Sept poètes à la une dans la 135ème livrai­son de la revue Arpa dirigée par Gérard Bocholier.

Avec Par­mi des arbres, Philippe Mathy invite le lecteur à retrou­ver l’enfance déclinée comme une ritour­nelle quand « la bal­ançoire reprend vie ». La joie est à inven­ter chaque jour « pour oubli­er les nuits cer­clées de murs interminables ».

Joseph Ohmann-Krause situe sa poésie dans L’entre-deux de l’inquiétude et de l’espoir. Des enfants ont la fièvre, un pont pour­rait s’écrouler mais « les tulipes se tour­nent vers le soleil » et la tête car­il­lonne de chan­sons print­anières. Le pire n’est pas certain.

Les promess­es sont faites, écrit Lau­rence Lépine. L’espérance dure longtemps qui résiste à la ruine. Et l’allégresse est grande au rythme de la danse quand [le souf­fle a la beauté d’une nervure]. « Ma neige / Est / Une folie / Qui se / Sou­vient de tout », dit-elle.

Raul Sebas­t­ian Baz est en ses Deuils for­cé­ment plus som­bre. La mort pié­tine autour de la table et du vin. Il est trop tard pour pleur­er l’absence du temps et des oiseaux. Une vérité qui délivre est aus­si une vérité qui enferme. La fin est là, dont on reste à jamais « l’unique spectateur ».

Marie Alloy peint et écrit des Jours bleus empreints de mys­ti­cisme. Et toutes les couleurs chavirent par­mi les ombres. Mais « Rien ne som­bre tout à fait / puisque le jour nous étreint / puisque les mots nous attendent ».

Alex­is Bar­di­ni aime Le vent qui porte les pol­lens. Un paysage cham­pêtre de Mil­let pour­rait sur­gir « Par­mi les bêtes et les fruits / Jusqu’au grand âge des mots mai­gres ». Dans la lucid­ité du peu voire du manque, [afin de recom­pos­er le courage].

Dans Hauts-fonds et poudre d’âme, Calou Semin invente un pays où « La trans­parence y serait éteinte / empor­tant tout ce qui est puis­sant ». Le silence y pren­dra part. Le regard et la pen­sée sauront le féconder.

Revue Arpa, n° 135, Le n° : 12,50 €. Abon­nement : 4 n° : 42 €. Adresse abon­nement à l’ordre d’Arpa : François Grav­e­line : 8, bld de la République — 63200 Riom Man­u­scrits, livres et revues : Gérard Bocholi­er : 44, rue Morel-Ladeuil – 63000 Clermont-Ferrand.

Par­mi les autres con­tri­bu­tions, notons celle de Michel Rey­naud, tra­ver­sé par le sen­tier qu’il pour­suit avant de « pass­er de l’autre côté du blanc ». Celle aus­si d’Irène Dubœuf qui [habite par inter­mit­tence des mots incan­des­cents et noirs]. Avec cette ques­tion, si émou­vante : « Crois-tu que je puisse sen­tir la chaleur de tes mains si je me blot­tis dans les bras du soleil ? »

Dans la par­tie con­sacrée aux lec­tures et recen­sions, François Grav­e­line évoque le chant V de L’Odyssée d’Homère, traduit par Elis­a­beth Michel et pub­lié chez William Blake and co. Avec la volon­té de « restituer la forme et la force brute de son verbe ». Puis Jean-Pierre Boulic con­fie au lecteur son admi­ra­tion pour Faire corps, recueil d’Elisabeth Lau­nay-Dolet pub­lié chez L’Harmattan. Une poésie, dit-il où « on croit enten­dre des pas­sages des Pas­sions de Jean-Sébastien Bach inspirées des Evangiles ».

Enfin, Gérard Bocholi­er nous con­fie ses préférences. Jean-Pierre Vidal notam­ment, qui écrit « je per­siste / tel l’arbre / qui se renou­velle par le fris­son » dans son recueil Le vent la couleur aux édi­tions Le silence qui roule. Notons aus­si Garoupe (chez Bal­lade à la lune). Franck Bouys­sou, psy­chi­a­tre, se sou­vient de ses con­sul­ta­tions en restant au plus près de la dis­tance ana­ly­tique. « Retrou­ver l’enfant qui était en elle. Le don qu’elle s’était con­fié à elle-même, puis, qu’elle avait caché et per­du puisque aucun regard alen­tour ne l’avait décelé. Retrou­ver l’essence de son désir per­du », dit-il d’une patiente.

Dans la dernière par­tie de la revue, inti­t­ulée Le fil du temps, remar­quons ces vers de Marie-Claude Bour­jon : « Je te prends à la gorge / main­tenant pour que tu n’oublies pas / Le feu de l’autre côtéde la plaine / Lui aus­si tue ».

Cinq pho­tos en noir et blanc, feuil­lages et ramures en gros plan, d’Elisabeth Lau­nay-Dolet accom­pa­g­nent cette livrai­son aux accents sou­vent métaphysiques.

La revue Arpa coûte 12,50 €. L’abonnement pour 4 numéros s’élève à 42 €.

Adresse cour­riel : revuearpa@gmail.com

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Dominique Boudou

Je suis né à Paris en 1955 et vis à Bor­deaux depuis un demi-siè­cle où je me laisse cul­tiv­er par mon jardin. J’ai survécu au méti­er d’instituteur grâce à de nom­breux chemins de tra­verse. Ceux de la lit­téra­ture m’ont con­duit à écrire quelques livres. Des romans (2) et des recueils de poésie (7). Par­mi mes dernières paru­tions : Poète de la face nord aux édi­tions Recours au Poème, Dans la durée des oiseaux aux édi­tions du Cygne et Vos voix sur mon chemin avec des images de Vir­ginie Van­der­notte chez Dou­ble Vue édi­teur dans la col­lec­tion Voleur de feu. Les toutes nou­velles édi­tions Aux cail­loux des chemins pub­lieront mon texte Choses revues dans Bor­deaux et ailleurs à la fin de l’année en cours.