Linda Maria Baros, Le pistolet d’insémination et autres poèmes

Par |2024-01-06T13:43:59+01:00 6 janvier 2024|Catégories : Linda Maria Baros, Poèmes|

Le pis­to­let d’insémination

Tout comme cette lumière qu’on exfolie de la rétine
           dans un sous-sol occulte, un pro­jecteur dans les yeux,
            c’est ain­si que j’imagine la mort de la poésie.

Puisque ce n’est pas la com­bus­tion de la mort qui noircit
les os, mais, encrassés, le code de bar­res et les foreuses
                                                           des déco­ra­tions,
les ver­res que les invités lan­cent, joyeux, jusqu’au plafond
                                                           – phos­pho­res­cents ! –
            et les musi­ciens sauvages qui vien­nent les attraper
                                                           avec leur bec.

C’est pour cela que j’écris le meilleur poème
                                                           que je puisse écrire.
Le poème qui tré­pane, brise les sutures en surjet
            et laisse ses artères, comme des tuyaux
            sous pres­sion, se débat­tre, libres, autour du cou.
                        Qui tail­lade les poignets de l’air
                                               et en libère les dieux, les pierres.

On pra­tique les plus grands raclages sur la feuille de papier
et sous les armes.
Mais la main avec laque­lle j’écris se sépare du corps,
                                   comme les mains des détenus sibériens
           cachées par­mi les rondis empilés dans de longs trains 
                                   glacés qui par­tent dans le monde.
Rien, pas même un geigne­ment ne résonne
à tra­vers le tun­nel métallique de la langue.

Je tends la main, gardée par les volets de la clinique,
            par les mâtins blancs des volets,
                        juste assez pour qu’elle écrive le poème qui lave
                                   tes pieds fatigués dans son urine.
Aucun sein, aucun nuage ne tremble.
                        Peut-être les armes d’assaut.
                                                          Les rues.

Ma main attachée comme une menotte
                        à la vision qu’elle a de la poésie.
La main – détachée du corps – flot­tant par-dessus le monde.
            Un pis­to­let d’insémination dans son champ d’action.

 

Le cir­cuit de la récom­pense. Dopamine et plaisir

 

Chaque nuit, le nœud pubi­en se desserre petit à petit.
           La peau s’élime.
Avec quelques out­ils mous, de chair,
nous essayons de défaire la haute cou­ture crâni­enne de l’esprit,
            d’ouvrir les boîtes noires des plaisirs.

Com­mence ain­si le cir­cuit de la récom­pense. Avec
            la cour­bu­re d’une vio­le qui garde dans la chambre
                        acous­tique les halète­ments des instrumentistes.
Nous nous men­tons. Nous cher­chons une autre combustion,
une nou­velle étreinte – une sorte de loupe
à tra­vers laque­lle le monde se mon­tre autrement,
                                   les choses telles qu’elles ont été faites.
            Que la chair ne pende plus au-dessus du lit
                        comme si elle suin­tait d’un crochet.

La nuit, nous gaspillons telle­ment d’insistance.                  
Le bruisse­ment du drap, l’étincellement nocturne
                        de la peau qui sécrète beau­coup de tristesse.
                                   Le silence la langue qui s’entêtent
                                   comme un pont à rap­procher les gens.
Tous les nœuds se desser­rent progressivement,
                        selon le mythe du recy­clage stérile.
Dans l’éternelle et dés­espérée quête de l’amour.
                        Et les choses se don­nent à voir, après tout,
telles qu’elles sont.
                        Désha­bil­lées des noms translu­cides qui les
            désig­nent, net­toyées de la vessie de tout concept.
                        Pures, inévita­bles, d’une cru­auté infinie.

Et le fleuve cogne, sous les fenêtres, con­tre le pont.
Comme s’il nour­ris­sait ses noyés
                                               du dernier étage.

