Sonia Elvireanu, La lumière du crépuscule / La luce del crespuscolo

Par |2025-09-06T07:23:29+02:00 6 septembre 2025|Catégories : Critiques, Sonia Elvireanu|

La poésie de Sonia Elvire­anu célèbre tou­jours la beauté de l’ évanes­cence, si pré­cieuse dans sa fragilité. La lumière du cré­pus­cule, fugi­tive par essence, en con­stitue le sanctuaire.

C’ est pourquoi « le cré­pus­cule / ravive les flammes de la vie / se donne à la lumière », écrit Sonia. Sa poésie est touiours une offrande baignée d’abandon. L’ éphémère en fait le prix :  

 

Le dégel est en moi 
la fonte des neiges

 

Tout est chemin qui mène à Dieu selon Sonia Elvire­anu, entre ombre et lumière : la poésie en est la quintessence.

Les paysages sug­gérés dans ce recueil sont sou­vent ceux de la mytholo­gie grecque avec «  un été brûlant », qui ramène le voyageur  - Ulysse – vers son Ithaque :

Sonia Elvire­anu, La lumière du cré­pus­cule / La luce del cre­s­pus­co­lo, pré­face et tra­duc­tion en ital­ien de Giu­liano Ladolfi. Giu­liano Ladolfi edi­tore, 116 pages, 2025

 

de retour sur ton rivage aux oliviers, 
tu es l’ infini, 
l’ immen­sité de ton Ithaque.                                                                                              

Le syn­crétisme au sens de fusion, règne tou­jours dans la poésie de Sonia Elvire­anu. Le Dieu des Chré­tiens et les dieux grecs cohab­itent har­monieuse­ment dans un monde rêvé, idéal­isé peut-être. Tout est « luxe, calme et volup­té »1 dans une invi­ta­tion au voy­age apaisée.

On pour­rait par­ler de Sagesse : ce que Sonia nomme

L’ instant de grâce
un instant divin
comme une fête
tra­verse mon esprit

*

J’ ignore si le mot  « mys­tique » est adéquat pour car­ac­téris­er cette belle poésie. Peut-être même est-il super­flu voire erroné. Sonia sait ressus­citer l’ être aimé. Avec elle , l’ amour est divin avec par­fois une lune complice.

je cherche la nou­velle lune
envelop­pée de nuages
le ciel où se trouve 
le Poème, sa lumière

Le cré­pus­cule, l’ ombre, la lumière venue de « la brise  sans fin du Haut, » telle est la trilo­gie du Divin alors seule­ment, nous dit-elle,

un esprit céleste
illu­mine l’ air
comme si un ange parlait

Ain­si le poème «  Recueille­ment » offre un miroir sub­til de ce recueil et de son autrice :    

” je me décom­pose et me recom­pose ” , dit-elle. Le poème est une empreinte, lieu de la méta­mor­phose entre humil­ité et resplendisse­ment. Il y a bien incar­na­tion au sens fort, ontologique, dans la lumière célébrée ici. Entre rêve et réal­ité, la poésie est incar­née, elle se fait chair pour mieux séduire le lecteur entre mer et ciel.

Note 

  1. Charles Baude­laire L’ invi­ta­tion au voyage

Présentation de l’auteur

Sonia Elvireanu

Sonia Elvire­anu. Poète, roman­cière, cri­tique lit­téraire, essay­iste, tra­duc­trice, mem­bre de l’Union des écrivains roumains. Études : Uni­ver­sité Babeş-Bolyai de Cluj-Napoca, Fac­ulté de let­tres. Doc­tor­at en philolo­gie avec une thèse sur l’exil. Pro­fesseur de français asso­cié à l’Université tech­nique de Cluj-Napoca, Roumanie. Mem­bre du Cen­tre de recherche de l’imaginaire « Specu­lum » et du Cen­tre de recherch­es philologiques pour le dia­logue mul­ti­cul­turel, Uni­ver­sité « 1 Decem­brie 1918 », Alba Iulia, ani­ma­trice cul­turelle dans l’association fran­­co-roumaine AMI, mem­bre de la Fédéra­tion inter­na­tionale des pro­fesseurs de français (FIPF), fon­da­trice du céna­cle lit­téraire « Jacques Prévert » d’Alba Iulia.

