Mar­i­lyne Bertonci­ni a choisi un très beau sujet qui a sus­cité de mul­ti­ples poèmes et illus­tra­tions. Les mots « Runes » et « Ruines » ne sont séparés que d’une seule let­tre et comme le dit la poétesse dans sa pré­face : « Les ruines por­tent en elles le mot « runes » — et avec elles la pos­si­bil­ité de les sauve­g­arder, par la poésie… ».  Se lit un grand espoir dans la « force des mots » qui pour­raient « met­tre en lumière » toutes les traces pré­cieuses sus­cep­ti­bles de résis­ter à la barbarie. 

Runes et ruines accom­pa­g­nent l’hu­man­ité aus­si bien dans sa folie destruc­trice que dans ses mer­veilles. Cer­tains poètes ont mis plutôt l’ac­cent sur « l’enfer », l’effacement, la dévas­ta­tion. « Même le soleil s’use » (Anne Soy). D’autres ten­tent de déchiffr­er plus pos­i­tive­ment la langue des runes et des ruines qui habitent aus­si bien notre monde intime que le monde extérieur. S’exprime un grand besoin de dire, de crier, de créer pour résis­ter aux saccages, à la guerre. Comme un pari de préserv­er ce qui reste à préserv­er. Ne pas capit­uler, ten­ter de saisir les nou­velles struc­tures, les nou­veaux mots, les nou­veaux rêves. S’in­scrire dans une vaste His­toire sans nier les hor­reurs mais faire encore con­fi­ance en l’hu­main que la poésie ne cesse de révéler. Ain­si, d’un temps immé­mo­r­i­al à l’avenir, en pas­sant par le présent, nous nav­iguons dans de nom­breux espaces, con­viés à une grande var­iété de sens. Cohab­itent des visions ter­ri­bles du réel et des ouver­tures qui font du bien. La parole se déchire ou con­stru­it des liens : « Tu essaies de ren­dre hab­it­able cet aujour­d’hui » (Patrick Joquel). Alors faisons « taire les oiseaux de mau­vais augure ». Retrou­vons une res­pi­ra­tion au lieu même de notre fragilité et de nos déchirures. « Qu’ici human­ité et rêves jamais ne capit­u­lent ! » (Béa­trice Pailler)

Runes & Ruines : Antholo­gie Col­lec­tif dirigée par Mar­i­lyne Bertonci­ni pour Embar­que­ment Poé­tique, 2025, 116 pages, 14 €.

Cette riche antholo­gie nous fait signe aus­si bien dans nos failles, nos mon­stru­osités qu’en tout ce qui nous grandit, nous dépasse dans la créa­tion. En par­ti­c­uli­er dans la poésie qui ne sauve pas mais donne des lueurs à nos ombres. Les mots : « L’embarquement poé­tique » sont très justes. Nous sommes absol­u­ment embar­qués et par­tie prenante de cette grande aven­ture d’éveil et de lumière.

