Nous voilà, femmes indépendantes.
Dans l’attente d’un nou­v­el amour
notre res­pi­ra­tion est asth­ma­tique. Gavées de pilules
de promess­es trahies. Plongées dans des rêves troubles.
Vingt-qua­tre heures par jour nous faisons l’amour
en par­don­nant à la migraine du fait de son genre féminin.

Indépen­dantes. A nos hommes
nous pré­parons des plats aux­quels nous ont initiées
leurs prédécesseurs.
Des mac­arons en forme de clitoris.
Du ketchup qui s’épand comme le sang menstruel
promet­tant juste le léchage de l’assiette.

Mais nous croyons encore aux arcs triomphants
s’élevant entre le lit
et la table de cuisine.

Nous leur pas­sons la musique que nous écoutions
au moment de per­dre vir­ginité et enfance.

.De la lin­gerie de séduction
mélan­col­iques nous gar­dons les échantillons
por­tant la trace invis­i­ble d’autres spermes.
Nous roulons des hanch­es comme tourne le moulin :
après un cer­tain temps il ne s’en écoule
rien qu’un peu de bile collante.

Enfin nous dis­ons que nous ne croyons plus
à l’air partagé
celui qui réu­ni­rait les deux bouches
bien que le plus sou­vent nous en avons le souf­fle coupé.

Et nous dis­ons que la cen­trifugeuse du lave-linge
nous sert unique­ment lorsque nous faisons
jou­jou dessus en vue d’un bon orgasme.
Puis, dans  le pro­gramme du trop-plein et de l’essorage
à la place des vête­ments, nous four­rons souvent
morceau par morceau, notre peau laminé.

Nous, femmes indépen­dantes. Nous censurons
nos paroles trop conciliantes.
Nous soutenons la révi­sion des sen­ti­ments, et la théorie
d’une Eve inno­cente créée en premier
avec Adam mor­dant dans la pomme empoisonnée
car il désir­ait que Dieu
change ce ser­pent en deux phallus :
il pen­sait, le pau­vret, qu’un seul
serait bien insuffisant.

Indépen­dantes, dis­ais-je, plus que jamais.
Mais au long des nuits soli­taires, dans la vul­ve étroite
nous posons de plus en plus sou­vent notre petit doigt miraculeux
comme si nous char­gions une balle dans le canon d’un fusil
des­tiné à ne jamais faire feu.
Puis nous sou­ri­ons, peinées, dans un rêve sans rêves.
Avec la main en lieu sûr, tant qu’elle tourne
autour du zéro moelleux.

traduit par
Mir­jana Robin-Cerovic

 

OKO NULE

 

Neza­v­isne smo žene.
U iščeki­van­ju nove ljubavi
diše­mo ast­matično. Hran­i­mo se pilulama
neis­pun­jenih obećan­ja. Tonemo u mutne snove.
Dvade­set i četiri časa bol­no vodi­mo ljubav
sa migrenom
i opraš­ta­mo joj jer je žen­skog pola.

Neza­v­isne. Svo­jim muškarcima
kuva­mo jela koji­ma su nas naučili
nji­hovi prethodnici.
Makarone u obliku klitorisa.
Kečap što klizi kao men­stru­al­na krv
i obeća­va samo lizan­je tanjira.
Al’ još uvek veru­je­mo u tri­jum­falne kapije
koje ras­tu između postelje
i kuhin­jskog stola.

Puš­ta­mo im muziku koju smo slušale
pri gubljen­ju nevi­nos­ti i devojaštva.
Među zavodljivim vešom
set­no čuva­mo primerke
sa nev­idljivim tragom prethod­nih spermi.
Njiše­mo bedri­ma kao da okreće­mo mlin:
posle izvesnog vre­me­na curi
još samo lep­lji­va žuč.

I kaže­mo, da ne veru­je­mo više
u zajed­nič­ki vazduh
koji se može deli­ti između usta i usta,
a sve češće osta­je­mo bez daha.

I kaže­mo, da cen­trifugu veš-mašine
koris­ti­mo samo kada se na njoj
može odi­grati dobar snošaj.
A u pro­gram pret­pran­ja i ceđenja
sve češće, umesto rubl­ja, ubacujemo
parče po parče svo­je istan­jene kože.

Neza­v­isne žene. Cenzurišemo
svo­je odveć meke reči.
Podupire­mo reviz­iju osećan­ja i teoriju
po kojoj je prvo nasta­la neduž­na Eva,
a Adam zagrizao otro­vnu jabuku
jer je poželeo da mu Bog
od zmi­je stvori još dva falusa:
mis­lio, jad­ničak, da mu jedan
dovol­jan neće biti.

Neza­v­isne, kaže­mo, više no ikad.
A u osaml­jen­im noći­ma, u usku vulvu
spuš­ta­mo svoj čudesni prstić sve češće
kao da ubacu­je­mo metak u puščanu cev
koja opal­i­ti neće.
I smeši­mo se, s tugom, u snu bez snova.
I ruka je na sig­urnom, dok kruži
oko meke nule.

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