Ce livre de poèmes est le qua­trième paru aux édi­tions Car­ac­tères, tous pub­liés comme les vol­umes orig­in­aux parus au Japon sous l’intitulé générique d’Une âme qui joue et suiv­is d’un qual­i­fi­catif : “le cer­cle”  “l’horizon”, “les ailes”,  ici plus abstrait : “la forme”. Shizué illus­tre ce titre dans l’un des poèmes :

“la forme/ délivrée des oblig­a­tions / embrasse la lib­erté que le créa­teur lui donne / une âme qui joue / recon­nait absol­u­ment tout/ et aboutit à la vérité”. Même si “la vérité / n’a jamais été dévoilée”. Sauf peut-être par la Poète pour qui “Les mots sont des fleurs / à peine éclos­es / la pre­mière qui les cueille / c’est moi”.

On retrou­ve avec bon­heur les thèmes majeurs qui inspirent toute la créa­tiv­ité mul­ti­ple de cette “âme qui joue”, dans toute l’innoncence d’une petite fille jamais réduite au seul état étroit d’adulte – même si pour elle la vérité prend aus­si en compte “ la mort / sans être le néant (…) sans être la déso­la­tion”. — Une approche sérieuse donc qui sait que “Courte est la dis­tance entre nais­sance et mort”, et qui s’interroge sur le poids des “cent huit pas­sions” qui “tour­mentent notre con­science” dans la tra­di­tion bouddhiste.

Shizue Ogawa, Une âme qui joue – la forme.
éd.trilingue. Ed.Caractères 2018

 

Cer­tains poèmes nais­sent d’un quo­ti­di­en tran­quille­ment prosaïque. “Nos corps sont petits / mais com­bi­en de choses ne font-ils pas!”  Mais plus sou­vent aus­si ils dis­sent la com­mu­ni­ca­tion directe et joyeuse avec toutes les man­i­fes­ta­tions du monde créé, ani­males, végé­tales, minérales et élé­men­taires. Shizué invite ses amis: “les grenouilles (qui) sont rev­enues à notre riv­ière / la reinette élue maire pour la sec­onde fois” ; et “l’insecte de garde qui sur­veil­lait sa mon­tre / [et qui] a levé la main / et fait signe au soleil / “main­tenant tu peux te lever”. Elle dit aux arbres ses joies et ses tristesse car “Les épines sont aus­si [ses] amies”. Nom­bre de poèmes sont dédiés à celui qui partage sa vie “car mon rêve était de m’asseoir sous un arbre avec toi”; et qui, dans une prom­e­nade mati­nale qui ter­mine le vol­ume, devant les “innom­brables gouttes de rosée [qui] s’attardaient / sur les plan­ta­tions de riz imper­cep­ti­ble­ment cour­bées” par la sécher­esse, mur­mure : “Je t’offre tout” / “tout!”

 

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Shizue Ogawa A SOUL AT Play – Voic­es from three Con­ti­nents by / Shizue Ogawa edit­ed by Alice Cather­ine Carls and Shizue Ogawa / UNEÂME QUI JOUE/ Voix de trois con­ti­nents, Poèmes choi­sispar Shizue Ogawa  édités par Alice Cather­ine Carls et Shizue Ogawa.

Shizue Ogawa A SOUL AT PLAY – VOICES FROM THREE CONTINENTS Select­ed Poemsby / Shizue Ogawa edit­ed by Alice Cather­ine Carls and Shizue Ogawa / UNE AME QUI JOUE – VOIX DE TROIS CONTINENTS, Poèmes choi­sispar Shizue Ogawa  édités par Alice Cather­ine Carls and Shizue Ogawa. Edi­tion trilingue japonais/anglais/français, deu

