Ce qui frappe en pre­mier, de ce numéro de print­emps 2020, est ce vis­age, en cou­ver­ture, tout en matière et en couleurs de l’artiste syrien Kazem Khalil qui pro­pose, pour la revue, dix por­traits d’une force prodigieuse et un nu dont Jeanne Delestré tire un mer­veilleux texte p.78–81 (Audace expres­sion­niste. Gestes nerveux et spon­tanés, les nuances d’acrylique sont étalées avec la mobil­ité per­mise par la tech­nique du couteau.).

Décharge 185 s’ouvre sur la chronique de Georges Catha­lo « Phares dans la nuit » con­sacrée aux édi­tions La Boucherie lit­téraire – le vis­age peint par Kazem sur la page en miroir, char­nel et san­guin, en est un beau reflet. Suit un ensem­ble dédié à Lam­bert Schlechter, une note de Jac­mo et 13 pros­eries inédites. Des poèmes de Jacques Ancet qui créent un écho étrange (prophé­tique ?) du con­fine­ment que nous avons vécu de mars à mai 2020 « Entr­er Sor­tir » (Dehors ressem­ble à une gueule ouverte)  ; textes de Peter Worts­man et un entre­tien avec ce poète et tra­duc­teur New Yorkais ; puis, des poèmes de Michel Bourçon (Écrire / c’est con­sen­tir à la neige / pour par­venir au feu), Jacques Robi­net, Bruno Berchoud, Chris­t­ian Bult­ing, San­da Voï­ca (je con­tin­ue : / retourn­er la terre dans le jardin / et écrire), François de Cornière (D’autres poèmes con­tin­ueront / de s’accrocher à mes jours / à mes nuits), Mar­il­yse Ler­oux. « Les chroniques du Furet » avec Chloé Lan­dri­ot qui nous par­le des cabanes à par­tir de sa lec­ture de Nos cabanes de Murielle Macé, « la poésie comme moyen de con­stru­ire des cabanes – de trou­ver des façons de vivre dans un monde abîmé ».

Un dossier intéres­sant dans la rubrique « Les Rumi­na­tions » de Claude Vercey sur « Un nou­veau paysage édi­to­r­i­al » où six édi­teurs expliquent pourquoi ils ont fait le choix « déraisonnable » de pub­li­er de la poésie.  Des notes de lec­tures de Jac­mo qui invi­tent à décou­vrir et à lire de nom­breux recueils. Arti­cles, recen­sions, le Choix var­ié de Décharge font de cette belle revue, riche et vivante, un ren­dez-vous incon­tourn­able pour les amoureux de la poésie !

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Lydia Padellec

Lydia Padel­lec est née à Paris en 1976. Poète et plas­ti­ci­enne, elle a créé les édi­tions de la Lune bleue (2010–2018) et organ­ise en Bre­tagne depuis 2015 le Fes­ti­val Trouées poé­tiques. En 2001, elle décou­vre le haïku à tra­vers l’œuvre des grands maîtres japon­ais. Elle a pra­tiqué chaque mois le kukaï de Paris, mené par Daniel Py (2007–2013) et lance en 2014 son pro­pre kukaï à Port-Louis en Bre­tagne. Elle par­ticipe depuis 2008 au Fes­ti­val Fran­coph­o­ne de Haïku (Mon­tréal, 2008 ; Lyon, 2010, Mar­tigues, 2012, Vannes 2014, Québec 2016). Lors du Print­emps des poètes 2010, elle a créé un spec­ta­cle « Sur les lèvres rouges des Saisons » autour des formes poé­tiques japon­ais­es, accom­pa­g­née de musi­ciens. Ce spec­ta­cle est devenu un livre édité par l’A­mandi­er en 2012, réédité en 2019 par Unic­ité, qui réu­nit pour la pre­mière fois le haïku, le tan­ka et le haïbun. Elle ani­me des ate­liers depuis 2004 auprès de dif­férents publics (écoles, médiathèques, musée Albert-Kahn…). De jan­vi­er à juin 2019, dans le cadre du pro­gramme de rési­dences d’écrivains en Ile-de-France, elle est en rési­dence au Pôle cul­turel-Médiathèque de Ram­bouil­let pour un pro­jet autour du con­te-haïbun inti­t­ulé Haïjin. Elle écrit aus­si des poèmes en vers libres, des poèmes en prose, réc­its et nou­velles. Pub­liée en France et à l’étranger depuis 1999 dans une cinquan­taine d’anthologies et de revues, ses poèmes et haïkus sont traduits dans plusieurs langues dont l’anglais et le japon­ais. Elle traduit elle-même les poèmes de Christi­na Ros­set­ti (1830–1894) dont Recours au Poème a pub­lié les pre­miers essais en 2013. Elle a ini­tié et dirigé qua­tre antholo­gies : Voy­age au bout des doigts (coédi­tion Plébiscite et la Lune bleue, 2012), D’une fleur à l’autre – 10 Haïjins nés à par­tir de 1970 (Edi­tions de la Lune bleue, 2012), Ce que la Lune dit au jour – 13 poètes québé­cois­es (Edi­tions de la Lune bleue, 2016), DUOS, 118 jeunes poètes de langue française, né(e)s à par­tir de 1970 (Bac­cha­nales 59, 2018). Elle tra­vaille égale­ment avec des plas­ti­ciens (livres d’artistes, livres pau­vres) et des musi­ciens. Prix Xavier Grall en mars 2017 pour l’ensemble de son œuvre et pour son engage­ment en poésie. Ses recueils : • Mémoires d’une enfant dérangée, édi­tions Luna­tique, 2020 • Sur les lèvres rouges des Saisons – Les mét­ro­pol­i­tains, édi­tions unic­ité, 2019 • Cica­trice de l’Avant-jour, édi­tions Al Man­ar, juin 2018 (Prix SQY des Col­légiens 2019) • Les abeilles ne chantent pas la nuit, La Porte, 2017 • Mélan­col­ie des embruns, édi­tions Al Man­ar, 2016 • Sur la trace du vent, Chien­dents n°108, édi­tions du Petit Véhicule, 2016 • Poètes – une antholo­gie par­ti­c­ulière, édi­tions Hen­ry, 2015 (Bourse du CNL) • Quelque part au milieu de la pel­licule, La Porte, 2015 • Un doigt sur les lèvres, édi­tions Unic­ité, 2014 (haïku) • Et la pous­sière trem­ble comme une petite fille, La Porte, 2014 • Entre l’herbe et son ombre, édi­tions Hen­ry, 2014 (Prix Trou­vères des Lycéens 2014) • Et ce n’est pas la nuit, édi­tions Hen­ry « La main au poète », 2013 • Sur les lèvres rouges des Saisons, édi­tions de l’Amandier, 2012 épuisé • La mésange sans tête, édi­tions Eclats d’encre, 2012 • La mai­son morcelée, édi­tions Le bruit des autres, 2011 (Prix PoésYve­lines des Col­légiens 2013) Blog per­son­nel : http://surlatraceduvent.blogspot.com/ Site de la Lune bleue : http://www.editionslalunebleue.fr/ Blog des Trouées poé­tiques : http://lestroueespoetiques.blogspot.com/ Pho­to ©Jean Rio