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Je suis, je respire. Un oiseau croise
au bord d’un abîme. Ce début
pour­rait être aus­si bien la fin
d’un poème quel­conque, un de ceux
que ces jours-ci j’écris. Mais il n’y a pas
de fin et non plus de commencement,
Seul existe ce point fixe,
cette ombre sin­istre qui persiste
et les mots ne se dis­persent pas.
Il trace ma sil­hou­ette, mes pas et mon visage
sur un mur absent. C’est pourquoi
les vers se répè­tent et les mots s’enlacent.
La vie ne pénètre pas dans cette ombre occulte
der­rière laque­lle il va. Seule­ment aux mots
au rythme des sons nous don­nons la volte.
Seule­ment les mots nous approchent
dans l’om­bre qui est der­rière la vie
ou bien dans cha­cune de ses matinées
d’une cer­taine manière.

 

16 mars 2009

Tra­duc­tion, Jean Dif

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