La présence de l’absence dans Lui dit-Elle, pour un absent, d’Anne Perrin

Par |2023-06-06T11:12:06+02:00 6 juin 2023|Catégories : Anne Perrin, Critiques|

Résumé : le recueil poé­tique Lui dit-Elle Pour un absent d’Anne Per­rin est taraudé par l’absence. Il est con­sid­éré comme un acte énon­ci­atif visant tou­jours l’absent en inter­ro­geant les lim­ites du lan­gage et met­tant en ques­tion sa puis­sance d’exprimer l’intériorité. C’est le manque de l’autre, du mot adéquat…qui sem­ble con­stituer non seule­ment la matière voire le matéri­au prim­i­tif du recueil mais aus­si la con­di­tion de l’écriture poétique. 

Cette absence, inhérente à la poésie mod­erne, se matéri­alise sous maintes formes sur la plan typographique (point de sus­pen­sion, le blanc). Ce blanc typographique ne con­stitue pas une faille du dis­cours, mais il est l’équivalent de la présence de l’absence. Bref, il ne s’agit pas de définir l’absence comme le degré zéro de l’énonciation mais comme une présence qui accepte de con­juguer son mou­ve­ment avec celui de l’absence.

Les mots-clés : Présence-Absence-Vide-Blanc-Faille-Ressasse­ment-Creux-Silence-Lim­ites du lan­gages- Rupture-Enonciation-

L’étude de l’absence dans la poésie  relève à pri­ori du para­doxe, car dans le noir­ci de pages, le lecteur, avide de la trace écrite, ne s’attend pas à trou­ver des espaces vacants, qu’offre pour­tant la poétesse.  Mais il s’avère bien que l’absence  est inhérente à la poésie voire à la lit­téra­ture : elle hante le poème. Notre présent tra­vail con­siste à mon­tr­er que le dis­cours poé­tique se trou­ve sou­vent dans l’impasse. Les mots ne peu­vent pas exprimer le dedans. Qu’elle soit mode d’articulation ou thème irra­di­ant l’absence dans Lui Dit-Elle Pour un absent habite sur mul­ti­ples modes les poèmes. Il ne s’agit pas seule­ment de définir l’absence comme amenuise­ment du dire, comme un tarisse­ment du lan­gage, et comme le degré zéro du sig­nifi­ant et de l’énonciation, mais comme une présence qui accepte de con­juguer son mou­ve­ment avec celui de l’absence.

Lui Dit-Elle Pour un absent d’Anne Per­rin est son pre­mier recueil poé­tique dont le socle est une rup­ture qui déclenche un dia­logue entre un homme et une femme. Ain­si, Le recueil peut être envis­agé comme un exer­ci­ce de parole. Lui se détache, se décroche et elle s’attache et s’accroche. C’est via la poésie qu’elle tente de retrou­ver l’absent. Ain­si il s’avère que la présence de l’absence mérite d’être étudiée. Nous nous pro­poserons de con­cevoir l’œu­vre d’Anne Per­rin comme une œuvre de l’absence; une absence qui serait une con­di­tion de généra­tion de l’œuvre.

Le verbe « dire » qui con­stitue la mar­que du dis­cours du cou­ple séparé, est le siège d’une curieuse ambiva­lence. En effet, en ouvrant le dis­cours oral et en annonçant qu’une parole va être proférée, ce verbe rend compte non seule­ment d’une présence  plus ou moins affichée, mais aus­si d’une absence voire présence d’une absence « Je me sens dis­paraitre absol­u­ment. J’ai le corps en abimes…Tout s’efface. Je sens que ça m’aspire… Absent de moi-même. Fan­tôme de mon exis­tence »1.

 

Anne Per­rin, Lui dit-elle — Pour un absent, Z4 édi­tions, 2018, 112 pages, 11 € 90.

