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Colette Klein, Après la fin du monde, nuages Requiem

Je suis le savant au fauteuil sombre.
Arthur Rimbaud, « Enfance IV », Illuminations

 

Un chant, Requiem, traces, pour ceux qui disparus demeurent. Des noms, des souvenirs, comme un parfum encore prégnant, des contours de visages, des sommes de vies, ouvrent la voie aux poèmes. Après la fin du monde, nuages, comme dire qu'après la mort des êtres aimés subsiste un ciel sans couleur. Mais jamais clos, toujours lisible, pour Colette Klein, qui transcrit ce qu'il recèle d'éternité, dans une poésie puissante et profonde.

Pour tenter de ne pas oublier, pour faire la somme des soustraits à la vie, peut-être, ou bien rejoindre le lieu où séjournent les morts, qui ne le sont jamais, pour ceux qui parlent de ce mystère, et essaient d'inventer une langue pour dire combien le chagrin inextinguible des disparitions subies creuse dans le quotidien de ceux qui demeurent.

Ils passent, dit le poète...

Mais,
l'oeil, la rétine, peuvent-ils, d'un coup de pinceau, 
saisir les animaux et les villes qu'ils emportent ?

Notre vie, à leur image, s'effiloche, se transforme
jusqu'à l'oubli.

Troupeau de morts passés et à venir qui dérivent
en ignorant que l'horizon
est tout aussi éphémère qu'une goutte de pluie
prisonnière du soleil.

Colette Klein, Après la fin du monde, nuages - Requiem, Les écrits du Nord, Editons henry, 2023, 79 pages, 12 €.

Cette langue est incontestablement la poésie, ce lieu où les mots s'ouvrent sur des abysses sémantiques capables de laisser entrevoir le silence, celui d'avant, et celui d'après. Verbe créateur et cathartique, vers ourlés du souvenir, mais pas seulement, car Colette Klein n'oublie pas, reçoit le monde dans sa grandeur tragique, et la Mort, de tous,  celle des massacrés des charniers enfantés de la folie des hommes, celle d'inconnus que la transfiguration permise par ses poèmes convoque dans un verbe qui rend perceptible cette solitude endogène face à la disparition et cette résilience offerte par l'art.

Poème liminaire comme clausule, En pays de solitude... en signe d'impuissance, accompagnent les notes de ce Requiem, chaque poème, adressé au souvenir.

30 juillet 2009

Pierre
l'ami

Je t'écoute me dire
que tu es vivant dans la mort,

que des nuages ont germé dans ton cadavre
et l'ont porté jusqu'à l'invisible,

que la pluie
protège la poussière de tes os
malmenés par le temps.

Je ne crois en rien,
sinon
aux paysages de l'amour,

à la foudre qui alimente mes rêves
de tes mots, de ta voix, de ton regard.

 

Ici la dimension prométhéenne de la poésie prend sens. Loin des chants orphiques, qui auraient pu occuper la poète, c'est la révolte prométhéenne, avortée par la mort, qui sous-tend le propos, et retrouve sa puissance dans l'acte d'écriture. Comme l'affirme Antoine Spire dans sa préface, ici vit "le peuple de ceux qui habitent dans la tête de Colette Klein (...) cette cohorte de ceux qui l'accompagnent aujourd'hui et demain jusqu'à la fin du monde". 

Colette Klein a dans ses mains ce feu dérobé à l'impuissance, et elle trace le verbe comme elle peint, en osant défier ce silence définitif qui avale le temps.

Présentation de l’auteur

Colette Klein

Née le 14 septembre 1950 à Paris 3e.
Poète, écrivain et peintre – sociétaire du Salon d’automne.
Membre du comité de rédaction de la revue Phréatique de 1979 à 2000.
Présidente de l'association Arts et Jalons (A animé pendant trente ans des rencontres associant  plasticien et poète).
Secrétaire générale et trésorière du Cercle Alienor d'Esthétique et de Poésie (Réunions mensuelles à la Brasserie LIPP)
Membre de la S.G.D.L. (Société des Gens de Lettres) – Vice présidente du PEN Club français
Prix jeune poésie François Villon 1978 - Prix de la Rose d'or 1983
Crée en 2008 : « Concerto pour marées et silence, revue » - parution annuelle.

Bibliographie

Poésie :

Ailleurs l'étoile, St-Germain-des-Prés (1973).

A défaut de visages, St-Germain-des-Prés (1975).

Cécités, Millas-Martin (Prix jeune poésie François Villon 1978).

Le Passe-nuit, Arcam (1980).

Néante aux mains d'oiseaux, G.R.P. (1984) – Avec dessins de l’auteur.

Les hautes volières du silence, Gravos Press (1994) – Avec dessins de l’auteur.

La neige sur la mer ne dure pas plus que la mort, La Bartavelle (1997).

Les Jardins de l’invisible, Alain Benoit (2002).

Les Insomnies du voyage, G.R.P. (2002).

Le Silence du monde, Encres de Marie Falize - Alain Lucien Benoit (2003).

La Pierre du dedans, Encres d’Augusta de Schucani - Alain Lucien Benoit (2005).

Les Tentations de L., Dessins d’Alain Clément - Alain Lucien Benoit (2009).

Derrière la lumière, Alain Lucien Benoit (2010).

Mémoire tuméfiée suivi de Lettres de Narcisse à l’ange, Editinter (2013).

C’est la terre qui marche sous mes pas, La Feuille de thé (2019).

Le Bleu selon C. Klein, Transignum (2023).

 

Elle a également participé à plusieurs livres d’artistes.

Sous le nom : ARNE (en collaboration avec Pierre Esperbé)  : Nuit magnifiée, Barre & Dayez Éditeurs. Collection Jalons. (1985).

 

Prose (documents) :

La Guerre, et après…, Editions Pétra (2015).

Pierre Esperbé : je suis né dans l’infini des êtres, Editions Pétra (2019).

 

Nouvelles :

Nocturne(s), Le Guichet (1985).

JE est un monstre, L’œil du Sphynx (2022).

 

Parutions en revues :

Acilèce, Artère, Cri d'os, Envol (Canada), Evohé, Les hommes sans épaules, Jalons, Jointure, LittéRéalité (Canada), Noah, Phréatique, Poémonde, Poésie 1, Poésie première, Poésie sur Seine, Poésimage, Résurrection, Sépia, 7 à dire …

 

En anthologies :

Alain Breton, La vraie jeune poésie (Ed. La Pibole-Jean Gouézec 1981).

Jean Breton, Nouvelle poésie contemporaine (Le Cherche Midi Editeur 1985).

Pascal Commère, Des poètes pour demain la soif (Cahiers de Noah 1981).

Paul Mari, Prix poésie 2000 (1979).

Anthologie Jalons   Plaise au souvenir 1983 ; Dans un halo d'humus 1985 ; A l'issue de ce long moment 1987.

Anthologie La Passerelle (1982-83).

Anthologie de poésie féminine contemporaine de langue française réalisée par Jean-Claude Rossignol en 2012 (Ed. de la Librairie Galerie Racine).

Anthologie de la poésie féminine française - en Islandais, par Thör Stefánsson (Ed. Oddur à Reykjavik - 2016).

Anthologie Sidérer le silence. Les écrits du Nord - Éditions Henry (2018).

Anthologie La Poésie française 100 ans après Apollinaire – 50 poètes – 50 styles. Éditions de la Maison de Poésie – Fondation Émile Blémont (2018).

Dans une autre demeure – Cartographie de la poésie française et francophone contemporaine par Jean-Luc Favre Raymond – Editions 5 sens – 2022.

 

Pièces de théâtre  (déposées à la S.A.C.D.) :

La Récolte du feu, donnée en lecture publique par "Théâtre à dire".

Armande et Rosalie, représentée au Théâtre de Ménilmontant.

