Nohad Salameh, Visiteurs aux portes du jardin

2018-02-24T14:57:43+01:00

 

1.

Pareils à ces arbres qui voy­a­gent dans les textes
ils se met­tent en marche à la lueur des amandiers
pressés d’atteindre l’eau qui flambe
depuis un millénaire
dans un vil­lage en mal d’oiseaux
et qui à con­tre-orage repart à vide.
Vis­i­teurs aux portes du Jardin
leur cer­cle s’élargit
comme des chats miroitants
que des­sine la peur sur les murs
des cathé­drales abandonnées.

2.

Tou­jours la même ligne infranchissable
tou­jours la même errance le même mort
la même griffe la même blessure
une botte sur le cœur
et cette lune qu’ils tien­nent ser­rée entre les dents
et ce soleil qu’ils ren­versent dans une tasse de sang
pour lire l’avenir
tan­dis que leurs yeux de liège continuent
d’étayer le dernier rempart.

3.

De quel euca­lyp­tus sont-ils originaires ?
de qui sont-ils la quête
la tra­ver­sée le songe ?
Flûtes traversières
ils se saoulent d’eux-mêmes
et s’étalent sem­blables à des algues.

4.

Vis­i­teurs
ils s’envolent et rede­vi­en­nent la Ville
cré­pus­cu­laire ou étoilée
puis ils écrivent leur nom
sur un quignon de pain
ou l’écorce d’une mandarine
en atten­dant un ren­fort de lauriers-roses.

 

 

Présentation de l’auteur

Nohad Salameh

L’un des poètes les plus mar­quants du Liban fran­coph­o­ne.  Née à Baal­bek. Après une car­rière jour­nal­is­tique dans la presse fran­coph­o­ne de Bey­routh, elle s’installe à Paris en 1989. De son père, poète en langue arabe et fon­da­teur du mag­a­zine lit­téraire Jupiter, elle hérite le goût des mots et l’approche vivante des sym­bol­es. Révélée toute jeune par Georges Schehadé, qui voy­ait en elle «  une étoile promet­teuse du sur­réal­isme ori­en­tal », elle pub­lie divers recueils dont les plus récents sont : La Revenante, Pas­sagère de la durée (édi­tions Phi, 2010) et D’autres annon­ci­a­tions (Le Cas­tor astral, 2012). Elle a été saluée par Jean-Claude Renard pour son « écri­t­ure à la fois lyrique et dense, qui s’inscrit dans la lignée lumineuse de Schehadé par­mi les odeurs sen­suelles et mys­tiques de l’Orient ». Elle a reçu le prix Louise Labé pour L’Autre écri­t­ure (1988) et le Grand Prix de poésie d’Automne de la Société des Gens de Let­tres  en 2007. Elle est mem­bre du jury Louise Labé.

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