 

Les gens sor­tent dans la rue en tranch­es fines

Chaque soir, je descends dans la rue
           et la rue s’enroule autour de moi
            comme le ban­dage sur la plaie.

Je passe le fleuve. Ses chiens infidèles
            me lèchent la main.
Par-dessous les ponts,
            coule la chair de mes ennemis,
                                   en grands quartiers, bleuâtres.

C’est ain­si que je marche à tra­vers la ville,
                        comme un dieu paresseux et cruel.
Les rues s’enroulent, poisseuses,
                        l’une après l’autre, autour de moi,
et cet enroule­ment, c’est la ville même,
            sous les hard­es mil­i­taires du matin.

Tou­jours plus mince, tou­jours plus lucide.
C’est ain­si que je marche à tra­vers la ville.
Comme un doigt qui tourne dans la plaie,
                                                           qui l’élargit.

Poèmes extraits du recueil La nageuse désossée. Légen­des mét­ro­pol­i­taines (Le Cas­tor Astral, 2020).

Présentation de l’auteur

Linda Maria Baros

Poète. Tra­duc­trice. Éditrice. Née en 1981. Doc­teur en lit­téra­ture com­parée – Sor­bonne. Vit à Paris. 7 recueils de poèmes, dont La nageuse désossée. Légen­des mét­ro­pol­i­taines (Le Cas­tor Astral) qui s’est vu décern­er, en 2021, le Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Let­tres, le Prix inter­na­tion­al fran­coph­o­ne du Fes­ti­val de la poésie de Mon­tréal et le Prix Rim­baud de la Mai­son de Poésie de Paris. Poèmes traduits et pub­liés dans 42 pays. A par­ticipé à 105 fes­ti­vals inter­na­tionaux de poésie.

            Lau­réate et secré­taire générale du Prix Apol­li­naire. Rap­por­teur général de l’Académie Mal­lar­mé. Vice-prési­­dente du PEN Club français. A traduit 55 livres.

            Direc­trice de la mai­son d’édition La Tra­duc­tière et du Poésie Poet­ry Paris/Festival fran­­co-anglais de poésie. Rédac­trice en chef de la revue de poésie et art visuel La Tra­duc­tière.

            Énorme griffe en argent à la main droite.

© Crédits pho­tos Phil Journe.

Pub­li­ca­tions – sélec­tion

recueils de poèmes – sélection

  • 2022, Les tireurs d’élite caressent de loin ton front (80 p.), édi­tion trilingue (français-roumain-chi­nois), tra­duc­tion en roumain par l’auteur, tra­duc­tion en chi­nois par Bon­nie Tchien Hwen-Ying, beau livre réal­isé en col­lab­o­ra­tion avec les pho­tographes Tïa-Cal­li Bor­lase et Zazoum, Édi­tions Tran­signum, France.
  • 2020, La nageuse désossée (108 p.), Le Cas­tor Astral, France, Grand Prix de Poésie 2021 de la Société des Gens de Let­tres de France, Prix inter­na­tion­al fran­coph­o­ne 2021 du Fes­ti­val de la poésie de Mon­tréal et Prix Rim­baud 2021 de la Mai­son de Poésie de Paris ; Înotă­toarea dezosată. Leg­ende met­ro­pol­i­tane (80 p.), Cartea Românească, Roumanie.

     • 2009, L’Autoroute A4 et autres poèmes, recueil de poèmes (80 p.), Cheyne édi­teur, France.

     • 2006, rééd. 2008, La Mai­son en lames de rasoir, recueil de poèmes (80 p.), Cheyne édi­teur, France, Prix Apol­li­naire, France ; 2006, Casa din lame de ras (64 p.), Edi­tu­ra Cartea Românească, Roumanie.

     • 2004, Le Livre de signes et d’ombres, recueil de poèmes (64 p.), Cheyne édi­teur, France, Prix de la Voca­tion ; 2005, Dicţionarul de semne şi trepte (64 p.), Junimea, Roumanie.

