Le soleil échancre le mur
à la limite de l’œil
inonde le corps
console de toutes les nuits à venir
le soleil posé sur le mur
et qui reflète
la ville
et qui habite la ville.
∗
C’est une mésange qui tient les fils de la vie,
qui bat dans les artères
et qui parasite
les racines du désir.
*
Un lit de feuilles mortes frissonne sur ton lit, où je ne peux m’étendre
ni dormir, seulement veiller sur l’araignée qui a pris la place de ton cœur.
Le soleil ronge les allées du cimetière.
*
La vie, disait-il, est un écrin vide mais précieux, et que contient le
monde envahi de mousses, de rivières et d’échos… et qui s’enfuit dans
la moindre des fissures, au moment où la neige envahit les écrans de la
mémoire.
*
À G. Mahler
Je mourrai sans que la terre y prendre garde,
entraîné dans le crescendo de son dernier chant,
juste avant le retour,
dans la paix,
nu,
comme en équilibre,
dans la consolation de ne plus être né.
*
Ce que la douleur dit à l’arbre frissonne sous l’écorce,
prisonnière de mots devenus inaudibles
inarticulés,
plus noirs que le sang.
Plus noirs que l’encre qui sèche sous la lampe.
Que le regard qui s’abreuve, sous les paupières, à l’âme du vivant.
*
Je n’aurai vécu qu’ici
de ce côté du monde
sans traverser le mur
seulement adossé au vent.
Les rêves tombés de ma poche
pourrissent comme fruits d’automne
Je n’aurai su aimer que les ombres
accrochées aux arbres
à l’entrée de l’enfer.
Photo de Une © Odile, septembre 2018.