 

Romans : (inédits) : Cicatrices, Pandémonium, S’apprivoiser, L’Ange des séparations, La Vie est une île.

 

Adaptation radiophonique de nouvelles :

Identité, France-Culture, dans "Les nuits magnétiques".

Entre deux vies, Radio Paris.

Ici et Ailleurs, Radio Aligre.

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Alain Dantinne, Chemins de nulle part

Alain Dantinne n’en finit pas de voyager. Il s’aventure dans ce nouveau recueil en des contrées toujours plus intérieures, à la recherche du silence et de la solitude. Et c’est la poésie qui le conduit sur ces chemins, bordés des effrayants abîmes de ce siècle, qui ne sont pas sans rappeler ceux du sulfureux Heidegger, lesquels, on le sait, ne menaient nulle part. L’époque a des relents de fin de règne.
La civilisation est un jeu de dupes, une montagne qui, au final, a accouché d’une souris. Les idéaux humanistes ont fait long feu et les étendards du désenchantement flottent sur les décombres d’un monde peut-être perdu pour lui-même. Beaucoup de remous font tanguer les être et les choses. L’inspiration du poète, aussi, dans une démarche volontiers ontologique, dont la feuille de route se propose de toucher au mystère / de l’être même / sa déchirure. L’agitation de l’époque, les ravages du temps qui emporte tout, les amours déçues, éphémères, les amitiés fauchées par la mort, tout cela donne du sens à la démarche poétique d’Alain Dantinne, laquelle tend de plus en plus vers une vérité primordiale, essentielle, définitive, d’où tout émane et tout retourne, dans le mouvement irrépressible de la vie. Et oui, sans doute, là est toute l’errance du poème. Un nomadisme intérieur et perpétuel, qui ne dépend de rien ni de personne. Un souffle qui nous précède et nous suit, sur quoi il convient d’accorder son verbe. Le poème est langage, il reformule et recrée, tout en n’étant dupe de rien. Il est un véhicule pour atteindre l’ineffable et cibler le cœur de la vérité : la langue, oui / comme parole / comme présence à soi. Trouver le lieu et la formule, en quelque sorte, et accomplir la prophétie de L’Homme aux semelles de vent. D’autres voix s’unissent pour jeter quelque clarté dans la pénombre de la poésie : celles de Mathieu Riboulet, Volker Braun, Johannes Kühn, Reiner Kunze et même Léonard Cohen.

Alain Dantinne, Chemins de nulle part, peintures de Jean Morette, éditions L’Herbe qui tremble, 2023, 124p, 17€.

 

Toutes participent à leur endroit à la construction de l’édifice en assurant les fondations d’une écriture vouée depuis des décennies à la liberté intérieure. Alain Dantinne signe ici une étape fondamentale de son périple personnel dont l’empathie pour l’Homme et son destin tourmenté n’est plus à démontrer. Écoutons donc sa parole monter du crépuscule, où se fondent toutes les nuances sensibles de la vie telle qu’elle est, avec ce qu’il faut de nostalgie assumée et d’inquiétude consciente d’elle-même. Vers la lumière. Plus près, toujours plus près, escortée des œuvres richement dépouillées d’un Jean Morette au sommet de son art.

Présentation de l’auteur




Marina Tsvetaïeva, Après la Russie

La guerre menée aujourd’hui par la Russie en Ukraine ne manque pas de donner un relief particulier au recueil Après la Russie de Marina Tsvetaïeva. Publié à Paris en 1928, le livre est aujourd’hui à nouveau réédité. Marina Tsvetaïeva faisait partie de ces Russes qui ont fui la révolution bolchévique afin de trouver de nouveaux points d’ancrage en Europe de l’Ouest. Pour la jeune femme ce fut Paris, mais aussi Prague et Berlin, deux capitales où elle rédigea les poèmes réédités aujourd’hui.

Née en 1892 à Moscou dans une famille d’intellectuels et d’artistes - son père était professeur d’histoire de l’art à l’université de Kiev puis à Moscou, sa mère avait un don rare pour la musique - Marina Tsvetaïeva a commencé à publier dès l’âge 16 ans. Poète inclassable, elle a connu l’exil avant de revenir en Russie en 1939 où elle connaîtra la misère. Son œuvre sera rejetée par Staline et le régime soviétique. Elle se suicidera en 1941 et ne sera réhabilitée qu’en 1955. 

Ne nous attendons pas à trouver dans les poèmes de Après la Russie – ou alors simplement au compte-gouttes – une quelconque couleur locale. Ainsi, après une promenade en Tchécoslovaquie au bord d’une rivière en compagnie de sa fille Alia, Marina Tsvétaïeva écrit un poème dont le titre initial était « Rivières » mais qui s’intitula finalement « Prends garde », dont le leitmotiv devint ces quatre vers : « Auprès de la source,/écoute, Adam, écoute/ce que les artères bouillonnantes/des fleuves disent aux rivages ». Après une visite à son mari qui habitait dans un faubourg ouvrier de Prague (où il faisait des études à l’université), la poète écrivit en 1922 deux poèmes intitulés « Ouvriers » dont le premier commence par ces vers : « Des bâtiments enfumés/dans la morosité noire du travail./Au-dessus de la suie jaillissent des boucles -/ les cieux sont attendris ».  A Berlin, elle nous parle très peu de Berlin sauf pour écrire en juillet 1922 : « La pluie berce la douleur./Sous les averses des stores baissés/ Je dors. Le long des asphaltes tremblants/Les sabots – comme des battements de mains ». Une forme d’opacité, on le voit, imprègne en permanence l’écriture de la poète russe.

 Marina Tsvetaïeva, Après la Russie, Rivage poches, 2023, 147 pages, 8,70 euros.

Traducteur et préfacier de ce livre, Bernard Kreise note qu’il « ne fut pas conçu comme un ensemble cohérent » même si c’est bien « l’univers d’une émigrée qui s’affiche », d’un après de « déracinée » pour qui « la Russie s’éloigne de plus en plus. ». Mais on serait bien en peine, écrit-il, de ranger Marina Tsvetaïeva dans « une catégorie quelconque ». La poète russe, en effet, est hors-normes, souvent déroutante, parfois hermétique. Mais elle assigne à la poésie un rôle éminent. Dans un poème d’avril 1923, elle dresse même son portrait-robot du poète : « Le poète de loin mène la parole/La parole mène loin le poète (…) Il est celui qui brouille les cartes,/trompe les poids et les comptes ;/il est celui qui interroge depuis le pupitre,/qui bat Kant à plate couture ».

Marina Tsvetaïeva nous parle de la tragédie de l’existence indépendamment de son contexte temporel. Elle a bouleversé la langue russe pour exprimer la force de la douleur. « Je n’ai appartenu et je n’appartiens à aucun courant poétique ou politique », écrivait-elle en 1926 dans un questionnaire que l’écrivain Boris Pasternak lui avait adressé en vue de l’édition d’une dictionnaire bio-bibliographique des écrivains du 20e siècle. Dan ce questionnaire, elle parlait aussi de ce qu’elle aimait le plus au monde : « La musique, la nature, les poèmes, la solitude ». Et elle concluait par ces mots : « La vie est une gare ; je partirai bientôt ; où – je ne saurais le dire ».

Présentation de l’auteur

Marina Tsvetaïeva

Née en 1892 à Moscou et fille du fondateur de l’actuel Musée Pouchkine de Moscou, Marina Tsvétaïeva est l’un des poètes essentiels et des plus tragiques du XXe siècle russe. Ses premiers recueils sont publiés juste avant et pendant la Révolution (comme ses Poèmes à Blok) et lui valent déjà une grande reconnaissance. Son mari, Serguéï Efron, s’engage dans l’Armée blanche. Après être restée seule à Moscou pendant l’hiver de famine 1920-1921, et après la mort de sa deuxième fille Irina, elle décide d’émigrer, d’abord en Tchécoslovaquie, puis en France.

