Sous la jonchée des branch­es qu’une sim­ple averse ravive,
j’ai fait litière de mes jours. J’ai porté au cœur
la blessure odor­ante, par la pen­sée cher­chant son or
ren­du à marée haute, cueil­lette de clarté
qui luit dans ma main. J’ai don­né con­gé au soleil couchant
sous le regard des eaux tran­quilles, miroir pressenti
au bord du petit bois, à ses vives couleurs
sur la chair douce des prés. Le tableau a pris forme
sur ce chemin de terre jaune où seule décide, imprévisible,
l’ardeur d’un ciel d’été pareil aux incendies
qu’on pour­rait croire immobiles.

 

Dis­crète, la clarté récuse le chant sans âge de l’azur
que la fatigue des soirs attise, igno­rant le frisson
qui martèle le ciel, la relève du vent qui dénude le rire des pierres
au bas des pentes. Sur la rive insoumise, la nuit blanche
inonde ma rai­son comme une voix anx­ieuse dont l’om­bre a fleuri
sur mes lèvres, au plus près de la phrase où s’éveille le secret.

La source obstinée se con­sume, délais­sant ses parures
à l’enseigne des miroirs. Sur la pierre où je dors,
mon corps n’a cessé de frémir.

 

 

Poèmes de l’instant (extraits) – Revue Alsa­ci­enne de Lit­téra­ture, 2009.

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