Lui se laisse domin­er indif­férem­ment par ce sen­ti­ment de l’effacement de l’inexistence, due à la sépa­ra­tion. Les poèmes  de Lui et d’Elle abor­dent avec une puis­sance tou­jours renou­velée le thème de la rup­ture et de l’absence si  bien que cette absence con­stitue la matrice du recueil. Mais cet absent est forte­ment présent dans la mémoire de la femme « Je te songe/ Tu me ronges/ Je ne peux oublier/ Ce qui sem­ble du passé »2 en dépit du refus de la réc­on­cil­i­a­tion, de la déci­sion de non-retour qui sont exprimés d’une manière lit­térale prosaïque « Je ne veux plus rien savoir de ta vie. Je ne veux plus enten­dre par­ler de toi. Je veux que tu dégages. Je veux que tu me foutes la paix. Je ne peux plus rien de ce que tu veux. Je ne veux pas que tu t’acharnes. Je ne veux plus que tu m’écrives. JE NE VEUX PLUS. »3. Lui appréhende bien qu’il faut cess­er de courir après quelque chose qui appar­tient déjà au passé. 

Il y a dans le recueil deux écri­t­ures dif­férentes, comme si Anne Per­rin, cette tech­ni­ci­enne de théâtre, recourait à cette dou­ble écri­t­ure qui met en scène deux per­son­nes qui se sont aimées et qui sont séparées. Dans ce con­texte Patrick Devaux par­le d’un dou­ble style, l’un est prosaïque, l’autre est lit­téraire, poétique

Lui est par­ti met­tant fin à la vie amoureuse du cou­ple et lais­sant la femme seule, en proie au cha­grin et à la douleur.  L’absence pèse beau­coup sur la femme au point qu’elle est habitée par le fan­tôme et le spec­tre poé­tique de son bien-aimé. La rup­ture est une épreuve qui com­porte son lot de souf­frances et de vide exis­ten­tiel. Plus l’amour est intense plus les stig­mates de la sépa­ra­tion sont inévita­bles. Le cou­ple est unique et rien ne peut le rem­plac­er. Quand tout s’écroule, la femme  som­bre dans le gouf­fre infer­nal de la soli­tude, éprou­ve le sen­ti­ment d’abandon ; elle n’imagine pas sur­vivre sans l’autre, l’horizon s’obscurcit, la vie perd sa saveur. Cela va sans nous rap­pel­er « Un seul Être vous manque et tout est dépe­u­plé ». Lors d’une peine d’amour c’est la femme qui est quit­tée qui subit le choc et tombe dans la détresse.  C’est via la poésie qu’on fait face à la douleur et qu’on peut la surmonter.

La poésie d’Anne Per­rin est un jeu entre présence et absence. Il est une sorte de vide que Lui et Elle éprou­vent et qui sus­cite l’envie de la réc­on­cil­i­a­tion. Le manque de l’autre a un impact sur la femme délais­sée han­tée par ce mou­ve­ment-le désir-vers Lui qui lui fait défaut. C’est ce creux qui per­met à la poétesse d’écrire.

Le vide induit par l’absence de la per­son­ne aimée témoigne aus­si en creux d’une forme de présence au monde, une présence qui s’énonce certes à par­tir de ce qui n’est plus mais où ce qui n’est plus appar­tient à un passé qui n’est pas dépassé donc qui résiste à l’oubli. L’absence ne mul­ti­plie pas la dis­tance au con­traire elle con­duit à la proximité.

Il y a dans Lui Dit-elle pour un absent un moment où l’on garde le silence, un moment sans mot qui s’oppose à celui de ce verbe « dire ». L’expression de l’inexistence, due à la sépa­ra­tion, résiste à la poétesse, manque tou­jours au filet du lan­gage « Dans le silence de la nuit. Je voulais te dire quelque chose, un je ne sais quoi »4. La poétesse ne dit pas ce qu’elle voudrait dire. Elle écrit donc en mot et en silence de sorte que la poésie sem­ble être l’expérience de ratage ; la poétesse rate son objet en écrivant car elle ne trou­ve pas le mot exact qui peint son état d’âme. En effet, ce qu’elle exprime, éprou­ve à la sépa­ra­tion échappe au dire car cette intéri­or­ité  qu’il veut exprimer  échappe aux filets du lan­gage poétique.

