Alexia Aubert, Je m’efface et autres poèmes

Par |2021-01-06T13:09:30+01:00 5 janvier 2021|Catégories : Alexia Aubert, Poèmes|

Je m’efface

Passe-temps, passe t’en !
Le temps passe, nous oublie,
La vie brasse du vent.
Le train passe à minuit,
Tu ne montes pas dedans.

Je m’efface, je m’efface,
De ton regard, m’habille.
Je ressasse, je rends grâce,
A ce bal­lon de nuit.

Passe-temps, passe‑t’en !
Le temps chas­se, les amours,
O ser­ment de printemps.
Les vents tour­nent tout autour,
De ce val­lon vert d’antan

Je m’efface, je m’efface,
De ton corps me vêtis.
Je me glace, je remplace
Les ros­es par les buis.

Passe-temps, passe‑t’en !
Le temps casse et nous fuit,
Le givre se répand.
L’aile s’étend sur nos vies,
Bat­tant comme un cœur souffrant.

Je retrace
L’al­lée de nos pas à suivre.
Je me lasse,
Sans toi je ferme le livre
 

Le fruit d’été

Mélan­col­ie
Quai de Seine
Les pas­sants s’y promènent,

Mêlant joli
Baie de peine
L’existant se gangrène,

Mélan­col­ie
Corporelle
L’hiver s’habille de dentelle,

Mêlant folie
Violoncelle
Sen­ti­ments accidentels,

J’ai l’âme en colline,
Le fruit d’été,
Pen­sées divines,
Heures habillées,
Puis abusées.

Mélan­col­ie
Meurtrière
Sur le pays des chimères,

Mais l’embolie
Pulmonaire
Sur l’abbaye des colères,

Mélan­col­ie
Paquebot
La tra­ver­sée du ruisseau,

Mais la polie
Nélombo
Aime-t-elle vivre sous l’eau ?

J’ai l’âme en colline,
Le fruit d’été,
Pen­sées divines,
Heures habillées,
Puis désabusées.

 

Deux cerfs en partance

Petits châteaux de bohème,
L’effraie des clochers,
La brume de Bargème,
La cav­erne de Lortet,
Où se miraient Jadis
Deux cerfs en partance…

Le clocher de Palisse,
L’automne d’un poème,
La trace d’un berger,
Le silence d’un « Je t’aime »,
Le San­cy enneigé,
Les ros­es qui s’ouvrent

Et nous, dans l’idéal.

Les per­les de rosée,
Les forêts de rouvres,
Le lac du Bourget,
Les prémiss­es d’amour,
Les burons perchés,
La main de St Flour

Les chevaux au galop,
La fra­grance oubliée,
Le râle de l’eau
Dans son lit débordé,
La lisière des cieux,
Les céna­cles passés

Et nous, dans l’idéal.

Les yeux dans les yeux,
La forter­esse d’aimer,
Les majus­cules immenses
De let­tres commencées,
La vraie quintessence
De nos lèvres emmêlées

Et nous, dans l’idéal.

 

Caus­sols

​Sen­si­ble,
Passer
A la montagne. 
Au crible,
Passer
En bas le bagne.

Souf­fler
Pardon
Sur les lumières. 
Flatter
Le son
Du brame des cerfs.

Sur le plateau,
Sur la colline
Vois, tout là-haut,
L’ou­bli du spleen,
A Caussols,
A Caussols.

Le reste,
A penser,
Dans un panier. 
Le zeste,
Insufflé,
D’amour épleuré.

Vers­er
L’ambiance,
Ne pas avancer.
Aimer
La danse
Dans le vert du pré.

Sur le plateau,
Sur la colline,
Vois, tout là-haut,
L’ou­bli du spleen,
A Caussols,
A Caussols.

L’auberge
A fermé,
De mars à mai. 
Héberge
La forêt
Nos pas mêlés.

La route
S’est couverte
D’un tapis de neige. 
Le doute
Se prête
A quelques arpèges.

 

Le clair de lune en soi

C’est dans vos pupilles
Que je me suis rencontrée
Pour la pre­mière fois.

C’est l’i­nas­sou­vi,
Tres­sant par­fois l’orée
Aux calan­ques de vos bras.

Puis bay­er aux chimères,
Ouvrir le parapluie,
Ador­er sans prétendre,

Regim­ber tête à terre,
Au col de l’hérésie
Parfilée de maux tendres,

Don­ner sa langue au chat,
Qu’il retombe sur ses pattes,
Sept vies ne lui suffisent.

Le clair de lune en soi,
Voyez-vous je me tâte,
Sur le gâteau, la cerise.

Vous dire ou ne pas dire,
Repenser mon amour,
A la courtepaille.

Vous fuir ou ne pas fuir,
Recenser les détours
Des Je t’aime en pagaille.

 

Présentation de l’auteur

Alexia Aubert

Alex­ia Aubert est auteur parolière, com­positrice (folk rock), ani­ma­trice d’ate­liers d’écriture/littéraires. Prix Mal­lar­mé. Prési­dente de l’as­so­ci­a­tion Le cer­cle des Roman­tiques. Organ­isatrice de salons de la poésie et scènes ouvertes

Après Où le monde va sans laiss­er de traces, une romance dra­ma­tique, naît son Ode à Jamais, un recueil poé­tique illus­tré  (édi­tions Le petit véhicule). Elle chante ses poèmes dans son album Pas­sions Bohèmes, com­posé par Christophe Car­rafang puis com­pose son album Lit­tle Sad Rock à la gui­tare acous­tique, accom­pa­g­née par Gilles Treme­lat à l’har­mon­i­ca, disponible à la vente en envoy­ant un email à eurydice.poiesis@gmail.com

« Où le monde va sans laiss­er de traces », Edi­tions Maïa, Sep­tem­bre 2019

« Le rêve de Rose Lune » Con­te pour enfants coécrit/illustré avec Sacha Rodrigues.

« L’esquisse du temps », « Ode à Jamais » (pub­li­ca­tion mai 2020) Edi­tions Le petit véhicule

Prix Mal­lar­mé

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