Marina Tsvétaïéva est, dans la vie comme dans son œuvre, la passion incarnée. Anna Akhmatova dira: « Marina commence par le do le plus haut, et puis elle ne cesse de monter ». Elle pousse la langue à un degré d’intensité et de violence qu’elle est la seule à atteindre. La même passion irradie ses rapports avec ses contemporains et la correspondance qu’elle entretient avec Rainer Marie Rilke (qui lui dédie une de ses Elégies) et Boris Pasternak.

À Paris, vivant dans une misère croissante et s’éloignant de plus en plus des cercles de l’émigration, elle poursuivra une œuvre d’une immense richesse. Son recueil essentiel, Après la Russie, est publié en 1928.

Elle rentre en URSS en 1939, mais Serguéï Efron puis sa fille Ariadna sont arrêtés (Serguéï Efron sera assassiné). Tsvétaïéva, dans la misère absolue, interdite de toute publication, finit par se pendre au début de la guerre, le 31 août 1941, en Tatarie, à Elabouga, où elle a été évacuée avec son fils.

Bibliographie 

  • Indices terrestres
  • Mon Pouchkine
  • Nathalie Gontcharova
  • Histoire de Sonetchka
  • De vie à vie
  • Neuf lettres avec une dixième retenue & une onzième reçue
  • Lettres à Anna Teskova
  • Quinze lettres à Boris Pasternak
  • Une aventure, le Phénix
  • Le Gars
  • Averse de lumière
  • Lettres de la montagne & lettres de la fin
  • Les Flagellantes (1988, trad. et présentation Denise Yoccoz-Neugnot)
  • Lettres de Marina Tsvétaéva à Konstantin Rodzévitch dont la traduction par Nicolas Struve a remporté une mention spéciale au Prix Russophonie 2008

Les éditions L'Âge d'homme ont également édité plusieurs de ses œuvres :

  • Le diable et autres récits (1979, trad. V. Lossky)
  • Ariane (1979)
  • Le poème de la montagne - Le poème de la fin (1984) [Traduit et présenté par Eve Malleret (1945-1984), traductrice de référence en langue française]

Chez d'autres éditeurs :

  • Mon frère féminin (Mercure de France, 1979. Texte en français de Marina Tsvetaïeva)
  • Correspondances à trois (Rainer Maria Rilke-Boris Pasternak-Marina Tsvetaïeva) (Gallimard, 1983. Trad. L. Denis)
  • Le ciel brûle (Les cahiers des brisants, 1987)
  • L'art à la lumière de la conscience (Le temps qu'il fait, 1987)
  • Lettres d’exil (correspondance avec Boris Pasternak) (Albin Michel, 1988)
  • Histoire d'une dédicace (Le temps qu'il fait, 1989. Trad. J. Kaemfer-Waniewicz)
  • Phèdre (Actes Sud, 1991. Trad. J.-P. Morel)
  • Des poètes - Maïakovski, Pasternak, Kouzmine, Volochine (Des femmes, 1992. Trad. Dimitri Sesemann)
  • Le gars (Des femmes, 1992. Texte en français de M. Tsvetaeva)
  • Poèmes (Librairie du Globe, 1992. Édition bilingue, 254 pages) Traductions H. Abril, G. Larriac, E. Malleret, etc.
  • Romantika, théâtre (Le Valet de cœur, La Tempête de neige, La Fortune, L'Ange de pierre, Une aventure, Le Phénix), traduit et présenté par Hélène Henry (Éditions Gallimard, Du monde entier, 1998)
  • Le Ciel brûle, suivi de Tentative de jalousie (Poésie/Gallimard, 1999)
  • Lettres à Anna (Édition des Syrtes, 2003. Trad. Éveline Amoursky)
  • Lettres du grenier de Wilno (Édition des Syrtes, 2004. Trad. Éveline Amoursky)
  • L'offense lyrique et autres poèmes (Éditions Farrago, 2004. Trad. H. Deluy)
  • Marina Tsvetaeva Boris Pasternak Correspondance 1922-1936 (Édition des Syrtes, 2005. Trad. Éveline Amoursky, Luba Jurgenson - rééd. 2019)
  • Cet été-là Correspondances 1928-1933 (Édition des Syrtes, 2005. Trad. C. Houlon-Crespel)
  • Souvenirs (Anatolia, Éditions du Rocher, 2006. Trad. Anne-Marie Tatsis-Botton)
  • Octobre en wagon (Anatolia, 2007. Trad. Anne-Marie Tatsis-Botton)
  • Les Carnets (Éditions des Syrtes, 2008, sous la direction de Luba Jurgenson. Trad. Éveline Amoursky et Nadine Dubourvieux)
  • Œuvres : Tome 1, Prose autobiographique (Éditions du Seuil, 2009)
  • Œuvres : Tome 2, Récits et essais (Éditions du Seuil, 2011)
  • Insomnie et autres poèmes (Poésie/Gallimard, 2011)
  • Mon dernier livre 1940, traduit du russe par Véronique Lossky (Éditions du Cerf, 2012)
  • Cycle Les arbres (Éditions Harpo &, 2013. Trad. Éveline Amoursky). Bilingue.
  • Les Poésies d'amour, éditions Circé, 2015. Traduit et présenté par Henri Abril.
  • Le charmeur de rats (Éditions La Barque, 2017. Trad. Éveline Amoursky). Bilingue 
  • Les Grands Poèmes (Édition des Syrtes, 2018. Trad. Véronique Lossky. Bilingue)

Livres d'artistes

  • Les Démons, poème d’Alexandre Pouchkine, traduction du russe par Marina Tsvetaeva, collection « Laboratoire du livres d’artiste », 2010 
  • Escalier obscur, traduction française inédite du Poème de l'escalier par Anne Arc, collection « Livre vertical », 2012.
  • Je voudrais chanter l’escalier argenté (Anne Arc, Barbara Beisingoff, Serge Chamchinov), collection « Sphinx blanc », Granville, 2012 
  • Le Poème de l'escalier, édition vérifiée et corrigée, Éditions Groupe Sphinx Blanc, Paris, 2016 

Mise en musique

Six de ses poèmes ont été mis en musique par Dmitri Chostakovitch (opus 143 pour alto et piano en 1973, orchestrés en 1974).

Sofia Goubaïdoulina met en musique L'Heure de l'âme en 1974 pour mezzo-soprano et orchestre à vent, puis en 1984, cinq de ses poèmes réunis en un Hommage à Marina Tsvetaïeva pour chœur a cappella.

Elena Frolova a composé un album guitare-voix mettant en musique dix-huit poèmes de Marina Tsvetaïeva.

D'autre part, le chanteur français Dominique A lui a dédié une chanson, intitulée Marina Tsvetaeva.

Le compositeur Max Richter a mis en musique un poème de Tsvetaïeva dans le titre Maria, the Poet (1913) de l'album Memoryhouse, 2.

La compositrice Ivane Bellocq lui a dédié Je suis Marina T., pour orchestre à plectres, création à Argenteuil le 7 mars 2020 par l’ensemble MG21, direction Florentino Calvo, dans le cadre du projet “7 femmes et +”.

Adaptations dramatiques

  • Sous le titre Vivre dans le feu, les carnets de Marina Tsvetaïeva ont fait en 2011 l'objet d'une adaptation théâtrale à Lorient sous la direction de Bérangère Jannelle, avec Natacha Régnier dans le rôle de la poétesse. Le spectacle a été repris à Paris au festival d'automne, puis au théâtre des Abbesses.
  • Les Lunes, pièce de théâtre d'après les œuvres de Marina Tsvetaeva. Adaptation et mise en scène : Isabelle Hurtin. Le spectaclhttp://cieduness.wixsite.com/ness/les-lunese est joué du 7 au à l'Épée de Bois, Cartoucherie de Vincennes.

