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Sonia Elvireanu, Le regard… un lever de soleil

Forte de trois recueils : Le souffle du ciel, Le chant de la mer à l'ombre du héron cendré et Ensoleillements au cœur du silence, publiés entre 2020 et 2022, l’œuvre poétique récente de Sonia Elvireanu s’enrichit aujourd’hui d’un nouvel ouvrage.




Dès le titre, en établissant un lien inattendu (une sorte d’oxymore) entre l’œil humain et l’aurore, on retrouve l’une des principales spécificités de sa poétique : établir des synesthésies entre le monde matériel (avec une attirance assumée pour la nature) et le monde spirituel (avec pour prédilection affichée la création  artistique).

L’œil, le regard, est donc ici celui d’un peintre. Un peintre lecteur qui avoue son désarroi face à la poésie : « il est difficile de pénétrer le mystère des vers [...] j’ai eu la sensation qu’ils choisissaient le lecteur et je ne crois pas que j’étais parmi les élus ». Puis il confesse ne pouvoir communiquer avec quelqu’un d’autre qu’il ne nomme pas : « je suis comme un mur qui ne te laisse pas aller plus loin ». Voici une autre constante dans la démarche de Sonia Elvireanu : amorcer un dialogue avec un absent dont on ne sait rien.

Par ailleurs, le mur évoqué par l’artiste concrétise de manière aussi absurde qu’abrupte l’énigme du monde qui se pose à tout un chacun. Il appartient au créateur d’en prendre conscience pour ensuite opérer une transcendance : « le mur peut être une métaphore, le vers une couleur ». Dès lors, le regard intérieur, plus encore que l’œil biologique, grâce à l’intercession de l’art, va tenter de résoudre le mystère immanent et engendrer ainsi l’espoir. Ce qui nous ramène au titre : « la sensation d’impénétrable se brise ainsi [...]  / le regard est lever de soleil ».








Sonia Elvireanu : Le regard… un lever de soleil, 

Le mur, à la fois abstrait et hostile, qui hante le peintre, sur lequel il s’est heurté jusqu’à présent, devient un support, une toile où s’accordent tous les tons de sa palette : « je vois tous les murs en couleurs, / bleu, violet, jaune, vert, orange / ou un mélange qui réabsorbe les couleurs ». Fort de ses pouvoirs, le démiurge décide de se lancer dans une quête au cours de laquelle il saura déchiffrer les plus profonds mystères du monde : « On porte en soi la quête, / le visage invisible de la lune, / de la mer, l’abysse, l’infini».

Le lecteur est alors convié à un voyage initiatique qui va s’effectuer à la fois dans l’espace et à travers le temps. Une quête qui doit permettre de lever tous les secrets, car : « il n’y a pas de mur à ne pouvoir décrypter... ». Cependant ce même lecteur peut se poser la question de savoir qui lui parle ainsi : est-ce le peintre, l’ « autre » insaisissable ou bien le poète elle-même ? Peu importe après tout, puisque : « ils portent la quête en eux, une sorte de connaissance, / comme tout ce qui existe sur la terre, / comment ne pas être ébloui par tant d’énigmes, / les murs contre lesquels on se heurte ».

Celle qui compose ces chants aux allures de psaumes (qui peut s’incarner tour à tour dans l’un ou l’autre des protagonistes) nous transporte dans diverses contrées à travers le monde réel. On identifie certains de ces pays, à titre d’exemple, grâce à une notation botanique — la fleur Aechmea pousse surtout au Mexique—, géologique — Nilgiri désigne une chaîne de montagnes en Inde — ou archéologique — l’Acropole. Parfois elle s’attarde sur un site à la fois enchanteur et emblématique comme l’île de Skiathos dans l’archipel des Sporades, berceau de la Grèce moderne. Sans pourtant négliger de temps à autre un détail concret pour donner de l’épaisseur au récit : ainsi, au monastère d’Evangelistria, où fut tissé le premier drapeau national grec, le voyageur se voit offrir un verre d’Alypiakos, nectar issu du vignoble de la communauté. On errera encore en sa compagnie dans le désert du Sahara : « bédouin entre des sables brûlants, / je t’ai retrouvé entre les palmiers, / près du lac, séduit par le mirage, / le tien ou celui de l’eau ». Plus loin, elle évoque les fjords scandinaves puis l’Himalaya.

Mais Sonia Elvireanu se souvient aussi d’un jardin et d’une maison. Un espace de repos pour y faire étape. Ce refuge est parfois le sien : « lundi chez moi… comme dans une peinture, / silence ensoleillé alentour, le ciel clair », parfois celui du peintre ou de l’« autre » : « Sa maison, réelle ou rêvée, / avec le soleil glissant à travers tous les murs, / habillée avec les nuances de l’arc-en-ciel ». A l’inverse des pays traversés, ces lieux ne sont pas situés dans un espace géographique précis. L’arbre planté là peut être le pommier — répandu dans tout le septentrion — ou l’olivier — fruitier méridional par excellence. Ils ne sont pas non plus figés et peuvent s’inscrire dans une campagne, sur une colline ou un rivage.

Le parcours se déroule aussi dans le temps. Question mur à décrypter, comment ne pas évoquer le travail de Champollion consacré au texte rédigé en trois langues, qui fut gravé à jamais sur une stèle noire ? Cette fameuse pierre de Rosette découverte par hasard sur un chantier se métamorphose dans l’imaginaire du poète en un « fragment de pyramide ». A la faveur d’un autre raccourci spatio-temporel voici le lecteur propulsé en pleine préhistoire. Lascaux et tant d’autres sites découverts depuis exercent toujours leur fascination : « tant d’énigmes sur les parois peintes des grottes ». Dans l’obscurité de ces tanières humaines, la lumière (physique et spirituelle) s’avère nécessaire pour discerner et apprendre : « La paroi est vivement colorée, / un monde bizarre prend vie sous le vacillement de la flamme / on les [ces dessins rupestres] regarde pour découvrir et comprendre ». Plus loin nous atteignons les rives de l’Attique : « Je reviens à l’histoire, / le soleil du lieu où les dieux / ont ensemencé le rivage, […] / La Mer Egée et le ciel. » L’écrivain ose se transposer en Egypte pour rejoindre un prophète et son peuple acculés face à la Mer rouge, Pharaon à leur poursuite : « Je suis entre les eaux ouvertes / par le bâton de Moïse ».

Par ailleurs, comme cela était le cas avec Ensoleillements au cœur du silence, Sonia Elvireanu s’ingénie à établir des correspondances entre réalité et mythes païens et/ou chrétiens. Ici, ces correspondances entrent en jeu à l’occasion de visites de sites consacrés. Le poète se rend ainsi au théâtre de Dionysos, où elle devine : « la solitude d’un monde éteint où les dieux s’arrêtaient autrefois ». Elle prie dans un monastère dédié à l’Annonciation : « sous les icônes, devant les saintes reliques, / dans le silence comme l’eau de la mer, je murmure / la prière du pèlerin arrivé sur un rivage béni ». Elle est impressionné par le temple d’Athéna : « sous le soleil brûlant, / des regards brillants l’ont construit ». Ou dans une église orthodoxe semble troublée par une icône : « sur le mur blanc, en pierre, une icône, / un homme d’une beauté divine brille au-dessus ».

