On dit du large
qu’il laisse à quai
quelques tristesses
et le silence des voiliers

des amas de cordage
se cog­nent au blanc
des phares et des désirs
ajoutant leur faiblesse
à la nôtre pour retenir
ce qui rassure

mais la mer chante
et réchauffe
et ses mouvements
déliés comme des phrases
accueil­lent ce que l’on porte
sans le savoir

une île égoutte
son port et ses clochers
aux algues des certitudes
elle tient con­tre elle
l’air et la beauté
à trem­per dans le bleu

 

***

 

parfois
tu lèves encore les yeux
sur le bleu des falaises
qui attisent des phrases
et les larmes te manquent
pour dire ce qui en toi
serait presqu’en accord
avec ce qu’on ne dit
pas plus que la brise légère
lorsqu’elle glisse dans les cheveux
et dis­perse l’innocence d’un voilier
dont les reins s’agitent
d’idées folles
de vis­ages étoilés

 

***

 

écrire
en gouttes d’eau
la mer qui dessine
une dune aux enfants

écrire
en grains de sable
les voyelles de l’amour
où rien ne manque

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