 Ce vide,  qui est un cadre pour un dis­cours absent, sem­ble être la con­di­tion de l’écriture. Par ce qu’Anne Per­rin n’a rien à dire, elle laisse errer sa plume sur la sur­face blanche de la page. Bref, Il est tou­jours une part d’indicible, quelque chose d’intraduisible  et de tu dans tout poème. L’absence, dans le proces­sus de créa­tion d’une œuvre poé­tique lit­téraire, ou, plus en général, artis­tique joue une fonc­tion pri­mor­diale. Elle con­stitue le soubasse­ment de l’œuvre. Donc elle est inhérente à la poésie voire à la lit­téra­ture. L’absence est le moteur du poème qui per­met à l’écriture de révéler ce qui n’est plus, en trans­gres­sant le noir­ci du recueil. Ain­si nous pen­sons que la thé­ma­tique fon­da­men­tale dans Lui Dit-Elle Pour un absent, est effec­tive­ment ce qui se passe lorsque le lan­gage fait défaut, lorsque le nom est sur le bout de la langue et ne fran­chit pas les lèvres, lorsque au lieu des vers, on a un trou, un vide qui para­doxale­ment réfère à une présence blanche5 ou frag­ile6. Cela nous rap­pelle la poésie de Pas­cal Quig­nard « la main qui écrit est plutôt une main qui fouille le lan­gage qui manque »7 le nom sur le bout de la langue, « Nous sommes une langue qui n’est pas instal­lée dans la bouche mais qui vac­ille sur le bout de la langue, qui cherche sur les lèvres à jamais ce qui ne s’y trou­ve pas. Penser, c’est chercher des mots qui font défaut »8.

 Anne Per­rin veut dire que l’écriture poé­tique pactise avec l’absence que les mots sig­ni­fient et veu­lent dire ce qui leur manque parce que dès que « ce sens est créé, il est voué à la mort par son approche de l’absence défini­tive »9 puisque le mot écrit  ne peut jamais attein­dre la chose qu’on veut exprimer ; le mot n’existe que dans la mesure où il n’est pas chose, où il est absence de chose. Il parait que tout mot manque sa chose, son objet. Il est tou­jours quelque chose qui manque.

La poésie d’Anne Per­rin ne dit pas tou­jours. Elle peut se trou­ver face à une impasse puisque le mot rate la chose qu’il veut nom­mer de sorte que le dis­cours est tou­jours réduc­teur. Dire ou écrire un mot c’est faire dis­paraitre la chose car le mot représente l’objet dans son absence. Ain­si le lan­gage en général et notam­ment le lan­gage poé­tique ne désigne que l’absence. « Les mots, nous le savons, ont le pou­voir de faire dis­paraitre les choses, de les faire appa­raître en tant que dis­parues, apparence qui n’est que celle d’une dis­pari­tion, présence qui, à son tour, retourne à l’absence »10. Selon Blan­chot, écrire per­met de ren­dre présent ce qui est absent et dont l’écriture prend la place.  Ce qui devient créa­tion poé­tique, ce qui se trans­forme en poésie, en page écrite, n’existe plus, donc, con­crète­ment, à l’extérieur de cette page, hors des mots que le poète ou la poétesse  a choi­sis pour recon­stru­ire son recueil.

Les mots de la poétesse ne se doivent pas servir à désign­er quelque chose ni à don­ner voix à per­son­ne, mais ils ont leurs fins en eux –même. Comme le sig­nifi­ant qui ren­voie tou­jours à un autre sig­nifi­ant, le ce à quoi la parole réfère –le soi, le vécu, le monde- est évac­ué ou plutôt évidé. Le dit poé­tique, ne (re)présente rien mais (se)présente dans son absence. Le recueil  est ce qu’il dit et ce qu’il ne dit pas. L’œuvre poé­tique, un aveu de manque, n’est qu’absence, ressasse­ment, et silence. 