Hommages

Un entier postal (timbre imprimé sur carte postale) célébrant le centenaire de sa naissance a été émis en 1992 par la Poste soviétique.

Une plaque commémorative a été apposée sur l'ancien pensionnat où elle vécut à Lausanne, ainsi que sur la maison qu'elle habita à Vanves entre et .

En , une statue en bronze de la poétesse, œuvre du sculpteur russe d'origine géorgienne Zourab Tsereteli, a été inaugurée dans la commune de Saint-Gilles-Croix-de-Vie en présence de l'ambassadeur de Russie.

En , le Conseil de Paris a décidé de rendre hommage à Marina Tsvetaïeva en donnant son nom à la bibliothèque Glacière sise rue Glacière dans le 13e arrondissement de Paris.

Le cratère vénusien Tsvetayeva et l'astéroide (3511) Tsvetaeva portent son nom.

Au cinéma

  • Élégie de Paris : Marina Tsvetaeva (2009), un film documentaire écrit et réalisé par Aleksandra Svinina.
  • Зеркала (Miroirs) : un film russe (2013) de Marina Migounova retraçant la vie de Marina Tsvetaïeva (avec Viktoria Issakova dans le rôle de la poétesse).

Poèmes choisis

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Jaume Pont, Miroir de nuit profonde

La mort est un « fait qui se produit de façon toujours prématurée », nous dit Jaume Pont, en ouverture de son recueil Miroir de nuit profonde. C’est, ajoute-t-il, de cette « expérience de l’extrême » que sont nés la plupart de ces poèmes, puisés dans la matière d’une douleur indicible.

Si chaque être qui vient au monde est voué à inventer celui-ci, dès l’instant où il ouvre les yeux, il le fait dans l’ignorance de l’ombre qui commence déjà à le cerner, elle qui est porteuse de dévastation et de blessure. Illusion de la rose et du bleu,  La vie / se défait / comme un grumeau de rêves.  Au-delà du miroir, le regard se perd, leurré par la trajectoire qu’il se cherche en vain  loin de l’enclos. Faudra-t-il accepter que jamais ne se referme tout à fait une blessure que n’apaiseront pas les hurlements dans la nuit profonde ? Les  bœufs que nous sommes semblent condamnés à leur triste labeur sous les étoiles. Le poète esquisse pourtant les frontières d’un temps qu’il n’a pas connu et qui est encore à venir. Si l’obscurité l’enveloppe, il est néanmoins contigu de la lumière, tout comme existe ce chat aux yeux fendus par le silence, mitoyen d’un silence aux  yeux de chat musqué. À tâtons, le poète rejoint les confins d’un autre versant, où les hurlements finissent par déchirer les ombres : De l’obscur, cependant, naissent l’autre lumière / et le verbe balbutiant de la beauté. Comme si la traversée devait nécessairement passer par la voix dans toute la nudité de son cri...

Jaume Pont, Miroir de nuit profonde, poèmes, édition bilingue catalan-français, traduction de François-Michel Durazzo, L’Etoile des limites, 104 pages, 17 euros.

À cheminer sur une sente désolée, le poète finit par croiser la mémoire, elle qui sait franchir les miroirs, ne serait-ce qu’un instant d’éclair. C’est à peine s’il entend ces voix / chargées de rubis et d’améthystes, / et le maillet du froid qui aboie à tous les vents, / la petite lueur étincelante /lui brûle le fond brumeux de l’âme/comme un foyer démesuré. Il n’est sans doute pas fortuit que Miroir de nuit profonde s’achève avec le poème intitulé « Les mots ». Si la vie est  un mur de chaux dressé face à nous, si la douleur est d’abord un cri, les mots finissent par advenir. Eux seuls peuvent transcender la perte et l’absence. s’ils ne donnaient pas libre cours aux sources /et jamais ne revenaient aux sources les plus profondes, si le fleuve dans lequel on se baigne /était toujours le même fleuve, luisant, ombreux, inaltérable à la lueur de l’âme, / quel fou, dites, voudrait d’eux ? Jaume Pont salue ainsi la rose du poème, lui qui naît sur une langue pleine de feu. Le poète nous offre ici un recueil d’une incandescente beauté, magnifiquement porté par la traduction de François-Michel Durazzo. Le Prix Mallarmé étranger de traduction 2023 a été décerné à Miroir de nuit profonde.

Présentation de l’auteur

Jaume Pont

Jaume Pont est né à Lleida, en Catalogne, en 1947). Il fait partie de la génération de poètes qui se sont fait connaitre à partir des années 1970, aux côtés de Miquel de Palol et de Josep Piera.

 Il a reçu en 2006 le prix le plus prestigieux de la poésie en catalan : le Prix Carles Riba, et en 2012 le Prix Virgile du Cénacle européen francophone.

Selon les mots de son traducteur François-Michel Durazzo, dans Nulle part, Pont  “creuse à la source du langage pour célébrer les noces du moi avec l’autre, celui des hommes et des bêtes, celui des éléments conjurés. La voix du poète héraclitéen sourd de la grotte, tendue entre le chant de l’oiseau et la mutité du poisson, se fait sang sacrificiel dans le calice du poème. Depuis Salvador Espriu, nul poète catalan n’avait à ce point tendu la corde du langage, sans céder à l’hermétisme.”

Bibliographie

L’ensemble de son œuvre poétique a été traduit par François-Michel Durazzo : Raison de hasard, Le Noroît/fédérop 2010 (qui regroupe ses cinq premiers recueils) ; Vol de cendres, Le Noroît, 2003 ; Le livre de la frontière de Musa ibn al-Tubbi, Al Manar, 2006 ; Nulle part, L’Étoile des limites/ Éditions du Noroît 2018.

Poèmes choisis

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spasp, Aphrodite Lamaï et Verkoff l’enjôleur

Maldoror est de retour !

Ce livre titré Aphrodite Lamaï et Verkoff l’enjôleur est un OENI. Je me permets cet acronyme puisque l’auteur les cultive à foison, pas seulement les LCD, GPS et autres DGPS (Differential Global Positioning System), mais aussi le CDFJ, soit la Composition Formelle Des Jours, aussi la cellule AP qui est celle de l’Acquiescement Participatif dans laquelle, après examens divers suivi du feu vert des gouvernants, un couple est enfermé pour convoler pendant une période de deux mois...

Par OENI, j’entends un Objet Écrit Non Identifiable. L’éditeur présente cet ensemble comme un recueil de nouvelles, j’y verrais aussi bien un journal fantastique intime, une science-poésie fiction... Car cet ensemble de courts textes me fait le plus souvent penser à des poèmes en prose – sans doute à cause de leur intensité imaginaire.  

Dans sa Saison en enfer, l’autre qui n’est pas lui raconte plusieurs de ses folies, spasp, qui non plus n’est peut-être pas lui, a aussi les siennes. Il semble bien qu’il connaisse lui aussi un enfer. Dans son prologue il précise que « la peur est là », et dans son épilogue : « L’épaisseur de l’angoisse qui monte / me remplit d’une sueur collante ». Pourtant, spasp est un rigolo ! (Voir ci-contre son autoportrait)

Peut-être que sous sa figure on assiste à la métempsychose de Maldoror (puisque dans ce livre il est question de métempsychose). Le célèbre personnage de Lautréamont quitterait ses monstruosités dix-neuviémistes et plutôt marines pour visiter notre XXIème siècle, histoire de les remplacer par nos nouveautés scientifiques et techniques actuelles et surtout à venir. Un Maldoror, donc, réincarné en un spasp, ou du moins habitant son âme pendant le temps d’une écriture.