  • 2003, Poemul cu cap de mis­treţ (72 p.), Vinea, Roumanie.

recueils de poèmes en tra­duc­tion – sélec­tion

  • 2021, Безхребетна плавчиня. Міські легенди (La nageuse désossée. Légen­des mét­ro­pol­i­taines, 64 p.), trad. Ana­tol Viere, Bukrek, Ukraine.
  • 2021, Avto­ces­ta A4 in druge pes­mi (L’Autoroute A4 et autres poèmes, 48 p.), trad. Bar­bara Pogačnik, Bel­let­ri­na, Slovénie.
  • 2021, Die Auto­bahn A4 : und andere Gedichte (L’Autoroute A4 et autres poèmes, 70 p.), trad. Chris­t­ian W. Schenk, Dionysos, Allemagne.
  • 2020, Borot­vapenge­ház (La Mai­son en lames de rasoir, 64 p.), trad. Hal­mosi Sán­dor, Ab Art Kiadó, Budapest, Hongrie.
  • 2018, Het huis van scheer­mes­jes (La Mai­son en lames de rasoir, 64 p.), trad. Jan H. Mysjkin, Uit­gev­er­ij Vleugels, Ams­ter­dam, Pays-Bas.
  • 2018, হাইওয়ে A4 ও অন্যান্য কবিতা (L’Autoroute A4 et autres poèmes, 64 p.), trad. Shuhrid Shahidul­lah, Bhashalipi, Cal­cut­ta, Inde.
  • 2018, Обезкостената плувкиня. Легенди от метрополиса (La nageuse désossée. Légen­des mét­ro­pol­i­taines, 80 p.), trad. Van­i­na Boziko­va, FLB, Sofia, Bulgarie.
  • 2018, Shtëpia me brisque rro­je (La Mai­son en lames de rasoir, 64 p.), trad. Luan Topçiu, Albas, Tirana, Alban­ie, Prix nation­al de lit­téra­ture de l’Albanie, dans la caté­gorie tra­duc­tions.
  • 2017, রেজর ব্লেডে তৈরি বাড়ি (La Mai­son en lames de rasoir, 72 p.), trad. Shuhrid Shahidul­lah, Ulukhar, Dha­ka, Bangladesh.
  • 2016, Hiša iz rezil britve (La Mai­son en lames de rasoir, 64 p.), trad. Bar­bara Pogačnik, Hype­r­i­on, Slovénie.
  • 2016, Fem dik­ter (Cinq poèmes), édi­tion trilingue (français-sué­­dois-anglais), trad. Hille­vi Hell­berg pour la ver­sion sué­doise, trad. Alis­tair Ian Blyth et Lil­iana Ursu pour la ver­sion anglaise, Lit­tfest, Suède.
  • 2014, De A4 Autoweg en andere gedicht­en (L’Autoroute A4 et autres poèmes, 64 p.), trad. Jan H. Mysjkin, Poëziecen­trum, Belgique.
  • 2011, Bār­das­nažu asmeņu nams (La Mai­son en lames de rasoir, 64 p.), trad. Dag­ni­ja Drei­ka, Dau­ga­va, Lettonie.
  • 2010, Къща от бръснарски ножчета (La Mai­son en lames de rasoir, 68 p.), trad. Aksinia Mihaylo­va, FLB, Bulgarie.

autres pub­li­ca­tions

  • Lin­da Maria Baros a égale­ment pub­lié 13 livres d’artiste à pro­fil poé­tique en col­lab­o­ra­tion avec des plas­ti­ciens français, 2 pièces de théâtre, 2 ouvrages sci­en­tifiques, de même que 23 arti­cles sci­en­tifiques dans des livres ou des revues de spé­cial­ité. Ses poèmes ont été pub­liés dans 87 antholo­gies ain­si que dans de nom­breux jour­naux et revues du monde entier. Ses poèmes sont traduits et pub­liés dans 42 pays.

