La Corne de Brume, qu’on aurait tort de mépris­er, est la revue annuelle du CRAM (Cen­tre de Réflex­ion sur les Auteurs Mécon­nus). Cette douz­ième livrai­son, com­por­tant plus de 250 pages, four­mille de ren­seigne­ments qui sauront intéress­er les chercheurs ou les curieux. Mais ces infor­ma­tions rel­a­tivis­eront bien des choses : si Lautréa­mont et Elémir Bourges sont con­nus de manière diamé­trale­ment opposée par la postérité, tous deux sont classés par André Nolat dans le mou­ve­ment déca­dent ! Per­son­nelle­ment, j’ai été très intéressé par l’é­tude que Philippe Blondeau con­sacre aux “romans rus­tiques” de Jean Rogis­sart, un romanci­er rel­a­tive­ment oublié de nos jours en dehors des Ardennes où il a vécu et exer­cé le méti­er d’in­sti­tu­teur, mal­gré le prix Renau­dot qu’il obtint en 1937 et qui fut salué par Aragon dans la revue Com­mune ( numéro de jan­vi­er 1938) par un arti­cle célèbre, “De la légende à la réal­ité”. Philippe Blondeau, qui est par ailleurs mem­bre de la Société des Amis de Pierre Mac Orlan, enseigne comme maître de con­férences en lit­téra­ture du XXème siè­cle à l’U­ni­ver­sité d’Amiens, ceci expli­quant sans doute cela. Il est aus­si poète et co-dirige la revue de poésie La passe.

            Intéressé aus­si par la réédi­tion de ce texte peu con­nu (voire ignoré de cer­tains) de Paul Col­in, Les Princes des Nuées, dont j’avais souhaité la reparu­tion dans un arti­cle que La Corne de Brume pub­lia dans son numéro 11 ! Lau­rent François, qui a eu beau­coup de dif­fi­cultés pour retran­scrire le texte, est à l’o­rig­ine de cette réédi­tion ; il faut le féliciter d’avoir bravé les dif­fi­cultés dues aux cor­recteurs automa­tiques dont sont pourvus les ordi­na­teurs actuels ! Reste à souhaiter que Les Princes des Nuées trou­vent enfin leurs lecteurs, qui n’en res­teront pas aux Jeux sauvages qui obtint le Goncourt en 1950…

            Mais le lecteur de cette revue pour­ra aus­si appréci­er d’autres auteurs mécon­nus ou tombés dans l’ou­bli après une car­rière mar­quée par la célébrité. Ain­si, La Corne de Brume ter­mine la réédi­tion du roman d’Hen­ri de Rég­nier, Les vacances d’un jeune homme sage. La Corne de Brume nous rap­pelle oppor­tuné­ment que la lit­téra­ture est une forêt vierge… Qui est tou­jours à explorer.

 

image_pdfimage_print