Maldoror pourra, avec l’auteur, être aspiré par l’écran de son ordinateur pour entrer dans une autre dimension, il pourra faire l’acquisition à Ha Noi d’une pièce de monnaie qui lui garantira de se déplacer dans une zone d’ombre (qui peut-être l’engloutira ?). 

 

spasp, Aphrodite Lamaï et Verkoff l’enjôleur, éd. Ubik art, 118 pages, 15 euros  – avec des illustrations de l’auteur.

Sous le moindre prétexte il se trouvera doté d’une paire d’ailes diaphanes qui l’enverra virevolter dans les airs, et plus d’une fois il se retrouvera cosmonaute embarqué pour un voyage fort risqué. À moins que, catapulté malgré lui dans la Thaïlande qu’il a connue, une main le pousse dans la cabine d’un salon de massage, thaïlandais donc, où l’attend une forme féminine assise en lotus...

Car, à travers ces diverses tribulations, notre narrateur connait des enthousiasmes amoureux qui malheureusement ne parviennent pas à se résoudre. Ou si c’est le cas, comme dans le salon de massage thaïlandais, il arrête son récit au moment où l’on pourrait lire : ils furent heureux et ils n’eurent aucun enfant. On saura seulement que la belle des belles, l’objet de la quête d’amour qui traverse l’ensemble du livre, pourrait s’appeler Lamaï ; ou Aphrodite.

On l’aura compris, empruntant à la poésie comme à la science-fiction, ce livre est particulièrement déjanté, ce qui fait sa belle singularité. Il n’a rien de gratuit. L’auteur écrit sur son site : « Je parle des mots, plutôt je lance des mots comme des idées qui fusent. Il y en a qui reviennent avec un effet de boomerang et qu’il faut éviter à tout prix. Le danger est partout. »

 On retrouvera dans ces textes l’univers pictural de spasp, du moins celui de ses collages et ses montages numériques. Car avant tout, spasp, appelé aussi Patrick Danion, est un peintre professionnel qui expose à Gent, à Paris, à Singapour. On peut le retrouver sur son site : https://www.tiger-spasp.com/pages/265430/spasp-patrick-danion?isHome=1. Qu’il paraisse dans la collection Libres d’ArTiSte des éditions ubik art basées à Montpellier, rien que de normal.

Présentation de l’auteur

Spasp

Patrick Danion fait une peinture en matière, il fabrique lui même sa pâte à base d’acrylique. Il est constamment en recherche de nouvelles textures, de nouveaux adjuvants, de nouvelles techniques.
Son travail s’étend sur les domaines de la photo, de l’art numérique, de l’image en mouvement, il compose ses textes et ses musiques. Le rythme des saisons et des paysages et la figure de l’humain sont l’essence de son inspiration…

“Mon tableau a bien avancé, la peinture a commencé à sécher, les couleurs se ravivent à l’évaporation de ce diluant qui n’est que de l’eau.
J’exprime, je fabrique, j’applique, je me repais, je malaxe, je triture.
Je parle des mots, plutôt je lance des mots comme des idées qui fusent.
Il y en a qui reviennent avec un effet de boomerang et qu’il faut éviter à tout prix. Le danger est partout.

Biographie

Patrick Danion, né le 14 avril 1950, Paris 14ème .
Académie Charpentier 1967-1968, Beaux-Arts Paris 1969.

© Crédits photos (supprimer si inutile)

Bibliographie

Aphrodite, Lamaï et Verkoff l’enjôleur, Ubik-art-editions, 2023.

Poèmes choisis

Autres lectures




Denis Emorine, Comme le vent dans les arbres

Les arbres du titre sont les fameux "bouleaux" de l'est qui ont abrité tant de mitrailleuses et de morts.

L'est, le souvenir du père et de Natacha aimée traversent nombre de poèmes, qui disent la douleur d'exister quand d'autres sont morts ou perdus.

L'intense blessure de la mémoire, qui persiste et abrège les plaisirs, remue dans ces poèmes d'un poète blessé par le passé.

A quoi bon écrire, sur des tombes, des absences ?

Quel est cet Est d'où vient la mort ?

De brefs poèmes ressassent la douleur, redisant, avec les mêmes mots, la souffrance de l'est, la blessure des pertes, la guerre toujours là, aux aguets, la pauvreté de la poésie pour réparer, effacer les traces.

D'un lyrisme contenu, les textes ont la puissance de l'aveu et la fragilité des ferveurs.

Un beau livre.

Denis Emorine, Comme le vent dans les arbres, édition bilingue français/italien, Ladolfi, 2023, 156 p., 15 euros.

Présentation de l’auteur

Denis Emorine

Denis Emorine  est né en 1956 près de Paris.  Il a avec l’anglais une relation affective parce que sa mère enseignait cette langue. Il est d’une lointaine ascendance russe du côté paternel. Ses thèmes de prédilection sont la recherche de l’identité, le thème du double et la fuite du temps. Il est fasciné par l’Europe de l’Est. Poète, essayiste, nouvelliste et dramaturge, Emorine est traduit en une douzaine de langues. Son théâtre a été joué en France, au Canada ( Québec) et en Russie. Plusieurs de ses livres ont été édités aux Etats-Unis. Il collabore régulièrement à la revue de littérature "Les Cahiers du Sens". 
En 2004, Emorine a reçu  le premier prix de poésie (français) au Concours International. L’Académie du Var lui a décerné le « prix de poésie 2009 ».
On peut lui rendre visite sur son site : denis.emorine.free.fr

Bibliographie (supprimer si inutile)

Poèmes choisis

Autres lectures

Denis Emorine, Prélude à un dernier exil

Ce recueil de poème entremêle différents thèmes chers à l’auteur. On rencontre en effet tout au long de l’œuvre l’amour,  la mort et  la guerre. Ces trois notions sont reliées entre elles par [...]

Mélissa Brun, La nuit ne finira jamais

Le recueil de poème La nuit ne finira jamais… Poèmes transpercés par le vent d’est de Denis Emorine est une invitation au voyage. Voyage dans l’espace, dans le temps, dans l’écriture, voyage de [...]

Denis Emorine, Romance pour Olga

Le poète, dans ce nouvel opus, tutoie la Russie et son amie Olga. Une longue et entêtante mélancolie tisse autour d'elles une voix poétique qui, en brefs poèmes, distille tout l'amour qu'il peut [...]

Denis Emorine, Foudroyer le soleil

Le recueil bilingue de Denis Emorine, poète français né en 1956, s’insinue dans des thèmes dramatiques : l’exil, la séparation d’avec les êtres chers, les amours perdus, l’Est qui a connu tant de bouleversements. [...]




Claude Luezior, Au démêloir des heures

Claude Luezior maîtrise l’art de donner à ses livres des titres qui étonnent. En quelle boutique improbable a-t-il bien pu dénicher son peigne temporel ? Dans un bref liminaire en prose il en donne toutefois le mode d’emploi : « convoquer l’insolence, survivre dans le sillon fertile de l’imaginaire » (page 7). De quoi se faire des cheveux.

Le premier texte s’appelle « Rêve ». Est-ce d’ailleurs le premier texte ou l’introduction de la première partie du livre ? Son en-tête est imprimé en roman alors que celui de chaque poème qui suit l’est en italique. On trouve à la page 61 un autre fragment dont l’intitulé est composé en roman : « Suffit ! », auquel succèdent des pièces aux désignations en italique. Je penche pour un ouvrage en deux parties. En deux cycles, devrais-je préciser. Un premier, le plus long, consacré au sommeil et à ses aléas : rêves et cauchemars ; un second dont la désignation apparaît comme une injonction à en finir avec les délires nocturnes.

Pour chacune des deux parties du livre, l’auteur fait alterner des poèmes avec titre, apparaissant en roman, et de courts inserts en vers non titrés et imprimés en italique. Cette composition confère à l’ensemble un rythme particulier : le lecteur croit assister à une série de crises plus ou moins aiguës, entrecoupées de pauses nécessaires pour tenter de faire le point ou de simplement reprendre souffle. Un sommeil agité, en quelque sorte, comme désaccordé par des épisodes d’insomnie voire de somnambulisme.