Que ce soit le voyage terrestre, un saut dans le passé, la visite de lieux sacrés ou les souvenirs heureux de séjours à la campagne ou au bord de la mer, la démarche est toujours sous-tendue par l’idéal de la quête : « il existe quelque part un élu, un destin, une mission sur la terre, / et celui qui ne regarde qu’une pierre, un mur, / chacun voit autre chose, certains à la surface, d’autres au plus profond ». Cette quête est empreinte de spiritualité. Le concept d’une divinité est omniscient même si le vocabulaire religieux apparaît moins sollicité que dans les recueils précédents. On retrouve cependant la figure christique en fin de volume accompagnée d’une profession de foi : « le murmure d’une source de lumière / remplit l’espace : la beauté, la piété / et la douceur de l’homme / rayonnant sur la croix de bois /son mystère, un nimbe de lumière, / traverse les temps, son éclat vivant nous touche».

La poétique de Sonia Elvireanu, embrassant les couleurs du peintre (avec une prédilection pour le bleu), les composants de la nature et les quatre éléments, nous entraîne dans un irrésistible tumulte de sensations et d’images et affiche souvent une tonalité incantatoire : « Je porte le sable en moi, le mystère, la mer, / l’amour, l’écoulement lent, / l’île ou la forteresse sur les vagues, / la montagne, la forêt, la clairière, la plaine, ».

Pratiquant une versification libre de toute contrainte, qui donne plus de puissance à son propos, elle parvient à rendre sensible le  « miracle de l’amour et de la poésie ». Serait-ce la clef du mystère ? Le peintre, quant à lui (ce double qui bronchait devant les vers), découvre en toute fin que : «le noir n’est plus opaque». Sa quête et celle du poète se rejoignent, sont une puisque : « l’impénétrable se déchire tel le noir sur lequel / le peintre met une autre couleur, de même le poème / son noyau s’illumine d’un grain, on entre dans le cercle / de la vie, au-delà du tourbillon des sentiments».

Une telle œuvre, dense et riche d’interprétation, peut dérouter le public. Elle nécessite plusieurs lectures si on veut en maîtriser les arcanes — ce que j’ai accompli en doutant d’y être parvenu tout à fait. Les poèmes constituent une matière en fusion et résisteront toujours — un peu ou beaucoup — à une analyse fouillée tout en nous ouvrant des fenêtres sur les étoiles. C’est cela le paradoxe inhérent à toute création artistique. Je laisserai l’immense René Char conclure : Le poète ne retient pas ce qu’il découvre ; l’ayant transcrit, le perd bientôt. En cela réside sa nouveauté, son infini et son péril. (*)

(*) in : La bibliothèque est en feu, La Parole en archipel, Œuvres complètes © 1983 Bibliothèque de la Pléiade / Gallimard, page 378





Présentation de l’auteur

Sonia Elvireanu

Sonia Elvireanu. Poète, romancière, critique littéraire, essayiste, traductrice, membre de l’Union des écrivains roumains. Études : Université Babeş-Bolyai de Cluj-Napoca, Faculté de lettres. Doctorat en philologie avec une thèse sur l’exil. Professeur de français associé à l’Université technique de Cluj-Napoca, Roumanie. Membre du Centre de recherche de l’imaginaire « Speculum » et du Centre de recherches philologiques pour le dialogue multiculturel, Université « 1 Decembrie 1918 », Alba Iulia, animatrice culturelle dans l’association franco-roumaine AMI, membre de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF), fondatrice du cénacle littéraire « Jacques Prévert » d’Alba Iulia.

Oeuvre : Le silence d’entre les neiges, Paris, l’Harmattan, 2018; Ion Vinea, Cent et une poésies, Bucureşti, Editura Academiei Române,2018 ; Au fil d’Ariane, Iaşi, Ars Longa,2017; Umbrele curcubeului/ Lesombres de l’arc-en-ciel, Iaşi, Ars Longa, 2016 ;Printre priviri de nuferi/ Àtravers des regards de nénuphars, Bucureşti, eLiteratura, 2015 ; Métamorphose,Iaşi, Ars Longa, 2015 ; Rodica Braga: la représentation de l’intériorité,Bucureşti, eLiteratura, 2015 ;Între Răsărit şi Apus/ Entre le Lever et le Coucher, Iaşi, Ars Longa, 2014 ; Le visage sombre de Ianus, Iaşi, Tipo Moldova,2013; Singurătatea irisului/ La solitude de l’iris, Sibiu, Imago,2013 ; Gabriel Pleşea, Une perspective sur l’exilroumain, Sibiu, Imago, 2012 ; Dincolo de lacrimi/ Au-delà des larmes, Sibiu, Imago,2011 ;Le retour de l’exildans le roman « L’Ignorance » de Milan Kundera (2011), À l’ombre des mots, Sibiu, Imago,2011; Temps pour deux, Alba Iulia, Gens latina,2010 .

Traductions: Marian Drăghici, lumière, doucement, Paris, l’Harmattan, 2018 ; José Maria Paz Gago, Manuel pour séduire les princesses, Scopje, Poetiki, 2010 ; Michel Ducobu, Siège sage. Quatrains pour la méditation/ Loc calm. Catrene pentru meditaţie, Iaşi, Ars Longa, 2015 ; Denis Emorine, De toute éternité/ Dintotdeauna, Iaşi, Ars Longa,2015.

Prix:  Prix de poésie « Aron Cotruş, Les ombres de l’arc-en-ciel(2017); Prix de traduction, Denis Emorine, De toute éternité (2016) ; Prix « Le voyageur », début en roman Métamorphose(2015) ; Prix d’essais : Rodica Braga: la représentation de l’intériorité (2016),Le visage sombre de Janus (2014); Prix de critique littéraire, À l’ombre des mots (2012) ; Premier Prix de traduction au Festival international « L. Blaga », Sebeş, 2008 ; Premier Prix de littérature comparée au concours « La Belgique romane », Bruxelles, 2006 ;  IV-e place au concours de prose « Le Tour du monde en 80 textes », Paris, 2004.

En anthologies: Liens et entrelacs. Poètes du monde, Wroclaw, 2018 ; O limbă, un neam,Târgovişte, 2018 ; Giovanni Dotoli, Encarnación  Medina Arjona, Mario Selvaggio, Entre ciel et terre, L’olivier en vers. Anthologie poétique, Roma, Edizioni Universitarie Romani, 2017; Le printemps des métaphores,Galaţi, Editura InfoRapArt, 2015;Les Anthologies de la revue Seul. Poésie,Târgovişte, Ed. Singur, 2014;Les Anthologies de la revue Seul. Prose,Târgovişte, Ed. Singur, 2014;Laurenţiu Bădicioiu, Romeo et Juliette  àMizil. Anthologie de poésie et d’épigramme, Bucureşti, RBA Media,2012;J’écris. Anthologie de vers, Alba Iulia, Gens latina, 2010.