Il s’avère que ce qui importe dans la poésie d’Anne Per­rin, qui est conçue comme une  com­mu­ni­ca­tion poé­tique, c’est d’entendre ce qui n’est pas exprimé, car le dis­cours en général et notam­ment le dis­cours poé­tique porte en lui tous les mots qu’il ne dit pas, et parce que c’est ce qui échappe aux mots que les mots doivent dire.

La poétesse donne corps à un abstrait dans la mesure où l’absence se matéri­alise sous maintes formes sur la plan typographique (point de sus­pen­sion, le blanc). Ce blanc typographique11 ne con­stitue pas une faille du dis­cours, mais il est l’équivalent de la présence de l’absence. Ecrire l’absence, c’est ne pas noir­cir la page, c’est désir­er la trans­parence. L’écriture d’Anne Per­rin est tein­tée de blancheur et de trans­parence. Toute­fois il faut soulign­er que l’écriture « blanche » chez Anne Per­rin n’est pas à con­fon­dre avec l’écriture blanche et min­i­mal­iste que Barthes a util­isée pour qual­i­fi­er celle de Camus e de Blan­chot qui évoque la monot­o­nie, la plat­i­tude, le peu de rhé­torique, le peu de style et le peu de la man­i­fes­ta­tion de la sub­jec­tiv­ité. Si le blanc domine la trace écrite c’est parce que l’espace creux, les zones vides, sem­blent être la con­di­tion de l’écriture poé­tique voire de la lit­téra­ture, et sur le plan énon­ci­atif (les pronoms per­son­nels absents lui et elle).

Il s’avère que dans la poésie d’Anne Per­rin il n’y a de prédi­ca­tion que d’absence. Ceci sus­cite notre curiosité : Quel est le rôle du thème de l’absence dans l’écriture poé­tique d’Anne Per­rin ? L’écriture de l’absence, dans le recueil ne devient pas source de tarisse­ment, mais se fait généra­trice, puisqu’elle part de la don­née d’un manque, d’un creux pro­fond et apparem­ment impos­si­ble à col­mater, pour déclencher une créa­tion poé­tique qui vise à met­tre fin à l’absence, afin de pou­voir, d’une cer­taine façon, renouer la rela­tion amoureuse. Ain­si La poésie, c’est le vecteur qu’elle utilise pour ten­ter de le retrouver.

C’est ce qui est absent qui est omniprésent dans les poèmes (il, elle, le mot qui dit la souf­france…). A l’instar d’Orphée, la poétesse évoque ce qui n’est plus. C’est le manque de l’autre, du mot adéquat…qui sem­ble con­stituer la matière voire le matéri­au prim­i­tif du recueil. La poésie est nos­tal­gique par excel­lence. La perte, le manque sont essen­tiels pour créer le poème. Force est de soulign­er que cess­er d’entretenir une rela­tion amoureuse ne sig­ni­fie pas que tout s’efface car ce qui dis­parait revient. Rompre avec ce qu’on aime échappe à l’oubli de sorte qu’on ne guérit pas d’une rup­ture ; ce qui est absent est forte­ment présent. Il n’y pas d’absence, mais présence de l’absence.

Si on pense l’absence comme une omniprésence, c’est que l’absent n’est pas loin, il est tou­jours là, il est partout « parce que partout il y a toi »12 car l’oubli est impos­si­ble et la mémoire est plus tenace que la dis­pari­tion. L’absent nous escorte, fait par­tie de nous non pas parce que le passé survit au présent mais parce que il vit en nous pour l’éternité « Tou­jours dans la nuit/ Il y aura ce phare/ De ton image/ J’en garderai/ Comme le souvenir/Qui jamais ne s’éteint »13.

Les « absences » appar­ti­en­nent à la con­sti­tu­tion du recueil, dont elles ne peu­vent être séparées ou isolées, à moins de pren­dre le risque de som­br­er dans le vide absolu ; ce sont en quelque sorte des absences présentes, même si les mar­ques de leur présence sont indirectes.

