« Nous sommes à peine écrits », dit le poète Matthieu Gosz­to­la, auteur déjà d’une œuvre poé­tique et cri­tique remar­quable en bien des points. Ces quelques mots, emplis de détache­ment, le disent.
Il est pleine­ment légitime et logique qu’une col­lec­tion telle que La main aux poètes, qui de mon point de vue vaut aujourd’hui recon­nais­sance d’un ate­lier poé­tique dans le paysage con­tem­po­rain, lui demande un texte. Le moins que l’on puisse dire est que Matthieu Gosz­to­la est au ren­dez-vous avec À jamais une ren­con­tre ; et qui con­naît un peu l’homme der­rière le poète saura ce qui peut réson­ner actuelle­ment au-delà de ce poème sur l’amour per­du du fait de la mort.

Il faut lire ce long poème boulever­sant, texte tout entier ten­du vers l’être aimé et par­ti, un être de « caress­es » dans le présent du début du poème :

 

Ful­gu­rance d’une caresse
Por­tant la nuit à notre oreille
 

Et les ful­gu­rances des mots de ce poème, poème issu des chairs mêmes de son auteur, celles de l’amour :
 

Nous mar­chions
Main dans la main
 

Tu te dis­ais arrivé
À destination
 

Et cela se dit aus­si ain­si, plus avant dans le texte :
 

Une caresse s’étire dans notre
Souffle
 

Le poète évoque un réel qui dépasse ample­ment celui du quo­ti­di­en, un réel ouvert sur des hori­zons où ce qui se vit est bien plus réel que le peu se pré­ten­dant « vie », par exem­ple dans les creux d’une société.

Ain­si :
 

Ton regard me mon­tre ce qui
Du chant de l’oiseau
Peut être compris
 

Et Matthieu Gosz­to­la le dit :
 

Ce monde
Est un trésor
Glis­sé de la cornée
 

Et dans ce monde, l’avancée du poème se fait pas à pas vers des mots au passé – et vers la mort. Ce texte est un beau et fort texte poé­tique, un texte où l’on sent la puis­sance d’être de son auteur.
 

On se reportera à cette présen­ta­tion si l’on veut faire un peu con­nais­sance avec ce beau poète :

https://www.recoursaupoeme.fr/po%C3%A8tes/matthieu-gosztola

image_pdfimage_print