En volumes collectifs des colloques internationaux (sélection): 

Le retour à Ithaque dans la littérature de l’exil, Annales Universitatis Apulensis , Series Philologica, 18, tom 2, 2017. Vintilă Horia, Un penseur pour le troisième millénaire (coord. Georgeta Orian, Pompiliu Crăciunescu, Eiko, 2017); Incursions dans l’imaginaire. Imaginaire, identité et altérité en littérature, vol. 8, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2017;Incursions dans l’imaginaire. Approches de la perspective de la littérature comparée, vol. 7, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2016; Incursions dans l’imaginaire. Mythe, musique, rituel. Mutations des noyaux narratifs, vol. 6, Alba Iulia, 2015; Norman Manea, Loin et près, Târgu-Mureş, Editura Arhipelag XXI, 2014; Incursions dans l’imaginaire. Imaginaire et illusion. Cahiers de l’Echinox, vol.23, Cluj-Napoca, 2012; Études humanisteset perspectives interculturelles, Târgu Mureş, Editura Universităţii “Petru Maior”, 2011; Communiquer, Échanger, Collaborer en français dans l’espace méditerranien et balkanique,Athènes, Université d’Athènes, 2011 ; Incursions dans l’imaginaire. Du corps imaginé au corps représenté, vol. IV, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2010;  Faire vivre les identités francophones. Actes du 12-e congrès mondial de la FIPF, Québec 2008, Krakow, Les presses de Zakład Graficzny Colonel s.c., 2009 ;  Proceeding The First International Conference on Linguistic and Intercultural Education, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2008; Le français, une langue qui fait la différence. Actes du premier Congrès européen de la FIPF, Vienne2006, Krakow, Les presses de Zakład Graficzny Colonel s.c., 2008; Évaluation alternative, Cluj-Napoca, Editura Dacia, 2005; Les méthodes de la pensée critique, Cluj-Napoca, Editura Dacia, 2004. 

Essais, chroniques, commmentaires critiques, poèmes, prose dans les revues: Mondes francophones, Francopolis, Traversées, Concerto pour marées et silence, Tric-trac, Rupkatha, Dialogues et cultures, Théorie et Pratique, Nouvelle Approche du français, Viaţa românească, România literară, Luceafărul de dimineaţă, Convorbiri literare, Vatra, Familia, Euphorion, Tribuna, Apostrof, Steaua, Verso, Caietele Echinox, Nord literar, Argeş, Annales Universitatis Apulensis, Boema, Baaadul literar, Gând românesc, Pietrele Doamnei, Glasul, Claviaturi, Mistral, Messager.

En dictionnaires :

Ioan Holban(coord.), Dictionnaire des écrivains roumains contemporains, Iaşi, Tipo Moldova, 2016, vol. IV.

Irina Petraş, Écrivains de la Transylvanie. Dictionnaire critique illustré, Cluj-Napoca, Editura Editura Eikon, Cluj-Napoca, 2014.

Dictionnairedes écrivains de la filiale Alba-Hunedoara de l’Union des Écrivains de Roumanie, Sebeş, Editura Emma Books, 2016.

En Histoires de la littérature roumaine:

Une autre sorte d’histoire de la littérature roumaine contemporaine, Ed. Singur, Târgovişte, 2013.

Préfaces

Denis Emorine, La mort en berne, Genève, Editions  5 sens, 2017.

Denis Emorine, De toute éternité/ Dintotdeauna, Iaşi, Ars Longa, 2015.

Gheorghe Jurcă, La captivité de la solitude, Cluj-Napoca, Grinta, 2014.

Postfaces

Marian Drăghici, lumière, doucement. Traduction en français et préface de Sonia Elvireanu, Paris, Harmattan, 2018.

Rodica Chira, Ma maison en verre, Iaşi Ars Longa, 2018.

Aurel Pantea, Blanca. Traduction en français de Marcela Hădărig, Grinta, 2017.

Anca Sas, Momentom,Alba Iulia, Altip, 2017.

Avant-propos: Michel Ducobu, Siège sage. Quatrains pour la méditation/ Loc calm. Catrene pentru meditaţie, Iaşi, Ars Longa, 2015

 

 

Autres lectures

Sonia Elvireanu, Le regard… un lever de soleil

Forte de trois recueils : Le souffle du ciel, Le chant de la mer à l'ombre du héron cendré et Ensoleillements au cœur du silence, publiés entre 2020 et 2022, l’œuvre poétique récente [...]




Traductions croisées : Sonia Elvireanu et Giuliano Ladolfi

Quelles vagues font pousser en moi des poèmes ?
Sonia Elvireanu

Écrire de la poésie à quatre mains, cela semble difficile, même si cela a été tenté, la poésie étant d’abord une affaire de ressentis, de sentiments. La traduction est autre chose : prenant la suite de l’auteur qui a exprimé sa sensibilité, le traducteur qui cherche certes à se couler dans le moule du poème initial ne peut pourtant faire lui-même œuvre de poète que s’il laisse s’exprimer sa personnalité propre.

Aller-retour remarquable que celui opéré par les auteurs de ces deux recueils, puisqu’ils se font tour à tour traducteur l’un de l’autre. Le Regard… un lever de soleil rédigé en français par S. Elvireanu est traduit en italien par G. Ladolfi ; La Nuit obscure de Marie rédigé en français par G. Ladolfi est traduite en roumain par S. Elvireanu. C’est ici les textes en français que nous examinons, faute des compétences linguistiques nécessaires pour juger de la qualité des traductions en tant que telles.

Déjà l’auteure du Souffle du ciel en 2019, puis du Chant de la mer à l’ombre du héron cendré en 2020, les deux chez L’Harmattan, Sonia Elvireanu n’en est pas à son premier coup d’essai comme poétesse de langue française. Si les poèmes du nouveau recueil sont souvent plus longs que précédemment, on y retrouve la même sensibilité à la nature empreinte d’un certain mysticisme panthéiste : Le Saint-Esprit est sur la montagne (in « La piété de la montagne »).

Sonia Elvireanu, Le Regard… un lever de soleil – Lo Sguardo… un’ alba, traduzione di Giuliano Ladolfi, Bongomanero, Giuliano Ladolfi editore, 2023, 194 p., 15 €.

La nature n’est pas qu’un objet à contempler, elle n’est pas même que vivante, la poétesse communie avec elle en une sorte d’osmose surnaturelle, à la limite douloureuse.

Tout ce qui existe dehors se trouve en moi aussi
le jour et la nuit, la terre et le ciel,
la lune, le soleil, les étoiles, tout
est sable brûlant, brûlure infinie
(« Le sable »)

Il serait bien sûr exagéré de comparer l’expérience relatée ici par S. Elvireanu aux extases douloureuses d’une Thérèse d’Avila, néanmoins les termes qu’elle emploie peuvent faire penser à la « transverbération » (1) décrite par la sainte. S. Elvireanu invoque par ailleurs un miracle de l’amour et de la poésie à propos du verdissement éternel d’une branche de pommier (« Matin vert ») tandis que le Christ est directement présent dans le poème « Un nimbe de lumière sur un mur » : sur le mur blanc […] un homme d’une beauté divine […] rayonnant sur la croix de bois.

Autre mur, celui qui fonctionne comme métaphore tout au long du livre. Métaphore de l’obstacle à la création – Comme un mur qui ne te laisse pas aller plus loin  (« Une tache de couleur ») – ou du mystère à déchiffrer (la pierre de Rosette, l’art paléolithique), jusqu’au mur enfin transparent à l’instar de la poésie qui dévoile le monde.