Ceci sig­ni­fie qu’il n’y a d’absence qui ne requière les signes d’une présence, par laque­lle elle n’est pas une pure absence.  C’est ce blanc typographique qui nous dit le froid de glace, la vie blanche que la femme séparée mène. Quant aux mots qui échap­pent aux filets du lan­gage poé­tique, ils occu­pent une cer­taine place non seule­ment entre les vers et au-delà de ce que ceux-ci énon­cent expressé­ment. 

Con­clu­sion :

L’écriture de l’absence ne se borne pas à démon­tr­er que le sen­ti­ment causé par la rup­ture est inex­primable mais elle  met en ques­tion le lan­gage et inter­roge ses lim­ites. En effet, L’incapacité de dire s’explique d’une part par le fait que ce qui émane de l’intérieur demeure indi­ci­ble et d’autre part par l’insuffisance et les lim­ites du langage.

Force est de con­stater aus­si qu’il est impos­si­ble d’exprimer l’impact de la fêlure causée par la rup­ture. Car la descrip­tion du for intérieur brisé par la sépa­ra­tion échappe aux filets du lan­gage poé­tique. Mais il faut soulign­er que l’absence est imputée aus­si à la nature du lan­gage. Le recueil donc inter­roge les lim­ites du lan­gage et met en ques­tion sa puis­sance d’exprimer l’intériorité.

Con­naître une œuvre poé­tique, c’est appréhen­der ce dont elle dit sans le dire. En effet, une analyse véri­ta­ble doit ren­con­tr­er un jamais dit, un non-dit ini­tial. Elle vise l’absence d’œuvre qui est der­rière toute œuvre, et la con­stitue. Si le terme struc­ture a un sens, c’est dans la mesure où il désigne cette absence. L’œuvre existe surtout par ses absences déter­minées, par ce qu’elle ne dit pas, par rap­port à ce qui n’est pas elle. Mais les poèmes, par inca­pac­ité de révéler le for intérieur, cachent, apparem­ment,  quelque chose, qui se man­i­feste dans son absence et donc dis­ent sans dire  tout ce qu’ils veu­lent dire. Le lan­gage par­ti­c­ulière­ment poé­tique est d’abord et irré­ductible­ment rap­port à autrui comme le soulig­nait Jacques Der­ri­da. La poésie engage la respon­s­abil­ité du sujet par­lant dans ses rap­ports avec cet autre qui est absent. On peut envis­ager ain­si le recueil poé­tique comme un acte énon­ci­atif visant l’absent. 

Il reste à dire que faire de l’absence le par­a­digme du recueil sem­ble être un signe de la moder­nité en poésie. La poésie mod­erne tend vers son essence, son orig­ine, son amont : le silence voire l’absence qui précède la verve poé­tique. Ecrire un poème pour ces poètes de l’absence c’est comme a sig­nalé Quig­nard dans Le vœu du silence, c’est « Par­ler en se taisant, par­ler en silence, ouvrir la bouche sans ouvrir la bouche, ne pas desser­rer les lèvres et com­mu­ni­quer cepen­dant aux mains le mou­ve­ment qui d’ordinaire s’imprime sur les lèvres, s’enfoncer dans le silence tout en demeu­rant dans le lan­gage, etc. – tout cela c’est en effet ‘écrire’ »14. Il en découle que l’absence sig­nale apparem­ment une faille dans le lan­gage poé­tique, mais en réal­ité avec cette faille, Anne Per­rin bâtit une poésie fondée sur une écri­t­ure à par­tir des lim­ites du langage.

Il reste à dire que les poètes mod­ernes ne visent pas dans leurs œuvres la com­plé­tude. Ils se ser­vent dans leurs poèmes d’un min­i­mum de mots pour aboutir au max­i­mum de sig­ni­fi­ca­tion. C’est une paresse ou défail­lance préméditée en vue d’engrosser le lecteur. Enfin la lec­ture de l’absence est un autre champ d’investigation qui peut être abor­dé dans une per­spec­tive her­méneu­tique, con­stitue un pro­jet de recherche qui est ambitieux. 

Notes

[1]Anne Per­rin, Lui Dit-Elle Pour un absent, Z4 Edi­tions, p.42

[2] Ibid., p.61.

