Claude Ser­reau ouvre ce numéro 176 ; pour ceux qui ne con­naî­traient pas l’histoire de la revue , l’ami , le col­lab­o­ra­teur ‚le com­pagnon en poésie de Michel-François Lavaur  depuis un demi siè­cle ‚s’en fait l’historien. Pour lui, MFL est : « celui qui a réus­si à faire d’une revue arti­sanale un doc­u­ment essen­tiel et un témoignage sans égal pour qui veut et qui voudra con­naître  ce que fut en France et en par­ti­c­uli­er dans l’Ouest, au cours des cinquante dernières années, une vie au ser­vice de la Poésie. »(p. 5), ce que con­firme Jean-Claude Valle­jo à la fin de ce numéro : « Traces est un cas unique, et je suis con­va­in­cu, d’accord avec le poète et édi­teur Bruno Doucey, avec qui j’ai eu l’occasion d’en par­ler, alors qu’il dirigeait encore la mai­son Seghers, qu’il n’est pas pens­able pour nous d’occulter la con­tri­bu­tion de la revue Traces et de MFL à ce demi siè­cle de la vie poé­tique française. »(p.72)

En page 7 l’article de presse  annonçant en jan­vi­er 1963 la sor­tie d’une nou­velle revue de poésie Traces , mon­tre que déjà en ce numéro 1, Claude Ser­reau, Pierre Autize, Jean Bouhi­er, Georges Dra­no, Gilles Four­nel, Jean Laroche et James Sacré avaient  répon­du à l’appel ; avec de tels poètes, cette revue com­mençait sous de très bons auspices.

Le poète Hamich Tibouchi offre aujourd’hui à Michel –François Lavaur un très beau poème pour toutes les traces rem­plies de vie (p. 14)

Une let­tre de Alain Lebeau retient  l’attention, touche au cœur, elle trace le chemin qui mène à l’ami quand les sou­venirs ensoleil­lent l’automne, quand la vie a passé et que les gestes se font plus lents mais que forts d’une vie de poésie et d’amitié, on peut se par­ler en silence…

Georges Catha­lo offre un bou­quet de vœux, retenons celui-là : « J’aurais voulu retrou­ver les mil­liers de let­tres et de cour­ri­ers divers que MFL a offerts à ses amis et à ses cor­re­spon­dants afin de com­pos­er un mon­u­ment épis­to­laire. » (p.21)

 Michel-François Lavaur, le poète, le dessi­na­teur, le revuiste est aus­si  un mail artiste.

« Jour de fête , comme chez Jacques Tati, celui où l’on rece­vait une let­tre de Lavaur(…) ces enveloppes sin­gulières, dont les for­mats et les papiers inat­ten­dus s’ornaient de dessins et de textes à la fan­taisie col­orée, humoris­tique, ludique, par­fois aus­si mélan­col­ique. » Mar­tine Moril­lon Car­reau (p.40)

« J’ai eu l’immense joie, avec ses répons­es, de décou­vrir le mail art. Un vrai cadeau que de recevoir ces enveloppes tra­vail­lées, illus­trées, ornées, cal­ligraphiées, jouant aus­si avec les couleurs des nom­breux tim­bres… » Jean –Claude Valle­jo (p.71)

Odile Caradec qual­i­fie de saint laïque celui qui a con­sacré une grande par­tie de sa vie à la poésie, dans un esprit total de gra­tu­ité et de fraternité.

Qu’est-ce que la poésie ? À la déf­i­ni­tion que donne Patrice  Angibaud pour qui la poésie est prière, MFL répond : « tu me dis, et je te le con­cède, que le poème est une prière. C’est vrai , si prier c’est ouvrir nos portes secrètes au vis­i­teur étranger qui vient avec fran­chise ; si prier c’est se dépass­er pour débouch­er sur l’autre et non s’en remet­tre à quelque dieu, voire à un démon, pour éponger nos appétits de priv­ilèges, ici-bas ou dans un monde posthume ; si c’est chercher la com­mu­ni­ca­tion au plus intime de nos êtres, sous la cara­pace d’attitudes et de mani­gances que la hiérar­chie et le qu’en dira-t-on imposent, peu ou prou, même aux plus rebelles à leur joug(…) mais que jamais l’écrit ne soit ce mon­u­ment de «  mas­tu­vu » sur notre van­ité. » (p.46).

