A cœur bat­tant ton sang coule dans mes veines
Et loin de tes bras ouverts mon arbre et ma source
Je suis cloué dans une nuit à la porte des larmes
Le des­tin aux pieds nus pleure dans mes yeux
Les jours passent dans le reflet vide des miroirs
Le mag­ma de ton rire rougeoie dans mes entrailles
Sa cen­dre et sa fumée brû­lent encore mes paupières
J’entends le souf­fle du monde entre l’exil et l’espoir
Et mes mots se bous­cu­lent sur la trame des jours
Mais l’oiseau bleu sous ma lampe s’est envolé 
Entre le fond de la nuit et une aurore sans retour
Les jours sont comp­tés dans la forêt des remords
La vie se dis­sout dans le regard vide des humains
Sans soif sans faim sans cœur sans chair sans désir
Toutes ces vies miroi­tant dans des ombres d’énigme
Au cœur vit­ri­fié sur la carte de con­trées sans amour
Je porte en moi des ailleurs encore incon­nus de nous
Où chaque jour est un monde dans les lignes de la main
J’erre à l’orée d’un pays fait de voix vives et de rires
Revenu des con­fins de moi-même en marge des nuits 
Je guette les résur­gences d’un fleuve souterrain
Où nav­iguer avec toi jusqu’au bord du ciel
J’entends tes pieds nus effleur­er  la tiédeur  de la terre
Comme un homme assis au bord de la tendresse
Regarde un monde de lumière couleur de miel
Avec des fleurs de fro­ment coulant sous nos pieds
Et des rires d’enfance soule­vant le poids du ciel
La lumière de ton sourire illu­mine mon souffle
J’en vois les sil­lons incrustés sur les parois du temps
Mon cœur est tou­jours aigu­isé au soleil de l’amour
J’attends deux mots de toi pour me remet­tre à vivre
Comme un chant venu de dessous les mousses
Ou deux per­les volées entre les dents de la mort
Avant que ton soleil quitte à jamais mon ciel
Et que la nuit éter­nelle ferme sur moi ses volets.

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