Mes mains occupées : livres légumes verts
les devoirs sur table de la ter­mi­nale D 
som­nifères man­i­festes d’amour rouges à lèvres vit­a­mines cigarettes

Per­son­ne ne m’attend on n’entend point mes pas

Ô. Quel automne vain quel amour sanglant
quel corps mutilé et com­bi­en de sang perdu

Les moi­sis­sures bleues pro­lifèrent en faisant du bruit
la guil­lo­tine est une utopie enfantine
à côté de la camisole de cette vie gangrenée
à côté de la camisole de ces calmants
(mon estom­ac les rejette mon cerveau les absorbe)
Ô. Les poi­sons sournois de cet automne civilisé
les morts lentes

Un garçon quel­conque m’envoie des lettres
Un homme déli­cat me tor­ture quo­ti­di­en­nement méthodique­ment avec pitié :
il taille ma chair en des par­faits cubes
en extrait des dos­es exactes de sang
en presse des por­tions diurnes de larmes

Mon Dieu ! quel corps rail­lé quelle biogra­phie grotesque
Je porte des sacs rem­plis de carottes cachets traités de logique
man­i­festes usés devoirs sur table de la ter­mi­nale D 
man­u­scrits fards porcelaines
choco­lat raisins noirs écharpes cigarettes

(on n’entend point ses pas la nécrose vient doucement)

Un ado­les­cent quel­conque m’envoie des lettres
Un homme déli­cat me coupe en tranches
Quel corps rail­lé quelle biogra­phie grotesque
je com­mence à grison­ner tout comme mes jeunes morts

Mon Dieu ! la guil­lo­tine est un jou­et enfan­tin une innocence
Atrocement
j’entends les abat­toirs dans mon cerveau
je flaire mes champs de menthe
Flagellée
se détache ma chair

 

 

Bio­bib­li­ogra­phie et tra­duc­tion © Lin­da Maria Baros

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