Un mur transparent te laisse voir
le monde derrière lui qui s’y reflète
(« Regarder par la vitrine ») 

Les lecteurs de S. Elvireanu reconnaîtront sans peine les marqueurs de sa poésie avant tout lyrique inspirée par la nature – les mots oiseau, bleu, soleil, rivage, désert, par exemple, qui reviennent régulièrement –, ce qui n’empêche pas d’autres sources d’inspiration comme, dans le présent recueil, un voyage aux îles grecques :

sur le fil bleu de l’horizon,
l’ange,
la Mer Égée et le ciel (« Le vêtement du jour »).

∗∗∗

Giuliano Ladolfi a lui-même traduit en français sa Notte oscura di Maria publiée en italien en 2021, traduite ensuite en roumain par S. Elvireanu. Même si le titre, La Nuit obscure de Marie, semble faire référence à la Nuit obscure de Saint Jean de la Croix, la ressemblance s’arrête là. Chez Jean de la Croix « obscur » évoque en réalité simplement le secret qui entoure la rencontre surnaturelle, extatique de « l’aimée » (l’âme du croyant) et de « l’Aimé » (le Christ) : « Ô nuit qui a uni l’Aimé avec son aimée ».

La nuit que traverse Marie est bien différente, c’est celle qui a saisi son âme après la mort de Jésus, nuit de déréliction et de révolte contre un Dieu absent :

Mais toi où étais-Tu quand le Juste
était crucifié sur la croix
et criait, criait
qu’il était abandonné ?

Giuliano Ladolfi, La Nuit obscure de Marie – Noaptea întunecată a Marieri, traduction de Sonia Elvireanu, Iasi, Ars Longa, 2023, 132 p.

Le texte ne se limite pas à cette protestation. Marie, dans cette nuit réellement obscure, se souvient des principales étapes de sa vie, telles qu’elles sont relatées dans les Évangiles  : l’Annonciation, le voyage jusqu’à Bethléem, l’adoration des bergers, des rois mages, le jeune Jésus face aux docteurs de la Loi, les Noces de Cana :

Sur la table, ces regards d’enfants
cherchaient du pain
Joseph et moi
nous attendions muets
que le mystère s’accomplisse.

Si Joseph est loin d’être un acteur central des Évangiles, il trouve toute sa place dans ce texte où Marie apparaît d’abord comme une épouse aimante et navrée par l’épreuve imposée à un Joseph obligé d’accepter un enfant qui n’est pas de lui :

Joseph… ce silence dans tes yeux
inquisiteurs sur mon ventre
[...] Je sentais ta souffrance, mon Joseph,
quand tu voyais mon ventre enflé.

Rappelons que les Évangiles synoptiques sont peu diserts sur la naissance de Jésus. Marc et Jean n’en disent mot. Luc raconte en détail l’Annonciation de l’Ange à Marie, ajoutant simplement qu’elle était fiancée à un certain Joseph de la maison de David. À l’inverse, chez Matthieu qui présente longuement la généalogie de Joseph depuis Abraham puis David, l’Ange s’adresse au seul Joseph : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme, car ce qui été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». La suite dit que « Joseph fit comme l’Ange du Seigneur lui avait prescrit », sans mention de ses états d’âme. Tandis que G. Ladolfi fait de Joseph un personnage à part entière de ce drame. Il humanise ainsi davantage Marie, au risque de la théologie, puisqu’il fait d’elle une femme qui semble davantage préoccupée par l’épreuve imposée à son mari (« il ne voulait pas montrer son chagrin / d’avoir perdu pour toujours sa joie / d’être père ») que fière de porter le futur Sauveur de l’humanité.

Et Joseph m’aimait-il ?
Oui, avec un amour qui donne sans demander,
avec un silence qui sait souffrir,
avec un calme qui sait espérer.

Post scriptum

On sait que l’Immaculée Conception de Marie n’est reconnu comme un dogme de l’Église catholique que depuis 1854. La croyance, cependant, était bien plus ancienne puisque remontant au moins au Moyen Âge. Entre la fin du XVe siècle et la Révolution, il a existé ainsi à Rouen un concours de poésie à la louange de Marie Immaculée. Nos lecteurs seront peut-être intéressés de découvrir, à titre de comparaison, comment on pouvait poétiser sur la Vierge Marie à la Renaissance. Ici un extrait du « Chant royal » de Guillaume Tasserie, présenté au concours, où il explique pourquoi il fallait que la mère du Christ naquît sans péché :

Raison pourquoy ? Car la divine essence
Le preveioit pour estre son affine,
Et si elle eust eu de peché violence
Par aulcun temps, elle eust été indigne
[…] Mais Dieu a faict par povoir vertueulx
Qu’el ayt jouy des biens celestueulx,
Dont doibt avoir plaine fruition
Celle qui est mere du Dieu des dieulx
Belle sans sy en sa conception.

 

Note

(1) G. Ladolfi emploie un terme voisin dans La Nuit obscure : « une lumière transhumanait mon être ».

Présentation de l’auteur

Sonia Elvireanu

Sonia Elvireanu. Poète, romancière, critique littéraire, essayiste, traductrice, membre de l’Union des écrivains roumains. Études : Université Babeş-Bolyai de Cluj-Napoca, Faculté de lettres. Doctorat en philologie avec une thèse sur l’exil. Professeur de français associé à l’Université technique de Cluj-Napoca, Roumanie. Membre du Centre de recherche de l’imaginaire « Speculum » et du Centre de recherches philologiques pour le dialogue multiculturel, Université « 1 Decembrie 1918 », Alba Iulia, animatrice culturelle dans l’association franco-roumaine AMI, membre de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF), fondatrice du cénacle littéraire « Jacques Prévert » d’Alba Iulia.

Oeuvre : Le silence d’entre les neiges, Paris, l’Harmattan, 2018; Ion Vinea, Cent et une poésies, Bucureşti, Editura Academiei Române,2018 ; Au fil d’Ariane, Iaşi, Ars Longa,2017; Umbrele curcubeului/ Lesombres de l’arc-en-ciel, Iaşi, Ars Longa, 2016 ;Printre priviri de nuferi/ Àtravers des regards de nénuphars, Bucureşti, eLiteratura, 2015 ; Métamorphose,Iaşi, Ars Longa, 2015 ; Rodica Braga: la représentation de l’intériorité,Bucureşti, eLiteratura, 2015 ;Între Răsărit şi Apus/ Entre le Lever et le Coucher, Iaşi, Ars Longa, 2014 ; Le visage sombre de Ianus, Iaşi, Tipo Moldova,2013; Singurătatea irisului/ La solitude de l’iris, Sibiu, Imago,2013 ; Gabriel Pleşea, Une perspective sur l’exilroumain, Sibiu, Imago, 2012 ; Dincolo de lacrimi/ Au-delà des larmes, Sibiu, Imago,2011 ;Le retour de l’exildans le roman « L’Ignorance » de Milan Kundera (2011), À l’ombre des mots, Sibiu, Imago,2011; Temps pour deux, Alba Iulia, Gens latina,2010 .