Parole de vérité que celle du poète, reçue il y a 40 ans , Patrice Angibaud nous la donne aujourd’hui à méditer car elle garde toute son actu­al­ité… « En cet aujourd’hui où les mots sont vidés de leur sens ; en cet aujourd’hui où l’attention à l’autre est de moins en moins une préoc­cu­pa­tion ; en cet aujourd’hui où seuls comptent le cha­cun pour soi, l’apparence et le clin­quant. »( P.Angibaud)(p.46)

Pas­cale Lavaur nous offre un texte émou­vant qui nous dit le maître d’école et surtout le père qu’il fut, hom­mage plein de ten­dresse fil­iale : « Ma mai­son est l’école et mon père est le maître d’école… »

Eric Simon fait revivre la soirée du 24 févri­er 2009 au café de la Rotonde à Nantes  où il avait invité MFL : «  et je garde en mémoire comme un pré­cieux joy­au ce poème enten­du en occ­i­tan de la bouche même de Michel-François Lavaur, le tim­bre de la voix et l’accent restau­rant l’expression vibrante de chaque syl­labe, dans sa valeur de sens et d’émotion. La Rotonde, ce soir-là, s’éclairait d’une lumière per­sis­tante, celle de la bonne étoile. »(p.62)

 

Ce N° 176 est aux couleurs de l’amitié et de l’affection, il est un cadeau pour les lecteurs, avec lui en ce début d’année 2013 la poésie brille haut et loin.

 

Pour con­clure cette présen­ta­tion, un extrait du poème de Jean Dif  qui dit si bien cette fra­ter­nité poé­tique qui a ani­mé cette revue, elle  explique sans doute sa longévité   et  elle  a fait de Michel-François Lavaur un passeur en poésie qui lais­sera durable­ment son empreinte dans le paysage poé­tique de la deux­ième moitié du XXème siècle.

 

« Comme un fac­teur choisissait
   sur le chemin des cailloux
   pour son palais des merveilles
   patiem­ment dans ta fourbithèque
   pen­dant près d’un demi siècle
  tu as noué et renoué
  la longue chaîne des poètes
  venus de tous les horizons
  qui se lisant les uns les autres
  se recon­nais­sent sans se connaître

(…)

  mais voici que le temps s’en vient
  et de nous rassem­bler à nouveau
  pour un dernier feu d’artifice… »

                                                                

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De nom­breux poèmes à décou­vrir, la plu­part inédits de : Claude Ser­reau, Mar­tine Moril­lon- Car­reau, Hamid Tibouchi, Guy Chaty, Claude Cailleau,Roland Hal­bert, Emmanuel Hiriart,Gilles Lades, Bernard Le Blavec, Jean Dif, Didi­er Cléro, Michel L‘Hostis, Bernard Picavet, Michel Baglin, Jean-Pierre Mes­tas, Jacques Simonomis, René Cail­letaud, Hugues Pis­saro, Gérard Prémel, Jean-Claude Coif­fard, Jean-Pierre Poupas,Jean-Pierre Poëls,Rüdiger Fischer,Amédée Guille­mot , Jean-Claude Touzeil,Moreau du Mans, Nor­bert Lelu­bre, Robert Momeux, Jean Laroche, Dagadès et Michel-François Lavaur.

 

Des illus­tra­tions de : Hugues Pis­saro, Hamid Tibouchi, Gérard Sendrey, Clau­dine Goux, Krys­tel Lavaur, Pierre-Marie Eades, et Michel-François Lavaur. 

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