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Michèle Duclos

Maître de Con­férences hon­o­raire, agrégée et doc­teur, Michèle Duc­los a con­sacré son enseigne­ment et sa recherche à l’université Michel de Mon­taigne de Bor­deaux à la poésie bri­tan­nique et irlandaise con­tem­po­raine. Sa recherche a porté essen­tielle­ment sur le poète Ken­neth White à qui elle a con­sacré sa thèse et de très nom­breux arti­cles. Elle a créé et con­fié à la bib­lio­thèque de Bor­deaux un Fonds con­sacré à ce poète (aujourd’hui con­fié à l’IMEC). Elle fut en 2003 l’un des organ­isa­teurs du Col­loque « Hori­zons de Ken­neth White : Lit­téra­ture, pen­sée, géopoé­tique » qui lui était con­sacré par l’association uni­ver­si­taire ARDUA à Bor­deaux. En 2006 les édi­tions uni­ver­si­taires ELLUG ont pub­lié son essai Ken­neth White, nomade intel­lectuel, poète du monde. Elle a dirigé pour les Press­es uni­ver­si­taires de Bor­deaux Le Monde ouvert de Ken­neth White et une Antholo­gie de la Poésie bri­tan­nique des années trente. Elle a par­ticipé indi­vidu­elle­ment et col­lec­tive­ment à l’Anthologie de Poésie Irlandaise du 20ème siè­cle (ed. Verdier, 1996), à celle des Poètes d’Irlande du Nord (PU Caen, 1995) et au vol­ume John Mon­tague, Amours, marées (ed. William Blake& Co, 1988). Co-tra­duc­trice aux édi­tions du Rocher de  Kath­leen Raine, Le Monde Vivant de l’Imagination et pour les édi­tions Fédérop des poètes Ruth Fainlight (Encore la Pleine Lune) et de Thomas Kin­sel­la (Le Mes­sager). Elle a traduit  pour les édi­tions Le Poémi­er de Plein vent de Berg­er­ac Ruth Fainlight et la cana­di­enne Patri­cia Keeney. Au print­emps 2009 les édi­tions Car­ac­tères ont pub­lié en édi­tion bilingue ses tra­duc­tions et sa présen­ta­tion de poèmes de Charles Tom­lin­son, Comme un Rire de Lumière, pré­facées par le pro­fesseur et poète Michael Edwards, au print­emps 2013 Etre-là, ses tra­duc­tions et présen­ta­tion du poète Eamon Gren­nan et en 2015 de la poète japon­aise anglo­phone Shizue Ogawa Une âme qui joue – l’horizon (éd. trilingue). Les édi­tions Ali­dades ont sor­ti en 2013, tou­jours en bilingue mais en col­lab­o­ra­tion, ses tra­duc­tions de poèmes de Har­ry Clifton, L’Observatoire des Oiseaux et en 2014, de John Mon­tague, « Bor­der Sick Call » (« Médecin de cam­pagne en Irlande », précédem­ment paru dans la revue Po&sie).

En octo­bre 2010 les édi­tions de la MIPAH (Brux­elles) avaient pub­lié, dans la col­lec­tion Pangée, Une Ame qui Joue, choix de poèmes, de Shizué Ogawa, qu’elle a traduits en col­lab­o­ra­tion avec Jacque­line Star­er. A l’occasion la venue de Shizue Ogawa à Bor­deaux à l’automne 2012, à l’invitation de l’université Michel de Mon­taigne  par le départe­ment  d’Etudes asi­a­tiques, elle a pré­facé le vol­ume hors com­merce Une Ame qui joue, l’embarras, la tran­quil­lité, l’amour qui repre­naient les tra­duc­tions des trois tra­duc­tri­ces précédentes.

Elle a égale­ment traduit qua­tre pièces  (PrisonRéfugieeEsperan­to Inn  et A House Full of Peo­ple) de la dra­maturge grecque bilingue anglo­phone Lia Kar­avia pour les édi­tions Bilat­er­al (Athènes).

Elle col­la­bore régulière­ment, par des arti­cles et des tra­duc­tions, aux revues Le Jour­nal des Poètes et Poésie/Première, à la revue en ligne temporel.fr, et irrégulière­ment  à Phréa­tique, à Poésie 2001 et Poésie 2003, à Po&sie, à Tra­ver­sées, à Autre Sud, à Frich­es, et à Zone Sen­si­ble.

Grâce à ces revues elle a œuvré à faire décou­vrir ou mieux con­naître, par des essais et des tra­duc­tions, des poètes anglais ( Kath­leen Raine, David Gas­coyne, Charles Tom­lin­son, Edgar Lucie-Smith, Alan Sil­li­toe et plusieurs poètes des années trente), irlandais (John Mon­tague, John Hewit, Thomas Kin­sel­la, Louis Mac­Ne­ice, Eamon Gren­nan, Desmond Egan, Har­ry Clifton, Carmela Moya, Ana­toly Kudryav­it­sky ), écos­sais (Ken­neth White, Tony McManus), des poètes améri­cains (Ruth Fainlight, Ted Koos­er, Paige Ack­er­son-Kiely), cana­di­enne (Patri­cia Keeney), des poètes grecque (Lia Kar­avia) et Japon­aise (Shizué Ogawa), tibé­tains (Lhasang tser­ing et Palden Son­am Gang­pan­cha, ain­si que le Maître boud­dhiste viet­namien Thich Nhat Hanh, tous écrivant en anglais.

Elle a reçu plusieurs prix pour ses tra­duc­tions et ses travaux critiques.