Traductions: Marian Drăghici, lumière, doucement, Paris, l’Harmattan, 2018 ; José Maria Paz Gago, Manuel pour séduire les princesses, Scopje, Poetiki, 2010 ; Michel Ducobu, Siège sage. Quatrains pour la méditation/ Loc calm. Catrene pentru meditaţie, Iaşi, Ars Longa, 2015 ; Denis Emorine, De toute éternité/ Dintotdeauna, Iaşi, Ars Longa,2015.

Prix:  Prix de poésie « Aron Cotruş, Les ombres de l’arc-en-ciel(2017); Prix de traduction, Denis Emorine, De toute éternité (2016) ; Prix « Le voyageur », début en roman Métamorphose(2015) ; Prix d’essais : Rodica Braga: la représentation de l’intériorité (2016),Le visage sombre de Janus (2014); Prix de critique littéraire, À l’ombre des mots (2012) ; Premier Prix de traduction au Festival international « L. Blaga », Sebeş, 2008 ; Premier Prix de littérature comparée au concours « La Belgique romane », Bruxelles, 2006 ;  IV-e place au concours de prose « Le Tour du monde en 80 textes », Paris, 2004.

En anthologies: Liens et entrelacs. Poètes du monde, Wroclaw, 2018 ; O limbă, un neam,Târgovişte, 2018 ; Giovanni Dotoli, Encarnación  Medina Arjona, Mario Selvaggio, Entre ciel et terre, L’olivier en vers. Anthologie poétique, Roma, Edizioni Universitarie Romani, 2017; Le printemps des métaphores,Galaţi, Editura InfoRapArt, 2015;Les Anthologies de la revue Seul. Poésie,Târgovişte, Ed. Singur, 2014;Les Anthologies de la revue Seul. Prose,Târgovişte, Ed. Singur, 2014;Laurenţiu Bădicioiu, Romeo et Juliette  àMizil. Anthologie de poésie et d’épigramme, Bucureşti, RBA Media,2012;J’écris. Anthologie de vers, Alba Iulia, Gens latina, 2010.

En volumes collectifs des colloques internationaux (sélection): 

Le retour à Ithaque dans la littérature de l’exil, Annales Universitatis Apulensis , Series Philologica, 18, tom 2, 2017. Vintilă Horia, Un penseur pour le troisième millénaire (coord. Georgeta Orian, Pompiliu Crăciunescu, Eiko, 2017); Incursions dans l’imaginaire. Imaginaire, identité et altérité en littérature, vol. 8, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2017;Incursions dans l’imaginaire. Approches de la perspective de la littérature comparée, vol. 7, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2016; Incursions dans l’imaginaire. Mythe, musique, rituel. Mutations des noyaux narratifs, vol. 6, Alba Iulia, 2015; Norman Manea, Loin et près, Târgu-Mureş, Editura Arhipelag XXI, 2014; Incursions dans l’imaginaire. Imaginaire et illusion. Cahiers de l’Echinox, vol.23, Cluj-Napoca, 2012; Études humanisteset perspectives interculturelles, Târgu Mureş, Editura Universităţii “Petru Maior”, 2011; Communiquer, Échanger, Collaborer en français dans l’espace méditerranien et balkanique,Athènes, Université d’Athènes, 2011 ; Incursions dans l’imaginaire. Du corps imaginé au corps représenté, vol. IV, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2010;  Faire vivre les identités francophones. Actes du 12-e congrès mondial de la FIPF, Québec 2008, Krakow, Les presses de Zakład Graficzny Colonel s.c., 2009 ;  Proceeding The First International Conference on Linguistic and Intercultural Education, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2008; Le français, une langue qui fait la différence. Actes du premier Congrès européen de la FIPF, Vienne2006, Krakow, Les presses de Zakład Graficzny Colonel s.c., 2008; Évaluation alternative, Cluj-Napoca, Editura Dacia, 2005; Les méthodes de la pensée critique, Cluj-Napoca, Editura Dacia, 2004. 

Essais, chroniques, commmentaires critiques, poèmes, prose dans les revues: Mondes francophones, Francopolis, Traversées, Concerto pour marées et silence, Tric-trac, Rupkatha, Dialogues et cultures, Théorie et Pratique, Nouvelle Approche du français, Viaţa românească, România literară, Luceafărul de dimineaţă, Convorbiri literare, Vatra, Familia, Euphorion, Tribuna, Apostrof, Steaua, Verso, Caietele Echinox, Nord literar, Argeş, Annales Universitatis Apulensis, Boema, Baaadul literar, Gând românesc, Pietrele Doamnei, Glasul, Claviaturi, Mistral, Messager.

En dictionnaires :

Ioan Holban(coord.), Dictionnaire des écrivains roumains contemporains, Iaşi, Tipo Moldova, 2016, vol. IV.

Irina Petraş, Écrivains de la Transylvanie. Dictionnaire critique illustré, Cluj-Napoca, Editura Editura Eikon, Cluj-Napoca, 2014.

Dictionnairedes écrivains de la filiale Alba-Hunedoara de l’Union des Écrivains de Roumanie, Sebeş, Editura Emma Books, 2016.

En Histoires de la littérature roumaine:

Une autre sorte d’histoire de la littérature roumaine contemporaine, Ed. Singur, Târgovişte, 2013.

Préfaces

Denis Emorine, La mort en berne, Genève, Editions  5 sens, 2017.

Denis Emorine, De toute éternité/ Dintotdeauna, Iaşi, Ars Longa, 2015.

Gheorghe Jurcă, La captivité de la solitude, Cluj-Napoca, Grinta, 2014.

Postfaces

Marian Drăghici, lumière, doucement. Traduction en français et préface de Sonia Elvireanu, Paris, Harmattan, 2018.

Rodica Chira, Ma maison en verre, Iaşi Ars Longa, 2018.

Aurel Pantea, Blanca. Traduction en français de Marcela Hădărig, Grinta, 2017.

Anca Sas, Momentom,Alba Iulia, Altip, 2017.

Avant-propos: Michel Ducobu, Siège sage. Quatrains pour la méditation/ Loc calm. Catrene pentru meditaţie, Iaşi, Ars Longa, 2015

 

 

Autres lectures

Sonia Elvireanu, Le regard… un lever de soleil

Forte de trois recueils : Le souffle du ciel, Le chant de la mer à l'ombre du héron cendré et Ensoleillements au cœur du silence, publiés entre 2020 et 2022, l’œuvre poétique récente [...]

Présentation de l’auteur

Giuliano Ladolfi

Giuliano Ladolfi (1949), est un poète italien diplômé en littérature à l'Université catholique de Milan avec une thèse sur la pédagogie. Il a travaillé comme chef d'établissement. Il a publié quelques recueils de poésie et des essais et a fondé la revue de poésie, de critique et de littérature "Atelier", où il considère de manière particulière l'esthétique et la poésie du XXe siècle. Il est également éditeur, organisateur et orateur de nombreuses conférences littéraires.

Poèmes choisis

Autres lectures

Giuliano Ladolfi, Au milieu du gué

Comme je ne pratique pas la langue de Dante, j’ai vérifié dans un dictionnaire le sens attribué en français au mot italien : attestato, qui donne son nom au recueil de Giuliano Ladolfi. [...]