Oeu­vre : Le silence d’entre les neiges, Paris, l’Harmattan, 2018; Ion Vinea, Cent et une poésies, Bucureşti, Edi­tu­ra Acad­e­miei Române,2018 ; Au fil d’Ariane, Iaşi, Ars Longa,2017; Umbrele cur­cubeu­lui/ Lesombres de l’arc-en-ciel, Iaşi, Ars Lon­ga, 2016 ;Print­re priviri de nuferi/ Àtra­vers des regards de nénuphars, Bucureşti, eLit­er­atu­ra, 2015 ; Méta­mor­phose,Iaşi, Ars Lon­ga, 2015 ; Rod­i­ca Bra­ga: la représen­ta­tion de l’intériorité,Bucureşti, eLit­er­atu­ra, 2015 ;Între Răsărit şi Apus/ Entre le Lever et le Couch­er, Iaşi, Ars Lon­ga, 2014 ; Le vis­age som­bre de Ianus, Iaşi, Tipo Moldova,2013; Sin­gură­tatea irisului/ La soli­tude de l’iris, Sibiu, Imago,2013 ; Gabriel Pleşea, Une per­spec­tive sur l’exilroumain, Sibiu, Ima­go, 2012 ; Din­co­lo de lacri­mi/ Au-delà des larmes, Sibiu, Imago,2011 ;Le retour de l’exildans le roman « L’Ignorance » de Milan Kun­dera (2011), À l’ombre des mots, Sibiu, Imago,2011; Temps pour deux, Alba Iulia, Gens latina,2010 .

Tra­duc­tions: Mar­i­an Drăghi­ci, lumière, douce­ment, Paris, l’Harmattan, 2018 ; José Maria Paz Gago, Manuel pour séduire les princess­es, Scop­je, Poet­i­ki, 2010 ; Michel Ducobu, Siège sage. Qua­trains pour la méditation/ Loc calm. Catrene pen­tru medi­taţie, Iaşi, Ars Lon­ga, 2015 ; Denis Emorine, De toute éternité/ Din­tot­deau­na, Iaşi, Ars Longa,2015.

Prix:  Prix de poésie « Aron Cotruş, Les ombres de l’arc-en-ciel(2017); Prix de tra­duc­tion, Denis Emorine, De toute éter­nité (2016) ; Prix « Le voyageur », début en roman Méta­mor­phose(2015) ; Prix d’essais : Rod­i­ca Bra­ga: la représen­ta­tion de l’intériorité (2016),Le vis­age som­bre de Janus (2014); Prix de cri­tique lit­téraire, À l’ombre des mots (2012) ; Pre­mier Prix de tra­duc­tion au Fes­ti­val inter­na­tion­al « L. Bla­ga », Sebeş, 2008 ; Pre­mier Prix de lit­téra­ture com­parée au con­cours « La Bel­gique romane », Brux­elles, 2006 ;  IV‑e place au con­cours de prose « Le Tour du monde en 80 textes », Paris, 2004.

En antholo­gies: Liens et entrelacs. Poètes du monde, Wro­claw, 2018 ; O lim­bă, un neam,Târ­gov­işte, 2018 ; Gio­van­ni Dotoli, Encar­nación  Med­i­na Arjona, Mario Sel­vag­gio, Entre ciel et terre, L’olivier en vers. Antholo­gie poé­tique, Roma, Edi­zioni Uni­ver­si­tarie Romani, 2017; Le print­emps des métaphores,Galaţi, Edi­tu­ra InfoRa­pArt, 2015;Les Antholo­gies de la revue Seul. Poésie,Târ­gov­işte, Ed. Sin­gur, 2014;Les Antholo­gies de la revue Seul. Prose,Târ­gov­işte, Ed. Sin­gur, 2014;Laurenţiu Bădi­cioiu, Romeo et Juli­ette  àMizil. Antholo­gie de poésie et d’épigramme, Bucureşti, RBA Media,2012;J’écris. Antholo­gie de vers, Alba Iulia, Gens lati­na, 2010.

En vol­umes col­lec­tifs des col­lo­ques inter­na­tionaux (sélec­tion): 

Le retour à Ithaque dans la lit­téra­ture de l’exil, Annales Uni­ver­si­tatis Apu­len­sis , Series Philo­log­i­ca, 18, tom 2, 2017. Vin­tilă Horia, Un penseur pour le troisième mil­lé­naire (coord. Geor­ge­ta Ori­an, Pom­pil­iu Cră­ci­unes­cu, Eiko, 2017); Incur­sions dans l’imaginaire. Imag­i­naire, iden­tité et altérité en lit­téra­ture, vol. 8, Alba Iulia, Edi­tu­ra Aeter­ni­tas, 2017;Incur­sions dans l’imaginaire. Approches de la per­spec­tive de la lit­téra­ture com­parée, vol. 7, Alba Iulia, Edi­tu­ra Aeter­ni­tas, 2016; Incur­sions dans l’imaginaire. Mythe, musique, rit­uel. Muta­tions des noy­aux nar­rat­ifs, vol. 6, Alba Iulia, 2015; Nor­man Manea, Loin et près, Târ­gu-Mureş, Edi­tu­ra Arhi­pel­ag XXI, 2014; Incur­sions dans l’imaginaire. Imag­i­naire et illu­sion. Cahiers de l’Echinox, vol.23, Cluj-Napoca, 2012; Études human­isteset per­spec­tives inter­cul­turelles, Târ­gu Mureş, Edi­tu­ra Uni­ver­sităţii “Petru Maior”, 2011; Com­mu­ni­quer, Échang­er, Col­la­bor­er en français dans l’espace méditer­ranien et balka­nique,Athènes, Uni­ver­sité d’Athènes, 2011 ; Incur­sions dans l’imaginaire. Du corps imag­iné au corps représen­té, vol. IV, Alba Iulia, Edi­tu­ra Aeter­ni­tas, 2010;  Faire vivre les iden­tités fran­coph­o­nes. Actes du 12‑e con­grès mon­di­al de la FIPF, Québec 2008, Krakow, Les press­es de Zakład Graficzny Colonel s.c., 2009 ;  Pro­ceed­ing The First Inter­na­tion­al Con­fer­ence on Lin­guis­tic and Inter­cul­tur­al Edu­ca­tion, Alba Iulia, Edi­tu­ra Aeter­ni­tas, 2008; Le français, une langue qui fait la dif­férence. Actes du pre­mier Con­grès européen de la FIPF, Vienne2006, Krakow, Les press­es de Zakład Graficzny Colonel s.c., 2008; Éval­u­a­tion alter­na­tive, Cluj-Napoca, Edi­tu­ra Dacia, 2005; Les méth­odes de la pen­sée cri­tique, Cluj-Napoca, Edi­tu­ra Dacia, 2004. 

