Je con­nais les fruits amers de l’exil
Quand seul le ravin vous ouvre ses bras
Où l’ombre de soi ne laisse nulle empreinte
Où la vie a per­du son fil le reliant à toi
Dans ces jours où le bon­heur s’est détissé
Où les espoirs mènent au même désert
S’évanouissant dans une fumée de soufre
Avec au cœur qui grésille de sang
Un dés­espoir mar­qué au fer rouge
La vie coule de moi comme d’une blessure
Le soleil que tu es a quit­té mon ciel
Der­rière un nuage lourd de silence

La béance de l’absence est un sillon
De terre fer­tile pour les graines de l’amour
Je sais des pays où les rêves s’allument
Où l’on peut réin­ven­ter des aurores
Touch­er une fois ton vis­age de pêche
Retrou­ver ta joue fraîche sous ma main
Je veux me repos­er et fer­mer les yeux
Les rou­vrir seule­ment quand la joie d’être
Aura ouvert les portes de son royaume
Et me baign­er avec toi au milieu du fleuve
Vivre encore l’heure présente comme on respire
Avant que notre ombre retourne aux ténèbres.
 

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