Quin­cy Troupe est un poète, per­former, et édi­teur, né le 22 juil­let 1939 à Saint-Louis dans le Mis­souri. Fils d’un joueur de base­ball pro­fes­sion­nel qui a joué dans les Negro Leagues1, Quin­cy Troupe aime à écrire sur le sport, la vie dans les villes améri­caines, et la musique afro-américaine.

Lorsque j’entendis Quin­cy Troupe dire son poème « Eye Change Dream », à New York, en avril 2006, ce fut une com­mo­tion : cette dic­tion, plus que rapi­de, cette danse, étaient hors de déf­i­ni­tion : toast­ing élaboré, cyclone de mots ram­pants ou avançant à toute vitesse, précé­dant presque l’œil, ce moi kaléi­do­scopique entraîné dans un tour­bil­lon sur­réel à la sta­tion de Times Square, à New York. L’accalmie cen­trale du poème, retour, en même temps qu’à Gloster, Mis­sis­sip­pi (d’où est orig­i­naire la femme de Quin­cy Troupe), aux orig­ines du monde, ne fait qu’accélérer, par con­traste, la fin de ce poème, qui se mue, con­duit par l’esprit déri­vant du citadin pris dans la foule, en un art poé­tique sin­guli­er et irrévéren­cieux. Trans­porté à toute vitesse par un mous­tique jusqu’à New York, — Pandé­mo­ni­um con­tem­po­rain où nous nous trou­vons — il est finale­ment com­paré à une star, anci­enne légende d’Hollywood, subis­sant tou­jours de nou­veaux lift­ings. « Une chose qui se mange », en tout cas, avec appétit, tan­dis que nous tour­bil­lon­nons, soumis à cette piqûre, cette décharge élec­trique, qui nous vient du poète new-yorkais, à la vitesse d’un spoutnik.

Par­mi ses œuvres poé­tiques : Tran­scir­cu­lar­i­ties: New and Select­ed Poems (Cof­fee House Press, 2002) ; Cho­rus­es: Poems (1999) ; Avalanche: Poems (1996). Il est aus­si l’auteur de Miles: The Auto­bi­og­ra­phy (1989), traduit en français et récem­ment réédité, qui a reçu un Amer­i­can Book Award ; James Bald­win: The Lega­cy (1989) ; et enfin : Miles and Me: A Mem­oir of Miles Davis (2000) récem­ment traduit. Troupe a édité l’anthologie : Giant Talk: An Anthol­o­gy of Third World Writ­ing (1975) et il est l’un des co-fon­da­teurs de Con­fronta­tion: A Jour­nal of Third World Lit­er­a­ture and Amer­i­can Rag ain­si que le fon­da­teur et directeur de pub­li­ca­tion de Code.

 

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1 ligues de base­ball pro­fes­sion­nelles réservées aux Africains-Améri­cains pen­dant la ségré­ga­tion, jusqu’en 1948. La ségré­ga­tion prend fin dans le base­ball en 1947 avec l’ar­rivée de Jack­ie Robin­son chez les Dodgers de Brook­lyn. Les Negro Leagues cessent alors leurs activités.

 

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