Tra­duc­tions – sélec­tion

55 recueils de poèmes, antholo­gies poé­tiques, romans – dont 38 titres pub­liés en français

  • 2023, 5 + 5. Ondes de prop­a­ga­tion (5 poètes et 5 plas­ti­ci­ennes), beau livre – antholo­gie poé­tique et visuelle (104 p.), choix par Lin­da Maria Baros et Emil­ia Per­su, tra­duc­tion par Lin­da Maria Baros, La Tra­duc­tière, France.
  • 2023, Andrei Roman, Tu attends un bref trans­fert de sen­sa­tions, recueil de poèmes (64 p.), édi­tion bilingue (français-anglais), Édi­tions Tran­signum, France.
  • 2022, Le livre de Mircea, Ovid­iu Genaru, recueil de poèmes (104 p.), La Tra­duc­tière, France.
  • 2022, Le faux Dim­itrie, Dumitru Crudu, antholo­gie poé­tique (96 p.), choix et tra­duc­tion par Lin­da Maria Baros, La Tra­duc­tière, France.
  • 2022, Poeţii care schim­bă dona (Les poètes qui changent la donne), antholo­gie poé­tique (220 p.), choix et tra­duc­tion par Lin­da Maria Baros, Exi­gent, Roumanie.
  • 2021, Je t’aimerai jusqu’au bout du lit, Daniel Bănules­cu, antholo­gie poé­tique (84 p.), choix et tra­duc­tion par Lin­da Maria Baros, La Tra­duc­tière, France.
  • 2019, Poèmes, Eleanor Rees, recueil de poèmes (64 p.), édi­tion bilingue (anglais-français), La Tra­duc­tière, France.
  • 2018, per­son­ne n’a jamais ressus­cité dans ma ville, Gabriel Chi­fu, antholo­gie poé­tique (88 p.), choix et tra­duc­tion par Lin­da Maria Baros, La Tra­duc­tière, France.
  • 2017, Souter­raines, Mircea Bâr­silă, antholo­gie poé­tique (80 p.), pré­face, choix et tra­duc­tion par Lin­da Maria Baros, La rumeur libre, France.
  • 2017, Poèmes, Meiri­on Jor­dan, recueil de poèmes (64 p.), édi­tion bilingue (anglais-français), La Tra­duc­tière, France.
  • 2016, Lar­moire de textes, Hélène Cixous, essais et poésie (256 p.), édi­tion bilingue (français-roumain), trad. Lin­da Maria Baros pour les poèmes, Édi­tions Tran­signum, France.
  • 2013, L’Apocalypse selon Mar­ta, Mar­ta Petreu, antholo­gie poé­tique (96 p.), pré­face, choix et tra­duc­tion par Lin­da Maria Baros, Édi­tions Car­ac­tères, France.
  • 2013, Je guéris avec ma langue, Floarea Ţuţuianu, antholo­gie poé­tique (80 p.), pré­face, choix et tra­duc­tion par Lin­da Maria Baros, Édi­tions Car­ac­tères, France.
  • 2013, Chaos­mos, Mag­da Cârneci, antholo­gie poé­tique (80 p.), tra­duc­tion par Lin­da Maria Baros et l’auteur, Édi­tions de Cor­levour, France.
  • 2011, Je mange mes vers/Îmi manânc ver­surile, Angela Mari­nes­cu, antholo­gie poé­tique (106 p.), choix et tra­duc­tion par Lin­da Maria Baros, édi­tion bilingue, Édi­tions L’Oreille du Loup, France.
  • 2010, Sans issue/Fără ieşire, Ioan Es. Pop, antholo­gie poé­tique (124 p.), choix et tra­duc­tion par Lin­da Maria Baros, édi­tion bilingue, Édi­tions L’Oreille du Loup, France.
  • 2008, Antholo­gie de la poésie roumaine con­tem­po­raine (20 poètes, 144 p.), Lin­da Maria Baros et Mag­da Cârneci éd., trad. Lin­da Maria Baros (17 poètes) et André Cadar (3 poètes), Con­flu­ences poé­tiques, France. 
  • 2007, Travaux en vert. Mon plaidoy­er pour la poésie, Simona Popes­cu, recueil de poèmes (108 p.), édi­tion trilingue (roumain-français-alle­mand), trad. par Lin­da Maria Baros, Mag­da Cârneci, Wern­er Dürs­son, Alain Lance, Jean Por­tante et Lionel Ray, Édi­tions PHI & Insti­tut Pierre Wern­er, Luxembourg.
  • 2007, Atten­tion, Tsi­ganes ! His­toire d’un malen­ten­du, Cori­na Ciocâr­lie et Lau­rent Bon­zon éd., pub­li­ca­tion sci­en­tifique (396 p.), édi­tion bilingue (français-alle­­mand), trad. Lin­da Maria Baros pour la ver­sion française, Musée d’Histoire de la Ville de Lux­em­bourg, Luxembourg.
  • 2005, les recueils de poèmes 11 élé­gies et Une Vision des sen­ti­ments dans Les non-mots et autres poèmes, Nichi­ta Stă­nes­cu, antholo­gie poé­tique (240 p.), Édi­tions Textuel, France.
  • 2005, Laudă bucătăriei de ţară, Guy Gof­fette, recueil de poèmes (196 p.), AMB, Roumanie.
  • 2003, L’Évangile selon Jean la Métaphore, Dumitru M. Ion, recueil de poèmes (64 p.), édi­tion bilingue (français-arabe), trad. Lin­da Maria Baros pour la ver­sion française, Naa­man, Liban.
  • 2002, rééd. 2004, Un oare­care Plume/Un cer­tain Plume, Hen­ri Michaux, recueil de poèmes (100 p.), édi­tion bilingue, trad. Lin­da Maria Baros, Ali­na Ioana Fil­iore­anu et Adri­an Cristea, Edi­tu­ra Para­lela 45, Roumanie.
  • 2002, rééd. 2004, 2006, N‑aş prea vrea ca s‑o mier­lesc/Je voudrais pas crev­er, Boris Vian, recueil de poèmes (96 p.), édi­tion bilingue, trad. Lin­da Maria Baros et Geor­giana Banu, Edi­tu­ra Para­lela 45, Roumanie.
  • 1999, Pici­ul, Alphonse Daudet, roman (336 p.), Ted­it FZH, Roumanie.

