augusto
qu’est-ce que tu cuisines ?
V
Me desplomo.
No como una destrucción
de mi conciencia
sino como la memoria perdida
de un recuerdo profundo
que preciso volver
a vivir.
Je m’effondre.
Pas comme une destruction
de ma conscience
mais comme la mémoire perdue
d’un souvenir profond
que je dois
revivre.