15e numéro pour Phoenix,  revue absol­u­ment essen­tielle dans le paysage poé­tique, revue emmenée par André Ughet­to, avec la com­plic­ité d’un beau comité de rédac­tion (Jean Blot, François Bor­des, Téric Bouce­b­ci, Karim De Brouck­er, Joëlle Gardes, Myr­to Gondi­cas, Marie-Chris­tine Mas­set, Jean Orizet). Ce numéro nous tient d’autant plus (et encore plus qu’à l’accoutumée) à cœur en ceci qu’il pro­pose un dossier impor­tant (par la taille comme par les con­tri­bu­tions) con­sacré à la poésie de Jean-Claude Xuereb, poésie qu’il m’a été don­né de décou­vrir il y a… il y a, en effet… grâce au tal­ent édi­to­r­i­al de Rougerie. Coor­don­né par André Ughet­to, le dossier com­porte des con­tri­bu­tions de Chris­tiane Chaulet-Achour, Chris­t­ian Vigu­ié, Abdel­mad­jid Kaouag, Jean-Louis Vidal, Dominique Le Bouch­er et Lucien Was­selin. Des textes du poète aus­si, évidem­ment. Nous serons en com­plet accord avec Ughet­to (« Ren­dre jus­tice ») quand il écrit, présen­tant le dossier : « Il fal­lait donc ren­dre jus­tice à cet auteur dont ceux qui ne le con­nais­saient pas encore apprécieront la justesse d’expression, l’altière sim­plic­ité, la spir­i­tu­al­ité intense ». Et en effet : heureux les amateurs/lecteurs de poésie qui vont décou­vrir ici la poésie de Xuereb. Du reste, le dossier s’ouvre sur 6 pages du poète, extraites d’un recueil à paraître chez Rougerie. Une fois ces poèmes « reposés », il est pas­sion­nant de lire d’un trait la série d’études con­cer­nant Xuereb. Une plongée dans l’œuvre, œuvre à laque­lle Was­selin donne les mots de « trag­ique », « déracin­e­ment », « enracin­e­ment », entre autres ; cela est fort juste et empreinte la portée de la poésie de Xuereb, ancrée dans l’authentique. On reli­ra avec atten­tion « Pourquoi des poètes ? », de Hei­deg­ger, dans Chemins qui ne mènent nulle part, et l’on saisira ce que je tente d’exprimer avec des mots, et qui cepen­dant forme l’inexprimable en mots de la poésie.

 

Toute vérité dite
meurt d’être révélée
frap­pant qui la profère
 

Jean-Claude Xuereb

 

Les dossiers, celui-ci en est un exem­ple incon­tourn­able, font sans aucun doute « une force » de Phoenix. Mais ce n’est pas tout, loin de là. L’on s’habitue au fil des numéros à la per­ti­nence de la par­tie inti­t­ulée « Partage des voix », laque­lle com­porte cette fois des textes d’Albertine Benedet­to, Gérard Engel­bach (dont la petite antholo­gie parue au Nou­v­el Athanor est incon­tourn­able), Jean­py­er Poëls, Jean-Damien Roumieu, Max Alhau, Béa­trice Machet-Franke, Wern­er Lam­ber­sy, Muriel Car­rupt, Marie Adaval et Jean Blot. Diver­sité et force, beauté et dia­logue naturel entre poètes. Phoenix est, d’évidence, une terre de fra­ter­nité. On ne sera donc pas sur­pris de trou­ver dans ses pages un bel hom­mage ren­du à Charles Dobzyn­s­ki par André Ughet­to, en grande par­tie (volon­taire) sous la forme de trois poèmes du poète, autre­fois pub­liés dans Autre Sud (« ancêtre de Phoenix, vous me par­don­nerez ce « péd­a­gogisme » mais il est issu de l’expérience − celle des temps que nous vivons au sein même du « monde » de la poésie).

La voix d’ailleurs de ce numéro vient de Malte : une série de poèmes d’Oliver Frig­gieri, fort bel ensem­ble d’un poète que, du coup, l’on aimerait pou­voir lire plus ample­ment en français, sous forme de recueil. Pourquoi pas ?

Suiv­ent les habituelles chroniques et notes de lec­ture qui font le sel de toute belle revue de cet acabit. 

Phoenix, numéro 14.
9 rue Sylv­abelle. 13006 Marseille.
Le numéro : 12 €
Abon­nement : 45 €
revuephoenix1@yahoo.fr
www.revuephoenix.com 

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