 Claude Luezior, Au démêloir des heures, avril 2023 Librairie-Galerie Racine, Paris, 96 pages.

La supposée première partie se nomme donc « Rêve ». Le mot employé au singulier désigne la fonction ; il ne s’agit pas d’écrire / de décrire des songes à la manière des surréalistes. Entre endormissement et sommeil lent léger, nos sens nous trahissent et notre raison ne s’avère guère fiable. Le presque dormeur est alors assailli par des sollicitations qui émanent plus de son inconscient que du monde réel. Ce moment vécu hors-sol engendre des interrogations désordonnées : « assoupi / je questionne / des rêves / qui enjambent / la raison » (page 9).

Dans cette zone crépusculaire où il prend une ombre portée pour une chimère, le poète semble pouvoir ou devoir se laisser submerger par des pensées troubles qui ne fraient ni avec la morale : « piller / mon inconscient / de ses rites / barbares » (page 14), ni avec la raison : «au-delà de l’entendement / la folie ténébreuse » (page 30), ni même avec sa façon coutumière d’exister : « à la curée, les songes / saillissent et mutilent / mes rouages casaniers » (page 19).

L’ensommeillé fait jaillir un tourbillon d’émotions troubles où alternent les cauchemars : « en meutes carnassières / des cauchemars inassouvis / sans cesse à la maraude / traquent mes chairs » (page 20), les rêves : « les écailles de l’abondance / étaient nées dans l’eau vive / où scintillait la source / par éclats irisés » (page 37) et l’aveu de désirs inavouables : « courtisane, cariatide / à portée de mes lèvres / la forme pulse » (page 45). Les vers sont courts, jamais d’alexandrins, le rythme échevelé, soutenu par des strophes brèves, l’imagerie baroque entre apparitions de gobelins et interventions de licornes. Claude Luezior délire ou glose  dans une « liberté / paradoxale / structurante / vertige magnétique / aux marches / des énigmes » (pages 13-14) sur la fuite du temps, les avantages et les inconvénients de l’ivresse, les vers de mirliton, la sculpture, l’essence des fleurs, etc.

La seconde partie du livre s’ouvre sur un texte intitulé à l’impératif : « Suffit ! ». Tout un programme : « que basculent / paniques et phobies / que l’on attache / les malédictions / qu’on ligote / nos affres d’arrière-nuit » (page 61) et : « que l’on accueille / l’indispensable / que l’on aiguise / la lumière » (page 62).

L’aube dissout les monstres et fait disparaître les visions de l’au-delà, que se serait évertué à peindre un Jérôme Bosch. Plus de créatures blasphématoires au réveil mais l’animal familier en quête de tendresse : « ma petite chienne / s’est enroulée sur moi-même / apaisée sous ma main / tout près, en un soupir tiède » (page 21).

Le poète sait qu’un bon sommeil est nécessaire pour réparer le cerveau comme le corps, mais devine qu’il peut parfois se présenter comme une petite mort : « Hypnos et Thanatos sont frères jumeaux » (page 71). Aussi doit-il se rasséréner et lutter pour retrouver sa place dans le monde réel : « ne plus être la proie / de cet inconscient / qui me transperce / de toutes mes forces / m’extraire / de cette gangue / à tout prix / réinventer / le soleil » (page 70).

Le poète exorcise ses démons nocturnes en célébrant la lumière, source de vie : « partout, la lumière / pétrit son levain » (page 82). Il faut être poète ou jardinier pour convoquer le lever du jour : « pour dire le miracle / il faut être un simple / au portail d’un jardin » (Aube, page 78). Et triompher en retrouvant le fil des jours d’une vie toujours trop brève, en croyant à l’avenir en des temps de désespérance, tout en se réjouissant de la naissance de « [ce] jour de sucre / de pulpe rare et de blés / manne pour fiançailles / où jubilent / des persiennes ouvertes » (page 88).

Au démêloir des heures pourrait se concevoir, au-delà de la symbolique du jour et de la nuit, du bien et du mal, du rêve et du cauchemar, de la raison et du délire, comme un manifeste qui établirait la mission première du poète : « Porteurs d’inachevé, en rupture avec leurs semblables, les poètes sont-ils ces êtres désignés qui tentent désespérément de traduire une langue rescapée du bannissement et que nous aurions héritée d’un inconscient originel ? » (page 52).

La couverture du  livre bénéficie d’une belle et déroutante photographie d’une installation de Diana Rachmuth : un kimono habité par la lumière.

Présentation de l’auteur

Claude Luezior

Claude Luezior, auteur suisse d’expression française, naît à Berne en 1953. Il y passe son enfance puis étudie à Fribourg, Philadelphie, Genève, Lausanne, Rochester (Minnesota) et Boston. Médecin, spécialiste en neurologie (son nom civil est Claude-André Dessibourg), il devient chef de clinique au CHUV puis professeur titulaire à l’Université de Fribourg. Parallèlement à ses activités scientifiques, il ne cesse d’écrire depuis son jeune âge et commence à publier depuis 1995. 

Sortent dès lors une quarantaine d’ouvrages, pour la plupart à Paris : romans, nouvelles, recueils de poésie, haïkus, ouvrages d’art. Tout comme en médecine, il encourage la collaboration multidisciplinaire, donne des conférences, participe à des expositions et à des anthologies, écrit des articles dans des revues littéraires ainsi que des préfaces.

Les éditions Librairie-Galerie Racine à Paris ont publié en 2018 et 2020 trois livres de Claude Luezior : Jusqu'à la cendre (recueil de poèmes), Golgotha (poème lyrique et dessins) ainsi qu' Un Ancien Testament déluge de violence (critique humoristique et pacifiste).

Certains de ses livres sont traduits en langues étrangères et en braille.  Luezior reçoit de nombreuses distinctions dont le Prix européen ADELF-Ville de Paris au Sénat en 1995 ainsi qu’un Prix de poésie de l’Académie française en 2001. Il est nommé Chevalier de l’Ordre national des Arts et des Lettres par le Ministère français de la Culture en 2002. En 2013, le 50e prix Marie Noël, dont un ancien lauréat est Léopold Sédar Senghor, lui est remis par l’acteur Michel Galabru de la Comédie française.

www.claudeluezior.weebly.com

 

Autres lectures

Claude Luezior, Ces Douleurs mises à Feu

Lorsque CLAUDE LUEZIOR, l’un des premiers stylistes contemporains, comme le souligne le poète Jean-Louis Bernard, laboure les broussailles  de l’aube aux reflets de lignite, les mots/ tels des loups se lancent à sa poursuite. Somptueux hallali [...]

Claude Luezior, Epître au silence

A l’origine le mot épître, issu du grec, repris en latin, désigne une simple lettre. Au fil du temps, le terme va qualifier un mode d’expression utilisé pour rédiger des traités courts, des [...]

Claude Luezior, Émeutes, vol au-dessus d’un nid de pavés

Esprit humaniste par excellence, Claude Luezior (poète, romancier, essayiste, critique littéraire, amateur d’art) ne cesse d’explorer le quotidien pour dévoiler ses multiples visages avec la même ironie et l’humour si particuliers que l'on [...]

Claude Luezior, Au démêloir des heures

Infatigable poète, amoureux du Verbe porteur de sens et de vie, Claude Luezior ne cesse de questionner le réel, ses ténèbres, angoisses, captivités, tyrannies, mais aussi les rêves, leurs étranges visions, pour transgresser [...]

Claude Luezior, Au démêloir des heures

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Anarchie souveraine, Contrelittérature numéro 6

Sous la direction de Mehdi Belhaj Kacem.

