Recule l’heure, recule le silence. L’air habite 
encore tes lèvres.
De tes pas, tu attaches la lumière au seuil de nos 
pas.
Laisse le vent porter l’haleine chaude au 
chemin, avant de disparaitre sous les paupières 
du jour.
*
On voudrait que la neige retienne la couleur 
d’un sourire, qu’une étincelle ne soit simple 
reflet.
Mais derrière une poussière d’étoile, paraît ce 
visage brouillé d’absence − cendres d’ombre 
brûlée de silence, comme pétales tombés du 
cœur.
On attend comme un signe, le souffle bleuté 
d’un oiseau, le murmure de l’arbre où niche un 
parfum de vent.
*
Sciure de pluie − presque nuit. La lumière est 
blanche de toi. L’absence est notre hiver.
Vais-je garder le froid au creux des bras, ne 
serrer de ta peau que le froissé du drap ?
*
Malgré l’embu des jours, vois ce que tu laisses 
de blé en mémoire – une paille tissée de 
caresses et de joies, la mie chaude des mots 
dans la conque des nuits.
Ton souffle en nos souffles a déployé nos ailes. 
À l’horizon, chatoient nos couleurs.
Vois aussi, ce qui comble nos mains, les plumes 
de ton regard, un éclat de ton ciel sur les larmes 
du silence.
Mémoire, donne ta voix au silence.
Pour que vive l’absence, je noue au présent, les mailles de notre histoire, j’attache nos paroles aux lumières d’un poème.
*
A force de soleil, les mots fondent leurs dernières neiges. Le gel ne figera plus l’herbe des regards. On respirera l’haleine des fleurs naissantes.
Car le temps offre ses jardins, où les mauves flétries s’épanouissent et les rayons, glissants à l’embrasure des ombres, sertissent les feuilles encore fragiles.
 
			
					
















