Désorientation
l’après-midi nous montre ses crocs dorés
nous mord le torse les épaules
s’absorbe dans mon cou
dans ton regard un couple de chauve-souris égarées
Subterfuge
dragons vagabonds tes yeux
ont planté leurs griffes dans ma poitrine
je les allaite
alors une ancienne douleur se réveille
les écrase
Trèfles
des trèfles dans tes mains quand elles touchent les miennes
ton soleil étend ses racines sur les montagnes
une prairie couvre mon corps
Des papillons
tu prends le miel de mes blessures
tu attaches ton été à mes ailes
nous remontons parmi des draps de vent
démons et dieux nous poursuivent
Nectar
la peur s’enroule dans les bras de l’oranger
se crispe parmi ses branches
un jeune colibri réclame à manger
parmi des étamines et des pistils
une histoire d’averses et de tornades
l’oiseau se fraie un passage
pénètre glisse vainc est vaincu
dénoue des vagues de rosée
la brise se lève pour le saluer
des plumes bleues frappent son corps
il atteint le nectar
Trèfles et feuilles
des trèfles à quatre feuilles montent vers le ciel
couvrent mon corps dénudé
le protègent de la pluie des tempêtes solaires
quelqu’un prononce mon nom m’appelle à travers bois
mais j’ai abandonné toutes mes propriétés oubliées
pour supporter la vie des arbres
pour planter mes racines comme des doigts assoiffés cherchant
d’autres mains
seuls les trèfles à quatre feuilles peuvent monter au ciel
grimper sur mon corps nu
le couvrir le protéger le laisser être sans nom
le bois source d’échos lointains se tait
Amour éternel
à javier o.
j’affronte le vampire à corps découvert
son ombre me caresse
j’ouvre mes ailes de bois
bien avant les premières lueurs nous nous sommes endormis
crucifiés
Des barques de fumée traversent la pluie
mon cœur cherche à ne plus pleuvoir sur ton corps
la pluie se trouve sur le profil en creux de la maison
les broussailles les mûres des forêts
un arbre paraît lire leurs mandalas
je demeure désarmée à la proue
une embarcation de fumée m’éloigne du port
Bruit sauvage
l’hiver a enseveli irrémédiablement tes traces
une araignée attache ses fils en liberté
quelques pieds courent déchaussés à travers la maison
il ne reste pas trace de toi
seulement un peu de sucre renversé sur la table
Extrait de Tu verano en mis alas & verbal (La Cabra ediciones, 2011)
traduits de l’espagnol (Équateur) par Max Alhau.