Avec les contributions de Giorgio Agamben, Ferdinand Gouzon, Amel Nour, Georges Lapierre, Thibaut Rioult, Ivan Segré, Guillaume Basquin, Mehdi Belhaj Kacem, Jean-Clet Martin, Tomas Ibanez, Eric Coulon, Pierre le Coz, Valentin Husson, Alain Santacreu et Brice Bonfanti.

L’anarchie souveraine ne fonde-t-elle pas un contre monde ? Car enfin, depuis le temps que la fabrique tourne à vide, que le château de carte s’écroule, que c’est la lutte de chacun contre tous, de chacun contre lui-même ; on devrait être alerté. Il ne s’agit pas, pour autant, de croiser le fer avec le mal global, avec le propagandé, avec le propagandiste, avec ceux qui vendent de l’avenir et du passé, mais de tenir à distance tout ce qui fait société, communauté, promiscuité.

Le postmoderne est aux commandes d’un monde enfantin et mercantile, d’où l’inflation d’artistes-rebelles qui s’empressent de monter sur le pressoir des villes et des bourgs, le visage barbouillé de lie de vin, pour y jouer des farces. La parole scellée, qui alimente le spectacle généralisé, troque alors une subvention contre un contrat. Ainsi l’artiste et le penseur– qui devraient être, par essence, des anarchistes – ne paient plus leurs dettes, refusent d’être soumis aux lois du langage. Les voici assis, universitaires et/ou journalistes (autrement dit menteurs professionnels), progressistes ou réactionnaires, toujours insatisfaits (l’insatisfaction est devenue elle-même une marchandise, Debord). Bref, la confrérie littéraire, en temps de détresse, semble souvent préoccupée par le lien social et par sa propre trésorerie, très peu par l’anarchie et la liberté libre.

Je suis, pour ma part, issu d’une famille nombreuse : Baudelaire, Rimbaud, Bernanos, Claudel, Pasolini, Debord, Axelos, Calaferte… je cite ceux-là à dessein. Voilà des témoins qui ne se sont pas embarqués dans la nef des fous, bouche béante et langue vide.

 Anarchie souveraine, Contrelittérature numéro 6, année 2023, 199 pages, 15 €.

Ce ne sont pas des nourrissons en addiction qui fabriquent du même. Ils ont compris que les grands principes unificateurs étaient épuisés (pour reprendre les pertinentes analyses commentées dans ce dossier sur la pensée de Reiner Schürmann). Ils ont assumé un présent et un devenir erratiques. Ils ont pensé et vécu leur propre dépense, sans stocker le temps ni le marchander. Ils n’ont pas engraissé les simulacres, ni le scoutisme planétaire. Tous, hérétiques, ont jeté leur corps dans la lutte, traçant une sémiologie de la réalité, traquant les signes névrotiques de leur époque et opposant leur propre parole souveraine à celle de l’opinion. Insaisissables, sans tutelle, réfractaires, ils ont ferraillé contre les dieux fétiches, ceux de la technique et du libre marché. Peu de chance de les entendre brayer avec la meute. Ils ont été anarchistes, anarchistes chrétiens parfois, athées sociaux sans aucun doute. Ils se sont dégagés de la littérature et de la pensée comme supplément d’âme pour nouer un rapport charnel avec la vérité et avec la beauté. Ils m’ont appris à contempler le négatif bien en face et à me défaire de la faune des croyances et des illusions. Vivant et écrivant souverainement l’aventure du temps, n’ont-ils pas souscrit eux-mêmes à cette incise de Chateaubriand : J’ai toujours eu horreur d’obéir et de commander ?

Et c’est peut-être le reproche amical que je ferais sur ce numéro de Contrelittérature, qui, par ailleurs, propose des contributions riches d’enjeu :  ne pas avoir vraiment creuser les liens et les différences entre art et anarchie, entre parole parlée et parole parlante, entre les identifications collectives et idéologiques et l’absence de toute compromission avec le social global.




Gérard le Goff, Les chercheurs d’or

Le nouveau livre de Gérard le Goff invite le lecteur à un voyage poétique à travers la littérature des XIXème et XXème siècles. C’est un hommage rendu aux écrivains français ou d’expression française, à ces « chercheurs d’or » qui, par leur exploration de la langue et leur art poétique, ont été au fil du temps les ouvreurs de nouveaux horizons et demeurent les maîtres spirituels de l’auteur.

Le titre trouve son inspiration dans l’épitaphe inscrite sur la tombe d’André Breton : « Je cherche l’or du temps ». L’illustration de couverture représente la rosace minérale qui orne la sépulture : une figuration de la pierre philosophale.

Gérard le Goff propose 58 évocations de poètes « à la manière de », selon une démarche qui nous fait (re)découvrir toute une pléiade de grands écrivains. Chaque texte est précédé par un portrait et par une citation qui annonce un thème à partir duquel l’auteur imagine une variation selon un principe musical. Il s’avère lui-même un maître de la langue et du style.

Les jeunes lecteurs traversent ainsi deux siècles de littérature, d’autres se rappellent leurs lectures et en retrouvent la nostalgie, contents de parcourir à nouveau le fil poétique qui va de Gérard de Nerval à Alfred de Musset, Charles Baudelaire, Lautréamont, Théophile Gautier, de Victor Hugo à Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Guillaume Apollinaire,  de Max Jacob à Robert Desnos, Paul Éluard, Boris Vian, Pierre Reverdy, de Tristan Tzara à André Breton, Raymond Queneau, Henri Michaux, René Char, Jean Tardieu, Eugène Guillevic et Yves Bonnefoy. À côté de grands noms d’écrivains, on en découvre d’autres moins célèbres, qui ont subi les horreurs de l’Histoire : Saint-Paul Roux, René Guy Cadou.

Gérard le Goff, Les chercheurs d’or, Éditions Stellamaris, 2023, 161 p., 20 euros.

C’est un parcours initiatique à travers certains thèmes dévoilés dans les citations de l’œuvre de ces poètes mais aussi dans la création de Gérard le Goff qui les reprend dans ses poèmes et ses proses : la vie, l’amour, l’enfance, le bonheur, le rêve, la mort, la guerre, la haine, le mal, la maladie, la tristesse, l’attente ou des motifs tels : le chat, l’oiseau, le ciel, la lune, les nuages, la mer etc.

L’auteur des Chercheurs d’or construit son livre sur la polyphonie des voix, d’une part, celles des écrivains d’un temps révolu, d’autre part, sa propre voix lyrique ou en prose qui rend hommage à ceux qui sont restés des repères dans l’histoire de la littérature française. Il sait bien adapter son style à ceux des poètes évoqués, nous faire ressentir en quelque sorte l’empreinte de leur création, un certain air de leur temps. Il nous offre aussi des notes explicatives à la fin de ses textes en prose pour nous livrer des aspects moins connus de leur vie et de l’histoire des lieux.

Gérard le Goff est simultanément graphiste, poète, prosateur, parfois historien et biographe. Il connaît à fond leur œuvre, leur vie, leur correspondance, les documents qui les concernent, les journaux qui en parlent, les bavardages, les expositions anniversaires, les supercheries littéraires, autant de sources d’inspiration pour lui. Ses textes prennent la forme d’un poème, d’un récit, d’une lettre imaginaire, d’une entrevue. À titre d’exemple, la lettre d’Antonin Artaud adressée à son psychiatre pour lui reprocher d’être traité de délirant et de malade mental, quand il ne fait que confesser ses états mystiques dans ses manuscrits. L’entrevue imaginaire d’un journaliste avec Louis Aragon devient le prétexte à livrer aux lecteurs sa biographie et de rappeler son soutien à Staline ainsi que certaines de ses dérives existentielles. 

