À  ma mère.

 

Ma mort marchant, marchant ma vie
            Pas à pas, marchant et marchant tant que le souffle
Tient. Marchant tou­jours, encore marchant, toujours
et puis cède, cède aux cris qui brusquent,
Cède aux cris et rien d’autre que céder, rien d’autre
Pour ouvrir la voix à son seuil.
Ma mort venant, venant des vents d’hier,
venant des voy­ages rugis­sant la mémoire,
venant aux oreilles sour­des, transmettre

Un sens :

Chem­iner que de vivre,
Chem­iner que d’être con­science,
Chem­iner que d’ar­riv­er à par­ler
De l’homme, dans le monde qui le meurt.

Chem­iner que de lire
sa voix, chemin de cendres,
entre les cen­dres de ce jour;

Que de tanner
sa voix à la voie de la peau
et atten­dre la fin au bout de lattente
en notre terre de son et de forme.

Si le chemin est long,
Bâtir, si la voix samnésie
Bâtir, si le sable nous prend

 

BÂTIR

 

les sons cimentent
une adobe verbale
une glaise de mots
une phrase-cas­sine

où lhomme vien­dra recueillir
lhomme avant que ce jour ne se rende par­mi les cendres. 

Ma mort en moi, m’assumer à ma mort
Seul quand demain tombera, seul
Lorsque le soir reliera dans ses chaînes
Mon pas au sable, mon pas au sel. Tout seul
Garder la voix, garder l’écho ouvert pour l’homme;
Garder pour que demain ne tombe que sur l’un,
Ne tombe pas. 

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