Sonia Elvireanu, Ensoleillement au cœur du silence

je marche sur tes traces / sur le sentier de tes mots

Le confinement a été pour beaucoup une occasion rare de se tourner vers l’essentiel, de se retrouver, de s’écrire parfois. Le nouveau recueil de Sonia Elvireanu, en édition bilingue avec les traductions en italien par Giuliano Ladolfi, porte ainsi la trace des journées de solitude obligée.

Derrière les fenêtres, on regarde un mur, / on discute avec le béton d’en face pour tout paysage / dans la vapeur du café du matin

Cette période fut aussi celle des longues marches dans la campagne pour tous ceux qui le pouvaient.

Je marche avec piété dans / le vert silence de la solitude

La solitude, le silence, le recueillement : tout est dit dans ces deux vers. Ce recueil est comme irrigué par la foi en un Autre qui n’est jamais nommé mais dont on sent la présence quand il n’est pas directement convoqué.

La voix du poète s’élève comme une offrande, / l’autre descend d’un Sommet invisible

Sonia Elvireanu, Ensoleillements au cœur du silence – Scintillii nel cuore del silenzio, bilingue français-italien, traductions Giuliano Ladolfi, Borgomanero, Giuliano Ladolfi editore, 2022, 264 p., 18 €.

Deux voix qui « confondent leurs murmures en prière » : on ne saurait être plus explicite.

Les poèmes sont le plus souvent brefs, parfois très courts comme des haïkus.

Chevaux blancs / dans la prairie / fleurie // l’éclat / de l’argile / céleste

Parfois plus longs comme celui intitulé « La feuille comme une mare blanche » qui commence par le court extrait d’une lettre de Mme de Sévigné à sa fille, le 30 avril 1867, où la marquise parle du confinement (déjà !) auquel elle a dû se soumettre en raison d’une épidémie de « flagèle ». Le poème se poursuit, le 30 avril 2020, par la lettre que la marquise aurait pu écrire sur le même thème (« nous t’enverrons un masque blanc, c’est en vogue à la Cour », etc.).

Le thème dominant du recueil demeure néanmoins la nature, thème de prédilection de Sonia Elvireanu, poétesse lyrique par excellence. Ses textes décrivent les sensations qui la traversent au cours de ses promenades. Elle écrit sous leur influence, sous le coup de l’émotion, au gré de ses rencontres dans la nature – pommiers, figuiers ou simples papillons blancs – qui reviennent à de nombreuses reprises dans le recueil. A lire ses poèmes, on est d’abord frappé par leur spontanéité. C’est une âme qui s’émerveille et qui s’épanche.

La nature est aussi un truchement pour se connecter à « l’Autre » jamais réellement présent mais qui n’est pas loin et qui écoute.

Je me suis retirée dans ma solitude / pour être près de toi, / te chercher et te parler

La poésie de S. Elvireanu est fraîche et spontanée. Qu’elle nous parle de pommes, de chevaux ou de « la myrrhe de l’amour », c’est toujours elle qui se laisse découvrir. Sans la moindre impudeur puisque c’est seulement des secrets de son âme dont elle nous livre la clé. 

Présentation de l’auteur

Sonia Elvireanu

Sonia Elvireanu. Poète, romancière, critique littéraire, essayiste, traductrice, membre de l’Union des écrivains roumains. Études : Université Babeş-Bolyai de Cluj-Napoca, Faculté de lettres. Doctorat en philologie avec une thèse sur l’exil. Professeur de français associé à l’Université technique de Cluj-Napoca, Roumanie. Membre du Centre de recherche de l’imaginaire « Speculum » et du Centre de recherches philologiques pour le dialogue multiculturel, Université « 1 Decembrie 1918 », Alba Iulia, animatrice culturelle dans l’association franco-roumaine AMI, membre de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF), fondatrice du cénacle littéraire « Jacques Prévert » d’Alba Iulia.

Oeuvre : Le silence d’entre les neiges, Paris, l’Harmattan, 2018; Ion Vinea, Cent et une poésies, Bucureşti, Editura Academiei Române,2018 ; Au fil d’Ariane, Iaşi, Ars Longa,2017; Umbrele curcubeului/ Lesombres de l’arc-en-ciel, Iaşi, Ars Longa, 2016 ;Printre priviri de nuferi/ Àtravers des regards de nénuphars, Bucureşti, eLiteratura, 2015 ; Métamorphose,Iaşi, Ars Longa, 2015 ; Rodica Braga: la représentation de l’intériorité,Bucureşti, eLiteratura, 2015 ;Între Răsărit şi Apus/ Entre le Lever et le Coucher, Iaşi, Ars Longa, 2014 ; Le visage sombre de Ianus, Iaşi, Tipo Moldova,2013; Singurătatea irisului/ La solitude de l’iris, Sibiu, Imago,2013 ; Gabriel Pleşea, Une perspective sur l’exilroumain, Sibiu, Imago, 2012 ; Dincolo de lacrimi/ Au-delà des larmes, Sibiu, Imago,2011 ;Le retour de l’exildans le roman « L’Ignorance » de Milan Kundera (2011), À l’ombre des mots, Sibiu, Imago,2011; Temps pour deux, Alba Iulia, Gens latina,2010 .

Traductions: Marian Drăghici, lumière, doucement, Paris, l’Harmattan, 2018 ; José Maria Paz Gago, Manuel pour séduire les princesses, Scopje, Poetiki, 2010 ; Michel Ducobu, Siège sage. Quatrains pour la méditation/ Loc calm. Catrene pentru meditaţie, Iaşi, Ars Longa, 2015 ; Denis Emorine, De toute éternité/ Dintotdeauna, Iaşi, Ars Longa,2015.

Prix:  Prix de poésie « Aron Cotruş, Les ombres de l’arc-en-ciel(2017); Prix de traduction, Denis Emorine, De toute éternité (2016) ; Prix « Le voyageur », début en roman Métamorphose(2015) ; Prix d’essais : Rodica Braga: la représentation de l’intériorité (2016),Le visage sombre de Janus (2014); Prix de critique littéraire, À l’ombre des mots (2012) ; Premier Prix de traduction au Festival international « L. Blaga », Sebeş, 2008 ; Premier Prix de littérature comparée au concours « La Belgique romane », Bruxelles, 2006 ;  IV-e place au concours de prose « Le Tour du monde en 80 textes », Paris, 2004.

En anthologies: Liens et entrelacs. Poètes du monde, Wroclaw, 2018 ; O limbă, un neam,Târgovişte, 2018 ; Giovanni Dotoli, Encarnación  Medina Arjona, Mario Selvaggio, Entre ciel et terre, L’olivier en vers. Anthologie poétique, Roma, Edizioni Universitarie Romani, 2017; Le printemps des métaphores,Galaţi, Editura InfoRapArt, 2015;Les Anthologies de la revue Seul. Poésie,Târgovişte, Ed. Singur, 2014;Les Anthologies de la revue Seul. Prose,Târgovişte, Ed. Singur, 2014;Laurenţiu Bădicioiu, Romeo et Juliette  àMizil. Anthologie de poésie et d’épigramme, Bucureşti, RBA Media,2012;J’écris. Anthologie de vers, Alba Iulia, Gens latina, 2010.

