I
Le passant solitaire
dans les rues de la ville
soulève des toits
pour qu’ il neige dans les greniers
une neige blanche ou bleue
d’ alcôve tiède
une neige de tapisserie fanée
où dans la balance de la lune
boivent des cerfs
Le passant solitaire habile rameur
se fiance à la barque
de son cœur obscur
et de son visage de cendre
Il neigera par le baiser du feu
et de son eau
Il neigera par l’image de la neige
en flocons
sur un banc de square
Le fleuve ne sera plus
qu’ un bas cortège de limons
où le temps sans hâte
dispersera sa besace.
II
L’enfant sur ses épaules portait le roi habillé de rouge
Les lucarnes étaient des lampes
éteintes une à une par la neige
Le monde aux branches retenu
au début de chaque arbre
n’ articulait rien
sauf un drap d’ énigmes
où le vent ou une main
dessinaient au choix un sac de pierre
ou des fleurs d’ acacias
Le dernier chien du dehors sur le chemin montant
suivait les traces- noires ou blanches-
d’un homme glacé
Outre ses pas
il s’agissait de l’âme de ce voyageur.