Inter­ven­tions publiques

  • Lin­da Maria Baros a par­ticipé à 105 fes­ti­vals de poésie dans 27 pays ain­si qu’à de nom­breux salons européens du livre.
  • Plus de 1.000 lec­tures et débats lit­téraires sur 5 continents.
  • Par­al­lèle­ment, elle a soutenu 6 con­férences plénières et a présen­té des com­mu­ni­ca­tions dans le cadre de 5 con­grès et de 26 col­lo­ques internationaux.

Prix lit­téraires – sélection

  • 2021, Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Let­tres pour La nageuse désossée, Le Cas­tor Astral, 2020.
  • 2021, Prix fran­coph­o­ne inter­na­tion­al du Fes­ti­val de la poésie de Mon­tréal pour La nageuse désossée, Le Cas­tor Astral, 2020.
  • 2021, Prix Rim­baud de la Mai­son de Poésie de Paris pour La nageuse désossée, Le Cas­tor Astral, 2020.
  • 2007, Prix Apol­li­naire pour La Mai­son en lames de rasoir, Cheyne édi­teur, 2006.

2004, Prix de la Voca­tion – prix de poésie accordé par la Fon­da­tion Mar­cel Bleustein-Blanchet pour Le Livre de signes et d’ombr

Autres lec­tures

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