En volumes collectifs des colloques internationaux (sélection): 

Le retour à Ithaque dans la littérature de l’exil, Annales Universitatis Apulensis , Series Philologica, 18, tom 2, 2017. Vintilă Horia, Un penseur pour le troisième millénaire (coord. Georgeta Orian, Pompiliu Crăciunescu, Eiko, 2017); Incursions dans l’imaginaire. Imaginaire, identité et altérité en littérature, vol. 8, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2017;Incursions dans l’imaginaire. Approches de la perspective de la littérature comparée, vol. 7, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2016; Incursions dans l’imaginaire. Mythe, musique, rituel. Mutations des noyaux narratifs, vol. 6, Alba Iulia, 2015; Norman Manea, Loin et près, Târgu-Mureş, Editura Arhipelag XXI, 2014; Incursions dans l’imaginaire. Imaginaire et illusion. Cahiers de l’Echinox, vol.23, Cluj-Napoca, 2012; Études humanisteset perspectives interculturelles, Târgu Mureş, Editura Universităţii “Petru Maior”, 2011; Communiquer, Échanger, Collaborer en français dans l’espace méditerranien et balkanique,Athènes, Université d’Athènes, 2011 ; Incursions dans l’imaginaire. Du corps imaginé au corps représenté, vol. IV, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2010;  Faire vivre les identités francophones. Actes du 12-e congrès mondial de la FIPF, Québec 2008, Krakow, Les presses de Zakład Graficzny Colonel s.c., 2009 ;  Proceeding The First International Conference on Linguistic and Intercultural Education, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2008; Le français, une langue qui fait la différence. Actes du premier Congrès européen de la FIPF, Vienne2006, Krakow, Les presses de Zakład Graficzny Colonel s.c., 2008; Évaluation alternative, Cluj-Napoca, Editura Dacia, 2005; Les méthodes de la pensée critique, Cluj-Napoca, Editura Dacia, 2004. 

Essais, chroniques, commmentaires critiques, poèmes, prose dans les revues: Mondes francophones, Francopolis, Traversées, Concerto pour marées et silence, Tric-trac, Rupkatha, Dialogues et cultures, Théorie et Pratique, Nouvelle Approche du français, Viaţa românească, România literară, Luceafărul de dimineaţă, Convorbiri literare, Vatra, Familia, Euphorion, Tribuna, Apostrof, Steaua, Verso, Caietele Echinox, Nord literar, Argeş, Annales Universitatis Apulensis, Boema, Baaadul literar, Gând românesc, Pietrele Doamnei, Glasul, Claviaturi, Mistral, Messager.

En dictionnaires :

Ioan Holban(coord.), Dictionnaire des écrivains roumains contemporains, Iaşi, Tipo Moldova, 2016, vol. IV.

Irina Petraş, Écrivains de la Transylvanie. Dictionnaire critique illustré, Cluj-Napoca, Editura Editura Eikon, Cluj-Napoca, 2014.

Dictionnairedes écrivains de la filiale Alba-Hunedoara de l’Union des Écrivains de Roumanie, Sebeş, Editura Emma Books, 2016.

En Histoires de la littérature roumaine:

Une autre sorte d’histoire de la littérature roumaine contemporaine, Ed. Singur, Târgovişte, 2013.

Préfaces

Denis Emorine, La mort en berne, Genève, Editions  5 sens, 2017.

Denis Emorine, De toute éternité/ Dintotdeauna, Iaşi, Ars Longa, 2015.

Gheorghe Jurcă, La captivité de la solitude, Cluj-Napoca, Grinta, 2014.

Postfaces

Marian Drăghici, lumière, doucement. Traduction en français et préface de Sonia Elvireanu, Paris, Harmattan, 2018.

Rodica Chira, Ma maison en verre, Iaşi Ars Longa, 2018.

Aurel Pantea, Blanca. Traduction en français de Marcela Hădărig, Grinta, 2017.

Anca Sas, Momentom,Alba Iulia, Altip, 2017.

Avant-propos: Michel Ducobu, Siège sage. Quatrains pour la méditation/ Loc calm. Catrene pentru meditaţie, Iaşi, Ars Longa, 2015

 

 

Autres lectures

Sonia Elvireanu, Le regard… un lever de soleil

Forte de trois recueils : Le souffle du ciel, Le chant de la mer à l'ombre du héron cendré et Ensoleillements au cœur du silence, publiés entre 2020 et 2022, l’œuvre poétique récente [...]




Sonia Elvireanu, Clarté intérieure et autre poèmes

Clarté intérieure

 

La mer,
seule
au bout du ciel

écroulé en nous
comme  une pluie
limpide de l’été,

sous le clair de lune,
elle hume l’encens
et la myrrhe en nous.

 

Tant de commencements

 

Au-delà de tout
ce que l’on sait
ou que l’on ne connaît pas
c’est le commencement,

le mystère
qui vient vers nous
embrouillé
d’étranges émois,

le temps
qui fait frémir
les mondes vierges
en nous,

l’éternité
avec son cortège
de vies
oubliées,

leur envie
de naître,
de vivre
en nous,

nos mondes,
le mystère de tant de
commencements enterrés
par le temps.

 

 

Psaume

 

Le murmure douloureux de la terre,
racine primordiale,

la sève fait monter du tréfonds
les eaux souffrantes en moi,

silence illuminé,
murmure divin,

le ruissellement de la vie
sur la rive blanche de lumière,

le silence de la terre,
le chant de la lumière:

psaume de l’illumination.

 

Le souffle du ciel

 

La lumière blanche
du ciel ruisselait

dans les pierres
elle s’enfonçait

comme les eaux
dans leur lit elle susurait

et le rêve
s’éveillait

du sommeil
de la terre.

 

 

 

Présentation de l’auteur

Sonia Elvireanu

Sonia Elvireanu. Poète, romancière, critique littéraire, essayiste, traductrice, membre de l’Union des écrivains roumains. Études : Université Babeş-Bolyai de Cluj-Napoca, Faculté de lettres. Doctorat en philologie avec une thèse sur l’exil. Professeur de français associé à l’Université technique de Cluj-Napoca, Roumanie. Membre du Centre de recherche de l’imaginaire « Speculum » et du Centre de recherches philologiques pour le dialogue multiculturel, Université « 1 Decembrie 1918 », Alba Iulia, animatrice culturelle dans l’association franco-roumaine AMI, membre de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF), fondatrice du cénacle littéraire « Jacques Prévert » d’Alba Iulia.