Essais, chroniques, com­m­men­taires cri­tiques, poèmes, prose dans les revues: Mon­des fran­coph­o­nes, Fran­copo­lis, Tra­versées, Concerto pour marées et silence, Tric-trac, Rup­katha, Dia­logues et cul­tures, Théorie et Pra­tique, Nou­velle Approche du français, Viaţa românească, Româ­nia lit­er­ară, Luceafărul de dimineaţă, Con­vor­biri lit­er­are, Vatra, Famil­ia, Euphori­on, Tri­buna, Apos­trof, Steaua, Ver­so, Cai­etele Echi­nox, Nord lit­er­ar, Argeş, Annales Uni­ver­si­tatis Apu­len­sis, Boe­ma, Baaadul lit­er­ar, Gând româ­nesc, Pietrele Doam­nei, Glasul, Clavia­turi, Mis­tral, Messager.

En dic­tio­n­naires :

Ioan Holban(coord.), Dic­tio­n­naire des écrivains roumains con­tem­po­rains, Iaşi, Tipo Moldo­va, 2016, vol. IV.

Iri­na Petraş, Écrivains de la Tran­syl­vanie. Dic­tio­n­naire cri­tique illus­tré, Cluj-Napoca, Edi­tu­ra Edi­tu­ra Eikon, Cluj-Napoca, 2014.

Dic­tio­n­nairedes écrivains de la fil­iale Alba-Hune­­doara de l’Union des Écrivains de Roumanie, Sebeş, Edi­tu­ra Emma Books, 2016.

En His­toires de la lit­téra­ture roumaine: 

Une autre sorte d’histoire de la lit­téra­ture roumaine con­tem­po­raine, Ed. Sin­gur, Târ­gov­işte, 2013.

Préfaces

Denis Emorine, La mort en berne, Genève, Edi­tions  5 sens, 2017.

Denis Emorine, De toute éternité/ Din­tot­deau­na, Iaşi, Ars Lon­ga, 2015.

Ghe­o­rghe Jur­că, La cap­tiv­ité de la soli­tude, Cluj-Napoca, Grin­ta, 2014.

Post­faces

Mar­i­an Drăghi­ci, lumière, douce­ment. Tra­duc­tion en français et pré­face de Sonia Elvire­anu, Paris, Har­mat­tan, 2018.

Rod­i­ca Chi­ra, Ma mai­son en verre, Iaşi Ars Lon­ga, 2018.

Aurel Pan­tea, Blan­ca. Tra­duc­tion en français de Marcela Hădărig, Grin­ta, 2017.

Anca Sas, Momen­tom,Alba Iulia, Altip, 2017.

Avant-pro­­pos: Michel Ducobu, Siège sage. Qua­trains pour la méditation/ Loc calm. Catrene pen­tru medi­taţie, Iaşi, Ars Lon­ga, 2015

 

 

Autres lec­tures

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Denis Emorine

Denis Emorine  est né en 1956 près de Paris. 

Il a avec l’anglais une rela­tion affec­tive parce que sa mère enseignait cette langue. Il est d’une loin­taine ascen­dance russe du côté pater­nel. Ses thèmes de prédilec­tion sont la recherche de l’identité, le thème du dou­ble et la fuite du temps. Il est fasciné par l’Europe de l’Est. Poète, essay­iste, nou­vel­liste et dra­maturge, Emorine est traduit en une douzaine de langues ; Son théâtre a été joué en France, au Cana­da ( Québec) et en Russie. Plusieurs de ses livres ont été édités aux Etats-Unis. Il col­la­bore régulière­ment à la revue de lit­téra­ture “Les Cahiers du Sens”. 
En 2004, Emorine a reçu  le pre­mier prix de poésie (français) au Con­cours Inter­na­tion­al Féile Fil­iochta.
L’Académie du Var lui a décerné le « prix de poésie 2009 » 

                On peut lui ren­dre vis­ite sur son site : http://denis.emorine.free.fr

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