On saisit bien le côté ironique, persiflant de l’auteur, son humour discret, mais aussi son penchant pour le mystère, le fantastique, le mélange de réel et d’onirisme, le portrait et la description des lieux. La réalité quotidienne horrifiante se prolonge dans le cauchemar pour évoquer « le mal qui s’insurge contre le bien » dans la  variation sur le thème de Lautréamont (Vers d’amour et de haine). Il s’amuse à écrire le poème Posada à la manière de Blaise Cendrars, en pratiquant un collage d’extraits de la prose de Gustave le Rouge.

Il faut ajouter aussi la passion pour le dessin de Gérard le Goff. Les 58 portraits réalisés au crayon et à l’encre, au regard si vif qu’ils semblent nous regarder depuis le passé durant notre lecture.

Présentation de l’auteur

Gérard Le Goff

Né en 1953, à Toulon, Gérard Le Goff, après l’obtention d’une maîtrise-ès-lettres à l’Université de Haute-Bretagne, effectue toute sa carrière professionnelle au sein de l’Education nationale dans les académies de Caen et de Rennes ; il a été successivement : enseignant, cadre administratif et conseiller en formation continue.
Il écrit depuis l’adolescence mais ne cherche pas à publier. Désormais à la retraite, il entreprend de mettre de l’ordre dans ses nombreux manuscrits, tout en reprenant une activité d’écriture. Il travaille en parallèle la peinture et le dessin au sein d’une association.
Ses premiers textes paraissent dans la revue Haies Vives en 2017. Puis dans d’autres publications : Le Capital des Mots (2018, 2019, 2020), Festival Permanent des Mots (2018), Traversées (2019) et à nouveau dans Haies Vives (2019, 2020)
S’en suivent l’édition de plusieurs recueils de poésie aux éditions Encres Vives et Traversées, d’un roman et d’un recueil de nouvelles.

 

Poésie :

Cahier de songes - Editions Encres Vives (septembre 2018).
De l’inachèvement des jours - Editions Encres Vives (octobre 2018).
L’arrière-pays n’existe pas - Editions Encres Vives (décembre 2018).
Intermède vénitien - Editions Encres Vives (février 2019).
Passants - Editions Encres Vives (avril 2019).
Le reste du peu - Editions Encres Vives (juin 2019).
La note verte - Editions Encres Vives (décembre 2019).
Simples suivi de Par quatre chemins - Editions Encres Vives (décembre 2019).
Arsenal des eaux - Editions Encres Vives (janvier 2020).
L’orée du monde - Editions Traversées (janvier 2020).
L’élégance de l’oubli - Editions Encres Vives (novembre 2020).
Brisées - Editions Encres Vives (décembre 2021).
La cité chimérique - Editions Encres Vives (janvier 2022).

Prose :

Argam, roman - Editions Chloé des Lys (novembre 2019).
Trajectoires tronquées, nouvelles- Editions Stellamaris (mai 2020).
La raison des absents, roman- Editions Stellamaris (avril 2022).

Publications en revues :

Poésie :

Revue Haies Vives N°5 (septembre 2017).
Revue Haies Vives N°7 (septembre 2019).
Revue Haies Vives N°8 (septembre 2020).
Revue Haies Vives N°9 (septembre 2021).
Revue Haies Vives N°10 (septembre 2022).
Revue Festival Permanent des Mots (FPM) N° 18 (mars 2018).
Revue Festival Permanent des Mots (FPM) N° 20 (septembre 2018).
Revue Le Capital des Mots - Eric Dubois (revue en ligne) (novembre 2018, décembre 2018, janvier 2019, février 2019, avril 2019, novembre 2019, décembre 2019, janvier 2020, février 2020, mars 2020, avril 2020 & mai 2020.
Revue Poésie Mag - Eric Dubois (revue en ligne) (novembre 2020).
Revue Traversées N°98 (avril 2021).
Revue Recours au poème (en ligne) (N° 213 mars-avril 2022).

Prose :

Revue Traversées N°90 (mars 2019).

Critique :

Revue Traversées (en ligne) (août 2020) : Golgotha de Claude Luezior.
Revue Traversées (en ligne) (novembre 2020) : Angèle Vannier, la traversée ardente de la nuit de Dominique Bodin & Françoise Coty.
Revue Traversées (en ligne) (mai 2021) : Au milieu du gué (Attestato) de Giuliano Ladolfi.
Revue Traversées (en ligne) (septembre 2021) : Initiale de Lieven Callant.
Revue Traversées (en ligne) (mars 2022) : Ensoleillements au cœur du silence de Sonia Elvi­reanu.
Revue Traversées (en ligne) (août 2022) : Sur les franges de l’essentiel suivi de Ecritures de Claude Luezior.
Revue Recours au poème (en ligne) (N° 206 janvier-février 2021) : Le chant de la mer à l’ombre du héron cendré de Sonia Elvireanu.
Revue Recours au poème (en ligne) (N° 207 mars-avril 2021) : Un Ancien Testament déluge de violence de Claude Luezior ; Epître au silence de Claude Luezior.
Revue Couleurs Poésie 2 - Jean Dornac (en ligne) (janvier 2021) : Le souffle du ciel de Sonia Elvireanu.

Sur l’auteur :

Les belles phrases d’Eric Allard, Mondes francophones, Babelio, Traversées, Site de l’AREW, Couleur poésie, Recours au poème…

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Marilyne Bertoncini, Alma Saporito, Scatti di luce / Instantanés de lumière

"Quand les mystères sont très malins, ils se cachent dans la lumière." Avec cette phrase de Jean Giono, Marilyne Bertoncini parvient à résumer le sens du précieux petit livre photo-poétique écrit conjointement par elle et Alma Saporito, inspiré des évocatrices images photographiques en noir et blanc du poète Francesco Gallieri, d'authentiques haïkus visuels.

À la Bibliothèque Guanda de Parme a eu lieu, le mercredi 27 septembre, une présentation d'une grâce rare, où alternaient les voix critiques des poètes Luca Ariano et Giancarlo Baroni parmi le public, les explications techniques de Francesco Gallieri en tant que photographe naturaliste et les lectures de poèmes en italien et en français par les autrices.

Comme sortant des pages blanches du livre et du brouillard des marécages, des mots vibrants surgissent des clichés de Francesco, des « écailles paniques », ainsi que Marilyne  a parfaitement défini le haïku, des calligrammes sonores émergeant du silence. Les vers d’Alma Saporito sont de forme parfaite, plus libres ceux de Marilyne Bertoncini, mais tous capables de cueillir et traduire en son et fragment intérieur, le battement d'ailes ravi par la caméra, l'instant fugace devenu paradigme universel, tige de roseau qui déploie l'infini.

, Scatti di luce / Instantanés de lumière, éditions Pourquoi viens-tu si tard ?, 2023, 85 pages, 12 €.

Les 12 poèmes de Bertoncini sont 12 heures du jour, diversement captées sans souci de chronologie, pour un cercle temporel qui tourne sur lui-même,  aiguilles sans cadran, oasis hors du temps. Nous sommes dans le marais, l’espace oxymorique par excellence, où se confondent la vie et la mort, la lumière en germe dans l’ombre, le mouvement dans la stase. « Sillon de lumière / labourant l’obscur / tu deviens semence » écrit Alma, tandis que Marilyne suggère « Le marécage sent le silence / sous le clapotis de l'eau / une odeur d'algue et d'herbe morte ».

En français, les vers frémissent et résonnent comme des bruissements d'ailes, se propagent plus loin et résonnent longtemps à l'intérieur de nous. Sur les pages blanches s'opère la métamorphose de l'art, de la noire chrysalide d’encre, du signe alchimique et vertical du corps de l'oiseau, d’où surgit le papillon, la vision de  lumière, éphémère peut-être, mais indélébile dans la parenthèse du souvenir, touchant l'âme et dévoilant une beauté qui est la vérité.

Et tout cela, tout est dans Scatti di luce / Instantanés de lumière.