je me lance rapi­de­ment en toi tu es l’eau
moi son agitation
là nous deux les remous du courant on se laisse
ensem­ble dériv­er ensemble
on ne s’appartient plus
on se noue tour­bil­lons se dénoue
on se courbe on aime le délié de nos
libres mou­ve­ments qui mènent
vers où ne pas savoir est comme
notre maison
 

 

 

 

je cours je ne fuis pas
je cours dans ta voix
dans une langue incon­nue je cours
pour être plus rapi­de que le temps
qui nous sépare ne nous
sépare plus
dans un souf­fle on partage
le même essoufflement
dans un oui on reprend le même
air l’air
étonné

 

 

 

tes mains et mes mains savent bien
qu’elles jouis­sent de notre ignorance
elles caressent notre maladresse
elles écar­tent devant nous les pans lourds
d’une habitude
elles se décou­vrent plus nues de tout un monde
chaque fois que tu me je te donne
elles jet­tent tout ce qu’on savait
dans l’oubli
ça le trou­ble encore
on le recon­naît mieux
il nous ressem­ble plus

 

 

 

alors reste à réap­pren­dre mais
on ne peut faire deux fois le chemin vers savoir
on ne marche pas deux fois vers le même avenir
on ne pose pas deux fois la main
sur le même présent
le temps ne se voit pas dans nos visages
il s’aveugle à chaque sourire
il aime ce qu’on lui fait
tes mains sur moi les miennes
sur toi le temps
a deux dos
puisque le présent est notre face-à-face

 

 

 

tu m’embrasses à dou­ble tour
ensem­ble on perd les clefs puisque nous sommes
libres par tout ce qui nous lie depuis
que nos mains se tiennent

 

 

 

d’aube
en aube c’est le même jour
d’être
avec toi
à l’instant même
il se lève sans cesse
il reste toute la nuit debout
dans la veille dans le rêve
 

 

 

 

un silence passe
on y met
nos vies
elles aug­mentent elles
mul­ti­plient leurs appels
quand loin le silence les emportent
on n’entend que leurs souffles
tout le sens de l’abandon
qui com­mence où
elles se trouvent
elles se touchent
elles se nouent

 

 

 

la pluie qui tombe
des arbres après la pluie c’est comme
longtemps ta voix après la parole
longtemps un sourire dans
la dis­tance qu’il éclaire
dès avant le matin dans l’encore nuit
j’avance et j’en ruisselle
 

 

 

 

sans toi c’est avec
d’une façon que ça fait mal
jusque dans les yeux mais on ne se cache pas
on s’aveugle de voir
vers toi avec les mains
on s’apostrophe à la noire la nuit
vers se reconnaître
à cette façon de ne pas savoir
 

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