L’équipée du jour­nal des poètes, com­posée par Yves Namur et ses fidèles com­pagnons belges Lucien Noullez, Marc Dugardin ou Jean-Marie Cor­busier offre en son n°3 de l’an­née 2014 un édi­to­r­i­al signé Jean-Luc Wau­thi­er, dont nous avons récem­ment remon­té le cours de son dernier mag­nifique opus Sur les aigu­illes du temps.

Cet édi­to­r­i­al annonce le bel entre­tien accordé par Jean-Marc Sour­dil­lon au sujet de l’édi­tion de la Pléi­ade de Philippe Jac­cot­tet, et per­met à Wau­thi­er de pos­er la ques­tion fon­da­men­tale : y a‑t-il des poètes démod­és ? A tra­vers cette ques­tion, nous percevons le sous-enten­du : la poésie peut-elle appartenir, en son essence, à la mode, c’est-à-dire au temps social de la surface ?

Nous enten­dons la voix de René Char lorsqu’il pense à Rim­baud : “Tes dix-huit ans réfrac­taires à l’ami­tié, à la malveil­lance, à la sot­tise des poètes de Paris”.

Poètes démod­és il ne peut y avoir car tout poète véri­ta­ble s’in­scrit dans un autre temps que le temps social, et s’il inscrit son œuvre par rap­port à ce temps, alors est-il poète ?

Jean-Marc Sour­dil­lon, qui a par­ticipé au vol­ume de la Pléi­ade réu­nis­sant les œuvres com­plètes de Jac­cot­tet, nous ouvre des voix de com­préhen­sion sur la démarche du poète suisse. Entre­tien de fond, pas­sion­nant. Il nous explique la démarche en pro­fondeur de Jac­cot­tet, son orig­i­nal­ité, ce en quoi il apporte à la poésie, sa méth­ode de tra­vail, ce qui le dis­tingue de toute la poésie de son époque.

Nous trou­verons ensuite la par­tie nom­mée Paroles en archipel, titre emprun­té à René Char, au sein de laque­lle les voix de Chris­t­ian Poiri­er, de Gérard Smyth, d’Er­ic Piette, d’Il­ia Galan se dis­tinguent avec bonheur.

Avant de laiss­er la place à une Voix nou­velle, celle de Thomas Demoulin, poète vivant à Lille et don­nant à lire le pre­mier mou­ve­ment d’un livre d’artiste com­posé avec Isabelle Raviolo.

La part belle est faite, dans cette nou­velle mou­ture de la revue, aux notes de lec­tures de livres de poésie, et nous retrou­vons l’œil cri­tique de Philippe Leuckx, d’Yves Namur, de Marc Dugardin, de Jean-Marie Cor­busier, oeil cri­tique et néan­moins bienveillant.

Grand plaisir donc de lire ce jour­nal des poètes, tant la famille qui l’anime respire la fra­ter­nité et la joie d’être ensem­ble, pour le poème, pour les poètes. Et mer­ci au Tail­lis pré de l’avoir pris sous son aile.

 

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