Oeuvre : Le silence d’entre les neiges, Paris, l’Harmattan, 2018; Ion Vinea, Cent et une poésies, Bucureşti, Editura Academiei Române,2018 ; Au fil d’Ariane, Iaşi, Ars Longa,2017; Umbrele curcubeului/ Lesombres de l’arc-en-ciel, Iaşi, Ars Longa, 2016 ;Printre priviri de nuferi/ Àtravers des regards de nénuphars, Bucureşti, eLiteratura, 2015 ; Métamorphose,Iaşi, Ars Longa, 2015 ; Rodica Braga: la représentation de l’intériorité,Bucureşti, eLiteratura, 2015 ;Între Răsărit şi Apus/ Entre le Lever et le Coucher, Iaşi, Ars Longa, 2014 ; Le visage sombre de Ianus, Iaşi, Tipo Moldova,2013; Singurătatea irisului/ La solitude de l’iris, Sibiu, Imago,2013 ; Gabriel Pleşea, Une perspective sur l’exilroumain, Sibiu, Imago, 2012 ; Dincolo de lacrimi/ Au-delà des larmes, Sibiu, Imago,2011 ;Le retour de l’exildans le roman « L’Ignorance » de Milan Kundera (2011), À l’ombre des mots, Sibiu, Imago,2011; Temps pour deux, Alba Iulia, Gens latina,2010 .

Traductions: Marian Drăghici, lumière, doucement, Paris, l’Harmattan, 2018 ; José Maria Paz Gago, Manuel pour séduire les princesses, Scopje, Poetiki, 2010 ; Michel Ducobu, Siège sage. Quatrains pour la méditation/ Loc calm. Catrene pentru meditaţie, Iaşi, Ars Longa, 2015 ; Denis Emorine, De toute éternité/ Dintotdeauna, Iaşi, Ars Longa,2015.

Prix:  Prix de poésie « Aron Cotruş, Les ombres de l’arc-en-ciel(2017); Prix de traduction, Denis Emorine, De toute éternité (2016) ; Prix « Le voyageur », début en roman Métamorphose(2015) ; Prix d’essais : Rodica Braga: la représentation de l’intériorité (2016),Le visage sombre de Janus (2014); Prix de critique littéraire, À l’ombre des mots (2012) ; Premier Prix de traduction au Festival international « L. Blaga », Sebeş, 2008 ; Premier Prix de littérature comparée au concours « La Belgique romane », Bruxelles, 2006 ;  IV-e place au concours de prose « Le Tour du monde en 80 textes », Paris, 2004.

En anthologies: Liens et entrelacs. Poètes du monde, Wroclaw, 2018 ; O limbă, un neam,Târgovişte, 2018 ; Giovanni Dotoli, Encarnación  Medina Arjona, Mario Selvaggio, Entre ciel et terre, L’olivier en vers. Anthologie poétique, Roma, Edizioni Universitarie Romani, 2017; Le printemps des métaphores,Galaţi, Editura InfoRapArt, 2015;Les Anthologies de la revue Seul. Poésie,Târgovişte, Ed. Singur, 2014;Les Anthologies de la revue Seul. Prose,Târgovişte, Ed. Singur, 2014;Laurenţiu Bădicioiu, Romeo et Juliette  àMizil. Anthologie de poésie et d’épigramme, Bucureşti, RBA Media,2012;J’écris. Anthologie de vers, Alba Iulia, Gens latina, 2010.

En volumes collectifs des colloques internationaux (sélection): 

Le retour à Ithaque dans la littérature de l’exil, Annales Universitatis Apulensis , Series Philologica, 18, tom 2, 2017. Vintilă Horia, Un penseur pour le troisième millénaire (coord. Georgeta Orian, Pompiliu Crăciunescu, Eiko, 2017); Incursions dans l’imaginaire. Imaginaire, identité et altérité en littérature, vol. 8, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2017;Incursions dans l’imaginaire. Approches de la perspective de la littérature comparée, vol. 7, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2016; Incursions dans l’imaginaire. Mythe, musique, rituel. Mutations des noyaux narratifs, vol. 6, Alba Iulia, 2015; Norman Manea, Loin et près, Târgu-Mureş, Editura Arhipelag XXI, 2014; Incursions dans l’imaginaire. Imaginaire et illusion. Cahiers de l’Echinox, vol.23, Cluj-Napoca, 2012; Études humanisteset perspectives interculturelles, Târgu Mureş, Editura Universităţii “Petru Maior”, 2011; Communiquer, Échanger, Collaborer en français dans l’espace méditerranien et balkanique,Athènes, Université d’Athènes, 2011 ; Incursions dans l’imaginaire. Du corps imaginé au corps représenté, vol. IV, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2010;  Faire vivre les identités francophones. Actes du 12-e congrès mondial de la FIPF, Québec 2008, Krakow, Les presses de Zakład Graficzny Colonel s.c., 2009 ;  Proceeding The First International Conference on Linguistic and Intercultural Education, Alba Iulia, Editura Aeternitas, 2008; Le français, une langue qui fait la différence. Actes du premier Congrès européen de la FIPF, Vienne2006, Krakow, Les presses de Zakład Graficzny Colonel s.c., 2008; Évaluation alternative, Cluj-Napoca, Editura Dacia, 2005; Les méthodes de la pensée critique, Cluj-Napoca, Editura Dacia, 2004. 

Essais, chroniques, commmentaires critiques, poèmes, prose dans les revues: Mondes francophones, Francopolis, Traversées, Concerto pour marées et silence, Tric-trac, Rupkatha, Dialogues et cultures, Théorie et Pratique, Nouvelle Approche du français, Viaţa românească, România literară, Luceafărul de dimineaţă, Convorbiri literare, Vatra, Familia, Euphorion, Tribuna, Apostrof, Steaua, Verso, Caietele Echinox, Nord literar, Argeş, Annales Universitatis Apulensis, Boema, Baaadul literar, Gând românesc, Pietrele Doamnei, Glasul, Claviaturi, Mistral, Messager.

En dictionnaires :

Ioan Holban(coord.), Dictionnaire des écrivains roumains contemporains, Iaşi, Tipo Moldova, 2016, vol. IV.

Irina Petraş, Écrivains de la Transylvanie. Dictionnaire critique illustré, Cluj-Napoca, Editura Editura Eikon, Cluj-Napoca, 2014.

Dictionnairedes écrivains de la filiale Alba-Hunedoara de l’Union des Écrivains de Roumanie, Sebeş, Editura Emma Books, 2016.

En Histoires de la littérature roumaine:

Une autre sorte d’histoire de la littérature roumaine contemporaine, Ed. Singur, Târgovişte, 2013.

Préfaces

Denis Emorine, La mort en berne, Genève, Editions  5 sens, 2017.

Denis Emorine, De toute éternité/ Dintotdeauna, Iaşi, Ars Longa, 2015.

Gheorghe Jurcă, La captivité de la solitude, Cluj-Napoca, Grinta, 2014.

Postfaces

Marian Drăghici, lumière, doucement. Traduction en français et préface de Sonia Elvireanu, Paris, Harmattan, 2018.

Rodica Chira, Ma maison en verre, Iaşi Ars Longa, 2018.

Aurel Pantea, Blanca. Traduction en français de Marcela Hădărig, Grinta, 2017.

Anca Sas, Momentom,Alba Iulia, Altip, 2017.

Avant-propos: Michel Ducobu, Siège sage. Quatrains pour la méditation/ Loc calm. Catrene pentru meditaţie, Iaşi, Ars Longa, 2015

 

 

Autres lectures

Sonia Elvireanu, Le regard… un lever de soleil

Forte de trois recueils : Le souffle du ciel, Le chant de la mer à l'ombre du héron cendré et Ensoleillements au cœur du silence, publiés entre 2020 et 2022, l’œuvre poétique récente [...]