Présentation de l’auteur

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Jacqueline Persini

Jacque­line Persi­ni, née à Mar­seille, vit à Paris. Après avoir chem­iné longtemps dans les sen­tiers escarpés de la psy­ch­analyse, elle se con­sacre actuelle­ment à la poésie. Inscrite à la société des gens de let­tres, à la charte des auteurs et illus­tra­teurs jeunesse. Elle fait par­tie du comité de rédac­tion de la revue Poésie Pre­mière. Dans l’association « Lire Faire lire » elle ini­tie les bénév­oles à la poésie con­tem­po­raine afin que, dans les ren­con­tres avec les enfants, cohab­itent his­toires et poèmes. Dans ses livres auto­bi­ographiques (L’Harmattan, Aspect) alter­nent poèmes et pros­es poé­tiques. Des recueils de poésie ouvrent un espace imag­i­naire où cohab­itent le ludique et le grave. Avec la poésie jeunesse (Le Dé Bleu — SOC & FOC — Don­ner à voir ‑Voix Tis­sées), elle se laisse pren­dre plus encore dans des tour­bil­lons de sons et de sens où l’enfance ne se retrou­ve pas mais se réin­vente dans ses drames et ses émer­veille­ments. Ecrire, c’est s’approcher de ce que Bre­ton appelle l’infracassable noy­au de nuit mais aus­si jouer avec les vac­ille­ments de sons et de sens, inven­ter quelque luci­ole. Recueils de poèmes : — His­toire de ma mai­son ou Naître, L’Harmattan (coll. Poètes des cinq con­ti­nents), 1994. — Au devant d’elle, Encres vives (coll. Encres Blanch­es), 2006. — Danser avec la sitelle, Rougi­er V.,2010. — Petit chemin à naître, Rougi­er V, 2011. — Tard je t’ai recon­nue, Aspect, cou­ver­ture Marc Bergère, 2011. — Con­tre l’humain il est des crimes, L’Harmattan, (coll. Accent tonique-Poésie), 2011. — Cas­cades et séquoias, illus­tré des pein­tures de Pierre Del­court, édi­tions Unic­ité, 2016 — Le fileur de voyelles, avec les encres de Marc Bergère, SOC & FOC, 2017 — Nos voix comme des lam­pes, en co-écri­t­ure avec Jean-Marc Chanel, illus­tra­tions Chris­tine Val­lot, édi­tions Pip­pa, 2018. — Tous les bou­quets devi­en­nent rouges, édi­tions Unic­ité, 2019. Réédi­tion de — Ce moineau impudique, édi­tions de L’Atlantique (coll. Eros/Thanatos), 2012. — Le pla­tane, édi­tions Hen­ry, 2020 — Ce qui vient de lumière, illus­tra­tions Mat Mahlen, Plis Urgents, Rougi­er V. 2020 — Seule­ment l’envol, en co-écri­t­ure avec Gérard Mot­tet, encres de Marc Bergère, 2021, Unic­ité. Au jardin, en coécri­t­ure avec Patrick Navaï, illus­tra­tions Patrick Navaï, 2021 Dévêtir l’obscur, Col­lec­tion Jour Nuit, Les lieux-dits, 2022 Livres où alter­nent poèmes et pros­es poé­tiques : — Le Soleil aveu­gle Existe-t-il des psy­ch­an­a­lystes qui ren­dent fou, L’Harmattan (coll. Psy­ch­analyse et Civil­i­sa­tions) ‚1992. — Réédi­tion en 2015 avec ajout d’une pré­face, de ques­tions aux ana­lystes, et d’un texte sur la créa­tion. — Herbes vivantes Espace ana­ly­tique et poésie, L’Harmattan (coll. Psy­ch­analyse et Civil­i­sa­tions) 1996. Pub­li­ca­tions en revue : Arpa, Archers, Car­nava­lesques 7, Con­cer­to pour Marées et Silence, Corps puce Mille et un poète, Décharge, Don­ner à voir Frich­es, Fran­copo­lis, In-fusion, la Grande oreille, La Passe, Les cahiers de la rue Ven­tu­ra, Les Cahiers du Sens, Le Nou­v­el Athanor, Pas­sage d’encres, Phoenix, Poésie sur Seine, Poésie Pre­mière, Por­tu­lan Bleu, Pro­pos de Cam­pagne, Rose des temps, Saraswati, Ver­so. Par­tic­i­pa­tion à des antholo­gies : — Sil­lons Sil­lages, SOC & FOC, 2009. — Vis­ages de poésie, Jacques Basse, Rafaël de Sur­tis, Tome 3, 2010. — pas d’ici, pas d’ailleurs, Antholo­gie poé­tique fran­coph­o­ne de voix féminines con­tem­po­raines, Voix d’encre, 2012. — Antholo­gie poé­tique Char­li­bre : le poème du jour d’après « Ne nous lais­sons pas abat­tre », édi­tions Corps Puce, 2015. — Effrac­tion, L’Harmattan (col­lec­tif de Poètes des cinq con­ti­nents), 2015. — Liens et entrelacs, col­lec­tif de poètes, sous l’impulsion de Nicole Bar­rière, 2017. — Jardins, Don­ner à voir, 2018. ‑Oser encore, Hom­mage à Andrée Che­did, PO&PSY, 2020 ‑Oui, Terre à ciel, 2021 — Ren­con­tre avec un artiste : Marc Bergère, Terre à ciel Poésie jeunesse : — Si petits les oiseaux, illus­tré par Eve­lyne Debeire, Le Dé Bleu (coll. Le far­fadet Bleu), 2003. — Maisons à dormir debout illus­tré par Point*Point, SOC & FOC, 2005. — Qua­tre fois vite un chu­cho­tis illus­tré par Célia Chauf­frey, SOC & FOC, 2009, réédité en 2010 et en 2014. — Poèmes à queues de four­mis, illus­tra­tions de Benoît Déchelle, Don­ner à voir, 2013. — Il prend l’air petit ver ou Les aven­tures d’un ver de terre, illus­tra­tions de Dominique Debof­fle, Voix tis­sées, 2017. Con­te, théâtre : ‑Cafouil­lages dans Peau D’âne en co-écri­t­ure avec Isabelle Lelouch, illus­tra­tions de Chris­tine Val­lot, édi­tions Unic­ité, 2017 Mis en scène au Théo théâtre d’octobre à décem­bre 2017, à la Comédie Saint Michel de jan­vi­er 2018 à mai 1978, bib­lio­thèque de Rouen 2021 Antholo­gie poésie jeunesse : — Mes pre­mières comptines et autres petits poèmes, couleur livres, choix de Béa­trice Lib­ert, images de Luce Guil­baud, 2019 ‑La beauté, 2019, Cairns 24. ‑Le courage, 2020, Cairns 26.-L’enfant intem­porel, Cairns 27 Livres d’artiste : — D’abord est la mer, L3V accom­pa­g­né des pein­tures de Pierre Del­court et présen­té par MT galerie, 2013. — Cas­cades et séquoias, pein­tures de pierre Del­court, Edi­tions Ombre et Lumière- Hen­ry des Abbayes, 2019 — Con­sen­tir au jardin, illus­tra­tions Dominique Moulin, édi­tion Le moulin à lire, 2014. ‑Les cornes en rigole, illus­tra­tions de Dominique Debof­fle, Forêt Secrète Édi­tions, 2015. — Ton bateau va plus loin que toi, illus­tra­tions de Dominique Debof­fle, Forêt Secrète, Édi­tions, 2016. ‑Tu veux grandir de partout, illus­tra­tions de Dominique Debof­fle, Forêt Secrète, Édi­tions, 2016. Dossier de présen­ta­tion par Emmanuel Hiri­art dans Poésie sur Seine numéros 81/82 Mars 2013. Terre à ciel : Jacque­line Persi­ni se trou­ve dans l’annuaire de ce site de poésie con­tem­po­raine Par­tic­i­pa­tion à des expo­si­tions organ­isées par le groupe MnemoArt (Tamara&Jean-Pierre Lan­dau) : — À Milan, « Goûter le poème » dans le cat­a­logue de l’exposition « Énergie pour la vie ». — À Rome, dans l’exposition B.A.R. Beauté, art et restau­ra­tion aux Archives cen­trales d’état : « Goûter le poème » avec la per­for­mance de Tama­ra Lan­dau. YouTube : MnemoArt Per­for­mance : Claude Yvans) ‑CD avec Vingt-trois poèmes mis en musique par les musi­ciens de l’association des écrivants chanteurs du qua­torz­ième arrondissement.