[3] Ibid., p.39.

[4] Anne Per­rin, Lui-Dit Elle Pour un absent, op.cit., p.62

[5] Anne Per­rin, Lui-Dit Elle Pour un absent, op.cit., p.54

[6] Ibid., p.43.

[7]Pas­cal Quig­nard). Pas­cal Quig­nard le soli­taire : ren­con­tre avec Chan­tal Lapeyre-Des­mai­son, Paris, les Flo­hic, coll. « Les Sin­guliers », 2001, p.13.

[8] Ibid., p.102.

[9] Mau­rice Blan­chot, La part du feu, Gal­li­mard, 1949, p.34.

[10] Mau­rice Blan­chot, L’espace lit­téraire, Gal­li­mard, 1955, p.45.

[11] Anne Per­rin, Lui Dit-Elle Pour un absent, op.cit., p31, 36, 56,57, 67,73, 88

[12] Anne Per­rin, Lui Dit-elle Pour un absent, op.cit., p.58.

[13] Ibid., p.2.

[14] Pas­cal Quig­nard, Le vœu du silence, Fata Mor­gana, 1986, p.28.

Présentation de l’auteur

Anne Perrin

Anne Per­rin est née le 15 mars 1966 à Genève. Tech­ni­ci­enne de théâtre, assis­tante de réal­i­sa­tion, auteure et réal­isatrice de films, elle obtient son diplôme de l’Ecole Supérieure des Arts Visuels de Genève en 1991. La nou­velle The Nana a été pub­liée dans un recueil Le dos de la cuiller aux édi­tions Paulette en novem­bre 2013, à  Lausanne. 

Bib­li­ogra­phie

Tu la bais­es, Z4 Edi­tions, coll. Bleu Turquin, octo­bre 2019, 148 p.-, 14 euros

Cet amour-là, jacques Fla­ment, 2020.

De l’amour ou presque, jacques Fla­ment, 2020.

Lui dit-elle, Pour un absent, Z4 éditions.

Poèmes choi­sis

Autres lec­tures

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Abdelhamid Bougatf

Abdel­hamid Bougatf né en 1968 orig­i­naire de la ville de Sfax, habite à Ltaiefa Bir Ali Ben Khal­i­fa (Tunisie). Pro­fesseur prin­ci­pal émérite grade excep­tion­nel de français au lycée sec­ondaire Bir Ali ben Khal­i­fa 1, chercheur, mem­bre de LARIDIAME, Uni­ver­sité de Sfax, auteur d’un mémoire de mas­tère dont l’objet est « L’écriture poé­tique de soi dans Une vie ordi­naire de Georges Per­ros » soutenu en 2010 et d’une thèse en lit­téra­ture française inti­t­ulée « La parole et le silence dans l’œuvre de Georges Per­ros » soutenue en 2017. Arti­cles pub­liés : * « Le style sim­ple dans Une vie ordi­naire de Georges Per­ros » (Arti­cle pub­lié dans L’homme dans le style et récipro­que­ment, Press­es Uni­ver­si­taires de Provence, p.113–122.) * « Prox­im­ité et dis­tance de l’écrit de femme dans Proche loin­tain de Mar­tine Rouhart » (Arti­cle pub­lié dans la Infu­sion, revue cul­turelle en ligne, le 20/05/2018) * « L’écueil du recueil ou la préémi­nence du silence dans Cueil­lette mati­nale de Mar­tine Rouhart » (Arti­cle pub­lié dans Le Cap­i­tal des mots, revue de poésie dirigée par Eric Dubois) * « Etre un autre dans Vent d’Est, Vent d’Ouest de Pearl Buck » (Com­mu­ni­ca­tion lors du col­loque inter­na­tion­al « La ques­tion de l’altérité et des échanges inter­cul­turels », organ­isé à Mok­nine les 11 et 12 avril 2019) cet arti­cle est pub­lié dans la revue Atraswww.Univ-Saida.dz/lla (lien : https://www.univ-saida.dz/lla/wp-content/uploads/sites/8/2021/12/Article-05.pdf
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